Le Ciel vu de la Terre

Saint Ignace de Loyola aurait dit : " Comme la Terre me paraît vile quand je regarde le Ciel "... Chaque fois que je rencontre cette citation, je me demande s'il n'y a pas eu erreur d'écriture ! Cet homme si pieux aurait-il pu envisager une seule seconde l'humanité en terme de mépris ? Je ne le crois pas et demeure convaincue qu'il a voulu signifier que la planète Terre est décidément bien " vide " face à la contemplation de l'Au-delà, matérialisé par le nombre de constellations, témoins de la puissance céleste...

Regarder en direction de cette voûte si énigmatique me paraît être le seul mouvement raisonnable que nous devrions adopter à titre préventif et au quotidien... Certes, cette décision invite à prendre en compte l'invisible et, dans notre monde matériel et si matérialiste, nous pouvons nous surprendre à douter d'un avenir encore mieux organisé que le présent. Pourtant, les progrès que tout un chacun effectue sur sa route et ce, quelle qu'elle soit, en attestent...

Il y a quelques jours, j'avais rendez-vous chez un dentiste que je n'avais jamais consulté auparavant, en ayant eu un peu assez des tarifs prohibitifs de mon dentiste habituel, toutefois très au point au niveau professionnel, voire immergé en permanence dans l'univers de techniques ultra-spécialisées. Chez ce nouveau praticien, je me retrouvai d'emblée consternée mais pour une raison différente car soudain propulsée dans une autre dimension : un cabinet dentaire mal situé géographiquement et dans une maison aussi modeste qu'ancienne, une salle d'attente minuscule, d'une tristesse affligeante, quelques meubles ordinaires remontant facilement aux années 1970, des murs visiblement peints par un amateur dans des tons orangers aussi soutenus qu'improbables et, pour " couronner " le tout, pas de clim ! L'odontologiste, 50 ans maximum, vint me chercher à l'heure pile pour me faire entrer dans son lieu d'exercice : la continuité de la salle d'attente ! Je découvris, ahurie, un local de 12 m2 tout au plus, ouvrant par une toute petite baie vitrée sur un mur très haut, situé à un mètre de là, un fauteuil de soins orange, véritable antiquité, et le reste à l'avenant, avec - pour rafraîchir l'ambiance - un ventilateur (pas terrible en matière d'hygiène !), un lave-mains minuscule, un bureau étriqué et sa chaise d'une époque indéfinissable, pas d'assistante, pas de secrétaire, ledit docteur - un peu trop familier à mon goût - assumant tout lui-même ! Je limitai ma consultation à un examen bucco-dentaire de base, utilisant un " miroir ", pour ne pas en rajouter à mon masochisme et après m'être acquittée des 23 euros réglementaires, je fus heureuse de me retrouver à l'air libre... Ceci étant, mon inconscient me sollicita rapidement pour que je comprenne ce que j'étais allée faire dans cette impasse...

En me dirigeant vers ma voiture, s'imposa à moi la fameuse sagesse de Saint Ignace de Loyola qui suggère donc d'ouvrir notre horizon en levant la tête. Instinctivement, je levai les yeux tout en continuant à marcher. Une enseigne commerciale attira mon regard de par son nom facilement analysable au sens figuré, ce qui m'amuse toujours beaucoup : ce panneau me fit comprendre alors qu'une problématique orale transgénérationnelle compulsive, dans ma filiation, qui se traduit par une surdité bilatérale congénitale et, par voie de conséquence, un mutisme chez les malheureux héritiers, était éradiquée. Cet apport linguistique inattendu me permit de réaliser de surcroît pourquoi j'ai toujours été et je suis un vrai moulin à paroles, ce que je n'avais jamais saisi jusqu'ici !

Le Ciel vu de la Terre " regorge " ainsi de trésors pleins d'humour, indicateurs fiables de bonnes nouvelles. Il convient cependant de les détecter en acceptant juste de se laisser guider... " Ce sont les étoiles, les étoiles tout là-haut qui gouvernent notre existence ", écrivait d'ailleurs William Shakespeare dans " Le Roi Lear " en 1603, précieux 17ème siècle marqué par l'avènement de la science moderne avec Galilée...