Je prononce toujours la phrase de trop

Portrait de Lilou.G

Une fois de plus me voilà très contrariée, pour ne pas dire à l'envers.

Pour une fois que la fille de mon compagnon ne passait pas le week-end à la maison, il a encore fallu que je lui parle d'elle négativement, ce qui a déclenché une grosse dispute entre nous... Du coup il est allé voir un de ses copains que je n'aime pas beaucoup.

J'ai beau savoir que je vais aller me mettre dans la gueule du loup, il n'y a rien à faire, j'y vais quand même ! Et quel que soit le contexte c'est pareil !

Est-ce que vous pouvez me conseiller pour que je me remette à l'endroit le plus vite possible parce que je me sens particulièrement mal, culpabilisant, m'autodévalorisant... Est-ce que vous pouvez aussi me conseiller pour que j'apprenne à me taire quand c'est nécessaire ?

Mille mercis d'avance.

Lilou

Portrait de Gabrielle

Bonjour Lilou. G.

La fille de votre compagnon doit sacrément vous perturber car c'est comme si elle se débrouillait d'être présente alors qu'elle n'est pas là physiquement. J'ai eu aussi un peu ce type de comportement conçernant un collègue de travail particulièrement discutable... et discuté. Il nous perturbait de telle façon que l'on ne pouvait pas s'empêcher de le critiquer lorsqu'il n'était pas là pour des raisons objectives. Sauf que nous perdions une énergie phénoménale. Nous nous sommes rendus compte qu'il nous perturbait même quant il n'était pas là. Quant à vous donner des conseils ! Peut-être faudrait-il que vous regardiez votre priorité. Si c'est l'amour que vous portez à votre compagnon, vous n'avez pas d'autre choix que de ne pas mettre de l'huile sur le feu. Car, in fine, cela donne raison à la fille de votre compagnon. Il est clair que votre situation n'est pas un hasard. Je pense que les psys ou les coachs viendront vous donner des astuces applicables pour tourner votre langue 7 fois avant de parler. En attendant, je vous comprends et vous souhaite bon courage.

Portrait de Lakshmi

Il est sûr que critiquer la fille de votre compagnon (même si c'était légitime) a du déclenché une parano chez lui. J'ai lu ici qu'il fallait prendre en compte les limites de son interlocuteur et que toute vérité n'est pas bonne à dire. Il m'est arrivé aussi que je n'ai pas conscience de ce que je disais. J'ai appris de mes erreurs. Mais je ne dis pas qu'il est toujours facile pour moi de ronger mon frein.

Portrait de yamina.174

Prononce-t-on vraiment la phrase de trop ? Pas si sûr ! Je veux dire par-là que tout dépend de la suite psychologique que l'on donne à la discussion mais quant à soi. Il m'est arrivé à bien des reprises  - et ça peut m'arriver encore - d'avoir l'impression, le sentiment d'avoir prononcé cette fameuse phrase de trop. Chaque fois que j'ai pris la peine d'analyser la situation a posteriori, j'ai pu en retirer quelque chose de positif. Je vais prendre un exemple concret. 

Il y a quelques semaines m'a été présentée une personne hors de mon cadre professionnel et qui était censée avoir pratiqué un temps le même job que moi. Très vite, j'ai compris que c'était une imposture et, apparemment, j'ai poussé la conversation de façon maladroite. À certains moments, elle reprenait la main. Sauf que l'entourage présent a tout de même compris (je l'ai su par la suite) que cette jeune femme se coupait, racontait globalement n'importe quoi. Et moi, de mon côté, je continuais à me vautrer car, comme tout un chacun le sait, si on joue au tennis avec quelqu'un qui joue plus mal que soi on devient minable !

Cet échange de paroles m'a perturbée. Dans un premier élan, je me suis dit que plus jamais je n'irais me mettre dans une galère pareille ! Puis, reprenant mes réflexes positifs de sagesse, je me suis connectée sur le sens de cette rencontre nullissime. En mettant en place une autoanalyse que j'ai connectée sur mon boulot, puisque nous avions parlé job avec la dame en question, l'image d'un collaborateur s'est imposée à moi. Cet homme a en charge des dossiers très importants mais je sais qu'il peut donner l'illusion d'accomplir certaines tâches mais qu'il finit par délaisser. Je suis allée vérifier et j'ai découvert ce que je craignais : un axe de travail essentiel laissé de côté depuis plusieurs semaines !

Ce type d'anecdotes me répare car, ayant un surmoi particulièrement sévère avec moi-même, j'ai trop souvent encore le sentiment d'être la " fautive "...

En ce qui concerne le malaise de Lilou, il me semble que pour se sentir mieux avec elle-même, il est nécessaire qu'elle " exploite " ce qu'elle croit encore être un dérapage jusqu'à le transformer en un scénario positif. Sigmund Freud parlait de sublimation. Les Écritures Saintes affirment qu' " Une chose n'est impure que pour celui qui la croit impure "... Il est bien évident que mon propos prend en compte l'obligation à s'interroger et à avoir des comportements respectueux dans l'existence. Il ne s'agit pas de complaisance facile vis-à-vis de soi-même mais d'avoir l'honnêteté de revenir sur cette phrase de trop qui déstabilise pour, encore une fois, pouvoir considérer quelle ouverture elle peut créer pour arrêter la mésestime de soi et de se laisser réduire par certains ou certaines qui n'attendent que cela...

Portrait de Danièle-Dax

Ce sujet de discussion m'intéressait énormément dans la mesure où je peux gaffer...

Même si le post de Yamina considère l'autoanalyse que je ne sais pas vraiment utiliser, je crois avoir saisi que l'important, quand on considère qu'on a eu cette phrase de trop, c'est de partir de son propre mécontentement de soi pour essayer de faire évoluer le contexte favorablement... 

Portrait de Jean

J'ai aussi, comme Danièle-Dax, des choses à comprendre par rapport à mes dérapages verbaux. L'exemple de Yamina est très parlant et je vais essayer d'appliquer cette façon de voir les choses.

Portrait de Orlan

C'est vrai qu'il n'y a pas de hasard et j'approuve tout à fait le commentaire de Yamina... Son post m'a d'ailleurs permis de réaliser que " grâce " à une phrase de trop, j'ai pu couper avec certaines pseudo-amitiés et même avec des clients polluants... En même temps, je sais pertinemment qu'en écrivant cela je n'aide pas beaucoup Lilou. Effectivement, ce qui est plus épineux dans son cas c'est qu'il s'agit de la fille de son compagnon et donc de son compagnon dont elle n'a sûrement pas l'intention de se séparer. En essayant de me mettre à sa place, il me semble qu'elle peut réfléchir à ce triangle a priori œdipien qu'elle forme compte tenu de sa situation familiale. Ce qui m'a interpellé c'est le fait qu'il y a eu " dérapage " alors que sa belle-fille n'était pas là. C'est comme si seules les engueulades pouvaient faire comme si elle était là car il y a continuité d'un climat conflictuel à la maison, ce qui traduit une culpabilité chez Lilou qui peut fantasmer que si la jeune fille n'est pas là c'est de sa faute à elle. Ou, deuxième possibilité : des disputes de couple qui viennent combler ce vide laissé par l'absente ! Cas auquel cette seconde hypothèse traduit le fait que Lilou et son compagnon ne s'autorisent pas à se faire plaisir quand la demoiselle n'est pas là. Le + simple c'est alors d'anticiper ce genre de WE en amoureux : resto, rando, expo, ciné... Des ouvertures sur l'extérieur qui ne peuvent que rapprocher ce couple qui sera heureux de rentrer à son domicile pour se " retrouver " et paresser...

Portrait de Mireille-cogolin

Je sais que tout est leçon évolutive mais j'ai tendance à l'oublier quand je prononce ce que j'imagine être la phrase de trop. J'oublie cette opportunité de grandir en apprenant à m'aimer davantage parce ce que je reste fixée sur ce que je crois être ma faute. J'ai compris grâce toutes vos explications que Dieu nous titille tant que nous restons rivés sur notre automaltraitance psychologique : Il nous pousse à dépasser notre masochisme qui consiste à penser que l'autre est beaucoup mieux que soi...

Je n'ai pas les compétences pour aider Lilou mais je tiens à la remercier de sa question car elle m'a éclairée sur ma souffrance qui n'est autre que de la victimisation de mauvais aloi...

Portrait de Régis

Ma réponse est peut-être béni-oui-oui, mais j'ai tendance à penser que Dieu pourvoit à tout. Je pense que la fille de votre compagnon n'est pas heureuse pour s'arranger à perturber votre relation amoureuse. A votre place, si vous êtes croyante, je demanderais à Dieu de faire quelque chose... pour elle ! Je m'appuie sur Philippiens. 4.6 : En toutes choses, par la prière et la supplication, avec des actions de grâces, faites connaître à Dieu vos demandes.

Portrait de Lakshmi

Je suis d'accord avec vous Orlan. Lorque l'ambiance est étouffante avec mon compagnon, nous allons souvent chercher à l'extérieur un bol d'air frais. Le seul fait de sortir de la maison ensemble est alors thérapeutique. Nous l'avons constaté maintes fois ! Pas plus tard qu'il y a deux jours nous sommes aller voir un spectacle d'un humoriste. Le retour à la maison a été très " joyeux " !

Portrait de Ludo_437

Un sujet humain passionnant et, pour moi qui ai l'art sans la manière de parler avec mes interlocuteurs, je sais combien cette phrase de trop peut me brûler les ailes. En revanche, cette dimension positive que vous expliquez va m'aider à ne plus rester dans ma gangue de déception vis-à-vis de moi-même quand je ferai preuve de maladresse verbale...

Portrait de Gabrielle

Un véritable apprentissage pour ne pas rester fixé à ma culpabilité première. Je confirme, Ludo !

Portrait de iverlaine

À vous lire, une idée me vient : quand on voit le nombre invraisemblable de phrases de trop prononcées par les politiques, ce qui n'a pas l'air de leur faire perdre la face pour autant (!), j'imagine qu'ils doivent être coachés de façon à s'hyper renarcissisés après leurs bourdes récurrentes !

Portrait de Vincent

Et très bien dit !

Portrait de Charles

Comme quoi, nos politiques peuvent aussi être de bons exemples. J'avoue que je n'y aurais pas pensé tout seul, Iverlaine...

Portrait de Louis

Le post d'Iverlaine est une révélation ! Ces hommes ne s'embarassent pas du mot de trop et rebondissent toujours plus loin !

Portrait de Isabelle

Toujours aussi impressionnée par le positionnement "connecté" des inconscients à l'instant "t" ! Mon fils aîné est à la maison, en ce moment même... par "besoin de discuter" sur un fait qui s'est déroulé sur son lieu de travail, il y a 48 heures... Il se retrouve fréquemment avec un "équipier" qui recherche le conflit, en "n'assurant pas son poste de travail"... Mon fils étant son "supérieur direct", il y a déjà eu à plusieurs reprises des "difficultés" en paroles face à cet individu... Ca a "dérapé" un peu plus il y a donc 2 jours, et il a fallu que d'autres "supérieurs hiérarchiques interviennent", pour que mon fils ne s'en retrouvent pas à en venir aux mains, ce qui le comble, l'aurait mis en faute professionnelle grave... Mais de fil en aiguile, en discutant ce matin avec mon fils... Lorsqu'il m'a dit le prénom de ce salarié... J'ai été renvoyé à un épisode de l'enfance de mon fils... durant l'école primaire... Il rentrait régulièrement à la maison, en se plaignant d'un garçon de son âge... qui avait le même prénom, que le salarié dont je parle plus haut... et qui cherchait systématiquement la bagarre... Jusqu'au jour, où, je suis moi-même, en tant que mère, sortie de mes "gonds", en disant ouvertement à mon fils, qu'à un moment donné, on a aussi le droit de ne pas se laisser faire... Et le jour, où mon fils "s'est autorisé" à montrer à ce garçon, qu'il était à même de se défendre... L'autre n'est plus venu lui "chercher des poux dans la tête"... Bien évidemment, je ne suis pas en train de faire "l'apologie" de l'aspect "réactif"... Mais j'ai conclu la conversation avec mon fils il y a quelques minutes, en lui explicant, que lorsque "l'autre nous fait sortir de nos gonds", y compris avec "la phrase de trop"... Il est alors important de "vérifier" pour soi, qu'en définitive, cet "autre agresseur" ne fait que "projeter" pour mieux "masquer" ces faiblesses... Histoire de bien nous coller en culpabilité, puisqu'au bout du compte, celà nous renvoie à ce que nous "fantasmons" être nos propres faiblesses... Nous avons tous nos "travers"... Mais nous "oublions" que nous avons des qualités "vérifiables" et qu'il nous appartient de transformer nos "faiblesses" ou pas, en atouts  quelquefois... Ce dont "l'agresseur" alors, se vit, à tort ou à raison, tout a fait "incapable" lui...

Portrait de Gilbert

Le com d'Isabelle par rapport à son fils complète bien l'idée d'en finir avec l'auto-flagellation induite par Ludo. Il se trouve que mon fils a très mal à la gorge aujourd'hui et m'a demandé si j'avais des pastilles adoucicantes. Entre parenthèse, même si nous ne sommes pas dans la rubrique bio, propolis et acérola ont été très efficaces (lol). Tout cela me fait penser qu'il est possible que mon fils ait fantasmé aller trop loin dans une parole de trop (ou à la maison ou au boulot !). Il a l'habitude de s'auto-flageller de cette façon ! Comme il revient ce soir, cette discussion va me permettre peut-être d'aider à ce qu'il en finisse avec ses victimisations...

Portrait de Lilou.G

Des réponses surprenantes et inattendues mais que je vais prendre en compte dans la mesure où elles m'ont réconfortée... Quoi qu'il en soit, ça s'est heureusement arrangé avec mon compagnon mais je vais essayer d'être dorénavant moins épidermique en essayant d'anticiper toute dérive. Finalement, c'est un manque de réflexion préalable qui me conduit à ce type de problèmes relationnels récurrents. Toutefois, cette notion de sublimation est confortable à connaître car j'en ai marre de me mettre à l'envers et, effectivement, de me détester... Après tout et comme je le lis souvent sur ces forums, à moi aussi de considérer que mon inconscient sait ce qu'il fait ! Merci aussi pour les axes psycho que vous avez développés et qui m'ont plus que parlé !!!

Portrait de Orlan

Quand on voit comment les Régionales ont été organisées en vue du second tour, je ne peux qu'appuyer le commentaire d'Iverlaine !!! Et même si je n'ai aucunement envie de m'identifier aux politiques et à leur cuisine, il est vrai que je serais curieux de savoir comment ils s'y prennent pour ne pas être perturbés par leur manque de limites verbales, comportementales et autres...

Portrait de cricri

Pour ma part, je n'envie aucun élu car je sais que je n'ai pas les structures psychologiques qui consistent à nager en eaux troubles... C'est d'ailleurs pour cette raison que lorsque je dérape avec un interlocuteur, quel qu'il soit, mon censeur intérieur peut me le faire payer très cher !