Bonjour
J'ai découvert sur internet un texte bouddhiste magnifique sur le concept d'Acceptation, traduit par Vipassanasangha. Dans ce texte il y a un passage qui me semble extrêmement important mais que je ne comprends pas du tout. Le voici :
" Cela demande du courage et de la confiance de regarder profondément en soi, d'expérimenter et de voir précisément la colère, la peur, l'avidité, la tristesse, au lieu de vouloir s'en débarrasser. C'est un processus de purification... ".
Je n'arrive pas à comprendre pourquoi regarder ses limites et ses défaillances est un processus de purification.
Est ce que quelqu'un pourrait m'éclairer ?
Merci d'avance pour vos explications...
Viviane
La poutre et la paille
Bonsoir Danièle
Je pense que regarder ses défauts à la loupe, c'est ne plus avoir la tentation d'accuser les autres à tord. C'est prendre conscience qu'on a souvent une poutre dans l'œil à la place de la paille, c'est pour ça que ça purifie. C'est de l'auto confession ! C'est de l'auto pardon.
Modérateur
Comment accepter l'inacceptable ?
http://www.signesetsens.com/developpement-personnel-comment-accepter-lin....
cricri
Commencer par le commencement
Le fait de bien regarder en soi ses défauts (n'ayons pas peur des mots !), plutôt que de les ignorer, de les zapper, permet - comme le dit Viviane - de prendre conscience que nous ne sommes pas parfaits. Reconnaissons que nous avons largement tendance à estimer que nous ne sommes pour rien dans les comportements de notre entourage en particulier. Ce qui - du moins le croyons-nous - nous autorise à juger.
Accepter n'est possible que si on commence par le commencement, c'est-à-dire par avoir l'honnêteté et l'objectivité suffisantes, pour identifier ce qui cloche en nous. Ce processus, si nous l'appliquons de la sorte avec authenticité, transforme positivement les situations les plus délicates, les plus difficiles parce que quand réalise ses propres défauts, on ne s'occupe plus des autres dans ce qui ne nous regarde pas et c'est alors qu'ils viennent à nous,ou qu'ils reviennent à nous avec de jolies intentions pleines d'amour. Je l'ai constaté pas plus tard qu'hier avec une de mes filles pas très facile à comprendre et à suivre. Elle m'avait téléphoné qu'elle allait passer nous voir. D'habitude, elle vient plutôt en coup de vent. Il y a encore quelques mois, ça m'énervait et un jour je me suis dit qu'elle était un être libre et autonome. Je me suis demandé ce qui me gênait quand elle ne restait pas longtemps à la maison. J'ai compris que ça m'angoissait de la voir partir sans jamais nous donner la moindre explication, histoire de nous rassurer. J'ai surtout réalisé que je faisais pareillement avec mes parents qui étaient des gens déjà âgés quand ils m'ont eue et avec lesquels, dès que j'ai été majeure, j'ai été très désinvolte. Je suis convaincue qu'ils ont dû beaucoup s'inquiéter pour moi et plus d'une fois, sans jamais oser me le dire. Ils étaient très respectueux. C'est sûrement leurs silences et leur retrait qui ont contribué à ce que ne vire pas mal... Pour en revenir à ma fille, maintenant quand je sais qu'elle doit venir, avant qu'elle n'arrive je me dis que même si elle ne reste que cinq minutes, ce sera déjà un cadeau, ne serait-ce que par rapport aux parents qui ont perdu un enfant et qui aimeraient bien le voir ne serait-ce que cinq minutes... Hier, j'ai pensé exactement de cette façon, c'est-à-dire que je me suis dit qu'il fallait que j'arrête d'imaginer que ma fille devrait se comporter comme je le désire. Elle est arrivée comme prévu et est restée trois heures ! Je n'en suis toujours pas revenue... Et j'ai vu qu'elle n'avait pas très envie de partir... Ensuite, il s'est passé quelque chose de très curieux. Quand elle s'est levée pour partir, nous l'avons raccompagnée jusqu'à la porte mais pas jusqu'à sa voiture, sans nous concerter avec mon mari. J'ai vu que ça étonnait notre fille et - nous en avons parlé après avec mon époux - nous n'avons pas bougé. C'est comme si nous étions figés sur place ! Nous ne l'avons donc pas accompagnée. Nous ne l'accompagnons donc plus. Enfin nous arrivons à lui lâcher la main et certainement à lui faire confiance inconsciemment. C'est-à-dire à nous faire confiance. Je crois pouvoir dire, comme le suggère cet extrait de texte bouddhiste, que cette scène un peu surréaliste que je viens de vous raconter signifie que nous nous sommes " purifiés " avec mon mari à force de nous dire que nous n'avions pas à juger notre enfant mais plutôt à faire notre examen de conscience autant de fois qu'il le faudrait, c'est-à-dire à chaque fois que nous déraperions avec elle... En fait, elle nuis apporte beaucoup. Voici aussi pour moi un axe d'acceptation : reconnaître que tout ce qui me dérange chez elle est là pour m'humaniser et contribuer à chasser et à éradiquer mes défauts...
Danièle-Dax
Je reste dubitative...
C'est très compliqué pour moi toutes ces notions que je suis en train de mélanger. Parce que d'un côté, je me dis qu'il faut que je sois positive et d'un autre côté, vous dites qu'il faut bien regarder ses défauts en face pour se purifier... Excusez moi mais vos explications, dont je vous remercie, me laissent dubitative...
cricri
Vider l'abcès
Je vais prendre un autre exemple parce qu'il est vrai que l'histoire de ma fille est un peu compliquée comme je l'ai racontée...
Si je découvre que j'ai un abcès, je ne vais pas l'ignorer. Il va falloir le percer dans les règles de l'art pour évacuer le pus. C'est un processus de purification. Mais il s'agit bien d'un abcès qui est sur mon corps et dont la racine est à l'intérieur de mon corps. Et même si ma voisine a un abcès au même moment que moi, ça ne sert à rien que je raconte à mon mari qu'elle a un abcès et que pendant ce temps-là, ne ne m'occupe pas du mien qui peut finir par empoisonner mon sang. C'est donc quand j'ai identifié mon abcès à moi que je peux le crever et le vider pour qu'il n'y ait pas infection. Le corps de l'autre ne m'appartient pas et ne me concerne pas. On n'est pas là pour purifier les autres, déjà parce que c'est impossible et ensuite qui sommes-nous pour vouloir purifier les autres ? On est là pour se purifier soi et se mettre au clair avec soi-même... C'est un des sens de sa propre existence...
Gilbert
Pas parfaits mais perfectibles !
D'après ce que j'ai saisi ou cru saisir de tout ce qui a été dit plus haut, il me semble que regarder ses défauts ne consiste pas à s'autoflageller, ce qui n'a aucun intérêt. Cela aboutirait à une plainte stérile du style je suis " nul ou nulle ". Aucun espoir de changement puisqu in fine, il y a jugement et donc aucune possibilité d'évolution. C'est comme si on fermait la porte au changement. Nous sommes tous imparfaits comme dit Cricri. Mais c'est justement là notre chance, puisque nous sommes perfectibles... Il s'agit donc de positiver ses défauts. Pas toujours facile mais avec la foi que vous semblez avoir, Danièle, ça devrait le faire... Amitiés !
Danièle-Dax
Une école de tolérance
Je viens de très bien comprendre avec l'exemple de l'abcès. C'est à dire que tant que je me préoccupe des autres, je ne peux pas me purifier. Je ne suis donc pas en empathie, je juge mon entourage, je ne l'accepte pas et c'est pour ça qu'il ne m'accepte pas. D'où les conflits et l'aggravation des problèmes familiaux. Vous me permettez de bien avancer parce que ça ne passe pas bien avec ma belle-fille. C'est donc à moi à essayer de voir pourquoi je ne m'entends pas bien avec elle. Je vais donc sûrement tomber sur un de mes défauts qui m'empêchent de bien l'accueillir. En voyant ce défaut, je vais l'extraire et me purifier, ce qui me permettra de voir ma belle-fille de façon objective et non pas subjective et de ne plus l'affubler de la responsabilité de tous les maux de la discorde... Ce soir, j'ai le sentiment de toucher du doigt et d'entrer dans l'école de la tolérance mais de façon profonde et non superficielle.
Merci et très bon week end.
Danièle.
Soso
Ma peur d'attraper les défauts des autres !
Je viens de comprendre avec cette discussion qui me paraît très importante que jusqu'à présent, les pseudo défauts de certains me faisaient peur et qu'en les critiquant, j'imaginais les détruire, m'en débarrasser et ne pas être contaminée. Quelle avancée pour moi ce soir grâce à vous tous et à votre générosité.
Orlan
Tu es mon miroir non complaisant mon fils !
Tout ça voudrait donc dire que quand je suis inquiet que mon fils ne fiche rien au collège, c'est parce que j'ai peur de devenir fainéant, de mal m'occuper de mon entreprise et de la fermer un jour... Il y a du vrai parce que même si j'ai super bossé pendant mes études pour en arriver où j'en suis professionnellement aujourd'hui, je dois reconnaître que j'ai un fond très lymphatique en moi...
Jean
Voir n'est pas juger
" Voir précisément la colère, la peur, l'avidité, la tristesse, au lieu de vouloir s'en débarrasser ", d'où l'école de tolérance dont parle Danièle. Le bouddhisme est une école de lucidité. Il n'est pas question de faire l'autruche en pensant que tout est bien dans le meilleur des mondes mais il ne sert à rien non plus de juger. Il s'agit véritablement d'un travail sur soi afin d'identifier en nous les vilains défauts dont nous affublons les autres. Les deux exemples de Cricri sont parlant...
Gilbert. R. Psy...
Le mécanisme de projection
Super ce forum ! Vous avez développé avec des mots compréhensibles par tout un chacun ce que la psychanalyse nomme le mécanisme de projection. Ce processus inconscient tend à affubler autrui de ses propres défauts. La cure consiste justement à faire prendre conscience de cette attitude erronée pour acquérir plus de tolérance envers soi et envers autrui. Double bravo puisque vous donnez en même temps des conseils applicables au quotidien ! Je suis impressioné agréablement. Bonne soirée et bon week-end à toutes et à tous.
Lucien
Une illusion dangereuse
Regarder en soi permet - si j'ai bien saisi - de voir que derrière notre peur notamment ne se cachent pas nos pseudo démons que nous redoutons tant. Ils sont une illusion. Quand on le réalise, on ne donne plus de pouvoir à celui ou celle de notre entourage que nous avons élu(e) comme étant porteur ou porteuse d'un défaut similaire sur lequel ou sur laquelle nous nous débarrassions jusqu'ici de notre défaut illusoire qui n'existe donc pas et qui ne pourra par voie de conséquence jamais surgir... Ce bouc émissaire ne pourra plus nous contrôler et n'aura plus qu'à guérir à son tour. Je crois que c'est ce qu'à expliqué Cricri.
Orlan
Chercher derrière l'angoisse
Ce processus démoniaque doit faire des drames dans les familles et selon ce que vous expliquez en particulier en ce qui concerne le lien parent-enfant.
Je récapitule parce que c'est ardu : si je crois qu'au fond de moi se cache un voleur qui peut surgir à n'importe quel moment, je vais progressivement et inconsciemment transformer mon fils en voleur qui finira par voler ! Mais c'est atroce ce scénario psychologique... Surtout que sans connaissance spirituelle ou psy, on ne peut qu'aggraver les choses... Je continue à résumer et à supposer : si mon fils m'angoisse parce que je redoute qu'il vole et même qu'il vole, il faut absolument que j'aille voir en moi si je suis un voleur en allant vérifier derrière mon angoisse. Comme je ne suis pas un voleur, je ne vais rien trouver... De fait, je vais accorder de.moins en moins d'importance à mon fils qui ne pourra plus avoir aucune prise sur moi et c'est ainsi qu'il deviendra un honnête homme...
Gilbert. R. Psy...
Oui, Lucien
Vous avez tout à fait raison, Lucien. Il y a en nous une véritable vie fantasmatique donc illusoire puisque ne reflétant pas la réalité. Vous avez encore raison lorsque vous dites que cette illusion est dangereuse. Le racisme, les guerres de tout accabit, les conflits prennent racine dans cette illusion. D'où l'intérêt, comme le dit Cricri de commencer par le commencement, soit s'occuper de soi-même (soi m'aime) avant de vouloir purifier notre entourage... Merci à vous pour ces réflexions authentiques...
Sofia M
La faute à l'héritage transgénérationnel !
Selon les psychanalystes et plus récemment pour les psychogénéalogistes, il s'agit de la problématique de l'héritage transgénérationnel. Si je reprends l'exemple d'Orlan avec le voleur, pour que le scénario se déroule de cette façon-là, il faut qu'il y ait eu un ou plusieurs voleurs dans la filiation et c'est un de ces voleurs dont l'inconscient du père souffre. Il devra alors faire un travail d'introspection chaque fois que l'anxiété grandira pour constater que cet aïeul n'a plus aucune existence et donc plus aucun pouvoir possible...
Gilbert. R. Psy...
L'inconscient ne connaît ni le temps ni l'espace
Sofia, vous évoquez l'héritage transgénérationnel à juste titre. L'inconscient, ne connaissant ni le temps ni l'espace, tire les ficelles par des leurres tels que vous les expliquez à propos du voleur qui n'existe pourtant plus. Le travail d'introspection consiste justement à éradiquer des angoisses qui n'on plus leurs raisons d'être dans le présent. Une fois identifiées, elles perdent en effet leurs pouvoirs destructeurs. Votre analyse est juste Sofia. Encore bravo, mais je crois que vous n'avez pas besoin d'un psy en l'état actuel de la réflexion...
yamina.174
Aller jusqu'au bout du bout
Pour avoir étudié un peu dans ce domaine, les professionnels de la psychologie ont démontré aussi que cette illusion de défauts, de mauvaises conduites, finit par fabriquer de la réalité et de la réalité peu glorieuse et bien douloureuse. En restant dans l'exemple d'Orlan avec le scénario du voleur, quelqu'un dans la filiation pourrait très bien vouloir s'en débarrasser inconsciemment parce qu'il se sent persécuté à l'intérieur de lui. Par une modification de la chaîne phonétique et par des projections muettes, le père de famille pourra inciter son fils à faire des études de pilote de ligne : celui qui vole mais avec les honneurs ! Sauf que si ce n'est pas le désir profond du fils, celui-ci pourra se tuer en faisant du parapente ou même mourir dans une catastrophe aérienne dans l'avion dont il était commandant de bord... Il faut donc effectivement aller constater, toujours dans cet exemple-là, qu'il n'y a pas la moindre intention de vol (larçin) logée à l'intérieur du phobique pour qu'il y ait assainissement, " purification ". Pour l'objectiver, il suffit de mettre ses conduites de vie à plat et voir qu'il n'y a jamais eu la moindre malhonnêteté alors que ça aurait pu être possible,plus d'une fois... Il faut vraiment aller jusqu'au bout du bout.
Nathalie-196
Noter les occasions graves qui auraient pu me rendre alcoolique
C'est très très important tout ça. Par exemple, ma fille sort beaucoup en boîte et j'ai toujours peur qu'elle boive plus que de raison. On est d'une famille qui compte énormément d'alcooliques et c'est pour cette raison que j'ai peur. Mais moi je ne bois pas une goutte d'alcool. Il faut donc que je note (c'est comme ça que je vais m'y prendre ) toutes les occasions graves de ma vie ( et il y en a beaucoup) où j'aurais pu boire, c'est à dire devenir alcoolique. Je constaterai alors que je ne suis même pas une alcoolique en puissance et je lâcherai les baskets à ma fille quand elle sort... Du coup, elle ne me contrôlera plus avec ça et peut être qu'elle finira par ne plus aller en boîte!
Gilbert. R. Psy...
Pour aller plus loin...
Décidémment, Yamina va encore plus loin... Jacques Lacan, à la suite de Freud, a défini l'inconscient structuré comme " un " langage. Ce " un " est important. Par le jeu des phonèmes, chaque inconscient se construit son propre langage fantasmatique qui devient un véritable discours. Votre exemple de l'ambivalence entre vol aérien et vol délictueux peut alimenter une confusion dangereuse. Vous en développez très bien les conséquences dans votre commentaire. Il d'agit donc effectivement de retrouver un discours inconscient purifié de toute confusion lié à une mauvaise identification filiale et transgénérationnelle.
jeanne
Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es...
L'être humain n'est décidément pas philanthrope ! C'est comme s'il cherchait à tromper son monde en laissant apparaître des angoisses alors qu'au final, il s'en défait en en habillant un membre de son entourage... Je pense qu'en amitié ce doit être le même principe : " Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es "... Sauf que ça ne règle rien en profondeur. Au contraire, ça amplifie et ça aggrave les pathologies.
Gilbert
Que sait-on de l'amitié ?
Il est intéressant de constater, Jeanne, que lorsqu'un ami ne nous caresse pas dans le sens du poil, nous nous sentons mal-aimé. Alors qu'il faudrait peut-être s'interroger et accepter ce qu'il nous livre. Mais peut-être s'agit-il d'un autre débat ?