J'écoute et je juge

Portrait de Horia

J'en ai vraiment marre ! J'ai un énorme défaut dont j'aimerais me débarrasser le plus vite possible. Je vous explique...
Je considère maintenant que je ne sais pas écouter mon interlocuteur car je le juge en même temps qu'il me parle. C'est encore plus flagrant avec mon ado de 16 ans qui m'a même dit que je ne l'écoutais pas et que je passais mon temps à le dévisager quand il me parle.
Est-ce que vous pouvez me conseiller pour que j'arrête ce comportement nul de chez nul ?

Portrait de Cécile

Bonjour Horia,

Votre exemple par rapport à votre ado me renvoie à mon propre fils qui 'a confié, à un moment difficile pour lui, qu'il ne supportait pas mon regard. De là à penser que je le jugeais. Pourquoi pas ? En tout les cas, c'était sa perception. Tout cela pour vous dire que prendre conscience que l'on juge est déjà un sacré pas. Ne vous culpabilisez cependant pas de trop. Votre ado a peut-être raison mais ne prenez pas son ressenti comme parole d'Evangile (rires !). Acceptez-le tel qu'il est comme j'ai essayé de faire avec mon fils. C'est souvent mon incompréhension qui limite mon écoute, comme si je me sentais vulnérable. Désormais, je me laisse une latence avant de réagir. Et la communication passe mieux. Mais je pense que d'autres conseils vont nous être donnés. Moi aussi, j'ai parfois l'impression de juger un peu trop hativement. Je me sens donc aussi concernée !-)

Portrait de Orlan

J'avais la même problématique que vous et c'est un séminaire sur l'écoute, dirigé par un psychanalyste, qui m'a fait régler ce handicap.
En quelques mots, je vous livre les points essentiels à retenir et à appliquer :
. Pour envisager, puis parvenir à bien se concentrer sur les propos de l'interlocuteur, il faut prendre l'habitude d'être à l'écoute de soi.
. Il ne faut jamais déborder, c'est-à-dire en rajouter, quant à la demande de l'interlocuteur ou au thème de discussion qu'il a lancé.
. Sentir la recherche de conflit éventuelle et ne pas rentrer dedans pour ne pas l'alimenter, une recherche de conflit étant une discussion qui cherche à transgresser les lois les plus élémentaires.
Si vous travaillez ces trois points constamment, vous devriez noter un changement rapide et positif chez vous...

Portrait de Horia

Ce qui m'a fait du bien en lisant vos posts, c'est de voir que je n'étais pas la seule... Par voie de conséquence, vous me permettez de bénéficier de votre expérience dont je vais me servir à la première occasion et Dieu sait si elles ne manquent pas dans ma vie !
Bonne soirée et bon week-end.
Horia.

Portrait de Frédérique Tirtiaux Psychanalyste Art-thérapeute

Bonjour,

 

Aujourd’hui le jugement est très présent sur les médias et autour de nous. Il y a un amalgame qui est fait entre juger et analyser, ce qui n’est pas la même chose.

Pour ma part, lorsque j’analyse une situation, une personne, je vais chercher ce qui me dérange en moi. Cela permet de poser une distance et une différence entre elle et moi.

Ce qui est le plus intéressant, c’est d’arriver à en faire un atout qui apporte quelque chose.

L’écoute est importante mais elle peut être altérée par nos émotions, nos affects. C’est pourquoi il est préférable, comme le dit Cécile, de mettre une période de latence afin d’être plus objectif .

Cela donne finalement ce que fait Horia lorsqu’elle dévisage son ado. Elle n’intervient pas, mais cherche à comprendre ce qui donne cet état de questionnement qui peut être interprété comme un jugement . C’est aussi ce que fait votre ado. En vous dévisageant et en vous reprochant votre attitude.

Je vais vous donner l’exemple d’un de mes enfants qui n’avait que 14 ans, lorsqu’il m’a expliquer, il y a longtemps, comment vivre en couple et ce que je ne devais pas faire. Je lui ai dit que ce n’était pas à lui d’en juger mais à moi car c'était ma vie et qu'elle m'appartenait.

 

Le jugement peut cacher une peur d’être juger soi-même, c’est une forme de défense comme lorsque vous n’écoutez pas, c’est aussi une défense  pour ne pas entendre ce qui pourrait vous blesser….