À l'heure où les responsables des " Restos du cœur " constatent malheureusement la fréquentation de plus en plus importante de ces lieux d'accueil, certains élus du monde politique lancent le débat de l'aberration de la présence d'une crèche de Noël dans quelques mairies françaises... Il est de fait à souligner que l'être humain brille de l'ambiguïté la plus complexe, d'une part dans la mesure où notre pays traverse une vraie crise et qu'il est des sujets d'intérêt général plus sérieux, d'autre part parce qu'une loi centenaire est encore en vigueur...
La loi, concernant la séparation des Églises et de l'État, a donc effectivement été adoptée le 9 décembre 1905. Aristide Briand, député socialiste, en avait eu l'idée devant les désaccords religieux qui sévissaient et s'aggravaient, notamment au XIXème siècle, histoire d'essayer de mettre tout le monde d'accord ! Vœu pieux... La laïcité faisait certes ses premiers pas mais réjouissant quoi qu'il en soit les uns et fâchant les autres... Comme toujours !
À la réflexion, alors que je suis croyante et catholique, si j'étais maire il ne me viendrait quand même pas à l'esprit d'installer une crèche dans un établissement municipal par respect pour ce vote historique laïc. Toutefois, il semblerait que certains en profitent pour rappeler alors, à juste titre, que l'étoile placée tout en haut du sapin est le symbole de l'astre qui a guidé les Rois mages dès l'annonce de la naissance de Jésus... Ainsi est-il dit, dans l'Évangile de Matthieu, au chapitre 2 et au verset 10 : " Voici que l'astre, qu'ils avaient vu à l'Orient, avançait devant eux jusqu'à ce qu'il vînt s'arrêter au-dessus de l'endroit où était l'enfant. "... Or, du haut de mon paradoxe personnel, je trouve agréable de découvrir, dans un établissement de type mairie, le roi des forêts dont la cime arbore une belle étoile ! Je ne suis pas plus choquée que le 25 décembre soit un jour férié, faisant partie d'une liste de fêtes légales listées dans l'article L3133-1 du code du travail ! Sans oublier le Lundi de Pâques, le jour de l'Ascension, le Lundi de Pentecôte, le 15 août pour l'Assomption, la Toussaint...
Décidément, mon Dieu, quel bazar dans ma tête ! Cependant, comme notre calendrier mélange allègrement des prénoms révolutionnaires avec des prénoms de saints, je m'accorde quelques circonstances atténuantes... Je veux surtout voir dans ce savant équilibre la marque toujours possible et disponible du plus beau des messages : celui de la tolérance.
Aux plus démunis, je souhaite de trouver la force de lever leur regard vers la plus infime partie de ciel bleu et de saisir les mains tendues qui ne manquent jamais. Aux plus endoloris, je souhaite de trouver le courage de donner sens à leur souffrance pour que le désespoir n'ait pas le dernier mot. À tous, je souhaite de trouver la paix durable qui peut s'enraciner solidement dans cette période symbolique qui est là, quoi qu'il arrive, pour nous rappeler tous les ans - et quelle que soit notre situation du moment - que notre cœur d'enfant est notre plus fidèle allié puisqu'il nous rappelle que le temps passe et que la roue finit toujours par tourner favorablement...