Le drone, la technologie au service de l’environnement

Portrait de Partage actu

Dans l’Aube, au Plessis-Gatebled, le colza en fleurs s’étend sur les plaines vallonnées. Les blés sortent leurs dernières feuilles de printemps. Le temps est incertain mais il y a peu de vent ce matin, le drone pourra voler. Cette année Jean-Baptiste Bruggeman, agriculteur, a eu recours à la société Airinov (et son agridrone) pour définir son plan de fertilisation de colza et de blé. Un premier pas vers la modulation- c’est à dire l’adaptation de la dose d’azote apportée aux cultures- avec une technologie de précision.

Une boite noire
Antoine François, technicien de la société Airinov arrive avec un véhicule équipé d’un ordinateur et d’un modem qu’il installe sur le toit. Il dépose sur le sol une boite noire d’une cinquantaine de centimètres. Tout est là. « L’ebee est pliable et se transporte en train », explique t-il. Le drone mesure 1 mètre d’envergure pour 900g. Un poids plume fabriqué en polypropylène et résine- ce qui ressemble fort à du polystyrène. Lorsqu’il est secoué à trois reprises, son hélice se met automatiquement à tourner. Une fois lâchée, face au vent, l’ebee monte en spirale jusqu’à atteindre son altitude de croisière : 150 mètres d’altitude. En à peine plus de 5 minutes, elle va cartographier les 14 hectares de la parcelle de blé grâce à son capteur 4 optiques. Les images mutlispectrales à base de vert, rouge, proche infrarouge et infrarouge sont fournies par l’appareil. Elles nécessiteront un retraitement par la société prestataire pour apporter, en moins de 24 heures, un diagnostic de biomasse à l’agriculteur.

Cartographie d’une variable agronomique (biomasse, taux de chlorophylle)

Juste ce qu’il faut d’azote
Au delà du plaisir que peu procurer l’expérience du drone, ce matériel de pointe est une façon précise et rapide d’élaborer un plan de fertilisation des cultures. « Avant, je devais réaliser plusieurs coupes d’échantillonnage dans mes parcelles de blés pour déterminer la quantité d’azote à l’entrée et à la sortie de l’hiver. Mais ces échantillons ne sont jamais vraiment représentatifs car la taille des plantes varient de 1 à 4 » explique l’agriculteur. Le diagnostic réalisé grâce au drone permettra à Jean-Baptiste Bruggemann d’apporter juste ce qu’il faut d’azote pour la bonne croissance des plantes. Par parcelle, par zone ou par modulation, les préconisations s’adaptent au besoin de l’agriculteur. Résultat, des dépenses en fertilisants mieux maitrisées, moins de résidus dans le sol...même si des études sont toujours en cours, le drone répond à une logique de double performance environnementale et économique.

Faire du neuf avec du vieux
Passer à la modulation, c’est un investissement pour un agriculteur. Jean-Baptiste Bruggeman, lui, a fait le choix de garder son vieux matériel et de recourir au vol de drone. Pour cela, rien de très compliqué : l’agriculteur envoie une capture d’écran récupérée sur « Google earth » des parcelles à cartographier. « Au final, cette solution est moins chère que de remplacer tout mon matériel » explique t-il. Lumineux, l’agriculteur est très investi dans cette aventure : il a passé un examen théorique d’aviation pour pouvoir piloter un drone chez lui et ses voisins. En effet, Airinov propose aussi de vendre les appareils et d’apporter un accompagnement de prise main...compter environ 30 000€.

Ses préconisations s’adaptent aux logiciels de parcellaires en ligne ou fournies par les Chambre d’agriculture et les cartes informatisées sont compatibles avec le guidage du tracteur. Une entreprise innovante pour une technologie qui n’a pas dit son dernier mot : diagnostic de désherbage, identification des maladies...la société travaille à élargir les possibilités du drone en partenariat avec la recherche. Affaire à suivre !