J'ai 39 ans et je souffre depuis toujours d'un problème que je n'arrive pas à régler : je suis toujours en retard. Je ne vous dis pas tous les ennuis que ça me cause au boulot (je suis secrétaire dans une administration) et les risques que je prends sur la route pour essayer d'arriver à l'heure. De toutes les façons je n'arrive jamais à l'heure ! Pourtant je fais tout pour que ça se passe bien mais le matin, si je ne me rendors pas quand le réveil a sonné, je peux me recoucher après le petit déj en mettant la télé pour ne pas me rendormir mais je m'assoupis systématiquement et pour le coup je suis vraiment en retard. Je ne sais jamais comment je vais m'habiller et si je prépare mes fringues la veille, le lendemain je cherche quand même autre chose en décrétant que ce que j'ai choisi me grossit ou me vieillit ! Même quand je vais chez le coiffeur je pars en retard de la maison ! Pourtant c'est une démarche agréable... Je pourrais vous faire une liste jusqu'à demain dans ce genre d'idées...
Est-ce que vous savez pourquoi je fonctionne comme ça et ce qu'il faut que je fasse pour que ça s'arrête ?
Cécile
Le retard lié à une angoisse du temps ?
Il me semble, Horia - mais je ne suis pas une spécialiste -, que les psys associent le retard à une angoisse du temps. C'est comme si, malgré les bonnes résolutions, quelque chose de plus fort que nous ne voulait pas être à l'heure. Le retard fait que l'on ne passe jamais inaperçu. Et même si on " rate ", on " reussit " in fine par contrôler son entourage et en subir en retour les conséquences. Difficile de vous apporter une réponse pratique. Comment s'en sortir ? J'avoue que je ne sais pas trop. J'espère que quelqu'un sera plus perspicace que moi. En attendant, je vous souhaite de tout coeur que les choses s'éméliorent.
Cécile
Jielgeai
La peur d'agir... de passer à l'acte...
Outre un mépris certain pour les autres (ceux qui vous attendent), les gens qui sont sytématiquement en retard veulent faire comprendre aux autres que leur temps leur appartient, qu'il est précieux et que ça leur coûte d'être à l'heure...
Je n'y vois que de l'égoisme et de l'irrespect.
Désolé.
Hugo Natoli Psy...
"Résistance et actes manqués"
Vos retards qui compulsent, Horia, signalent que quelque chose resiste en vous. Ils peuvent être envisagés, d'un point de vu de la psychanalyse, comme des actes manqués, donc un discours réussi pour l'inconscient.
Cécile a raison, le retard est lié à une angoisse du temps, qui renvoie elle même à une angoisse d'abandon.
Il vous faut trouver, Horia, ce qui résiste véritablement. Pour cela une aide psychologique peut être une solution.
Soso
Un boulot qui ne vous convient pas ?
Telle que vous décrivez la situation, on dirait que vous allez travailler à reculons ! Il y a peut-être quelque chose à explorer de ce côté-là ?
Gilbert
Le coiffeur ?
Soso, j'aurais eu la même idée, si ce n'est qu' Horia cite l'exemple du retard chez le coiffeur qu'elle décrit comme une démarche agréable. A moins que le noeud étant le travail, la difficulté déborde sur la sphère du plaisir ? Je pense un peu comme vous. C'est comme s'il n'y avait aucun plaisir, pour Horia, à être secrétaire dans une administration... Du coup, Horia fait durer le plaisir en restant à la maison plus longtemps... Et elle en souffre. Ce n'est qu'une hypothèse bien sûr.
Soso
Peut-être que je coupe les cheveux en quatre ???
J'avais bien noté l'histoire du coiffeur en tant que démarche agréable mais je me suis dit effectivement qu'il y avait un lien avec le travail et que ses séances de coiffure, elle les règle avec l'argent qu'elle gagne dans son administration... Mais peut-être que je coupe les cheveux en quatre et que j'envoie le bouchon un peu trop loin ???
Gilbert
Elle se punit donc ?
Si on suit votre raisonnement Soso - et en ce qui me concerne, il tient la route - lorsque l'on pense que l'on ne mérite pas son salaire, pas question non plus d'être à l'heure à un rendez-vous agréable. Donc elle se punit ; ça peut donc être lourd de conséquence cette histoire. Peut-on booster son complexe d'infériorité si on n'est pas à sa place au niveau de son travail ? Peut-être qu'Hugo Natoli pourrait nous répondre, s'il est disponible bien sûr ?
Danièle-Dax
J'ai guéri d'un coup !
J'ai eu ce problème de retards systématiques et un jour, j'ai vraiment senti que je me faisais du mal. J'ai guéri d'un coup !
Sylvie-0570
Une douleur à l'état pur
Les gens qui sont toujours en retard ne s'aiment pas. Un point c'est tout ! Tout simplement parce que tout le monde les critique et ils le savent. Cette forme de masochisme est très douloureuse quand ils se confient...
Lucien
Honte et névrose
Je suis tout à fait d'accord avec cette notion de masochisme car les gens en retard ont honte. Et même s'ils cherchent à cacher cette honte, ils ne sont pas fiers d'eux... Je ne parle pas ici bien sûr de ces pseudo stars, débiles, qui se font attendre pensant qu'elles n'en seront que plus appréciées !!! Si " l'exactitude est la politesse des rois ", toujours est-il que les gens qui sont systématiquement en retard sont de grands névrosés...
Sofia M
Des perfectionnistes pathologiques
Il semblerait que les sujets toujours en retard soient aussi de grands perfectionnistes. Ils vérifient constamment s'ils ont bien rangé la salle de bains avant de partir, si le dessus de lit ne plisse pas, si le col de la chemise est bien ajusté... Et le retard s'accumule... Les perfectionnistes veulent renvoyer une image parfaite et ils aboutissent à l'inverse : l'échec !
J'ai eu une collègue de travail qui fonctionnait comme ça. Je connaissais un peu sa maman qui était une femme très voyante, toujours habillée de façon vulgaire style léopard, le chignon blond paille en bataille et les racines noires de trois centimètres, buvant facilement le pastis avec les hommes accoudée au bar... Cette collègue était en retard tous les matins et même en reprenant le boulot à
14 heures : elle se détestait physiquement et s'habillait en gris, en bleu marine, en noir... Jamais de de tons colorés. Les cheveux naturels avec une coupe courte. Pas de maquillage. Un jour où je lui demandais pourquoi elle arrivait toujours en retard, elle m'a dit qu'elle essayait trente-six tenues le matin, que rien ne lui convenait et qu'ensuite, il fallait qu'elle range au cas où quelqu'un passerait à l'improviste... Elle vivait seule. Un jour elle s'est suicidée sans laisser le moindre mot d'explication. Mais quand j'ai vu l'accoutrement de sa maman au cimetière, je me suis dit : " Mon Dieu, si elle voit sa mère d'où elle est habillée comme ça, elle doit avoir honte et être triste "...
Cécile. G.. Psy...
Le retard "intellectuel" ?
Lucien, vous faites avancer les choses avec "débile" qui est en lien avec "retard": être systématiquement en retard, on peut entendre le retard intellectuel. C'est comme si, Horia, vous vous viviez inconsciemment comme n'étant pas à la hauteur dans tout ce que vous entreprenez. Il faut me semble t-il travailler "le retard" (intellectuellement) dans ce sens là. Vous vous mettez en échec car votre inconscient fantasme être "en retard". J'espère que "ça vous parle" et que vous arriverez à faire des liens pour pouvoir lâcher cette problématique qui ne vous appartient pas, ce n'est pas votre histoire ...
Horia
Le spectacle de ma mère m'est insupportable encore aujourd'hui
Cette discussion vient de me révéler quelque chose qui me semble très important. Issue d'une famille de 10 enfants, ma mère était toujours en retard quand elle venait me chercher à la maternelle. Les maîtresses ou les femmes de service me faisaient des réflexions désobligeantes.
Elles ne disaient rien à ma mère qui ne parlait pas un mot de français... Je porte toujours cette honte en moi. Comme si j'y étais pour quelque chose dans les retards de ma mère... Obèse, elle marchait à trois à l'heure dans sa djellabah, même en se sachant en retard... Ce spectacle m'est encore aujourd'hui insupportable... Je suis à deux doigts de pleurer...
Cécile
Je comprends mieux
Votre description, Sofia, me permet de mieux comprendre le comportement d'une amie. Sans être une perfectionniste pathologique, elle était réputée pour arriver en retard en cours et lorsqu'elle était invitée. Pour l'avoir connue à la fac de Lettres, elle était quand même du style " maniaque ". Rien ne devait dépasser dans la chambre d'étudiant. Ses retards se sont considérablement atténués jusqu'à disparaître dès qu'elle a trouvé sa voie, en quittant la fac et en faisant une formation d'infirmière, métier qu'elle pratique toujours depuis avec plaisir, en libéral.