La synchronicité encore et toujours à l'honneur !

Portrait de Lucile Biraud

Une journaliste et critique littéraire qui a pour charge, entre autres, de parler dans une rapide chronique TV des ouvrages qui la séduisent, en présentait un ce matin : " Le petit livre des grandes coïncidences " de Gilbert Sinoué. Comme elle faisait son job, il est difficile de connaître la totale sincérité de ses propos mais, tout en écorchant le terme en le prononçant, elle a précisé qu'elle n'avait jamais entendu jusque-là le mot " synchronicité " ! Pourtant, les publications sur le sujet ne manquent pas. Je pense à celle du Dr Deepak Chopra, " Le livre des coïncidences - Vivre à l'écoute des signes que le destin nous envoie ", " Comme par hasard ! Coïncidences et loi des séries... " de Nicolas Gauvrit et Jean-Paul Delahaye, " Le Génie des coïncidences " de John Ironmonger, " Les petits miracles - Ces extraordinaires coïncidences du quotidien " de Judith Leventhal et de Yitta Halberstam, " Les coïncidences, représentations du hasard " de Gérald Bronner... Et tant d'autres encore dont " Le carnet rouge " de Paul Auster, dont son éditeur Actes Sud dit : " Depuis des années, Paul Auster consigne des événements bizarres, coïncidences, étrangetés et autres invraisemblances dont il fut un jour victime, confident ou témoin. En anecdotes de quelques pages, parfois seulement de quelques paragraphes, on peut y lire treize nouvelles archi brèves où il se révèle un collectionneur passionné (et un rien inquiet) des bons et mauvais tours que lui a réservés la réalité. Ce florilège, Paul Auster le désigne volontiers comme son 'art poétique sans théorie'. Et à la vérité, on y entend avec une netteté parfaite la fameuse 'musique du hasard' "... On en oublierait presque que la constatation de ces phénomènes a toujours intrigué l'Homme, qu'il soit " simple " passant, chercheur infatigable, scientifique pragmatique, maître de la psychanalyse en la personne de Sigmund Freud ou psychologue des profondeurs comme aimait se décrire le psychiatre suisse Carl Gustav Jung, auquel on doit justement l'appellation Synchronicité pour le registre de mécanismes inconscients confrontés au réel.

Pour Jung, la synchronicité est la manifestation simultanée d'au minimum deux éléments que rien ne relie objectivement mais dont l'association fait sens pour la personne qui les objective. Ainsi évoque-t-il le cas d'une de ses patientes qui relatait un rêve dans lequel un scarabée d'or était présent, quand - à ce moment-là - un insecte vint cogner la vitre du Cabinet où se déroulait la séance psychanalytique ! " Le voilà votre scarabée ", dit Jung à son analysante... Le praticien transmet cette scène étonnante de la façon suivante : " Une jeune patiente eut à un moment décisif du traitement un rêve dans lequel elle recevait en cadeau un scarabée doré. Pendant qu'elle me rapportait le rêve, j'étais assis le dos à la fenêtre fermée. Tout à coup, j'entendis derrière moi un bruit, comme si l'on frappait légèrement à la fenêtre. Je me retournai et vis qu'un insecte, en volant, heurtait la fenêtre à l'extérieur. J'ouvris la fenêtre et capturai l'insecte au vol. Il offrait la plus étroite analogie que l'on puisse trouver à notre latitude avec le scarabée doré. C'était un hanneton scarabéide, 'Cetonia aurata', qui s'était manifestement amené, contre toutes ses habitudes, à pénétrer dans une pièce obscure juste à ce moment. Je dois dire tout de suite qu'un tel cas ne s'est jamais produit pour moi, ni avant ni après, de même que le rêve de ma patiente est demeuré unique dans mon expérience. "...

Le terme " Synchronicité " a pour racines grecques " sun " équivalant à " avec " et " khronos " qui veut dire " temps ", ce qui peut se traduire par " Simultanéité ". Voici l'interprétation psychologique exacte de Jung : " Les événements synchroniques reposent sur la simultanéité de deux états psychiques différents. J'emploie donc ici le concept général de synchronicité dans le sens particulier de coïncidence temporelle de deux ou plusieurs événements sans lien causal entre eux et possédant un sens identique ou analogue. Le terme s'oppose à 'synchronisme', qui désigne la simple simultanéité de deux événements. La synchronicité signifie donc d'abord la simultanéité d'un certain état psychique avec un ou plusieurs événements parallèles signifiants par rapport à l'état subjectif du moment, et - éventuellement - vice-versa. ". Jung ajoute : " J'entends par synchronicité les coïncidences, qui ne sont pas rares, d'états de faits subjectifs et objectifs qui ne peuvent être expliquées de façon causale, tout au moins à l'aide de nos moyens actuels. "...

Face à ce domaine surprenant, si ce célèbre médecin a eu - et a toujours - ses détracteurs, il n'en demeure pas moins que rares sont les individus qui n'ont pas eu affaire au moins une fois dans leur existence à la synchronicité. Une de mes amies me racontait il y a quelques jours qu'elle était en train de penser à ses trois enfants adultes quand elle a vu une publicité mettant en scène deux furets, auxquels leur avait été donné un prénom : il s'agissait des prénoms de son fils aîné et du plus jeune, le second ayant un furet domestiqué chez lui depuis deux mois ! Dans cet exemple, la synchronicité se mélange habilement avec le synchronisme mais il est toutefois accessible d'aller au-delà de ce constat. Ainsi, l'autoanalyse - pour qui en a le désir - peut occuper une part prépondérante dans ce type d'objectivation. J'induis par conséquent qu'il est tout à fait possible de déclencher son imaginaire pour établir ce que véhicule ce processus fondamentalement non hasardeux car il a - et c'est une évidence - des choses intimes à nous dévoiler... Cependant, cette décision de vouloir comprendre - ou non - ces scénarios inattendus appartient à chacun...

Commentaires

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Je me suis " régalé " à lire votre blog, Lucile. Sensibilisé par les travaux de Carl Gustav Jung, je ne peux que vous remercier chaleureusement pour cette transmission au niveau de la synchronicité. Tout y est, du symbolique à l'exemple concret, en passant par l'invitation à observer notre quotidien. Un exposé éminemment didactique qui devrait inspirer moultes commentaires. Merci !

Portrait de Ari

Tout comme le dit notre ami Gilbert R., un vrai régal que de se remémorer les signes que nous adresse le processus énigmatique de la synchronicité !

Portrait de Sofia M

Ce blog m'a fait beaucoup de bien parce que même si j'apporte une importance considérable aux signes, je trouve que ce rappel des manifestations difficilement explicables constitue non seulement un + mais est un témoin qu'il existe certainement une Dimension qui nous échappe et qui pourtant tente de s'adresser à nous en permanence...

Portrait de cricri

Je partage largement vos points de vue et, même si je n'arrive que très rarement à autoanalyser les signes liés au processus de synchronicité, ils présentent pour moi l'avantage de sentir des protections divines. Hier encore j'ai eu de quoi être rassurée.

J'avais une course à faire à quelques kilomètres de chez moi et je roulais tranquillement dans ma voiture car il y avait beaucoup de circulation. Je pensais à mon mari qui devait avoir ce matin un examen médical quand je vois un très gros camion me croiser avec écrit en gros sur sa carcasse le prénom de mon époux ! Ce camion donnait le sentiment d'être très solide. Tout de suite, je me suis dit que cet examen médical se passerait bien, que mon mari avait une sacrée carcasse bien solide ! J'étais rassurée ! Et j'avais raison dans la mesure où le médecin n'a rien décelé de méchant chez mon mari...

Portrait de Mireille-cogolin

La synchronicité je ne savais pas ce que c'était jusqu'au blog de Lucile Biraud. Et même si ça me semble un peu hermétique mais avec les exemples, je pense que je vais pouvoir me servir de cette méthode... Si je comprends bien, ce qui est très important, c'est de penser à une situation ou à quelqu'un et que ce à quoi on pensait se manifeste. Et à partir de là on peut chercher ce que ça signifie pour nous... 

Portrait de Ludo_437

Vu comme ça, la synchronicité ça paraît effectivement une médiation géniale à disposition ! Sauf que ça peut faire flipper aussi ! 

Je prends un exemple : à la fin de mon année de fac, je devais plancher sur le thème du suicide, ce que j'ai donc fait. Sauf qu'en bossant, je me suis surpris à écrire " pendait " au lieu de " pensait " !!! Ça m'avait foutu complètement à l'envers et j'avais commencé à imaginer qu'un jour je me pendrais peut-être ! Qu'est-ce que vous en pensez ?

Portrait de yamina.174

Je vais essayer de vous répondre au mieux Ludo mais ce n'est pas évident par écrit et sur un forum de surcroît !

Il existe une règle d'or en psychanalyse, en psychologie, en psychothérapie, en Développement personnel, en religion, c'est de positiver les signes que nous " recevons ". J'en profite pour préciser qu'un psychotique négative tout (pensons à la paranoïa), tout comme une personne dépressive qui peut régresser de façon fatale psychologiquement. C'est d'ailleurs pour cette raison que Carl Gustav Jung avait ses détracteurs en ce qui concerne le rêve prémonitoire auquel il pouvait donner, certes dans des cas bien précis, une dimension alarmiste... Or, le sens de tout travail sur soi demande de booster ses pulsions de vie pour que les pulsions de mort soient beaucoup moins actives, même si elles resteront toujours présentes. En ce qui concerne la religion, c'est le même processus qui s'appuie sur une logique, donc un équilibre psychologique : si on est croyant, Dieu ne peut être que Bon (" Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu ", nous assurent les Écritures saintes, le Christ nous demandant de son côté de ne pas avoir peur). Dans la cure psychanalytique, il est bien évident qu'un analysant masochiste peut continuer à chercher à se faire du mal et à prendre une mauvaise direction, c'est-à-dire une direction qui n'est pas pour lui ou que la morale élémentaire mais justifiée condamne. La méthode - à laquelle s'ajoute la méthodologie - va l'inscrire progressivement dans le Principe de réalité grâce auquel il va " réaliser " qu'il s'abîme en mettant en place certains comportements, certaines réactions, certaines décisions, certains passages à l'acte contraires à sa morale individuelle et la morale collective protectrice et à leur transgression. Épuisé par ses prises de risque, il entrera en contact inconsciemment et consciemment peu à peu avec sa corporéité et ainsi renoncera-t-il à s'égarer... J'en viens maintenant à votre question...

En fait et selon moi, la responsable de votre lapsus calami est une instance paresseuse que nous abritons tous - le ça - qui déteste tout ce qui ne touche pas au plaisir. Le thème du suicide ne devait donc pas du tout lui convenir et elle a cherché à vous effrayer et à vous faire lâcher votre stylo pour passer à quelque chose de plus agréable ! Ce qui signifie à plus forte raison que vous n'êtes pas candidat au suicide et que cette finalité ne fait sûrement pas partie de votre destinée !!! Enfin, dans l'exemple que vous donnez, il n'y a pas de synchronicité : vous ne pensiez pas délibérément au suicide dans la mesure où vous " exécutiez " un travail imposé par un " agent " extérieur "...

Portrait de Gilbert

Il me semblait bien, selon les explications données dans le blog, que l'exemple de Ludo n'était pas véritablement une synchronicité. En fait, si je comprends bien, il faut qu'il y est véritablement un rapport à soi au départ.

Votre préambule, Yamina, sur les religions m'a fortement intéressé aussi. Surtout le danger de faire grossir les pulsions de mort plutôt que de booster les pulsions de vie. Vos précisions sont très importantes pour ne pas s'égarer en prenant une mauvaise direction. Je retiens la leçon car j'ai tendance parfois à ne pas être assez rigoureux et à ne pas assez tenir compte de cette notion de corporéité. Que de choses passionnantes vous nous offrez pour avancer harmonieusement dans nos vie ! C'est super...

Portrait de Ludo_437

Excusez-moi mais j'étais allé goûter ! J'entends déjà des rires s'élever parce que la trentaine approchant, ça vous semble infantile ! Je sais mais je compense l'absence de ma belle Espagnole qui m'a trahi la semaine dernière (y'en a qui sont au courant et qui savent de quoi je parle !!!) comme je peux... Rassurez-vous, je ne me suis quand même pas tapé une paella à la place ! Peu élégante mon expression, je vous l'avoue, ce qui prouve que je l'ai toujours en travers du gosier. Bref, passons et revenons à nos moutons..

J'ai l'humeur soudain plus badine grâce à vous Chère Yamina qui avez su me rassurer avec des explications bien théorico-pratiques comme je les aime !

Merci et à +

Ludo

Portrait de Isabelle

Peut-être tout simplement que vous étiez très concentré sur le thème que vous développiez à propos du suicide ? Je ne crois pas qu'il faille avoir peur des "signaux" de la synchronicité, dans la mesure, ou tout comme Sophia M et Cricri, je pense que c'est avant tout protecteur en lien à une "dimension" qui dépasse largement notre compréhension humaine... Il m'est arrivé un bon nombre de fois, ces dernières années, de penser à mon père plus particulièrement qui est décédé en 2006. Bien souvent, en y pensant, j'ai un "sentiment" de tristesse... Et comme par "enchantement" survient devant mes yeux, soit un chiffre (souvent c'est le 77 qui correspond au département ou a habité mon père durant de nombreuses années) ou bien comme le dit Cricri, c'est son prénom... Enfin, à chaque fois, je le reçois comme un vrai cadeau du Ciel, et ma tristesse "s'envole" parce que pour moi, c'est un peu comme si mon père me souriait...

Portrait de Juliette

Cet après-midi, j'ai parlé de mon frère avec ma fille car je vais passer le week-end dans ma famille et ma fille doit dormir chez lui.  J'avais quelques réticences quant au fait que ma fille aille chez lui car notre relation, au fil des années s'est dégradée. J'ai fait une analyse et plus j'avançait plus il était désagréable avec moi, je le dérangeais.
Je lis votre blog, Lucile, et vous parlez de Paul Auster, auteur que j'ai beaucoup aimé lire à un moment de ma vie, avant mon analyse. Il se trouve que c'est mon frère qui me la fait découvrir en m'offrant " mon premier " Paul Auster, Mr Vertigo. Je pense que la synchronicité est un signe positif. J'ai eu la chance de pouvoir aller vers la psychanalyse et peut-être, qu'inconsciemment , il y a contribué. C'est le signe de l'apaisement pour nous deux !

Portrait de Jean

Le début de votre blog, Lucille, conçernant ce journaliste et critique littéraire m'a fait halluciner mais en même temps, cela ne m'étonne qu'à moitié. Ces gens devraient venir sur les forums pour compléter leur formation (rires !). D'autant que quelqu'un comme le docteur Deepack Chopra n'est quand même pas un inconnu dans le monde de l'édition. Entre parenthèse, j'aime beaucoup ce qu'il transmet. Quant à l'anecdote du scarabée de Jung, je la connaissais mais elle m'impressionne toujours autant. Jung étant digne de confiance, je n'en doute pas une seconde. La synchronicité est pour moi une véritable preuve que le hasard n'existe pas...

Portrait de linda

Bonsoir

La soeur de mon conjoint est décédée au mois de janvier 2016,je pense souvent à elle.

Au mois de mai 2016,c'était la dernière fois que je voyais son jardin qu'elle aimait tant,car sa maison était vendue à de nouveaux propriétaires.

Avant de partir,j'aperçois,dans un arbre,un oiseau de proie en plastique,je le trouvais beau,il semblait si réel,j'ai eu le goût de l'apporter comme souvenir,mais je décide de le laisser là.

Et puis,il y a quelques semaines,je repensais à cette journée vécu dans le jardin de la soeur de mon conjoint,soudain,je remarque sur le trottoir,un sac blanc ,où il y avait le même oiseau de proie que dans l'arbre de ma belle-soeur,personne autour,je décide donc de garder cet oiseau.

J'ai apprécié ce moment magique,où je pensais aux derniers instants vécu dans ce jardin,et trouver cet oiseau...

Portrait de Cécile

L'exemple de linda est touchant. C'est comme si de l'au-delà un signe était donné tel une autorisation à faire sens. Je viens de découvrir ce blog que je n'avais pas vu. Sublime, ainsi que tous les commentaires qui lui répondent. Si on sait ouvrir les yeux, la synchronicité se manifeste. Quant à l'exemple du camion cité par Cricri, il me parle bien. J'ai eu à peu près le même signe quant à un de mes fils qui avait du mal à trouver du boulot, chose qui m'inquiétait. Je me suis dit en voyant ce véhicule portant son prénom  qu'il était assez costaud pour faire sa route sans que je me fasse du souci. Et la suite m'a donné raison.