L'ancrage dans le présent

Portrait de Christine-zen

Le meilleur moyen de rester ancré quelle que soit la situation est de garder présente cette conscience du corps, de l’intérieur, autant que possible, à travers toutes les activités courantes de la journée. Se lever, se laver le visage, les mains, par exemple. Soyez tout entier présent à ces sensations. La chaleur ou la fraîcheur de l’eau, l’onctuosité du savon, le contact avec le linge, vos mouvements, votre posture, etc. Vous n’avez pas besoin d’en faire tout un tralala, soyez juste à ce que vous faites aussi intensément que possible : c’est votre vie qui est en train de se dérouler ! Pas demain, pas une fois que vous aurez fait ceci ou cela, mais aujourd’hui même, en cet instant précis. Le trajet de marche qui vous amène au travail n’est pas moins riche en découvertes et en perceptions que la balade que vous projetez de faire ce week-end. Il recèle des trésors pour peu que vous soyez ouvert et réceptif. Ces sensations vous sont offertes tout au long de la journée, que vous soyez debout, assis, actif ou apparemment sans occupation. La température d’une pièce, les odeurs de la rue, vous êtes en permanence sollicité par l’extérieur, comme d’ailleurs par l’intérieur. Votre digestion, votre respiration, vos sentiments face à toutes lesn situations de la journée, et il y en a beaucoup.

Autant d’occasions de vous connecter à votre corps, d’être présent à votre entourage, à votre vie. Votre mental cherchera à vous retirer de cette perception directe et vous proposera de vous refaire le film de ce qui s’est passé avant votre départ, surtout si c’était négatif. Ou de ce qui vous attend, soi-disant, à votre arrivée au travail, comme si c’était en son pouvoir ! Ramenez simplement votre attention, encore et encore, à ce que vous sentez, voyez, en vous, autour de vous, comme dans la méditation marchée. Et,plus que tout, gardez présente votre perception de l’ensemble de votre corps, de sa vitalité. Ne pensez pas à ce que vous faites, faites-le, tout simplement, intensément.
Toute cette attention, cette présence vous ancre dans l’instant présent, vous connecte à la source de la vie, vous recharge en énergie plutôt que de vous en faire perdre dans des ruminations stériles et même destructrices, très souvent. Et, dans le présent, il n’y a pas de place pour la peur et l’anxiété, qui sont du ressort du futur, et pas plus de place pour les regrets ou la culpabilité, qui appartiennent au passé. De plus,chaque instant consacré au passé ou au futur diminue la qualité de votre expérience présente, qui, je vous le rappelle, est votre seule et authentique réalité. Dans le présent, vous êtes vraiment vous-même, vivant et plein d’énergie.

Un être humain équilibré est comme un arbre. Les jambes et les pieds plongeant dans la terre comme des racines puissantes, les bras tendus vers le ciel immense telles des branches avides de soleil. Ainsi aligné verticalement autant qu’horizontalement, on est alimenté en permanence et sans limites par l’énergie de l’univers. Elle circule de manière optimale par le haut comme par le bas, dans une respiration ample et facile, un échange constant et naturel entre l’extérieur et l’intérieur. Trop dans le mental ou trop dans la matière, on se coupe de la source, on se déconnecte, l’énergie est entravée, les blocages s’installent et se révèlent en autant de malaises, mal-être, maladies…
Comme notre Terre, le corps est un ensemble cohérent où toutes les parties sont liées. Comme elle, nous avons nos rivières (les veines, la lymphe), nos forêts (les poumons). Notre squelette comme autant de montagnes, de crêtes et de vallées. L’air qui entre et sort comme autant de brises légères et de tempêtes. Comme sur Terre, les multitudes de créatures, les cellules sont autant de familles, de tribus, de toutes les formes et de toutes les races, qui voyagent sans cesse, font du commerce, s’assistent les unes les autres ou se font la guerre. Les analogies entre l’infiniment grand et l’infiniment petit sont innombrables et flagrantes. Et nous voilà, nous, comme un lien privilégié entre ces deux univers. « À chaque respiration, j’inspire et j’expire l’univers tout entier. » C’est pas rien.

                                                                                                                                            Éric Seydoux*

*A lire :
"Méditer les mains dans les poches"
Éditions de Mortagne
editionsdemortagne.com

Portrait de Viviane

Super ! Merci pour cet extrait Christine-Zen... Je trouve que votre identité va très bien avec ce qui est écrit ! C'est très " parlant " ce que dit Éric Seydoux... Ça donne vraiment envie d'en lire un peu plus !