Je ne sais pas si je prie suffisamment et ça m'angoisse

Portrait de Maria

En ce début d'année je ne sais pas pourquoi les évènements compliqués se répètent. Mon frère a eu un accident de voiture il y a 10 jours. La voiture neuve est bonne pour la casse, et lui a été sérieusement blessé, enfin aujourd'hui il va mieux. Mes parents se sont fait voler leur voiture il y a une semaine... Je boucle mon 6ème mois de grossesse et je suis allée aux urgences hier pour des contractions anormales. Bébé et maman, toutes les deux nous allons bien, il me faut juste du repos et je suis en arrêt durant 8 jours.

Je suis croyante. Mais là avec tout ces évènements, j'en viens à me demander si mes prières sont efficaces et même si je prie suffisamment ? Ce doute m'angoisse de plus en plus... Je crois que Dieu Sait ce qu'Il fait... Mais justement cherche-t-il à me montrer que je dois prier plus ?

Merci pour vos réponses et de me dire ce que vous en pensez. Maria.

Portrait de Cécile

Vous dites tout, me semble-t-il : " Dieu sait ce qu'il fait ! ". Pour commencer l'année moi aussi j'ai eu droit à quelques turbulences. Mon père s'est retrouvé aux urgences après une chute. Il se rétablit doucement. Mon fils a eu un accident de voiture aussi. Un miracle : il est vivant et n'a que le bras cassé même si la voiture est bonne pour la casse également. Il venait juste de trouver un nouveau job ! Je crois qu'il faut essayer d'accepter les choses et remercier Dieu qui nous envoie juste le nécessaire supportable pour s'interroger et comprendre que rien n'est jamais stable ni acquis dans la vie. Une occasion pour ne pas nous endormir sur nos laurier et continuer à évoluer. Je ne prends pas ces choses comme des punitions mais comme des stimulations. Est-ce que vous devez prier plus ? Je ne sais pas mais je ne vois pas cela en terme de quantité. La prière, telle que je la conçois de plus en plus, est un dialogue qui vient du coeur plutôt que de l'intellect. Pour ma part, je me réjouis que mon fils soit vivant. Paradoxalement, cet accident nous a rapproché et nous nous téléphonons plus souvent. Il s'agit peut-être d'un temps de pause au milieu d'une vie métro-boulot-dodo qui va lui permettre de réfléchir. Ces difficultés de l'existence nous mettent en mouvement, me semble-t-il. En tous cas c'est mon point de vue parmi d'autres bien sûr et je ne prétends aucunement détenir une quelconque vérité qui soit applicable à chacun. Je serais d'ailleurs curieuses de lire les réactions que votre question va générer. En attendant, je vous souhaite un agréable repos, repos dont vous aviez certainement besoin.

Amitiés,

Cécile

Portrait de Viviane

Croyante aussi. Je prie tous les jours et au fil du temps, je me surprends de temps en temps à prier à n'importe quel moment de la journée, en plus de mes prières "programmées". Quelquefois je me dis que c'est presque un "automatisme" et je ne sais pas vraiment si c'est bien ou pas... Dans ces cas-là pour ne pas "cogiter inutilement" je me dis que je me dois de Lui accorder encore plus de confiance tout simplement... Je pense souvent à ce psaume "Le Seigneur est mon berger...".

Portrait de Christian

"Le Seigneur est mon berger, Viens te réjouir mon âme, Le Seigneur est mon berger, Rien ne saurait me manquer" . Aussi un chant d'église que j' aime beaucoup. Nous le reprenons souvent dans la paroisse où je réside. Je crois en tant que croyant et pratiquant que la prière est sensée nous apaiser et non pas nous angoisser . Le nombre de prières quotidiennes ne me semble pas important en soi du moment que l 'on prie le plus sincèrement possible, ne serait-ce qu'une seule fois par jour. Mias ne croyez pas que je vous donne une leçon en quoi que ce soit. Je suis très  loin de toujours me laisser guider par le Seigneur en totale confiance.

Portrait de Régis

Mon titre est - de mémoire - la suite de ce Psaume dont vous parlez, Viviane. Je crois être quelqu'un assez engagé dans la prière. Pourtant je n'ai pas toujours été (en apparence) entendu de Dieu. J'aurais voulu connaître une vie de couple, avoir des enfants. Et rien de cela ne m'a été accordé. Si Dieu m'a frustré de ces choses, Il doit bien avoir ses raisons dans la mesure où, au fil du temps, cette vie de famille me manque de moins en moins car je peux m'engager et être plus disponible pour mes semblables que si j'avais les soucis familiaux inhérents à celle d'un couple ayant des enfants. Mes prières sont aujourd'hui plus des prières de gratitude que de demande. Comme si le fait de regarder le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide mettait en valeur ce que Dieu veut pour moi. Et comme je sais qu'Il m'aime tel que je suis, cet état d'esprit me permet d'être en prière, en connexion, beaucoup plus souvent et à n'importe quel moment de la journée, un peu comme l'induit aussi Viviane.

Portrait de Alicia

Je ne crois pas que la quantité prévaut la qualité au sujet de la prière. Ce n'est pas une pratique que j'applique depuis fort longtemps, comme d'autres témoignages. Pourtant, je me suis vite organisée, comme dans mon travail, pour mettre en place une pratique quotidienne sur des horaires possibles mais fixes. Je crois plus à la régularité qu'à la quantité en tant que telle. Enfin pour ce que j'en vérifie là où j'en suis... Lorsque j'ai mis mon temps prévu dans la prière en tout cas, je me sens dans un état bien plus tranquille ensuite.

Portrait de Lydie

Bien que je ne pratique que depuis quelques mois seulement la méditation... Une sorte de "cadre" me semble incontournable pour être le plus possible à ce que l'on fait. D'ailleurs, pour ce qui est de la pratique de la prière en tant que telle, ceux qui font le choix de le vivre retirés dans un monastère, le font eux aussi avec un "cadre" bien précis y compris horaires. Le "en plus" se situe peut-être dans le fait que je suppose qu'ils sont libres de prier aussi en dehors, donc en plus de ces cadres définis...

Portrait de Amélie

Je ne sais pas si vous êtes pratiquante... Si c'est le cas, peut-être pourriez-vous parler de vos doutes au prêtre de votre paroisse. Cet homme d'église saura certainement vous guider au mieux quant à votre pratique quotidienne. Enfin à titre personnel, je dirais moi aussi, que ce n'est pas la quantité de prières, mais bien la qualité qui est importante. Si vous dites, par exemple, 3 fois le Notre Père en étant bien à vos 3 prières c'est déjà très bien. Et ça vaut mieux que de faire 1 chapelet complet s'il est dit de façon "machinale"...

Portrait de Viviane

Lorsque j'ai commencé à pratiquer la prière quotidiennement je me rendais compte qu'il y avait des matins où des tas de pensées autres venaient se méler à la prière. De fait, assez rapidement, j'ai appris à me préparer. Avant de prier, je laisse d'abord mes pensées vagabonder. Ensuite je me prépare en répétant plusieurs fois une petite phrase personnelle dans laquelle je demande à Dieu de me guider. Enfin je prie et mon esprit est bien plus centré sur la prière de cette façon...

Portrait de Jean

Je crois qu'il n'y a pas de règles en ce qui concerne la prière ou la méditation tant il s'agit d'une relation intime au divin. Pourtant, et les coms en témoignent, il y faut une certaine méthode qui convienne à chacun. Quant à la persévérance, la vie se charge de nous rappeller si nous sommes sur le bon chemin ou non. Pour ma part j'essaie de trouver un équilibre entre l'effort et le lâcher prise.

Portrait de cricri

Dans mon existence, je suis passée par tous les stades : j'ai peu prié, puis beaucoup prié. J'avais fini par rallonger mes prières de façon obsessionnelle. Une amie psychologue et croyante m'a expliqué que si je continuais ainsi, j'allais faire grossir ma névrose et devenir phobique. Son avis de professionnelle m'a particulièrement intéressée. J'ai cheminé progressivement avec son point de vue. J'ai réalisé peu à peu que je m'obstinais à demander au Seigneur de débloquer des situations en m'acharnant. Jusqu'au moment où j'ai eu un déclic. Je vous livre le contenu de ce déclic. Je me suis dit la chose suivante : Dieu t'aime. Il sait ce qui te fait souffrir. S'Il ne lève pas ce blocage pour l'instant, c'est que ce blocage a sa raison d'être que tu ignores et que tu dois ignorer pour le moment. Observe les compréhensions humaines que t'apporte cette non-obtention de ce que tu attends. J'ai ainsi complètement revu ma " quantité " de prières. Aujourd'hui et ce deux fois par jour, répartis dans la journée, je récite Un Notre Père, un Je vous salue Marie. Puis, je lis un passage de la Bible et un passage d'un ouvrage spirituel. Je remercie pour tout ce qui m'est donné. Quand je traverse une situation délicate, je demande au Seigneur de m'aider, de me protéger ou d'aider ou de protéger un membre de ma famille. Mais j'ai supprimé complètement mes demandes compulsives. Ensuite, j'essaie de faire au mieux dans mon relationnel. J'essaie aussi de corriger mes défauts et, bien entendu, de ne pas faire de mal. Il est bien évident que ma posture spirituelle actuelle est personnelle et je ne veux pas faire le moindre prosélytisme mais j'avoue que je rencontre de moins en moins de blocages en agissant ainsi. J'ai d'ailleurs avancé en acceptation, donc dans ma foi. Quand il m'arrive encore d'avoir une superstition qui voudrait me faire replonger du côté de l'obsessionnel, je me calme tout de suite en me rappelant que c'est Dieu qui me guide et qui modifie mes mauvaises façons de faire...

Portrait de Gilbert

J'aime beaucoup ce que vous partagez, Cricri. D'autant que je suis passé par ces périodes un peu obsessionnelles de prière. En fait, pour moi, j'ai découvert qu'il s'agissait surtout de fuir une certaine réalité et que je me réfugiais un peu trop (dans le mauvais sens du verbe " se réfugier ") dans une bulle défensive pour éviter d'affronter la réalité. Une espèce d'anesthésie en quelque sorte. Aujourd'hui, je fais beaucoup plus confiance à ce que Dieu met sur ma route au quotidien, sachant qu'il s'agit toujours d'un miroir qui pousse à réflechir ou à " re-fléchir " autrement que par du rabachâge obsessionnel. En clair, j'ai moins peur. Et ça c'est un vrai cadeau que Dieu me fait.

Portrait de Christine-zen

Je me retrouve largement dans cette dimension obsessionnelle de la prière. Je me suis moi aussi engouffrée très, trop longtemps dans cette brèche et ça ne pouvait + le faire car je délaissais des choses importantes et un peu + chaque semaine. Je souffrais de la durée de mes prières. Un comble ! Mais le Seigneur m'a fait comprendre que ça n'allait pas du tout. Je dirais qu'Il m'a envoyé L'Esprit Saint au détour d'une émission bouddhiste qui faisait voir un documentaire sur des moines qui passaient des heures à prier toute la journée, voire une partie de la nuit. J'ai eu une vraie prise de conscience : j'ai pensé que je n'appartenais à aucun ordre religieux et que mon chemin n'était sûrement pas de réciter de + en + de litanies. J'ai allégé considérablement ma façon de prier et, un peu à l'instar de Gilbert, j'ai été davantage en éveil, ce que je continue aujourd'hui encore. Je me sens mille fois mieux ainsi. Je lis davantage de textes spirituels, j'essaie d'aider de mon mieux en participant à ces forums, et mes planning se sont rééquilibrés. Ça peut vous sembler fou ce que je vais vous dire mais je commence à ressentir de + en + régulièrement la Joie Divine en procédant de la sorte. En fait, j'étais complètement à contre-courant de ce que " je suis ", je me faisais du mal, mais si Dieu m'a laissée me vautrer jusqu'à un certain dégoût de cette forme de prière obsessionnelle, Il ne m'a pas laissée couler...

Portrait de Danièle-Dax

Ayant été pensionnaire dès la classe de sixième dans une institution religieuse, je croyais que si je ne priais pas beaucoup, je serais punie par... Dieu ! Mon déclic à moi s'est situé à une prise de conscience qui m'a fait comprendre que je ne priais pas par amour du Seigneur mais par crainte de Lui et de Ses punitions. J'avais justé oublié - honte à moi - que Dieu est Amour... Je me suis ressaisie et réveillée et mes prières d'aujourd'hui consistent essentiellement à voir La Beauté du Seigneur dans les êtres humains (ma difficulté dans certains cas mais j'y travaille au quotidien...), la nature, les cadeaux qu'Il me fait à côté desquels j'essaie de ne pas passer... Une vraie libération qui m'a fait récupérer de l'énergie car mes angoisses ne tiennent plus depuis que je me comporte comme ça.

Portrait de Lakshmi

200 % d'accord avec le beau post de Danièle. Il existe en Inde une pratique qui se nomme le " Bhakti Yoga ", traduit par " yoga de la dévotion ". Sauf qu'en Occident le terme dévotion est connoté dans la mesure où il implicite effectivement une notion de crainte de Dieu. En fait " bhakti " s'apparente au terme sanskrit " prema " qui signifie je crois " amour ". Il s'agit donc du yoga de l'amour. Sachant que Dieu nous aime en premier, comme le dit Danièle, il est tout naturel d'aimer quelqu'un qui nous aime. Aussi prier consiste à développer son amour pour Dieu. Et comme Dieu est incarné dans chaque être vivant, y compris les animaux et les végétaux, cette philosophie spirituelle change le regard que l'on a sur le monde et notre mode de relation. C'est une question de conscience et de " service ". Servir les autres c'est servir Dieu. Servir Dieu, c'est servir les autres. Et lorsque le service est animé par l'amour et non par la crainte, je crois que nos actes sont justes. Je ne vous dis pas le travail que j'ai à faire sur ce plan. C'est une chose de le comprendre intellectuellement et une autre de l'appliquer au quotidien, surtout lorsqu'il y a de l'eau dans le gaz dans mes relations. Pourtant je reste persuadée que c'est la seule façon de vivre sereinement et en paix. En tous cas cette idée m'enthousiasme et je remercie cette discussion de pouvoir exprimer ce que je ressens au plus profond de moi et que j'ai à travailler minute après minute. Merci à tous !

Portrait de Maria

Je ne voudrais pas vous sembler excessive, mais je me répète car je crois que je l'avais déjà dit... Pour moi c'est Dieu qui a mis ce forum, lorsque je l'ai découvert, sur mon chemin. Toutes vos réponses magnifiques sont là pour me rappeler l'Amour de Dieu. Je vais prendre le temps de lire et relire et bien réfléchir. Ce que je peux dire là tout de suite, c'est que je vais revoir ma perception d'un Dieu qui punit... Un très grand merci pour toutes vos réponses !

Portrait de Oliver

Prier c'est aimer... Je n'avais jamais envisager cette équation. Je vais relire tranquillement cette discussion car j'avais des a-priori sur la religion et je suis en train de revoir ma copie.

Portrait de Lydie

Beaucoup de matières... Bien des réponses sont à méditer pour moi... Belle discussion !

Portrait de Ari

Si en priant on sent que la joie n'est pas au rendez-vous, il ne faut pas insister. Comme indiqué dans quelques-uns des posts précédents, il faut alors admettre que Dieu nous met sur une autre piste que celle de la prière à proprement parler car Il sait ce qui nous convient et qui, participant à notre épanouissement, nous permettra d'être davantage empathiques. En revanche, il ne faut pas passer à côté puisque pour le croyant, la spiritualité reste un engagement de tous les jours. La prière adopte continuellement La Forme pour laquelle Le Seigneur veut que nous options. Elle évolue si nous voulons bien le voir en nous détachant de l'angoisse liée à la peur de mal faire dont Maria souffre. Ce qui signifie de fait que de nouveaux contours se dessinent au fur et à mesure de sa propre avancée dans l'existence.

Portrait de Younes

Dans la tradition de ma famille, la prière, je l'ai toujours perçue comme une obligation. Jusqu'au jour où j'ai tout envoyer valser, ce qui m'a valu une sorte d'excommunication familiale. J'y reviens aujourd'hui avec plus de sérénité et plus d'ouverture sur le monde. Aussi, le post d'Ari me va droit au coeur. Il synthétise ce que je ressens sans pouvoir l'exprimer de cette façon. Un grand merci à la discussion que vous avez proposé et à tous les internautes.

Younes