Le sport, une addiction ?

Portrait de Sylvie-0570

Ado, je n'aimais pas le sport. Soucieuse de ma silhouette, j'ai commencé à en faire vraiment à partir de l'âge de 25 ans. D'abord ça a été le tennis que j'ai fini par pratiquer de façon intensive. En vieillissant, mes copines n'ont plus suivi... J'ai donc arrêté moi aussi pour me mettre au footing. J'ai 44 ans aujourd'hui et j'éprouve le besoin d'en faire de plus en plus. Je travaille dans l'événementiel, secteur particuliërement difficile, et il m'est arrivé de renoncer à des contrats professionnels parce qu'ils auraient modifié mon planning, me faisant renoncer à mes heures de sport quotidiennes (6 heures en moyenne par jour). Vous pouvez penser que je suis une malade, j'accepterai car je commence à le penser aussi. J'ai l'impression que le sport est devenu une drogue pour moi ! Je ne peux plus m'en passer. Au risque de passer encore pour plus zinzin, ce qui n'est pas bien grave, je me demande si il n'y a pas un lien avec ma mère : je l'ai vue de plus en plus prier dans sa vie au point de délaisser l'entretien de la maison. Mon père a fini par partir... Elle continue à être dans les alleluia. Elle a 74 ans, c'est peut être moins grave maintenant, mais je me demande si il n'y aurait pas un lien de cause à effet...

Portrait de Danièle-Dax

J'ai vu une émission là dessus : il y avait une femme (elle n'a jamais voulu dire son âge) qui a été filmée pendant plusieurs jours. Des soins de peau qui lui prenaient 4 heures le matin étaient suivis d'un vrai marathon pour aller chez son coach à pied (dans les rues de Paris), marche intensive aller retour donc de une heure, soit 2 heures, + 4 heures avec un coach privé + en rentrant soins de peau pendant 4 heures. Elle ne mange que des fruits frais. Il y a eu chirurgie esthétique sur chirurgie esthétique et elle ne ressemble à plus rien ! Même de corps, ce qui m'a étonnée car elle est toute voutée ! Il était précisé qu'elle ne travaille pas, que son mari est très riche et qu'il est souvent à l'étranger, elle ne reçoit plus personne chez elle, ne va jamais au restaurant. Elle a quelqu'un qui lui fait tout... À mon sens elle est complètement désocialisée. Elle ne voit plus sa famille. Pour les besoins de l'émission, elle a reçu sa sœur, charmante, très inquiète de la situation. La sœur sans sport et sans chirurgie esthétique est mille fois mieux ! On voit bien qu'il y a dans cet exemple véritable addiction au scalpel et au sport. Pour moi d'ailleurs ça va souvent ensemble.

Portrait de Aglaé

Vous avez raison, Sylvie, une activité physique à haute dose sécrète de l'endorphine. Cette sécrétion est comparée aux opiacés pour les effets qu'elle produit sur l'organisme. En effet, une grosse dose d'endorphine est similaire à un orgasme ! D'où, effectivement, l'assimilation du sport à une drogue. Voilà pour le côté médical et biologique que certains pourront peut-être développer davantage..

Six heures de sport quotidiennes, c'est beaucoup, en effet ! Chapeau ! Mais assurez-vous de ne pas mettre votre vie professionnelle en danger.. Il faut tout de même rester dans un principe de réalité, Sylvie, et la réalité passe par votre emploi et l'argent que vous gagnez grâce à ça. A mon sens, il vaut mieux que vous fassiez du sport que de prendre "des rails", mais à juste dose !

Vous parlez de votre mère en disant qu'elle délaissait l'entretien de la maison, est-ce votre cas également ? Etes-vous mariée, Sylvie ?

Amicalement Smile

Portrait de Sylvie-0570

Vous m'avez anéantie avec votre exemple Danièle-Dax ! Mais je n'ai pas l'impression d'en être là... Encore ?
Finalement, en vous répondant, je sens que vous m'avez secouée et que c'est ça que j'attends des réactions sur ce forum, sinon ça ne sert à rien que j'envoie ma question... Je tiens cependant à préciser que je mange,moi, bien et équilibré (pour ça j'arrive à m'organiser) et comme je n'aime,pas particulièrement le miroir, ce n'est pas dans la salle de bains que je gaspille mon temps. Je vais à l'essentiel.

Portrait de Sylvie-0570

Aglaé, votre réponse tout en douceur, va quand même droit au but ! J'avais déjà lu des articles sur la question de la sécrétion d'endorphines en lien avec un sport pratiqué de façon intensive. Un vrai shoot quoi mais vous voyez à quoi je fais allusion, pas à la Coupe du monde de football ! Et vous arrivez à me faire dire ce que je garde au plus profond de moi : mon frère unique, mon jumeau de surcroît, est mort d'une overdose à l'âge de 26 ans ! Donc je ne veux surtout pas d'enfant, on en a trop bavé avec lui. Comme il en a bavé d'ailleurs mais,il a toujours refusé les,mains tendues. Alors lui, le sport il ne connaissait pas... L'enfant à problèmes par excellence et dans tous les domaines. Il a commencé très jeune à " dérailler "... Tiens notre grand père materne était cheminot... Pour revenir à ce que vous me demandez, j'ai un boulot compliqué pour fidéliser un homme. Ensuite, qui pourrait supporter mes heures quotidiennes de sport. Non, je ne délaisse pas la maison (j'ai une femme de ménage) mais pour vous donner un exemple, 80 % de mon linge part au pressing... En même temps, je n'ai que moi à m'occuper, donc je ne regarde pas trop à la dépense de ce côté là. Bon il fait moins chaud, je m'en " va " courir... Bien vu Aglaé...

Portrait de Christine-zen

Le corps humain n'est pas fait pour produire des efforts au-delà de certaines limites. J'ai une amie qui faisait 2 heures de jogging par jour, elle pratiquait le semi marathon depuis plusieurs années.  Elle avait des problèmes de dos, d'articulations, elle était souvent malade car toujours fatiguée. Son corps n'arrivait plus à récupérer. Elle souffrait beaucoup les derniers temps de tendinites à répétition au niveau du mollet et de douleurs au genou droit. Juste après ces efforts surhumains elle se plaignait de nausées parfois.  Son médecin lui a dit un jour, lors d'une consultation que le sport à doses intensives était préjudiciable à l'organisme et qu'il fallait pratiquer raisonnablement. Je pense que mon amie tirait une jouissance ou un plaisir à se faire souffrir physiquement. Dès lors qu'elle a pris conscience de ce comportement masochiste, elle s'est mise à moins ressentir de manque, elle a commencé à faire de bons repas, elle  'est mise à sortir, faire des rencontres... Tout s'est amélioré dans sa vie. Elle a même rencontré son prince qui n'est quant à lui absolument pas sportif... Aujourd'hui, elle court 2 h par semaine et se sent bien dans  son corps et mieux dans sa tête.

Portrait de cricri

Christine-zen explique très bien et avec ses mots qu'il faut de la mesure en tout.
Par contre Sylvie, dire que votre maman est dans les alleluia n'est pas très respectueux. Ensuite je ne vois pas en quoi la prière serait une drogue. Il s'agit d'un devoir mais dans le sens d'un engagement personnel. Enfin, je ne comprends pas ce jugement à l'encontre d'une maman qui a dû énormément souffrir du vivant de son fils et qui doit continuer à beaucoup souffrir de l'absence de son enfant. La prière l'aide sûrement à surmonter sa douloureuse épreuve. À chacun sa route.

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Quelle énergie ! J'ai envie de vous demander : après quoi courez vous ? Si c'est après le temps fantasmé perdu de votre adolescence, je ne pense pas que ce soit vraiment efficace. Je vous embête un peu mais c'est pas méchant du tout. D'autant que vous savez très bien faire des liens. Votre mère priait plus que de raison, au point de faire " fuir " votre père dites-vous. Aglaé, fort justement, a touché un point sensible avec l'orgasme, quelque chose qui aurait à voir avec l'extase que cherchait votre mère en se livrant à l'oraison de manière obsessionnelle...

Il n'y a rien de pathologique à courir à 44 ans, sauf lorsque vous refusez un contrat professionnel pour vous adonner à ce que qui peut se transformer effectivement en addiction. Addiction parce que, comme le souligne Christine-zen, le corps a ses limites. On pourrait d'ailleurs avancer le terme " masochisme " que l'on retrouve d'ailleurs dans la religiosité doloriste de votre mère.

Je pense que vous avez tous les éléments ici pour sortir de cette obsession. Désormais la balle est dans votre camp. D'ailleurs, vos copines qui jouaient au tennis avec vous auraient peut-être des choses à vous dire :-). Christine-zen a été un panneau indicateur... A vous de prendre la direction que vous désirez. Mais surtout, vivez et arrêtez de vous faire du mal. Vous avez encore de nombreuses belles années devant vous. Ne les gâchez pas.

Cordialement.

Gilbert

Portrait de Mireille-cogolin

Le sport n'est pas ma tasse de thé mais déjà quand je vois ce qui se passe dans le milieu du sport, et notamment du cyclisme avec le dopage, j'ai encore plus envie de fuir. Je voulais intervenir un peu dans l'idée de mon amie Cricri (nous sommes amies dans la vie). Je trouve très durs les propos que vous tenez vis à vis de votre maman. Et je pense que vos mots témoignent chez vous d'une très grande souffrance intérieure, et qu'ils dépassent votre pensée. Car vous aussi vous portez votre croix avec la mort de votre frère et qui était en plus votre jumeau. Donc il vous manque quelque chose de primordial au fond de vous et je pense que le sport à outrance comme vous le pratiquez est là pour combler ce vide. C'est une modeste proposition... Et puis aimez votre maman de toutes vos forces elle qui en a tant besoin. Elle a 74 ans. Bous ne l'aurez pas toujours avec vous. Les années passent si vite...

Portrait de Aglaé

Sylvie, vous me permettez de faire des liens avec mon histoire et je vous en remercie Smile

Mon frère a également un problème de drogue, mon père a été cheminot et, pour ma part, j'ai découvert le côté très addictif du sport très récemment... Je n'ai pas toujours été toute "blanche" concernant les drogues non plus ! 

Ceci étant, pour en revenir à vous, je réitère : il vous faut trouver la juste dose. Vous dîtes que vous ne délaissez pas la maison, hors vous avez une femme de ménage..ce qui n'est pas gênant, en soi, bien sûr, mais ne "colle" pas avec votre discours ! Je comprends que vous trouviez difficile de rencontrer un homme dans ces conditions, mais cela doit arranger votre inconscient. En effet, si vous assimilez le sport à de la drogue, plus ou moins inconsciemment, il n'est pas dans votre intérêt de faire entrer "la loi" dans votre vie !

Portrait de Orlan

J'y vais sur la pointe des pieds et ma contribution se veut modeste. Je ne suis pas psy ! Mais j'ai vu comme un rapprochement que vous pourriez faire entre l'overdose de votre jumeau et cette hypothèse que vous lancez quant à une addiction au sport. Votre frère avait une dépendance à la drogue... Pour moi, il y a une similitude étonnante peut-être à exploiter et qui vous entraînerait à ralentir cette " course " comme le dit Gilbert. R. Mais c'est lui le psy et pas moi et mon hypothèse va sûrement lui paraître trop facile...

Portrait de Sofia M

Pourquoi les histoires passionnantes sont-elles toujours douloureuses ?
Je me disais cela en lisant votre parcours Sylvie, mais moi aussi et bien timidement, je me permettrai de vous dire que j'ai été interpellée par le fait que vous dites que vous êtes " malade " et " zinzin ". Comme un toxico est malade et peut avoir des réactions de zinzin... On dirait décidément qu'il y a du lien et que vous cherchez d'une certaine façon avec le sport à faire comme votre jumeau. Pardon Monsieur le psy si je " déraille " moi aussi !

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Décidémment, l'inconscient de Sylvie a attiré de quoi comprendre. Bien sûr Orlan que le lien est évident aussi. Vous permettez d'aider à tirer la sonnette d'alarme pour protéger Sylvie. Vous n'êtes peut-être pas psy, mais vous avez des choses à exploiter de ce côté là, à mon avis...

Portrait de Sylvie-0570

J'ai écourté mon footing. Il pleuvait mais c'était un prétexte pour rentrer plus vite et voir comment vous aviez réagi...
Je suis en larmes...
J'ai l'impression que tout me parle... J'ai la boule au ventre... J'ai la nausée...
Je ne peux pas aller plus loin ce soir. Excusez-moi, pardon et merci à tout le monde. Et merci à Gilbert aussi de bien bouloir donner de son temps et de son savoir alors que comme psy, je pense qu'il doit être débordé...

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Je vois que Sylvie est entourée de gens sérieux ici. Je ne me fais donc pas de souci pour son inconscient qui va enfin être débarassé d'une lourde chappe de culpabilité liée effectivement à la pathologie de son jumeau.