Hier il a fallu encore que je demande au déjeuner à une relation de boulot (un comble !) ce qu'elle pense de moi dans tous les domaines !!! Il est bien évident que j'ai pris un tombereau de reproches qu'elle a attribués à " mes défauts " !!! C'est logique puisque j'ai fait une fois de + rentrer le loup dans la bergerie...
Bien sûr et depuis cette conversation hyper négative pour moi, j'ai le moral à zéro.
J'en ai marre de fonctionner comme ça.
Pouvez-vous me conseiller pour que j'arrive à en finir avec un besoin de reconnaissance certainement déguisé mais qui me coûte très cher à la sortie ?
Charles
Votre relation de boulot n'a pas fait dans la séduction !
C'est sûr que vous vous êtes donné le bâton pour vous faire battre. D'un autre côté, votre collègue n'est pas rentré dans votre jeu et a peut-être mis un terme à votre besoin de reconnaissance. J'avais un ami bassiste qui était un peu dans ce cas. Il demandait sans cesse quel regard on avait sur lui en attendant qu'on lui dise que tout était nickel. Ce qui a fonctionné un temps car il n'avait rien de fondamentalement critiquable. Sauf que ses demandes récurrentes ont fini par exaspérer son entourage car " monsieur " devenait le centre du monde et ne se préoccupait pas trop de nous. Et son entourage est devenu très projectif. En clair, il a réussi à se faire " mal aimé " de certains. Je ne pense pas que vous en soyez là car vous avez été blessée alors que ce pseudo-ami est allé chercher ailleurs son besoin de reconnaissance. Je ne sais pas si cela lui a servi de leçon. En tous cas je l'espère mais j'ai perdu tout contact avec lui. Les psys viendront certainement vous en dire mais finalement vous avez fait preuve d'un certain courage (peut-être inconsciemment) en attirant cette personne. Une possibilité enfin de vous reconnaître vous-même sans avoir besoin d'une " cour " à vos pieds. Je suis désolé d'être certainement très maladroit (je vous en demande pardon) mais vous ne pouvez avoir que la valeur que vous vous donnez vous même (m'aime comme dirait un psy !).
Dans ma vie, les douches froides que j'ai prises m'ont toujours révéillé - y compris sur ces forums - ! Amitiés foromeuses.
Charles
Jean-Marc
Vivre par procuration est épuisant !
Avant mes études de yoga, j'avais tendance à fonctionner comme vous. J'avais besoin de cette reconnaissance de mes pairs (pères) jusqu'à en souffrir atrocement lorsque cela ne m'était pas accordé. J'ai peu à peu réalisé que je vivais à travers le regard d'autrui une véritable existence par procuration. C'est à partir de là que j'ai commencé à accepter mes défauts, mes échecs et à en faire quelque chose. A rebondir toujours et encore, comme si ceux-ci devenaient de véritables tremplins. Ne donnez plus à personne le pouvoir de vous juger mais faites des critiques une occasion de tester votre confiance en vous... Nul n'est sans défaut, personne n'est parfait. Mais chacun est perfectible... Par rapport à soi !
Cécile. G.. Psy...
Confusion affectif/social
Ce qui semble poser problème, Clémentine, c'est une confusion entre la sphère privée ( affective, l'intérieur) et la sphère sociale ( le travail, l'extérieur).
Vous êtes avec une collègue de travail, c'est à dire symboliquement l'extérieur, et vous lui parlez de ce qui est le plus intime, vous (vos qualités, vos défauts), l'intérieur. D'ailleurs vous utilisez les ambivalences " comble " (grenier), domaine (une propriété, maison) qui symbolise la vie privée. Vous rajoutez " rentrer le loup dans la bergerie " : le loup symbolise l'extérieur qui vient chez les brebis (dans leur habitation).
Il serait préférable de parler du social avec l'extérieur et de réserver les conversations liées à soi, à l'intime, avec la sphère privée. Et j'irai même plus loin, l'autre étant de toute façon extérieur à vous, il serait bon de vous faire confiance car personne ne vous connait mieux que vous-même. Socrate n'a t-il pas dit : " Connais-toi toi-même "
Younes
Un point de vue intéressant !
Cette notion de distinction entre sphère privée et sphère sociale est intéressante. Dans le stage auquel j'ai participé, le consultant y avait fait allusion...
Jean-Marc
Le regard d'un spiritualiste !
Face à la critique, Damodar Swami, un sage indien propose : Lorsqu'on vous critique, vous ne devriez pas critiquer les autres en retour, vous devriez être plutôt en mesure de les remercier de vous avoir critiqué. " Je vous avoue que je n'en suis pas là, et de loin. Mais j'y tavaille. Cette citation va d'ailleurs un peu dans le sens du titre de Charles. Quant à l'interprétation de Cécile. Psy, elle me paraît intéressante aussi.
M.Christine
Prendre du recul
Intéressante citation, Jean-Marc !
Une critique peut être prise à plusieurs niveaux différents, il me semble .
Si on la prend au premier degré, on s'identifie au jugement émis, on le prend en pleine face et on en souffre sans le remettre en question . Ou alors, on réagit avec colère, on nie tout en bloc et on garde rancune à la personne qui a émis la critique .
Si on fait l'effort de prendre un temps de recul, on étudie ses paroles, on réfléchit, on s'interroge sur ce qui peut être vrai ou faux . Car en même temps, il ne faut pas perdre de vue que l'autre y met aussi sa coloration, ses croyances, ses sentiments personnels non résolus . Ce qui lui déplaît en nous ne déplaît pas forcément aux autres . C'est son opinion à lui .
Clémentine a eu le courage de demander, en prenant le risque de la réponse . C'est tout à son honneur de vouloir mieux se connaître . Et c'est vrai que le regard des autres peut aider car on a parfois du mal à se voir soi-même . Mais il ne faut pas tout prendre sans discrimination. Il y a un tri à faire ...
Par ailleurs, on peut aussi poser la question à des personnes aimées . Le problème, c'est qu'elles peuvent éviter de répondre franchement, par peur de blesser . Mes enfants, qui sont assez directs, m'ont souvent aidée à y voir plus clair en moi, en réagissant avec des paroles très fermes parfois, mais qui m'ont fait progresser, car c'est toujours par amour qu'ils l'ont fait .
Comme il est dit plus haut par d'autres foromeurs, en effet, il vaut mieux ne pas poser ce genre de questions à n'importe qui, ni dans n'importe quel état d'esprit, car les émotions trop fortes du demandeur vont influer sur les émotions du répondeur et ainsi fausser les réponses . Il vaut mieux, à mon avis, s'assurer d'être dans un climat bienveillant .
Jean-Marc
J'adhère à cette réflexion !
Je suis entièrement d'accord avec votre réflexion, M. Christine.
cerise-du-26
C'est celui qui dit qui l'est !
Le post de Clémentine me parle beaucoup ! Ceci dit j'ai fait énormément de progrès grâce à une amie psychologue qui m'a dit un jour : " Mais qu'est-ce que tu te prends la tête avec le regard supposé réducteur des autres sur toi ! Est-ce qu'ils te font des réflexions ? Non ! Eh bien si tu raisonnes comme ça en te convaincant que personne n'osera jamais t'exprimer clairement ce que quiconque pense de toi, tu seras libre le reste de tes jours car tu auras saisi que le jugement ne repose que sur des projections personnelles émises par le censeur lui-même "... J'ai mis du temps à assimiler ce qu'elle avait voulu me faire comprendre et puis un jour le déclic s'est fait... Bizarrement d'ailleurs... J'ai entendu ma fille dire à une copine avec laquelle elle se disputait : " C'est celui qui dit qui l'est " !!! Ça peut sembler basique mais globalement ça m'a guérie !!!
Jean
Basique mais réaliste
" C'est celui qui le dit qui l'est ". Vous avez raison Cerise. On dit que la vérité sort de la bouche des enfants et cette phrase a souvent été prononcée dans les cours de récréation, avec justesse !
iverlaine
La subjectivité est nulle et non avenue dans pareil cas !
Ne perdez plus votre temps à fonctionner comme vous le faites car, et un peu comme le précise Cerise dans son commentaire, ce que les autres pensent de vous - et par la même occasion de nous ! - n'a aucune réelle valeur dans la mesure où il s'agit d'avis subjectifs !
Cécile
Il y a longtemps que je ne me calque plus sur des dires !
Sauf sujet qui concerne mon interlocuteur, il y a longtemps que je ne me calque plus sur les dires d'autrui pour savoir comment je dois me comporter. Et c'est une sacrée liberté et surtout, comme l'implicite Iverlaine, un gain d'énergie.
Serge
Je constate, c'est tout !
Je suis à peu près certain que tout être humain est gêné par le regard des autres mais que ces autres ne sont pas un hasard. Je veux dire par-là que certaines personnes arrivent à nous déstabiliser sans que l'on sache pourquoi, alors que d'autres ne nous font aucun effet... Mais n'étant pas psy, je n'ai pas d'explication...
yamina.174
Vous faites allusion aux transferts
Le complexe d'infériorité peut se réveiller en fonction de l'interlocuteur lorsque, inconsciemment, celui-ci touche un affect de l'enfance... Il s'agit alors de transferts négatifs qui peuvent mobiliser un rapport dominant-dominé...
Gabrielle
Ce qui renverrait aux parents fantasmatiques ?
Votre post, Yamina, me fait faire un lien avec les parents fantasmatiques (question posée par Nadia). Une reproduction inconsciente d'une période liée à l'enfance et réactualisée à mauvais escient ?
Sofia M
Une problématique objectale sociale
Dans la question posée par Clémentine et comme l'a souligné Cécile G., il vaut mieux resituer la problématique au niveau scolaire plutôt qu'à la maison puisque notre amie s'est adressée à une collègue de travail... Ceci étant, cette interrogation est particulièrement " complexe " dans la mesure où Clémentine parle aussi de " recon-naissance " mais, compte tenu de la collègue de boulot consultée, je persiste à penser que l'affect touche le socius avant tout, même si les parents fantasmatiques n'ont sûrement pas été perçus par l'inconscient comme suffisamment rassurants...
Gabrielle
Oui, Sofia !
J'avais, je crois, saisi cette nuance dans votre post précédent mais je vous remercie de préciser. Cette discussion est très intéressante.
Sofia M
Des points de fixation qui nous transforment en victime
Dans ce qu'évoque avec pertinence Yamina, tout est très douloureux malheureusement...
Je prends un exemple : si une interlocutrice nous rappelle inconsciemment une maîtresse d'école avec laquelle ça s'était mal passé, nous allons - par fantasme interposé non liquidé - lui donner libidinalement la place de ladite maîtresse pour vérifier si le " rapport " a changé mais, comme il s'agit d'une fixation, nous donnerons de facto tout pouvoir à l'interlocutrice du moment qui nous sanctionnera comme si nous étions une mauvaise élève, comme le faisait l'enseignante de l'époque, époque pourtant largement révolue !
Cécile
Peut-être les idéalisons-nous ?
C'est vrai Serge. Peut-être que ceux qui nous destabilisent sont-ils ceux que nous avons idéalisés ou peut-être aussi touchent-ils une réalité en nous que nous ne voulions pas voir ?
Lucien
Grandir pour ne + souffrir de l'avis alentour
Je vais être bêtement positif mais je crois saisir dans cette discussion que, finalement, la crainte du regard de l'autre est bien puérile car reposant sur la toute petite enfance... Une découverte et une libération pour moi !
clémentine-78
À moi de mettre en application vos interprétations
Discussion pas facile qui a pris rapidement une tournure psy pro mais j'ai compris globalement le sens des explications. Quant à l'exemple que Sofia a donné et en rapport avec une ex-relation qui m'a bien bouffée, j'ai compris grâce à cet exemple pourquoi elle m'avait littéralement croquée !
Merci à tout le monde pour la disponibilité que vous avez bien voulu m'accorder.
Bonne soirée,
Clémentine
Louis
Les donneurs de leçons !
J'ai eu moi aussi à faire avec des personnes auxquelles j'ai donné la place du maître. Pas plus tard qu'il y a quelques jours, j'ai été destabilisé par cet ex-collègue de travail qui a du prendre la place d'un prof de maths. C'est sûr que parler d'ésotérisme au prof de math de mon enfance, ça l'aurait pas fait du tout ! Une bonne leçon pour moi !!!
Elise
Un exemple
J'ai entendu Pierre Berger dans une interview dire qu'il n'avait strictement rien à faire de ce que les autres pouvaient penser de lui ! Ça lui a plutôt très bien réussi...
Gilbert
Un homme à découvrir donc ?
Je ne connais pas cet homme mais vous me donnez envie de me renseigner