La paranoia ?

Portrait de Cristina

Bonjour,

Quelqu'un de proche, est en grande souffrance. Depuis quelques années il ne parle que de complots de la Ste. Je ne le vois pas souvent mais dès qu'on se parle au téléphone ou qu'on se rencontre chez mes parents, il est en plein délire! Il me fatigue et pourtant je suis patiente, je lui parle d'autres sujets intéressants et plein d'amour et boum ça tombe, il revient à ses discutions, en appuyant bien sur "tu ne le savais pas ça, je t'apprends des choses, je suis trop auto-didacte, je m'amuse à analyser les autres..." à la dernière phrase, je lui ai répondu que le plus grand courage, c'est de s'auto-analyser. 

Je lui ai dit que j'étais en thérapie et il partit sur des paroles haineuses sur Freud, qui se prenait pour Dieu. Les discutions sont vaines et à un moment donné, je lui ai dit que je voulais me concentrer sur ma lecture. Il n'a pas répondu et a fait la tête pendant des heures. C'était très pesant à table avec mon mari et mes parents. J'ai beaucoup de peine, de plus il vient de se séparer de sa femme et vit  chez mes parents

Souffre-t-il de paranoia? Comment me comporter, ça me fatigue, le peu de temps que je le vois. J'essaie de lui envoyer un maximum d'ondes positives, en priant.

Merci

Merci

Portrait de Régis

Bonjour Cristina,

Je ne suis pas psy et ne peux pas répondre à votre question par  manque compétences. Cependant, quelqu'un de ma famille a eu par le passé un comportement qui ressemble étrangement à ce que vous décrivez. Avec toute ma bonne volonté et ma foi en Dieu, je n'ai rien pu faire. En fait, seule un médecin psychiatre a pu diagnostiqué effectivement un comportement paranoïaque qui a nécessité une prise en charge spécifique. Il l'a consulté dans un moment de forte déprime. Le psychiatre nous a expliqué que nous ne pourrions pas faire grand chose et surtout pas le conflictualiser, qu'il était enfermé dans son monde et que c'était une véritable maladie.  J'espère que des psys auront le temps de venir vous répondre de manière plus professionnelle. Je sais, pour l'avoir vécu, que c'est très difficile pour l'entourage. De tout coeur avec vous.

Régis

Portrait de Cristina

Merci beaucoup pour votre réponse. Je comprends c'est une maladie psychiatrique, donc mon proche a besoin d'un psychiatre. Il faut attendre un épisode plus important et malheureusement mes parents, surtout, supportent. Ca me fait peur mais je sais que je n'y peux rien. En tout cas, après votre réponse, je me sens moins seule à supporter ce problème.Merci

Portrait de Jean-Marc

Vous pouvez déjà en parler au médecin de famille de vos parents en expliquant bien les symptômes. On ne sait jamais, ce peut être une ouverture. Mais c'est vrai qu'il est nécessaire que votre proche soit conscient de son mal-être. En attendant, protégez-vous. Et si vos parents l'accueillent, c'est qu'ils le peuvent. Faites-leur aussi confiance !

Portrait de Cristina

Merci pour votre réponse. Mes parents habitent à une centaine de kms de chez nous. Mon proche n'est pas du tout conscient de sa maladie, bien qu'il souffre, même son visage est miné,il est maigre. C'est l'entourage qui se rend compte de sa souffrance. C'est comme si on attendait que la goutte d'eau fasse déborder le vase.

Mes parents sont âgés et malades. Je fais confiance à mes parents en espérant que mon proche pourra se faire aider.

Merci

Portrait de Jean

Vous faites ce qu'il faut, à mon sens, Cristina. La prière, pour vous, est la solution. Les livres de Joseph Murphy sont très bien pour se centrer sur soi à l'aide de la prière. S'il s'agit bien de paranoïa et il est difficile pour un non spécialiste de poser une diagnostic, il s'agit d'une psychose. Et, à ce que j'en sais, dans les périodes de crise, l'autre n'existe pas pour son inconscient. Et cela relève effectivement de la psychiatrie. Si c'est le cas, il ne faut pas lui parler de Freud, vous ne feriez qu'aggraver son cas, à mon avis en tous cas. Il n'en est vraiment pas là et ne peut pas entendre. Ce que vous pouvez faire, c'est justement en parler à votre thérapeute et voir ce qui est touché en vous. Bien à vous, Cristina.

Jean

Portrait de Cristina

Merci pour votre réponse. Déjà de lire tous les commentaires me fait du bien. Bien sûr, je suppose qu'étant mon proche, ça fait mal de le voir dans cet état et mes parents en souffrent car ils m'en parlent souvent. En fait dans ma famille, il y a de grandes souffrances et ma thérapie m'aide beaucoup dans mon mieux-être. Je comprends qu'il ne faut  pas rentrer en conflit avec mon proche. Vraiment, je prends sur moi, et je pense surtout à l'amour et ça m'aide. Merci

Portrait de M.Christine

Vous avez beaucoup de courage et de sagesse, Cristina .

Et j'adhère à tous les conseils qui vous sont donnés plus haut . L'avis des spécialistes s'impose ...

Portrait de Réponse Psy

Les éléments que vous donnez quant à ce proche sont trop vagues, Cristina, pour poser un diagnostic de paranoïa. Seul un tableau clinique détaillé pourrait éventuellement confirmer une psychose de ce type car un paranoïaque, s'il souffre de délires de persécution très marqués, présente systématiquement EN PARALLÈLE d'autres troubles majeurs comme une certaine folie des grandeurs, une jalousie exacerbée, une attirance masquée - sans passage à l'acte le plus souvent - pour des personnes de même sexe, attirance qui utilise un phénomène de bouc émissaire habile... Or, encore une fois, dans ce que vous décrivez, en dehors d'une théorie du complot actuellement entretenue par les médias, en particulier depuis les tragédies de 2015, rien ne permet de certifier que votre proche est paranoïaque. Il peut par exemple s'agir d'un profil dit " oral " dont la caractéristique est une plainte récurrente, touchant aussi bien les autres que lui-même mais, là encore, en dehors d'une prise en charge psychanalytique ou psychiatrique, ce ne sont que des suppositions. J'ai toutefois bien compris votre chagrin, caché essentiellement par de la colère, ce qui est une réaction normale, et l'inquiétude que vous ressentez pour vos parents. Quoi qu'il en soit, vous ne pouvez pas intervenir directement sur la raison ou la déraison de ce membre perturbé de votre famille. Le plus simple, pour vous protéger dans l'état actuel des choses, est d'avoir le réflexe, chaque fois que la présence avec ce proche, ou un contact téléphonique avec lui, vous hystérise, de vous dire qu'il est malheureusement malade et que vous, vous avez la chance d'avoir vos facultés mentales intègres. Cette distance psychologique vous sera apaisante et donc salvatrice. En outre, comme les inconscients communiquent (dixit Freud), cette sorte de détachement parviendra jusqu'au propre inconscient de votre proche qui, pouvant atteindre de moins en moins votre culpabilité (car c'est ce sentiment tout aussi refoulé soit-il qui joue un rôle destructeur dans votre binôme), ne cherchera progressivement plus à vous contrôler et à projeter sur vous son mal-être. 

Portrait de Michèle

C'est vrai que j'ai tendance à employer le mot " paranoïa " sans vraiment comprendre de quoi il s'agit vraiment. En fait, il faut qu'il y ait plusieurs troubles associés pour un tel diagnostic qui ne peut évidemment pas se poser sur un forum. N'empêche que je n'utiliserai plus ce terme à ma légère. Merci, Réponse psy, pour vos explications techniques mais compréhensibles.

Portrait de Cristina

bonjour,

Merci pour votre aide et je dirai plutôt que le comportement de mon proche me fait peur plus que m'hystériser.

Je crois qu'il y a aussi de la déception, et de la honte! En tout cas, je vais essayer de ne pas m'attacher à ce que dit, fait,  cette personne, en me protégeant, ce que j'ai commencé.

Merci pour vos conseils

Portrait de Allain

Juste une précision: 

Dans le vocabulaire des psychanalystes, avoir peur et être hystérisé c'est quasiment la même signification.

D'autre part, pour ce qui est de votre déception et de votre honte, vous n'avez à porter ni l'une ni l'autre. Devant un malade, il ne faut voir que sa maladie mais ici, je rejoins Réponse Psy qui évoque l'hypothèse de votre culpabilité sous-jacente. Sachez que personne n'est responsable des problèmes psychologiques de quiconque. Pour vous en convaincre, passez en revue tous les individus, aussi bien hommes que femmes, qui auraient pu dériver tant leur enfance par exemple les a malmenés et qui sont pourtant devenus des êtres équilibrés... Je fais partie de ceux-ci: j'ai été littéralement chassé de chez moi par mon père, alcoolique, qui m'a fait souffrir depuis ma plus "tendre" enfance, quand il a su que j'étais homosexuel et je n'avais que 19ans! C'est mon ami de l'époque qui m'a recueilli et qui, bien plus âgé que moi et ayant une belle situation, m'a permis de devenir kinésithérapeute. Cet homme est malheureusement décédé prématurément dans un accident de voiture. Ne me remettant pas de ce décès, j'ai consulté un psychiatre qui m'a poussé à faire une psychanalyse, sentant que j'étais fait pour cette profession. Cette cure a débouché sur des études de psychanalyse et je suis devenu psychanalyste chrétien. 

Je me suis permis de vous raconter quelques pans de mon histoire personnelle pour que vous acceptiez de voir votre proche comme un malade qui, donc, par essence, souffre, ce qui était le cas de mon père qui est mort des suites de sa cirrhose... Il y a bien longtemps que je lui ai pardonné car comment pouvait-il aborder de façon saine mon homosexualité alors qu'il la jugeait par le prisme déformant de sa pathologie? 

Avancez Chère amie et faites de cet épisode douloureux familial un vecteur essentiel pour que votre vision intérieure se modifie. Même si vous n'êtes pas croyante, c'est de la sorte que vous "spiritualiserez" votre quotidien et que vous vous sentirez de mieux en mieux avec vous-même. Et c'est en vous sentant de mieux en mieux avec vous-même que vous accepterez les désordres mentaux alentour, jusqu'à ceux de ceux qui tenteraient de juger votre proche (je refais ici allusion à votre honte) parce qu'il faut savoir que toute personne qui juge souffre elle-même de problèmes psychiques qu'elle camoufle en les projetant sur autrui: ce sont alors ses pulsions de mort intériorisées et qui la devastent dont elle cherche à se débarrasser sur des indivisus qu'elle sent plus vulnérables qu'elle alors que ce qui l'atteint est en réalité son problème personnel...

Portrait de Michèle

Le vocabulaire d'une discipline est spécifique et j'ai apprécié votre précision sur l'expression " être hystérisé ". Je comprends du coup beaucoup mieux les explications de Réponse psy. Je dois même dire qu'elles m'ont beaucoup enseignée. Merci aussi à vous, Allain, pour vous être livré à ce point. Vous me donnez ainsi des clés authentiques pour ne pas me laisser envahir par ce sentiment qu'est la honte. Merci de tout coeur.

Portrait de Cristina

Bonsoir,

Merci pour tous ces commentaires et je pense prendre du recul avec cette histoire. Dans ma formation de musicothérapie, on étudie la psychiatrie, la psychanalyse...ça m'aide et ça nous aide, avec la promo, à voir, à entendre, à comprendre, les choses autrement. Je dis souvent que ça n'est pas pour rien que nous avons choisi cette voie!

Cristina

Portrait de Cécile

Finalement, votre proche, sans le savoir, contribue à lever le voile d'une certaine ignorance. Je crois beaucoup à la connexion des énergies (mon côté feeling de musicienne amateur !). Bien à vous.

Cécile