La prédestination

Portrait de Lucile Biraud

Question " épineuse " si on se penche sur les religions et la philosophie, la prédestination ne peut - comme toujours des ces cas-là - que ramener à des hypothèses personnelles.

Pour ma part, j'y crois dur comme fer ! Mais ce, après bien des interrogations et des hésitations... Ce qui a forgé cette conviction intime sur le sujet, c'est le handicap congénital : pourquoi un bébé, innocent par essence, naît-il avec une malformation ? Pourquoi lui et pas un autre ?

Pour autant, la prédestination n'exclut pas la responsabilité car tout chemin de vie engage, ne serait-ce que dans la recherche du bonheur et de la paix. Pour tenter de parvenir à cette harmonie, il faut d'ailleurs faire l'inverse de ce que nous avons l'habitude de faire : il ne faut pas combattre ce qui nous gêne mais l'accepter ! C'est de cette résolution que jaillit la Joie. Combien de témoignages poignants vont dans ce sens ? Combien d'êtres humains aux épreuves récurrentes et douloureuses assurent-ils qu'elles les ont humanisés, fortifiés, voire sauvés de la facilité qui les aurait égarés ? Tous ceux-ci ne peuvent d'aucune façon être d'accord avec Jean Racine qui voulait qu'on ne puisse vaincre sa destinée... Au contraire. On peut la surmonter dès que l'on développe la capacité à ne pas vouloir formater nos lendemains qui déchantent toujours lorsqu'on les enferme dans un cadre préétabli, de préférence auréolé de tous les atouts... Mon raisonnement, qui adhère donc au concept de prédestination, ne va pas non plus dans le sens des calvinistes qui parlent plus précisément de " double prédestination ". Leur vision manichéenne voudrait que Dieu ait classé d'un côté les privilégiés, de l'autre les damnés... J'aime y substituer la réflexion du cinéaste Francis Ford Coppola pour qui " La création est une victoire sur la peur ". " C'est notre vraie destinée ", conclut-il. Et ce, quelle que soit la " qualité " de notre incarnation et de notre parcours existentiel.

Commentaires

Portrait de Cécile

Merci, Lucile, pour cette invitation à la réflexion. Je suis moi aussi de plus en plus convaincue que les choses sont écrites et qu'elles ont un sens. Je ne vois pas d'autres explications à certains faits qui, dans un premier temps et même parfois durablement, peuvent révolter. Je pense effectivement à ces enfants qui naissent handicapés. je crois qu'il n'y a là que deux solutions : soit on crie toute sa vie à l'injustice et il me semble qu'on rajoute de la douleur à la souffrance, soit on accepte et on fait avec, ce qui demande effectivement beaucoup de courage pour vaincre ses peurs et surtout le regard des autres. J'aime à entendre, lorsque je sens  que je me laisse envahir par quelque révolte existentielle, les propos d'Alexandre Jollien, auteur de " Vivre sans pourquoi ". Mais il est vrai aussi que son acceptation s'enracine dans la foi chrétienne, ce qui n'est pas le cas de tout le monde. Ma foi est très fragile et c'est peut-être pour cela que jusqu'à aujourd'hui j'ai été préservée de grands drames. Quoiqu'il en soit, encore merci pour votre texte. J'ai appris ce qu'était  " la double prédestination  " chez les calvinistes. Je ne connaissais pas cet aspect théologique protestant.