L'autocoaching spirituel

Portrait de Lucile Biraud

En temps de crise économique et de difficultés financières, il n'est pas toujours possible de recourir à un psychothérapeute. Toutefois, des solutions efficaces restent tout de même accessibles pour sortir d'une morosité conséquente. Effectivement, elles ne demandent que de passer par soi ! C'est le cas de l'autocoaching spirituel...

Tout d'abord, je ne voudrais pas créer de confusion entre deux termes souvent complètement assimilés : religion et spiritualité. Si la religion requiert de faire appel à des concepts exogamiques, une démarche spirituelle - qui n'exclut d'ailleurs pas des connaissances symboliques théoriques et pratiques - fonctionne sur le mode endogamique. Pour autant, je ne désire pas non plus banaliser la nécessité d'une dimension surmoïque indispensable pour entrer en contact direct avec soi, mais débarrassée des diktats menaçants qui mobilisent la peur. Autrement dit, la peur occasionne une résistance démoniaque à la légitimité de s'autocoacher.

Si j'ose m'exprimer ainsi, le premier " commandement " à mettre en place, pour se libérer du poids des angoisses parentales, familiales et filiales qui nous accablent et nous aveuglent, consiste à accepter le grand principe existentiel que personne ne peut et ne doit penser à notre place. Ce droit est à revendiquer et à protéger. L'unicité de l'être doit nous convaincre de l'évidence de l'inexorable vérité : la communication avec autrui ne peut en aucun cas être univoque. Elle est équivoque, l'altérité menant à l'émergence saine de la différence. En revanche, au plus profond de soi, dans nos contrées les plus intimes et les plus secrètes, l'âme nous appelle à une harmonie toute personnelle. Effectivement, seuls nos moyens pacifiques nous permettent de résoudre nos problèmes, des plus banals aux plus graves.

Khalil gibran nous dit que l'amour et le doute ne se rencontrent jamais. Le second " commandement " ne peut d'aucune manière que ce soit oublier ce raisonnement qui exclut l'instabilité, génératrice de conflits, pour que la sagesse s'installe dans notre cœur. Carl Gustav Jung donne la voie d'accès pour y parvenir : " Tu n'y verras clair qu'en regardant en toi ", nous assure-t-il. Et de continuer : " Qui regarde à l'extérieur, rêve. Qui regarde en lui-même s'éveille...". S'éveiller reste une clef fabuleuse mais à condition et comme le suggère aussi un koān zen que nous ne nous contentions pas d'un pâle reflet de ce que nous croyons être car ce reflet ne nous appartient pas ! Il est de fait projectif et fortifie la malédiction liée à l'ignorance de soi, cette ignorance qui nous conduit à la division de ce que nous sommes foncièrement ! En outre, la force intérieure, que nous recherchons tant, n'est que le résultat d'adaptations régulières à nos changements mus par un esprit orienté par l'acceptation de nos transformations obligatoires. Mais comment arriver à nous adapter à nos propres modifications récurrentes inévitables ?

Le troisième " commandement " ouvre cette porte magistrale. L'heure est venue de quitter pour toujours ce pessimisme qui est né dans le cerveau de l'Homme et rejoindre l'optimisme qui vient de Dieu, comme le rappelle le proverbe oriental. Autant dire qu'il ne faut pas se tromper de chemin ! Ouvrons les yeux sur notre intériorité et redécouvrons ce que nous avons fait de bien. Apprenons cependant et paradoxalement à regarder ces actes avec courage et humilité, c'est-à-dire en nous disant qu'aujourd'hui, nous ne referions pas à l'identique ! Cet état d'esprit peut paraître choquant mais il est une vérité : tout œuvre, aussi altruiste soit-elle, génère sans exception de la déception dans la mesure où, à notre insu, elle abrite toujours une attente...
Une amie me racontait récemment que sa marraine, octogénaire, avait offert à sa nièce, il y a trois ans et pour son anniversaire, un bracelet que la jeune femme briguait. Depuis ce jour, elle qui rendait visite toutes les semaines à sa tante ne vient plus la voir que très occasionnellement. La dame âgée a confié qu'elle regrettait ce cadeau. Surprise, mon amie lui a demandé pourquoi. La réponse est un résumé parfait de ce qu'est l'autocoaching spirituel : " C'est comme une épine que j'ai dans le doigt maintenant, mais c'est moi qui ai semé la fleur... " ! Ainsi est-il nécessaire de prendre pour nouveau guide chaque déconvenue et autre désappointement comme axe introspectif car le bonheur n'est que l'aboutissement d'une lucidité intransigeante quant à soi. Je fais ici un lien avec Napoléon qui se sermonnait de la sorte : " Les circonstances ? Quelles circonstances ? Je suis les circonstances ", lançait-il à l'assemblée sans faux-fuyant...