Je suis très rancunière et j'en souffre

Portrait de jeanne

Je ne peux pas m'empêcher d'être rancunière, même pour des pécadilles. J'en souffre terriblement parce que je suis dans un système où je me mets à bouder. Ça peut durer des jours et des jours. Je peux ne même plus parler, ni répondre quand on me parle. Mon amie a trouvé la solution : elle en fait autant. Ça finit par me faire réagir mais je ne sais plus comment revenir... Le pire c'est au boulot où je me taille de plus en plus une mauvaise réputation. Je vous prends un exemple : il y a quelques jours, au cours de la pause du personnel de l'entreprise dans laquelle je travaille et qui compte beaucoup d'hommes, l'un d'entre eux, alors qu'il sait que je suis homosexuelle, a commencé à dire que les lesbiennes avaient une maladie mentale. Je sais très bien que c'est de la provoque parce qu'il n'a jamais pu me piffrer. J'ai appris que son père avait divorcé pour un homme quand il était ado et je crois que ça vient de là. J'ai très mal réagi pendant la pause. Certains se sont mis à rigoler bêtement. J'ai donc dit au mec qui m'avait insultée que lui, c'était un gros con et les autres de gros nuls. Je suis partie furieuse et je ne leur dis plus ni bonjour ni bonsoir. Pas pratique au travail ! Alors que je sais pertinemment que j'aurais dû rigoler avec eux et que c'est ça qui leur aurait cloué le bec.
Je sais que la rancune c'est mon poison.
Est-ce que vous connaissez à titre personnel ?
Est-ce que vous en souffrez ?
Est-ce que d'autres en ont guéri et comment ?

Portrait de Cécile. G.. Psychanalyste

Cet homme projetait sur vous sa souffrance, il est difficile pour un adolescent d'accepter l'homosexualité de l'un de ses parents alors qu'il est en train de construire sa propre sexualité. Lorsque vous vous sentez agressée, n'oubliez pas que l'agresseur projette sur vous ce qui le gêne en lui. Ce n'est donc pas vous qui êtes visée directement. Quant au fait de bouder ou de se quitter sur une dispute, n'oubliez jamais que la vie est courte et que vous ne savez pas ce que vous réserve l'avenir, alors ne laissez jamais l'autre partir sans avoir réglé votre différent. Il faut toujours se séparer sur un mot agréable ou tendre, sur de la pulsion de vie.

Portrait de Cécile

Jeanne, je pense que je peux vous comprendre. J'ai passé mon adolescence à bouder pour un oui ou pour un non. Jusqu'au jour où j'ai définitivement compris, avec l'expérience et intuitivement, ce que Cécile. G. Psy explique dans son commentaire et que vous avez saisi aussi. Celui ou celle qui vous blesse se débarasse sur vous de son problème. J'en ai guéri lorsque j'ai décidé que j'avais assez de mon bagage pour devoir porter celui d'un autre. Aujourd'hui le " c'est celui qui le dit qui l'est " des cours de récréation me vient naturellement à l'esprit et je me contente  de regarder mon pathétique interlocuteur dans les yeux, je lui souris en silence et avec compassion, mon attitude impassible lui implicitant : " Désolée, c'est pas mon problème ce que tu racontes, balaye devant ta porte. Chez moi c'est déjà fait ! ça marche à tous les coups et je peux vous dire que je ne gaspille plus d'énergie là-dedans...

Portrait de Isabelle

A l'inverse de Cécile, il a fallu de temps en temps, que j'apprenne à "me la boucler". Autrement dit à ne pas réagir de façon hépydermique systématiquement. Il est vrai que j'ai pu peu à peu mettre en place cette saine réaction, c'est à dire mesurer mes réactions, lorsque j'ai compris, que le silence dans mon histoire, me posait beaucoup de problème... Je suis tout à fait d'accord, avec Cécile G. Psy, la vie est trop courte pour rester éventuellement avec des regrets, parce qu'on bloque sur des situations conflictuelles... C'est ce qui va alimenter l'aspect rancune, avec le côté toujours génant pour soi, que de la rancune à la vengeance... Celui qui cherche le conflit, projette toujours sur l'autre, ce qui le dérange... la politique de "c'est celui qui dit qui l'est" peut être une bonne solution pour ne pas se laisser "faire". Mais c'est aussi votre droit de ne pas être d'accord et à ce moment là, le verbaliser sera aussi protecteur à condition que le fait de dire soit juste pour exprimer ce que vous refusez de cautionner... Je vous avoue humblement que pour moi, c'est très difficile à appliquer, mais j'y travaille un peu tous les jours, et pour ma part, je pense que cela fait partie des aspects d'une vie qu'on peut s'appliquer à améliorer quotidiennement...

Portrait de jeanne

Discussion très importante : je viens de saisir que je n'accepte pas facilement les compliments que l'on me fait. Ce qui revient à dire que c'est moi qui génère ce type de situation. Arrêter d'être rancunière doit commencer par accepter d'être reconnue, appréciée.
Je vais essayer à la première occasion.