La paresse est-elle une maladie?

Portrait de Marie Lou

Ma question va peut-être vous sembler idiote mais je vous la pose quand même!

La paresse est-elle une maladie? Peut-on la combattre et par quels moyens?

Question intéressée ayant un fils TRÈS paresseux...

Merci.

Portrait de Gilbert

La paresse, selon la religion, est un gros défaut, voire un péché. Ainsi, j'avoue que je suis un grand pécheur devant l'Eternel...  mais j'essaie de me soigner (lol). Pour avoir fait quand même un travail sur moi, je sais que cette forme d'apathie ponctuelle est due à un conflit inconscient qui consomme beaucoup d'énergie. Etant enseignant à la retraite, j'ai eu évidemment à faire avec les élèves dits les plus paresseux, ceux qui étaient en échec scolaire. Echec scolaire massif dans les premières années puis plus léger à mesure que j'avançais dans la carrière... Je ne suis donc pas dupe. Et j'essaie de m ebooster tous les jours même si je suis maintenant avancé en âge. Je connais une personne que j'apprécie. C'est une grande travailleuse qui dit avec beaucoup d'humour qu'elle n'est qu'une paresseuse qui travaille beaucoup... Tout cela pour vous dire que la paresse est une appréciation à quand même relativiser, surtout si elle a une connotation de jugement. Il me semble, Marie Lou, que vous êtes intervenue il y quelques temps déjà à propos du " burn out "... Se juger trop paresseux peut aussi amener à forcer nos limites Smile avec des conséquences pas toujours agréables pour la santé !

Portrait de Cécile

D'après les quelques connaissances psy dont je dispose, quelqu'un de paresseux serait inconsciemment à la merci de l'instance nommée " ça ". C'est une instance velléitaire partisante du moindre effort. Quant au surmoi (le censeur inconscient), il peut être perçu (à tort ou à raison)  comme trop autoritaire, ce qui peut engendrer effectivement une apathie due à une lutte intrapsychique importante. J'espère ne pas avoir dit trop de bêtises mais je sais que les pros veillent au grain.  Quant à vous donner des conseils, je ne pense pas qu'il faille la combattre à tout prix mais plutôt essayer de comprendre où se situe le manque de motivation de votre fils...

Portrait de Charles

Pas vraiment psy comme explication mais j'ai fait comme certains foromers, je suis allé chercher dans Signes & sens s'il y avait quelque chose sur ce sujet... Finalement, je suis assez paresseux aussi :-)... Si c'est une maladie, j'en suis donc aussi atteint ce soir. J'ai trouvé une vision assez positive dans un article qui a pour titre : " Paresse ou centration salvatrice ? "... Je vous laisse juger : http://www.signesetsens.com/developpement-personnel-paresse-ou-centratio...

Portrait de Cécile. G.. Psychanalyste

Comme il a déjà été précisé précédemment, la paresse n'est pas une maladie mais la conséquence d'une vie inconsciente complexe, une lutte infernale entre le ça (Instance du plasir) et le surmoi (Instance juge et censeur). C'est le moi, le soma, donc le corps qui en fait les frais car cette lutte épuise et vide les réservoirs énergétiques. Le paresseux se plaint souvent de fatique. 
Le paresseux est un rêveur, il est en permanence en plein rêve éveillé. Or le rêve éveillé est un évitement, il est du domaine de l'imaginaire, du ça. Il permet d'éviter un surmoi trop sévère, un père fanstasmé trop sévère, réducteur voire castrateur, le père symbolisant l'extérieur et la fonction du " faire ". 

Pendant cette période d'inhibition du " faire ", cette inactivité n'est qu'apparente comme si, selon la métaphore utilisée par Freud pour expliquer le travail inconscient, des lutins avaient été à l'oeuvre. C'est se coucher avec un problème de mathémathiques en tête et se réveiller, brutalement, en pleine nuit, avec la solution.  L'inconscient continue de travailler et lorsque l'inhibition est lévée la fonction est intacte voire supérieure. 
Les paresseux sont des personnes qui rêvent leur vie avant de la réaliser, il y a chez eux une grande créativité qui ne demande qu'à s'exprimer. 
Jean-Louis Etienne, médecin et explorateur était un enfant rêveur et paresseux. Il a été orienté en CAP à cause de ses mauvais résultats scolaires, et s'est orienté vers les études de médecine tardivement.

Combattre la paresse ne ferait que renforcer le processus, il faut l'accepter.  Pour pouvoir se reconnecter avec le " faire ", c'est valoriser le travail bien fait. Même si c'est peu, toujours aller chercher ce qui a été bien réalisé. Et ne pas oublier que le paresseux n'est paresseux qu'en apparence, comme la connaissance de Gilbert ! 

Portrait de Michèle

Je viens de lire les réponses à la question de Marie Lou. Celle de Cécile. G. m'a particulièrement plu. J'ai eu l'impression de comprendre des notions psys qui, pour moi, n'étaient pas évidentes jusqu'ici. C'est sûr qu'avant de traiter quelqu'un de paresseux, j'y réfléchirai à deux fois ! Merci.

Portrait de Sofia M

En dehors des éléments cités dans les commentaires précédents, la paresse chez un enfant non malade physiquement est essentiellement en lien avec quatre grands processus :

. D'une part, le contexte parental qui peut être difficile, perturbé : disputes de couple récurrentes, violences verbales et physiques, trahisons conjugales, séparation des géniteurs, chômage, parent(s) souffrant d'addiction, etc. Ces problématiques enlèvent beaucoup d'énergie à l'élève qui est tracassé par ce qui se vit à la maison.

. D'autre part, une culpabilité inconsciente : ne pas s'autoriser à dépasser le statut social des parents malgré des potentialités intellectuelles objectives chez le sujet paresseux.

. Ensuite, l'enfant dit abandonnique (par demande muette d'affection, même s'il n'en manque pas dans la réalité) qui cherche à se mettre en échec pour attirer l'attention de ses parents.

. Enfin, l'héritage transgénérationnel qui " ordonne " une place à chaque membre de la filiation, sous peine de devenir un étranger de sa filiation et d'en être exclu s'il ne répond pas aux diktats filiaux transmis par l'inconscient de ladite filiation : deux frères jumeaux pourront ainsi être très différents, l'un étant ambitieux et bosseur, l'autre sans motivation de réussite, velléitaire et démissionnaire.

Pour contribuer à aider l'enfant paresseux, il est nécessaire de dédramatiser l'échec scolaire en lui précisant qu'il finira par trouver sa voie, l'important étant qu'il choisisse avant tout un axe qui lui convienne.

Portrait de Gilbert

J'ai recueilli beaucoup d'informations complémentaires quant à la paresse et donc à l'échec scolaire d'un élève. Je retrouve tous ces éléments quant aux enfants dont je me suis occupé  dans ma carrière d'enseignant. Le listing de Sofia. M. m'a particulièrement parlé. Un véritable forum didactique !

Portrait de Marie Lou

Plusieurs des possibilités pouvant être responsables de la paresse qu'a énumérées Sofia M me donnent des indications.

J'oublie également trop souvent l'importance de dédramatiser l'échec scolaire...

Merci.

Marie Lou

Portrait de Charles

L'ensemble de vos posts m'ont donné des billes pour mieux me connaître... Je vous remercie toutes et tous !

Portrait de Cécile

Sofia. M a fait un excellent tour d'horizon qui m'a beaucoup appris...