La fessée ?

Portrait de Sofia M

On continue de nous rebattre les oreilles avec la fessée. Même les politiques s'y mettent maintenant, alors que je pense qu'ils ont d'autres chats à " fouetter " et que là encore ils ne fouettent pas ! Personnellement, j'en ai marre de cette permissivité ambiante qui entraîne de la grossièreté et de l'irrespect tous azimuts. Pourquoi certains adultes font-ils semblant de confondre fessée, châtiments et violences corporelles ? Pourquoi cette immaturité irresponsable et ce manque de réflexion, voire de citoyenneté, qui tendent à faire croire qu'une ou deux tapes sur les fesses, quand l'enfant a dépassé les bornes en terme d'impolitesse ou qu'il se met en danger, va en faire un futur délinquant ? La fessée est une limite à mettre à un enfant lorsqu'il cherche justement ses propres limites. Ce geste le sécurise car il sent que ses parents veillent sur lui, pourront le redresser le cas échéant, l'accompagner longtemps dans sa vie. Mais à qui viendrait-il à l'idée en voyant un enfant cherchant à enjamber un balcon de lui faire un cours de philosophie ou de morale ? Une tape sur les fesses à ce moment-là peut faire comprendre à l'enfant qu'il peut faire du mal à son corps et que le corps n'est pas un vague contenant élastique indolore. Une fessée, c'est aussi l'opportunité de faire prendre conscience à un petit qu'il doit prendre soin de son corps et le protéger. Par ailleurs, est-il utile de souligner que d'une part un enfant élevé par des parents normaux sait qu'il est aimé grâce aux bisous qu'il reçoit et de fait fait-il la différence quand le parent se fâche en lui donnant une fessée : " Je te donne des bisous, de l'affection, de la tendresse, pourquoi me réponds-tu par des bêtises ? ". C'est l'intégration du bien et du mal. Certains vont se dire : " Pourquoi la fessée ? Une explication suffit "... Pas du tout ! Une explication ne peut pas suffire dans la mesure où la communication verbale, même si elle contient des remontrances, appartient à une époque du développement psychogénétique de l'être humain (globalement entre 0 et 18 mois) où l'inconscient confond lui et l'autre. Autrement formulé, n'ayant pas suffisamment intégré la notion de distance, il imagine que l'autre c'est lui. Ainsi, à la crèche, on peut assister à des scènes qui donnent à voir un bambin qui peut taper sur un autre bambin qui se met à pleurer : l'enfant qui a donné le coup ne comprend pas pourquoi les pleurs du copain, tout simplement parce qu'à cet âge il croit que c'est lui qui a reçu son coup ! C'est la phase dite orale. Intervient ensuite la phase anale qui permet à l'enfant de comprendre qu'il fait (du) mal à son copain quand il le tape. D'où l'intérêt de la fessée qui empêche une tentative de régression en oralité, étape que l'enfant (puis l'adulte) recherche toute sa vie car c'est le lieu du narcissisme. Sauf que cette étape n'est pas sans danger quand elle est rejointe sur un mode régressif : c'est le stade libidinal où la bouche est surinvestie et, s'il y a fixation sur ce mode, l'adulte pourra -entre autres - devenir un gros fumeur, etc... Pour en revenir à la fessée, elle permet d'avancer et de grandir. Il est bien évident qu'une fessée n'est pas une raclée et qu'elle ne doit jamais être administrée culotte ou slip baissé(e) pour qu'elle ne soit pas érotisée par le psychisme. Il est bien évident que les fessées que certains n'auront pas reçues petits, alors qu'ils les auraient méritées, ils les recevront moralement et sévèrement dans la vie car la fessée fait partie du processus de socialisation. Et ce sera bien pire : c'est comme avoir la varicelle à l'âge adulte, c'est pire que dans l'enfance.... Vous l'aurez compris : je suis " pour " la fessée en tant que geste protecteur pour l'individu et la société. Et vous, partagez-vous mon avis ? Je me suis permis de mettre quelques réminiscences de mes cours de Psycho car, encore une fois, je trouve inadmissible que des politiques assènent un avis démago sur la fessée sans développer le moindre argument psychologique sérieux et fondé, au sens professionnel du terme, en sachant que j'aimerais beaucoup que les Psys viennent compléter et améliorer mon post...

Portrait de Gilbert

Bonjour Sofia,

Je ne me m'empêcher de réagir positivement à votre post en racontant mon expérience de père !

Mon fils avait à l'époque moins de 3 ans. Très  narcissique déjà, il demandait à ce qu'on lui  " laisse vivre sa petite vie tranquille ! ". Sauf qu'un jour il a décidé de descendre les deux étages de l'appartement sans crier gare (la porte n'était pas fermée à clé ). Panique dans la maisonnée lorsqu'on ne l'a plus vu. Sa mère et moi l'avons finalement retrouvé au bord du ruisseau qui jouxtait l'immeuble où nous vivions. Il a eu droit à une remontrance, sans plus ! Quelques mois plus tard, au bord de la route, il échappe encore à ma surveillance et s'apprête à traverser la voie alors qu'une automobile arrive à tout va. Je n'ai eu que le temps de le stopper et de lui admistrer instinctivement une fessée mémorable ! Je pense sincèrement, pour toutes les raisons psychologiques que vous invoquez, que je l'ai protégé de l'auto-destruction et d'une mauvaise identification transgénérationnelle. J'ai d'ailleurs eu un frère (décédé aujourd'hui) qui n'a pas eu la chance de " recevoir " la fessée qui lui aurait peut-être évité de se faire accrocher par un véhicule en revenant de l'école...

Rien à voir donc avec la violence physique. Je signale également les dérives actuelles au niveau des élèves pré-délinquants de certains lycées qui peuvent tout se permettre sous prétexte que les profs ne leur font plus peur. A noter aussi que dans la pratique du Zen, le disciple consentant accepte le " coup de bâton " du maître pour que sa posture de méditation se redresse et soit plus juste, histoire de ne pas s'endormir ! J'attends moi aussi la réaction des psys sur ce sujet crucial, d'autant que je ne suis pas convaincu par certains ouvrages de soi-disant spécialistes qui ne font à mon sens que culpabiliser et déresponsabiliser les éducateurs (qu'ils soient parents ou enseignants). Le laxisme ambiant risque d'aboutir à du n'importe quoi. Je suis bien d'accord avec l'importance des limites à ne pas dépasser. J'ai reçu, enfant, une giffle de mon instit. Ce n'est pas ce qu'il a fait de mieux mais, indépendamment de ette l'humiliation ponctuelle - qui ne m'a pas tué -, j'ai compris qu'un élève doit rester élève et s'il est appelé à dépasser le maître, ne doit en aucun cas lui manquer de respect. J'essaie d'être fidèle à  cette règle au seuil de ma 60 ème année, et ça me réussit assez bien.

Bon dimanche !

Gilbert

Portrait de Juliette

Merci Sofia pour votre sujet car moi aussi j'en ai marre de ce discours politiquement-correct sur la fessée. Je suis du même avis que vous une fessée pour replacer les limites est protectrice pour l'enfant. 

Un été, mon mari, ma fille alors âgée de 9/10 ans et moi sommes partis en vacances et pour la première fois à l'étranger, au Maroc, et dans un hôtel haut gamme. Nous étions ravis de pouvoir nous offrir un tel voyage. Nous arrivons à l'hôtel et nous sommes enchantés par le lieu et l'accueil du personnel (avec un acccueil de princesse pour notre fille). A peine installés dans notre chambre, ma fille commence à raler et moi de rentrer dans cette "communication",  à comprendre ce qui n'allait pas. Plus j'essayais de comprendre et plus elle chouinait. Je ne sais pas combien de temps cela a duré mais à un moment donner mon mari qui n'avait rien dit jusque là s'est fâché, a haussé le ton et lui a mis une gifle. Je n'ai rien dit évidemment mais au fond de moi je crois que j'ai été aussi surprise que ma fille. Elle a pleuré mais rapidement à changer de comportement et nous avons passé une semaine de rêve. 

Au fond tout avait été dit, il était temps que quelqu'un mette fin au "blablabla" et recadre tout le monde. Si nous nous en souvenons encore c'est qu'il n'y a pas eu beaucoup de fessée ou de gifle et surtout qu'elle était plus que nécessaire.

Portrait de Jean

Mes parents ne m'ont jamais " touché ! " physiquement. On pourrait penser que j'ai développé un psychisme " nickel chrome " et harmonieux. Que nenni ! J'avais tellement peur du contact que j'ai attiré, ado, une agression au cours d'une fête foraine. Ma mère m'avait d'ailleurs interdit les sports où je risquais de me blesser... J'ai commencé sur le tard à pratiquer la boxe américaine pour reprendre confiance en moi. Ce qui a bien marché ! J'avais une telle confiance en moi que je me fantasmais invincible. Mon professeur me proposa un " assaut " pour me faire progresser. Fier comme Artabas, je me croyais " arrivé ". Jusqu'au moment où le pro me plaça un " uppercut " au foie qui me laissa sur le tapis ! Ce principe de réalité me révéla que j'avais encore beaucoup à apprendre... Et surtout l'humilité ! No comment. Bon week-end !

Portrait de Sofia M

Pas beaucoup de réactions sur ce thème mais vos commentaires font que je me sens moins seule ! Car, effectivement, depuis quelques années, quand on aborde le thème de la fessée en tant que geste protecteur pour le devenir de l'enfant, on passe pour un bourreau !
Quand j'étais petite, ma mère avait acheté un martinet car notre fratrie importante l'épuisait. Elle nous menaçait avec cet objet dont elle ne se servait jamais !!! Avec mes frères et sœurs, nous en avions très peur... Ce qui ne nous empêchait pas d'inventer des bêtises au quotidien... Un jour, j'ai dépassé les bornes en jouant au ballon dans ma chambre alors que je savais que c'était interdit. Je me souviens que c'était en hiver et qu'il pleuvait. Jusqu'au moment où j'ai cassé un des carreaux. Ma mère, qui cachait beaucoup de nos bêtises à mon père, là n'a pas pu faire autrement que de lui dire quand il est rentré. Quand je l'ai entendu, je ne brillais pas. Je l'ai entendu se diriger dans ma chambre dans laquelle j'étais punie, j'ai pris un bon coup de martinet sur les fesses et qui était amplement mérité. Il n'a pas fait de discours. De toute façon, je savais qu'il avait raison. Maintenant, quand il m'arrive (assez rarement) de casser un verre ou une assiette, je repense toujours à cette scène qui ne m'a jamais quittée : elle est là, à disposition, pour me rappeler une phrase évolutive pour moi de Lamartine : " Celui qui peut créer dédaigne de détruire "... Ainsi, quand je casse un objet, je me dis que par cet acte manqué irrespectueux mon inconscient me signale que je suis dans la mauvaise direction : je suis tout simplement en régression et c'est à moi de trouver le domaine régressif pour passer la marche avant...

Portrait de Viviane

S'il me paraît évident à moi aussi, qu'une fessée n'a jamais tué personne... bien au contraire... puisqu'elle permet à l'enfant justement d'intégrer que les limites posées par les parents sont tout autant protectrices et porteuses d'évolutions possibles en tant qu'individu en devenir d'adulte... Ce qui me dérange fondamentalement dans les discours, qui plus est totalement "démagos" de la part de certaines têtes pensantes... C'est que dans cette histoire de "fessée" qu'un parent ne devrait plus "administrée", c'est que l'on entretient une confusion, sur une histoire de limites justement... Car comme vous l'avez souligné, Sofia M, une fessée est bien différente et juste, tant quelle n'est pas "érotisée", et bien évidemment d'une raclée... Est-ce à dire, sans mauvais esprit de ma part... que "nos responsables" savent bien évidemment se "servir" avec une habilileté très "limite" de ce que pourrait être pour eux, une "déculottée" voire une "raclée" au sujet de leur éligibilité ?

Portrait de Igor.P

Ayant pris des grosses raclées de la part de mon père lorsque j'étais enfant, j'ai mis beaucoup de temps à me positioner sur ce sujet. Bon il faut dire qu'il y en a certaine que j'ai bien cherché. Je trouve intéressante cette notion de distinction entre la féssée et la raclée, puisqu'il est évident que ce n'est pas la même chose. Avant d'être père, je m'était toujours jurer de ne jamais tapper mes enfants. Aujourd'hui, j'ai un fils de trois ans et il m'a bien fallu de temps en temps lui signifier par une féssée qu'il avait dépassé les limites. On peut dire les choses une fois, deux fois, trois fois... et après comment fait-on si l'enfant n'écoute pas??? on le laisse se mettre en danger??? je pense que la féssée vient signifier à l'enfant qu'il est aller trop loin, et de toute façon j'ai envie de dire que c'est quasiment instinctif de la part d'un parent. A ne pas confondre biensûr avec une violence projetter sur l'enfant. La féssée est au service de l'enfant et en tant que parent ça ne fait jamais plaisir d'en arriver là, mais il en va de sa résponsabilité...

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Le psychanalyste Didier Anzieu a écrit un ouvrage conséquent intiltulé le " Moi-peau ". Il serait bon que certains donneurs de leçons  " orales ! " revisitent le contenu de ce livre. La peau étant la limite extrême du moi, il est donc salvateur que la différence chez le petit d'Homme entre lui et son petit copain de crêche lui soit spécifiée avant qu'il en arrive à le frapper sans éprouver de culpabilité. Comme le souligne Sofia et Igor , il n'est absolument pas question d'user d'une violence projective et - pour le coup - infantile sur plus petit que soi. Pas question non plus d'érotiser une fessée. Il s'agit simplement de poser un acte moïque qui mette un frein à la toute-puissance. Il ne s'agit pas d'autoritarisme mais d'autorité. L'autorité consiste à savoir d'avance que si un enfant met la main dans l'huile brûlante, il va s'abîmer dangereusement. Pas question de lui faire un cours de physique appliquée au moment où il décide de plonger ses doigts dans le liquide. L'autoritarisme, quant à lui, a plus à voir avec la " raclée " que l'on donne simplement pour se défouler. Il y a effectivement une confusion faussement " psychologisante " qui règne avec un danger déjà connu de retour à un  " enfant roi ". J'en veux pour preuve les dérives d'une pédagogie " Freinet " mal comprise où l'on voyait des élèves monter allègrement sur les tables sous prétexte que la punition devait être bannie. Encore une fois, la voie du juste milieu reste d'actualité et une fessée intelligente, paradoxalement, recentre le moi et ne fait pas fatalement régresser. D'ailleurs, un enseignant de mes connaissances, maintenant à la retraite, me disait l'autre jour : " On n'a jamais vu quelqu'un reculer après s'être pris un juste coup de pied aux fesses ! ". Bonne après-midi à vous !