" Le travail est l'amour rendu visible "

Portrait de Igor.P

Bonsoir,

Cette après-midi je me suis mis à la lecture d'un ouvrage que je découvre et qui me semble passionnant. Il s'agit du livre " Le prophète " de Khalil Gibran. Dans un des chapitre il est question du travail et il est écrit :
" Toujours, on vous a raconté que le travail était une malédiction et le labeur une infortune. Mais moi je vous dis que lorsque vous travaillez vous accomplissez une part du rêve le plus lointain de la terre, celle qui vous a été assignée quand ce rêve est né,
Et c'est en restant au travail que vous manifestez un véritable amour de la vie. "
Un peu plus loin il dit ceci: " Le travail est l'amour rendu visible ".
J'aime assez cette idée de travail et d'amour car pour moi c'est indissociable, même si ce n'est pas toujours évident. Lorsque je fabrique un meuble (je suis menuisier ébéniste)  je me sens en paix avec moi-même parce que j'aime mon métier, les meubles, les matières, l'odeur du bois... Et qu'en même temps je peux satisfaire le besoin et les envies de mes clients... ( j'avoue que parfois ce n'est pas aussi simple parceque les contraintes quelqu'elles soient prennent le pas sur cette notion d'amour ) .
Ma question est la suivante, est-il encore réaliste aujourd'hui d'envisager le travail selon Khalil Gibran. Où est-ce encore mon coté " idéaliste " qui est séduit par ce livre ???
Je vous remercie pour vos avis.

Portrait de Gilbert

Bonsoir Igor,

J'aime beaucoup aussi le livre que vous citez. Malheureusement, philosopher à ce niveau demande déjà que l'emploi soit là !

A une époque où il faut avouer que le travail ne court pas les rues avec son cortège de mal-être, cette citation prend un sens particulier. Effectivement, on ne vit pas que d'amour et d'eau fraîche. En outre, certains chômeurs préfèrent , pour leur santé psychique, accepter un travail sous-valorisé par rapport à leur formation plutôt que de ne rien faire. C'est bien que le besoin de se relier au plus grand nombre reste essentiel, indépendamment du profit financier. Bien sûr, il s'agit également de se sentir à sa place. Un travail essentiellement alimentaire ne suffit pas pour parler d'amour. D'ailleurs, vous précisez que vous " aimez " votre travail. C'est déjà énorme ! Khalil Gibran fait, à mon avis, allusion au principe de sublimation énoncé par Sigmund Freud. Mes pensées vont ce soir à tous ces gens (+ de 1 million) qui n'ont pas la chance de " rendre l'amour visible " et à nos gouvernants qui ont un job lucratif et qui sont malheureusement bien loin d'appliquer la sagesse du prophète, c'est-à-dire de rendre visible leur soit-disant amour... Bonne soirée Igor. Pour tout vous dire, et pour essayer d'excuser un peu mon humeur  négative et mon petit coup de gueule franchouilard de comptoir, j'aimerais bien que mon fiston de 20 ans trouve enfin du boulot... Smile Mais rassurez-vous, j'adhère tout a fait à la pensée de Khalil Gibran et je m'efforce de l'appliquer tous les jours. Amitiés !

Portrait de Lili

Bonsoir ,

Comme vous Igor,j’aime aussi beaucoup cette idée de travail et d'amour en lien. Je pense en effet, que ça n’est possible que pour quelques « happy few », donc peut être un peu idéaliste aussi mais j’aime y croire, tendre vers cet idéal, j’aime que cette idée m’accompagne. Je suis enseignante et bien sûr, comme dans beaucoup de métiers (tous ? ), je suis soumise à des contraintes qui me font parfois, (souvent ?) grincer des dents.  Mais parfois, (souvent ?) je fais aussi l’expérience, dans mon travail, de ces moments où il m’arrive d’avoir une vraie  communication avec certains de mes élèves et où je sens que l’énergie circule, qu’il y a de la transmission et que parfois, je leur ai apporté quelque chose, même si ça n’est pas ce que je prévoyais de leur apporter d’ailleurs !!! J’ai l’impression parfois de les aider à grandir et j’aime ça. Dans ces moments, j’aime mon métier en effet car je m’aime moi-même d’arriver à les aimer d’une certaine manière alors qu’ils ne sont pas mes propres enfants et je pense que je ressens une forme de  retour de leur part. Est-ce de l’amour sublimé ? Je ne suis pas psy et la théorie m’échappe un peu …….

Et je pense d’autre part que mon métier m’inscrit dans le lien avec  plus grand nombre, en me disant implicitement qu’en apportant quelque chose de positif à ces générations en devenir, je fais aussi indirectement quelque chose pour l’avenir de mes propres enfants et de leurs enfants qui font aussi partie des générations à venir. Mais c’est peut-être de l’ordre de la croyance ou de la superstition. Oui, je crois que simplement, je me dis que ce que je fais pour les enfants des autres, sera rendu aux miens d’une manière ou d’une autre à un moment ou un autre.

 

Bon dimanche soir ……………………

Demain est lundi et ….au travail !

Portrait de Ugo

Je pense que la priorité de notre gouvernement devrait être, comme le souligne Gilbert, de faciliter l'accès au travail, coûte que coûte, car c'est bien le moteur de la vie et donc de l'économie aussi. Oui, ce lien social est important, voir vital dans certains cas. quand on voit que les restos du cœur ont servit encore plus de repas l'année dernière. Je m'estime heureux d'avoir un travail et j'essaie chaque jour d'en faire bon usage car je sais au combien c'est précieux. 

Portrait de Igor.P

Vous avez raison, Gilbert, finalement ce sujet de discussion n'a peut être pas sa place compte tenu de la précarité du travail actuel. Bien des gens aimeraient travailler tout simplement parceque c'est vital pour eux. Comme Le dit Ugo, je vais m'appliquer tant que faire ce peut à faire bon usage de mon métier parceque je me rend compte que c'est une chance que d'en avoir un. je souhaite en tout cas à votre fils de trouver un travail. Amitiés. Igor.

Portrait de Gilbert

Igor. P,

J'ai peut-être semblé un peu cynique en écrivant mon commentaire et je m'en excuse. Votre discussion a d'autant plus sa place que je fais le lien avec ce qui est arrivé à zab hier. Voilà une femme (l'amie de Zab) qui a un boulot lui permettant d'acheter une belle bagnole. Tout semble bien fonctionner, sauf que son travail ne l'aide pas à transmettre de l'amour, loin de là ! Son argent lui sert à en mettre plein la vue alentour... Paraître quand tu nous tiens ! Elle devrait lire Khalil Gibran, mais je ne suis pas sûr qu'elle en saisirait la subtilité. Mais qui sait ? Il faut toujours laisser une chance et croire en l'humain en faisant, de notre côté, notre travail le plus humainement possible. Bonne journée, c'est lundi et qu'une belle semaine s'annonce pour ce qui ont du travail et pour ceux qui n'en ont pas encore !... Amitiés.

Gilbert

Portrait de Frédérique Tirtiaux Psychanalyste Art-thérapeute

C’est amusant, je me suis levée tôt ce matin pour faire tout ce que j’avais à faire…

En voyant ce sujet sur le forum, je comprends qu’il est parfois facile de se noyer dans des questionnements plus ou moins justifiés qui ne sont que de la rationalisation pour éviter l’essentiel. Une forme de réussite dans l’échec…

Il n’y a pas plus grand plaisir, que d’avoir accomplit son travail avec passion, sans en rechercher un intérêt sauf celui de l’avoir fait avec conviction.

C’est de la conviction dont sont actuellement privés les jeunes actuellement. La motivation, ils l’ont car il faut être sacrement motivé pour envoyer des centaines de C.V sans avoir de réponses positives, voir même de réponse tout court. 

Le travail devient une forme de paraître, qui, pour certain leur à fait oublié le sens du plaisir à l’accomplir .

Mes grands parents avaient pour devise «  à chaque jour suffit sa peine », de rajouter, demain est un autre jour, donc un jour nouveau et une nouvelle façon de l’aborder…

Chacun à sa place…il faut parfois du temps pour la trouver…votre courage donnera sens à votre vie...

Portrait de cricri

Quand je me couche, le soir, il me tarde déjà que le jour se lève pour travailler, apporter humblement ma pierre à l'édifice humain et avoir le privilège de pouvoir encore progresser au travers des actes que je pose avec le plus d'application et de respect possibles... Moi aussi je crois beaucoup aux vertus du travail. Certains pourraient s'écrier que c'est parce que je dois être une privilégiée... Sûrement par certains côtés matériels mais j'ai travaillé très dur dans ma vie et ça m'a toujours plu et convenu. Dans cet ordre d'idée et faisant du bénévolat, je peux vous citer l'exemple d'un ouvrier d'usine, quadragénaire, bénévole également : son métier est harassant car il marche en moyenne 15 kilomètres par jour en portant du poids. Non seulement il ne se plaint jamais mais il se dit heureux de participer au plan d'aide spirituelle (il est croyant) et de faire du sport gratuitement au quotidien grâce aux efforts physiques qu'il fournit, tout en étant payé ! Sa belle humeur, son humour, constituent une sagesse exemplaire et communicative... Ce garçon a l'art de remonter le moral des troupes, même de ceux plus nantis que lui en apparence...

Portrait de Isabelle

Même si je suis de celle qui sont convaincue que le travail est en lien direct à la notion d’amour, ne serait-ce par le fait même qu’exercer une activité professionnelle génère une notion de partage… qu’on trouve son compte dans son emploi ou pas si on le voit sur le fond…

Il est bien entendu que le principe de réalité fait aussi quand même, que subvenir à ses besoins dans son sens le plus large, est valorisant en soi bien évidemment, et qu’il est sans aucun doute plus « aisé » de « vivre sa vie » dans ses conditions… Il me paraît tout aussi important en soi, de ne pas perdre de vue, qu’en définitive, ce sont tout de même, au bout du compte, une poignée d’hommes qui s’autorisent (pour être dans l’idée d’un sketch de Coluche…), qui eux bien évidemment ne se poseront jamais la question, de ce qu’ils auront dans leurs assiettes pas plus que comment feront-ils pour « payer leur loyer », par exemple…  S'il n’est pas question de « plainte » ici… Car en somme, en ayant un job, je fais presque partie des privilégiées en soi…

Cependant, il est tout de même d’une grande importance, ne serait-ce que pour être toujours dans cette énergie travail-amour, de souligner un paradoxe qui pourrait très rapidement se transformer en aspect pervers si nous n’y prenons pas garde… Car au fond, cette poignée de « puissants » vont finir par nous faire croire, que lorsqu’on a une activité professionnelle on est tellement privilégié, qu’on a plus qu’à se taire, ne serait-ce que par respect pour ceux qui n’ont pas de travail… Donc, au bout du compte, on pourrait tout autant se trouver en culpabilité… C’est un comble !

Car enfin, si nos hommes d’états et autres grands pontes de l’appareil économique et financier voulaient faire preuve d’un peu d’humilité…  Peut-être qu’il redeviendrait on ne peut plus sensé alors, que de véritablement remettre en avant, ce qui fait avancer l’Humanité… travailler permet aussi l’amour… D’ailleurs, là aussi, il y a quand même un paradoxe… Que ce soit des bénévoles qui permettent à d’autres individus, de manger à peu près à leur faim (pour ne faire allusion qu’aux restos du cœur..), en soi il est bien évident que c’est une belle énergie de partage et d’amour… D’autant que parmi ces bénévoles, un bon nombre mettent au service du plus grand nombre des compétences largement développées durant leur activité salariale… Une magnifique solidarité, dont est porteuse l’Humanité aussi ! 

Mais parmi ceux qui nous dirigent, combien « s’autoriseraient » à ce genre d'activité ? Alors bien sûr, ils pourront toujours répondre, qu’aux vues de leurs grandes responsabilités… Certes, c’est un argument en soi tout à fait objectivable… Mais qui parmi eux seraient à même, pour pourvoir manger, de passer par les « restos »… alors que de plus en plus de ces « bénéficiaires » travaillent pourtant, ou ont travaillé toute une vie ? Ont-ils seulement ces « puissants », une idée, de ce que peut aussi générer le « sentiment de honte », que ressentent une grande majorité de ces bénéficiaires, entre autres… Où est donc l’amour du prochain et la simple idée de partage dans leur travail à eux ?

Portrait de Igor.P

Bonsoir tout le monde,

je répond un peu tardivement à vos commentaires que j'ai lu avec un grand intérêt. je m'aperçois que le travail est au " cœur " de la préoccupation humaine. Je ne sais plus qui disait que l'être humain etait fait pour travailler... Merci à tous pour votre participation et votre ouverture d'esprit. Bonne soirée!