Je suis jalouse du bonheur des autres

Portrait de Puce76

Je n'ai jamais eu un moral au beau fixe car mon destin m'a rapidement joué des tours.

. Décès de ma mère quand j'avais 2 ans

. Père, pédiatre, qui a sombré dans l'alcoolisme après la mort de sa femme et a perdu son cabinet en raison de son alcoolisme 

. Père qui a fait plusieurs cures de désintoxication, dont la dernière qui a "marché" mais il s'est alors suicidé (mon frère jumeau et moi avions 15 ans)

. Anorexie pour moi qui s'est réglée grâce à une Sœur infirmière rencontrée lors d'une hospitalisation 

. Rencontres sentimentales désastreuses, divorce...

. Quelques bonnes choses heureusement comme notre grand-mère maternelle, femme magnifique qui a pris le relais de notre éducation, des études supérieures et jamais de problèmes d'argent... Mais une amertume énorme sur ma vie quand je me retourne et comment ne pas me retourner alors que des souvenirs douloureux remontent à la surface et m'assaillent?

D'une famille plutôt athée, je suis devenue croyante à la suite de la rencontre avec la Sœur informière qui a provoqué en moi un déclic mais j'en ai tellement assez par moments de ma trajectoire de vie subie depuis mes 2 ans que j'essaie de comprendre une énigme mais aucune de mes réponses personnelles ou de mes lectures spirituelles ne me satisfont: pourquoi y a-t-il de tels écarts de destinée entre les êtres humains? Même si tout un chacun a des épreuves, je ne peux que constater que certains - dont je fais partie - sont davantage marqués que d'autres. Pour ma part, depuis toute petite je souffre d'un sentiment de honte (ni maman, ni papa pour me défendre de la moindre injustice face aux copains de classe et aux cousins, oncles et tantes par exemple), honte renforcée par l'alcoolisme de mon père dont tout le monde parlait, y compris devant mon frère et moi sans aucune délicatesse (!), trahisons conjugales répétées, dont celle qui a eu la peau de notre couple puisque mon mari m'a quittée pour vivre avec une de mes cousines germaines! 

Comme je sais qu'il y a bien pire destinée encore que la mienne, je voudrais comprendre pourquoi tous ces écarts. Pour être honnête, j'ai besoin de vos éclairages car plus le temps passe et plus je suis jalouse du bonheur des autres. Ce qui fait que j'ai encore plus honte de moi, ma conscience ne me laissant jamais en paix. J'ai le sentiment que si j'arrive à comprendre, la honte et les tourments lâcheront...

Merci de m'avoir lue jusqu'au bout et de bien vouloir m'aider.

Portrait de Charles

Ayant le sentiment que mon enfance m'a été volée à cause de parents irresponsables évoluant dans un milieu des bars, j'ai eu la chance d'être récupéré et élevé par ma grande soeur. Il m'arrive encore, comme vous, de me demander pourquoi moi et pas mes copains d'école qui avaient leurs parents vivant une vie normale. Aussi, je crois que je peux comprendre votre questionnement. Je n'ai pas de réponse mais je peux vous dire que j'ai de la gratitude pour la chance que j'ai eu malgré tout. Ruminer les défauts de mon incarnation ne m'a valu que de la révolte, de la jalousie, voire de la violence car ado, j'étais un bagarreur et cherchais facilement querelle aux " gens " dit bien-nés. Puis je me suis passionné par la musique. Certains de mes amis musiciens étaient alcooliques et j'ai commencé à comprendre encore que j'avais de la chance (par réaction à mon père) que moi je ne l'étais pas. Le ménage s'est fait autour de moi jusqu'à ce que je rencontre un professeur de musique qui a été pour moi une source de sagesse. Depuis pas mal de temps déjà, je suis inscrit sur ces forums et me suis ouvert à la spiritualité en lisant des livres, lu les commentaires des psys.  Longtemps solitaire, je me suis enfin décidé à vivre avec ma compagne actuelle. Pas facile tous les jours mais je ne regrette rien. Peu à peu j'accepte que je ne suis pas sur cette terre par hasard. Certains de mes élèves (je suis professeur de guitare basse) n'ont pas une vie facile non plus mais j'ai l'impression que la vie que j'ai eu m'aide à les aider. Voilà ce que je peux vous dire ce matin, chère Puce76. J'essaie de me poser de plus en plus en prenant conscience de l'instant. Il me semble que même si j'ai été blessé, cela ne change rien de jalouser des gens dont je ne connais en fait que les apparences. Que sais-je de leurs problèmes, de leur souffrance ?

Avec toute mon affection,

Charles

Portrait de Allain

Des années "sombres" tout le monde en a eues. Il faut juste en faire quelque chose de positif et d'évolutif. Le meilleur remède qui soit pour combattre nos vilains sentiments.

Portrait de Jean-Marc

Je pense qu'Allain a raison. Chacun a eu des moments pénibles à traverser : deuils, maladie, échec sentimental. Certes à des degrès différents. Mais chacun étant unique, il est épuisant de se comparer à autrui et surtout cela ne résout pas les problèmes. Se servir de nos déboires pour avancer n'est pas toujours facile. En ce qui me concerne la pratique de la méditation yoguique m'aide à aller chercher, me relier à l'intérieur de moi à cette âme, ce quelque chose de plus grand que moi qui sait. Cette pratique peut compléter vos lectures spirituelles qui peuvent rester au niveau mental, donc en surface. Il y a des sites de coaching spirituel qui proposent cette approche. Faites-vous confiance et vous attirerez certainement les clés dont vous avez besoin.

Portrait de Mireille-cogolin

Votre réaction est très humaine Puce76 car votre destinée n'est effectivement pas des plus faciles. Mon âge avançant, je crois de plus en plus que notre incarnation ne sera jamais complètement une partie de plaisir. Personnellement et compte tenu de mes propres souffrances, j'ai longtemps attendu le miracle qui consisterait à ce que je ne souffre plus. Bien que me comportant en bonne chrétienne, rien ne changeait. Par contre, certaines connaissances que j'avais me semblaient très éloignées de conduites altruistes par exemple et j'avais l'impression qu'elles avaient moins d'épreuves que moi. Moi aussi il m'arrivait de les jalouser. Un jour, j'ai décidé de parler de cette mauvaise réaction à un prêtre. Je vous livre sa réponse qui m'a guérie de la jalousie : " Avez-vous imaginé un seul instant si vous supporteriez la vie de ces personnes que vous jalousez ? J'attends votre réponse maintenant.". J'ai réfléchi peu de temps et s'est imposée à moi la femme d'un avocat qui fréquentait à l'époque la même paroisse que moi, couple nanti financièrement, avec deux ados adorables, sachant que je suis veuve depuis l'âge de 30 ans, sans enfant... Je ne suis pas concierge dans l'âme mais il m'aurait été difficile d'ignorer que son mari s'affichait avec une maîtresse attitrée, vu qu'il n'était pas du tout discret quant à cette relation extra conjugale. On disait que sa femme était au courant, en souffrait mais elle ne voulait pas divorcer par rapport à la situation professionnelle de son époux. Tout d'un coup, je me suis imaginée trompée par mon mari que j'adorais. Je ne l'aurais pas supporté et je ne sais pas ce que je serais devenue si pareille trajectoire de vie m'avait été infligée. Rapidement, je me suis même dit que je pense que je me serais suicidée. En guise de réponse, j'ai raconté tout ça au prêtre qui m'a assurée que Dieu ne nous envoie que les épreuves que nous pouvons supporter et que chacun de nous en traverse avec une force divine qui nous permet de les cacher aux autres... Cette transmission m'a convenu mais il n'en demeure pas moins qu'elle reste humaine. Tant qu'on est ici-bas, n'est-ce pas le plus important ?

Portrait de Ari

Lâchez prise et comme le conseillent les bouddhistes, accueillez ce qui vous gêne, ce qui vous fait mal, ce qui vous fait honte sans essayer de résister ni d'imaginer une autre version de votre vie. Marie Borrel, la psychothérapeute et auteur, préconise quand la souffrance martèle d'imaginer une vague qui arrive sur nous, qui nous submerge et puis qui se retire comme toute vague... Alexandre Jollien, le philosophe et auteur, lourdement handicapé depuis sa naissance, conseille quant à lui de ne pas soulever la question du Pourquoi ça m'arrive à moi ? et de laisser passer malaises et angoisses quand ils nous écrasent...

Portrait de Lucien

Dans la vie, bien des évènements sont sujets à contrariété. Il y a longtemps que j'ai compris qu'il n'y a pas de grands et de petits soucis car, dans notre monde de subjectivité, quand on a mal on a mal et je vais même jusqu'à assumer qu'on me trouve ridicule avec l'exemple que je vais vous raconter. Il s'agit de ma belle-mère. D'une bêtise incommensurable, elle balance sa foi du charbonnier sur les enfants dès qu'elle le peut. Ça peut paraître anodin à première vue mais je ne vous dis pas le nombre d'engueulades que j'ai eues avec ma femme à cause d'elle... J'ai fini par comprendre qu'en fait et comme elle ne peut pas me voir en peinture, elle fait tout pour que ses visites entraînent des problèmes familiaux. Mais j'ai eu la chance, un jour où elle devait passer et où je rongeais mon frein à la simple idée de la voir passer la porte, de recevoir une espèce de Grâce, de lumière sur ma route : " Quand elle vient, au lieu de t'énerver à la pensée de cette visite et pendant la visite, dis-toi qu'il vaut mieux ça que si tu attendais chez le médecin le résultat d'analyses de laboratoire qui pourraient être très mauvaises. "... Ça m'a calmé net ! Je ne veux pas m'éloigner du sujet important de cette discussion mais il me semble que Plume76, chaque fois qu'elle est confrontée à des souvenirs et à des pensées ultra négatives et dans le même ordre d'idée que " ma méthode ", pourrait savourer l'idée d'être en vie et en très bonne santé, ce qui n'était apparemment ni le cas de sa maman, ni de son papa... 

Portrait de Isabelle

Je pense tout comme vous qu'il nous est donné à voir, quelquefois comme une grâce... Il y a de nombreuses années, au terme de journées de travail assez fatiguantes ou j'avais beaucoup marché, je m'apprétais à rentrer chez moi, en me rendant à la gare pour prendre mon train. En chemin je répétais à plusieurs reprises à la personne m'accompagnant que j'avais mal aux pieds. J'étais en train de me plaindre une énième fois lorsque nous avons croisé un homme, sans jambes du tout, qui se déplaçait dans un petit véhicule à ras du sol. J'ai stoppé net ma plainte alors, réalisant combien j'avais de la chance d'avoir mal aux pieds en définitive...

Portrait de Régis

Les exemples d'Isabelle et de Lucien sont très intéressants. Je pense aussi à celui d'Ari concernant la destinée d'Alexandre Jollien qui considère son handicap de naissance comme une grâce qui lui a permis d'aller au-delà des apparences et surtout de transmettre ce qu'il a reçu en terme de sérénité spirituelle. J'ai remarqué que certains foromers ont employé le mot Plume plutôt que Puce... Peut-être un signe que ces écrits vont alléger le poids de vos souffrances et que votre jalousie est prête à s'envoler. Pour ma part, ils m'ont aussi fait voir les choses autrement par rapport à ma nostalgie et certainement un sentiment de jalousie de n'avoir pas pu fonder une famille. 

Portrait de Lucien

À la réflexion, je pense que j'ai écrit Plume76 au lieu de Puce76 parce qu'il me semble de mémoire qu'il y a une Plume qui vient discuter sur ces forums de temps en temps et j'avais trouvé ce pseudo très joli... Je ne suis pas excusable pour autant. Je présente donc mes excuses à Puce76 et à Plume. 

Portrait de Isabelle

J'ai déjà lu des posts venant de Plume également. Un ange un peu farceur se serait-il glissé dans votre réponse d'un léger bruissement d'aile ? Bon c'était juste ma petite minute délire du jour qui ne fait de mal à personne. A plus !

Portrait de nanou-69

C'est extraordinaire ! Sacha-plume (c'est son pseudo) était venue (entre autre) poster un joli texte à propos de la question " Comment attirer le ... bonheur  ? ". Je m'en souviens car il m'avait bien plu. Très bon signe donc pour Puce76. Smile

Portrait de Jean

J'ai récemment écouter le prêche d'un pasteur évangéliste qui m'a beaucoup intéressé. Il disait que rien ne dure éternellement en ce monde. Le chagrin du deuil touche chacun d'entre nous un jour ou l'autre. Chez certains il dure, même si le décès d'une grand-mère intervient à l'âge de 95 ans. Au lieu de ce poser la question " Pourquoi moi ? ", il propose la question " Pourquoi pas moi ? " dans la mesure où le sentiment d'injustice touche tout le monde. Personne n'est dispensé de la souffrance. C'est ce que transmet aussi le Bouddhisme. Le Chrétien peut en venir à en vouloir à Dieu. " Pourquoi moi ? ". Il évoque aussi le processus de deuil transmis par Elisabeth Kübler-Ross que chacun traverse comme il peut. Il cite ensuite le roi David qui perd son fils alors qu'il a prié pour qu'il vive. Avec l'acceptation, David pense qu'il retrouvera son enfant autrement mais en attendant il passe à autre chose. Sa faiblesse et sa finitude humaine  ont permis à ce monarque de vivre l'humilité, la confiance et la compassion. David est connu pour avoir écrit les Psaumes, des chants de louanges et de prières qui soutiennent aujourd'hui des millions de croyants. Il a certes fait de son drame injuste d'un point de vue humain quelque chose de positif et d'évolutif pour la conscience spirituelle de l'Humanité. A mon humble niveau, cette histoire me fait prendre conscience que nos douleurs ne sont pas là par hasard et que Dieu nous " travaille " à travers elles pour nous aider à donner, transmettre ce que nous avons de meilleur, avec Son aide et Son Amour. 

Portrait de Puce76

Certains aspects que vous avez soulevés dans vos commentaires m'ont frustrée et j'ai pris exprès le temps de la réflexion pour essayer d'aller + loin.

Je crois avoir dégagé de vos posts une évidence: quand je regarde le "bonheur" chez les autres, je ne vois que la partie émergée de l'iceberg... Je perds donc ainsi une énergie phénoménale qui m'empêche de faire de ma destinée un enseignement à disposition et à mon service.

Merci pour tout.