Je suis en détresse

Portrait de Christine-zen

J'essaie de faire un travail spirituel sérieux mais j'avoue que je craque un peu en ce moment...

Il me semble que j'ai compris intellectuellement ce qu'est la dimension spirituelle de la foi, une foi réelle permettant - comme son nom l'indique - de ne pas avoir peur, ni d'aujourd'hui, ni de demain, ni des autres quels que soient leurs comportements... Les attentats m'ont bouleversée et je pense qu'ils ont aggravé mon désarroi...

Je lis chaque jour un passage du Nouveau Testament et beaucoup d'ouvrages de spiritualité raisonnable, je prie quotidiennement, je médite, mais je constate que dès que je suis dans une situation qui me donne l'impression que je ne peux pas la maîtriser, je perds tous mes moyens et je m'affolle. Dieu vient à mon secours mais après m'avoir fait attendre sûrement pour que je réalise mes faiblesses et mes insuffisances car, dans ce cas, je Le supplie de venir m'aider pour finalement me délivrer de moi-même...

J'ai beaucoup d'outils spi à ma disposition mais, quand je panique, je suis incapable de m'en servir et je me rends bien compte alors que je sors de mon axe...

Je souffre aussi énormément de redouter ce qui n'est pas encore là. 

Je suis en colère après moi car il n'y a rien de suffisamment spirituel dans mes réactions. Je m'agite. Je panique. J'ai l'impression de ne pas appliquer ce que j'ai appris et que le Seigneur a bien voulu me " don-ner ".Je vis un grand désordre à l'intérieur de moi. Comment faire pour que j'atteigne cette foi, cette confiance solide que j'espère de tout mon cœur et de toutes mes forces ?

Portrait de Jean-Marc

Bonjour, Christine-zen,

Je pense que vous êtes loin d'être la seule à être perturbée par ce qui s'est passé, relayé jour après jour par les medias. Dites-vous dans un premier temps que c'est normal. Qui peut se vanter, à moins d'être indifférent, de ne pas avoir été ému par ces événements ?

En yoga (je suis professeur de cette discipline), nous pensons que le mental peut être notre meilleur ami comme notre pire ennemi. Il est donc important d'en faire notre allié. Les pensées nous projettent soit dans l'avenir (angoisse de ce qui va advenir en ce qui concerne les événements), soit dans le passé (angoisse générée par les images de ce qui s'est passé). Le projet du yoga (qui est aussi une pratique spirituelle) consiste à revenir au présent. Prendre déjà conscience que nous sommes en vie ici et maintenant sans fausse culpabilité (pourquoi eux et pas moi ?). La réalité la plus perceptible est celle que nous percevons directement à l'aide de nos cinq sens. C'est pour cela que le yoga préconise de revenir à la conscience corporelle de manière à habiter notre enveloppe corporelle au moment présent. Il ne s'agit pas là d'égoïsme et de nombrilisme mais de centration sur soi jusqu'à ce que le sentiment de détresse s'estompe. A se rappeler : hier n'existe plus, demain n'existe pas plus. Seul l'instant présent est digne d'intérêt. Voilà quelques pistes que la philosophie du yoga peut apporter. Mais elles ne sont pas les seules... Bien sûr !

Portrait de Nadia

Je me retrouve beaucoup dans votre question, Christine zen, et je suis vraiment à l'affût de réponses. Celle de Jean-Marc m'a bien parlé mais je ne pratique pas le yoga. Et puis, je ne pratique aucune spiritualité comme Cristine zen. Ce qui me déboussole encore plus avec ces événements qui ont fait que j'ai annulé mon séjour à Paris. Je vais un peu mieux depuis que j'ai décidé de couper les informations. Je suis allé me promener à la campagne aujourd'hui avec une amie et ça m'a fait le plus grand bien. J'espère trouver, comme vous, des clés grâce à votre question.

Portrait de Cécile

Après un moment de véritable " sidération " lorque j'ai vu, comme tout le monde, ces images, j'ai appliqué la méthode de Nadia. J'ai décidé de ne pas me laisser polluer par mes pensées négatives. J'a coupé la télé et j'ai fait l'inventaire de tout ce que Dieu me donnait ici et maintenant, sachant que je ne pourrais rien changer à ce qui s'était passé. J'ai la possibilité de prier pour ces familles endeuilées et je l'ai fait en confiant à Dieu tout mon trouble. Pui, un peu comme le suggère Jean-Charles, je me suis centré sur moi. J'ai pris ma guitare et j'ai joué et chanté  " Imagine " de John Lennon, ce qui m'a connecté à la multitude des personnes de bonne volonté de part le monde. Et Dieu sait qu'il y en a plus que ce que l'on croit. C'est paradoxalement dans ces moments là qu'on réalise que l'Homme a des ressources d'amour et de solidarité insoupçonnables. Et ça, j'y crois... Je ne sais pas si je vous ai aidé, Chritine-zen et Nadia, mais en tous cas le coeur y était. Bonne soirée à vous !

Portrait de Younes

Vous m'avez donné de l'espoir Cécile. Je suis persuadé, au fond de moi, que la vie aura toujours le dessus. Et la vie, c'est Dieu, quel que soit le nom qu'on lui donne. J'ai lu quelque part ici que d'un mal sort toujours un bien. C'est sûr que nous avons des difficultés à comprendre en ce moment mais un signe positif nous est certainement envoyé au-delà de l'horreur. Continuons à partager nos pensées positives...

Portrait de Lakshmi

En cette période troublée, j'essaie de me rapprocher le plus possible de l'enseignement de Mâ Ananda Moyî qui préconise à la page 190 : D'une façon ou d'une autre, il faut toujours penser à Lui. Il est évident que ce n'est pas chose toujours aisée lorsque la confusion règne. Ma méthode c'est lire un passage de ce livre chaque fois que mon esprit divague...

Portrait de Jean-Marc

Je connais cet ouvrage, Lakshmi, et je suis heureux que vous y fassiez référence. Mâ Ananda Moyî enseigne - entre autres - le bhakti yoga fort pratiqué en Inde. Il 'agit de se relier (sens du mot yoga) à la divinité qui nous habite. La méditation sur une forme, un son qui représente cette divinité en est une de ses pratiques. Mais il y a aussi le cha,t, l'écoute de chants... Mâ conseille de ce concentrer sur une représentation qui nous parle, quelle que soit notre culture. Un livre à effectivement consulter tous les jours. C'est pour moi un véritable médicament aussi...

Portrait de M.Christine

Nous portons tous au fond de nos cellules le sens de notre impermanence sur terre . Ce qui nous fait souvent courir, comme avec un sentiment d'urgence, pour réaliser un maximum de choses avant l'échéance finale .

Il n'est pas toujours aisé de se freiner et de se dire que ce n'est pas la quantité qui compte .

Ces événements malheureux viennent paralyser le pays . Cette paralysie n'est-elle pas le point de départ d'une réflexion sur notre mode de vie et de pensée occidentale ? Où courons-nous ? Pourquoi ?

Portrait de Gabrielle

Je viens de lire votre post plein de sagesse M. Christine. N'empêche que , travaillant dans la restauration " rapide ", si je ralentis, je perds mon boulot (rires !). Et si je perds mon boulot, je ne peux plus payer mon loyer et si je ne peux plus payer mon loyer, je fais quoi ? On nous demande d'être performant car il y a du monde qui attend qu'on craque pour prendre la place. Je ne me plains pas car j'ai de la chance d'avoir un job. J'essaie d'être le plus honnête possible avec mon équipe. Et je dirais même à Christine-zen que mon travail, aussi rapide soit-il, est une forme de thérapie pour moi.

Portrait de Younes

Ne rien foutre et je suis à la porte (lol). Ce qui est positif en ce moment au boulot, c'est une sorte de dialogue implicite et parfois explicite. Comme si les plaintes habituelles lâchaient par rapport aux événements. Une sorte de solidarité... J'oserais dire fraternité. Et pourquoi pas ?

Portrait de Gabrielle

Je constate le même état d'esprit au boulot, Younes. Quelque chose a changé mais c'est très indicible. L'histoire de Jeanne Calment - dit en passant - m'a fait sourire. Je crois qu'encore près de 100 ans à rien faire et je déprime en plein (rires !). Et puis ce n'est pas vraiment mon objectif de vie que d'être une championne de longévité... :-).

Portrait de M.Christine

C'est une bonne nouvelle, Younes . On ne demandera peut-être bientôt plus aux cadres d'entreprises, comme compétence suprême, d'être agressifs, voire mieux : d'être des "killers" ! 

Portrait de Gilbert

Je comprends ce que dit M. Christine. Mai, chère Gabrielle, elle se situe -tout comme moi d'ailleurs - d'un point de vue de retraité qui est dégagé d'obligation professionnelle. La différence d'âge me permet un recul que je n'avais absolument pas à 28 ans (je crois que c'est votre âge ?). Par ailleurs, votre job ne doit effectivement pas vous permettre de ralentir le pas.

Portrait de Louis

Je remarque, mais je l'avais lu par ailleurs, que je ne suis pas le seul à avoir du temps pour se poser. C'est vrai que je suis plus inquiet pour nos enfants que pour moi-même. Mais à lire Gabrielle et Younes, on sent avec joie, que cette génération possède des ressources... Bon courage et croyez en l'Homme !!!

Portrait de Mireille-cogolin

Je me demande si les commentaires précédents ne s'écartent pas un peu trop de la question de Christine-Zen ? Quoi qu'il en soit et pour ma part, je me retrouve parfaitement dans le fait qu'elle dit comprendre la dimension spirituelle mais qu'elle peut paradoxalement paniquer face à des aléas de sa propre vie. Je connais cet état contradictoire et tous les jours je tente de le travailler. J'en reviens toujours à me dire que je dois impérativement placer Le Seigneur au-dessus de mes difficultés. À ce sujet, j'ai d'ailleurs entendu un témoignage très touchant à la télévision. Il s'agit de celui d'un père de famille dont la fille a été grièvement blessée dans la salle du Bataclan. Cet homme a été interviewé à la sortie de l'hôpital où sa fille était hospitalisée. Quand le journaliste lui a demandé comment il traversait ce drame, il a répondu : " Je fais confiance à mon Dieu "... Depuis, je me répète cette phrase quand je commence à sentir une inquiétude monter en moi, prête à me déstabiliser...

Portrait de Lakshmi

Tout simplement merci pour le témoignage de ce père ! Je le prends à mon compte aussi dès maintenant...

Portrait de Younes

Je trouve aussi que nous nous sommes égarés quant à la question de Christine-zen. Personnellement, je crois que j'étais aussi démuni qu'elle. Mais ce " mon  " Dieu me parle beaucoup et me rassure...

Portrait de Gabrielle

Je ne me retrancherai pas sur le fait que je suis nouvelle sur les forums et que je n'ai pas l'habitude mais vous avez bien fait de recadrer la discussion. Comme Younes, j'ai préféré fuir la question. Désolée, j'espère faire mieux les prochaines fois. A demain, car là je dois partir  " vite " au travail...

Portrait de Christine-zen

Tout comme Mireille-Cogolin, Lakshmi et Younes, la phrase spirituelle et pleine de foi de ce père m'a parlé... Je l'ai déjà répétée plusieurs fois et je sais qu'elle va désormais m'accompagner au quotidien...

J'en profite pour vous remercier de vos réponses qui apportent toutes de toute façon des pistes à disposition et comme je sais qu'il n'y a pas de hasard...

Portrait de cricri

Merveilleuse preuve de foi de ce père. Quelle abnégation ! Quel message d'une puissance absolue et totale du fait de sa spontanéité... Je vais me l'approprier dès maintenant et le faire mien... Je sens déjà le bien qu'il me fait...

Portrait de Orlan

Comme le dit la Sage Mâ Ananda Moyî, " Le moyen que Dieu choisit pour attirer chacun à Lui échappe à l'entendement. " 

Dieu a fait parler ce père pour toucher et aider ceux qui sont prêts à se rapprocher de Lui... Une fois de plus...

Portrait de Jean

Votre post est des plus encourageants pour booster ma foi, Orlan. Comme une bonne piqure de rappel, ce père ne s'est pas exprimé par hasard ! Et c'est très bien de relayer sa magnifique phrase ici... et ailleurs !

Portrait de M.Christine

Il ne s'agit évidemment pas de chercher une quelconque longévité .

En fait, je pensais à toutes ces personnes qui ont frôlé la mort, soit par une maladie grave, soit par un accident, certains étant tombés dans le coma . Lorsqu'ils sortent de leur épreuve, leur témoignage est pratiquement toujours le même : "Je menais une vie absurde, j'attachais de l'importance à ce qui n'en avait pas ; maintenant je savoure chaque instant, je dis à mes proches combien je les aime, etc ..." . Ils semblent tous avoir retrouvé le sens des priorités, et très souvent aussi, une foi renforcée .

Portrait de Younes

Je profite de ma pause de midi pour vous remercier de votre sympathique réponse. Être à l'écoute Dieu, oui. En tous cas j'essaie !

Portrait de Gabrielle

Merci M. Christine d'avoir apporté une précision à vos propos. Le système, nous y sommes et nous n'avons pas d'autre choix que de faire avec. Enfin, je parle pour moi. Peut-être que des opportunités professionnelles s'ouvriront mais vu le contexte économique, ce n'est pas évident et je suis contente d'avoir un job. D'autres ne peuvent pas en dire autant. Quant à Dieu, c'est une question que je commence à me poser et le témoignage de Mireille-cogolin m'a interpellé. Au moment où des voix s'élèvent contre les méfaits de la religion, j'avoue que je suis impressionnée. Je crois que j'ai bien fait de m'inscrire ici...

Portrait de M.Christine

Je vous souhaite le meilleur pour votre avenir, Gabrielle . On ne doute pas de vos capacités ! Et il n'est pas exclu de penser que le système lui-même changera .

Et j'en profite pour vous souhaiter aussi,  Christine-zen un apaisement toujours possible, même dans la détresse . Il y a des petits "trucs" qui soulagent presque instantanément, comme de respirer profondément plusieurs fois en prêtant uniquement attention à sa respiration (mais vous devez le savoir !) . On peut aussi offrir cette détresse de tout son coeur à Dieu ... Dites-vous bien que tout le monde a été ébranlé d'une manière ou d'une autre . Je nous souhaite à tous de trouver la paix intérieure, chacun avec les moyens dont il dispose !

Portrait de Jean

Il y a des moments où le refuge en Dieu reste la seule solution. " Offrir cette détresse de tout son coeur à Dieu " comme le dit M. Christine !