L'envie est-elle contraire à l'acceptation ?

Portrait de Mireille-cogolin

Ma question va peut être vous faire rigoler mais j'ai besoin d'un éclaircissement par rapport à des commentaires que j'ai lus...
J'ai bien saisi que pour que les portes du salut s'ouvrent, sorte de grâce divine de l'ordre de la paix avec soi, il est nécessaire d'être dans l'acceptation, c'est à dire d'accepter sereinement notre chemin de vie quel qu'il soit, quelles que soient les épreuves... Mais est ce que l'envie est compatible avec l'obtention de cet état ?

Portrait de Lili

Bonjour Mireille,

Je ne connais pas bien  les textes bibliques et votre question sur l'acceptation ne  me fait pas rigoler mais j'ai bien envie de m'exprimer sur ce sujet .Ma conception vous paraitra peut être simpliste mais ce que vous appellez l'envie est pour moi ce qui nous maintient "en vie". Ca ne me paraît pas contradictoire avec l'acceptation car la première acceptation est pour moi celle de la vie et de ce qu'elle nous apporte ...ou pas. En effet accepter ses envies et le fait qu'elle ne soit pas forcément satisfaites va de pair. Ne pas avoir d'envie ne me paraît pas humain et ne pas ....accepter ses envies,  c'est ne plus être dans l'acceptation. Mais cette conception n'engage que moi. Bonne soirée. 

Portrait de Isabelle

Peut-être connaissez-vous cette chanson de Johnny Hallyday, Mireille ? Souvent quand une question mise en avant m'interroge, je laisse monter "d'instinct", les paroles d'une chanson... Je me permets de vous en écrire le 1er couplet et le refrain :

Qu'on me donne l'obscurité, puis la lumière.

Qu'on me donne la faim, la soif, puis un festin.

Qu'on m'enlève ce qui est vain et secondaire.

Pour que je retrouve le prix de la vie enfin.

Qu'on me donne l'envie

L'envie d'avoir envie

Qu'on rallume ma vie...

Ces paroles me sont venues à l'esprit, parce qu'elles contiennent déja, à mon sens, une réponse. Il me semble, que pour en arriver à une acceptation salvatrice et protectrice du fil de sa vie, peut-être en tout premier lieu faut-il déjà avoir "trouver ou retrouver" l'envie de vivre... C'est le grand bénéfice (que je m'applique à développer à mon "petit niveau"), pour ma part, d'un long travail analytique... L'envie dans ce sens, je l'entends comme, la pulsion de vie est première, qui serait une "approche" du désir. Mais Jacques Lacan disait "de la frustration naît le désir"... Pour moi cela signifie aussi, que pour accepter, il est nécessaire que les pulsions soient dans le bon ordre... car alors, il ne s'agirait pas d'acceptation, mais de soumission... Ce qui est différent... Accepter parce que la vie est première, sous entend qu'il y a un aspect actant de notre part et non de la passivité. En cela, l'envie va dans ce sens... Il n'est bien entendu pas question de l'envie dans un sens "envieuse" de la vie du voisin, cas auquel il y a problème. Cette question a d'ailleurs été traitée sur un autre sujet... Je trouve que la réponse de Lili va dans le même sens... Bien sur, (mais ça vous le savez, bien évidemment), être en accord avec sa vie et ses envies, ne justifie pas de répondre à un plaisir débridé. Mais je crois que laisser la place à une part sensée de plaisir, c'est aussi s'aimer et se respecter... S'il n'y a que "déplaisir" il n'y a pas d'envie et impossible alors d'accepter sa vie... Comme le dit justement Lili, nous ne sommes aussi que des êtres humains, ce qui induit d'ailleurs, bien heureusement, que nous sommes issus de l'Amour divin... Mais comment envisager l'Amour, pulsion de vie par excellence, sans "l'envie de vivre" ?

Portrait de cricri

Il ne faut pas établir de confusion entre une envie pour soi et être envieux des autres. Il existe des personnes qui ont une personnalité fade et qui envient ce qu'ont les autres, oubliant que ce qu'ils ont mis en place, ce fut grâce à leur travail, à leur persévérance, à leur combativité, à leur inventivité... Il existe aussi des personnes qui imaginent que l'herbe est plus verte dans le,pré du voisin et qui jalousent le voisin...
En fait, il est nécessaire d'accepter notre chemin de vie quel qu'il soit et d'en dégager les aspects positifs. Il y a en a chez tout un chacun. Ensuite, en se basant sur cette objectivation, il faut faire pour le mieux chaque jour qui passe. Il faut donner un peu plus de soi que ce que nos limites cherchent à nous faire sentir. Petit à petit, on forme et on forge un creuset intéressant qui font que des envies légitimes que nous avions se réalisent... Le piège, c'est d'avoir l'impression que nos envies sont légitimes, alors qu'elles sont très proches de la convoitise... J'ai des voisins qui ont une fille de l'âge d'une de nos filles à problèmes. Je n'ai pas à envier mes voisins et à les jalouser par rapport à leur fille qui réussit tout ce qu'elle entreprend et qui est extrêmement cadrée. Je suis heureuse pour eux et pour elle. Je remercie en revanche le Ciel de m'avoir donné la fille que j'ai, même si parfois elle est plus que pénible, mais c'est " grâce " à elle si j'en suis où j'en suis de mon évolution humaine et spirituelle... Quel cadeau Dieu m'a fait en me confiant cette enfant ! J'insiste : selon moi, il est absolument nécessaire de regarder si nos envies sont des désirs par rapport à soi ou par rapport aux autres. Ensuite, l'acceptation de notre parcours existentiel et de ses épreuves génèrent la réalisation d'envies que nous n'avions même pas conscientisées... C'est un peu comme un enfant qui, à Noël, découvre un cadeau qu'il n'avait pas demandé...

Portrait de Sofia M

Il est dit d'ailleurs dans les Écritures Saintes qu'on ne doit même pas convoiter.
Une histoire m'a marquée :
J'ai un copain de classe qui ne fichait rien à l'école depuis toujours. En revanche, il était hyper sympa et n'avait que de bonnes fréquentations. Ses parents étaient furieux qu'il soit mauvais élève alors qu'il avait objectivement des capacités intellectuelles excellentes... Ce qui est encore plus dur à accepter. Sa mère lui citait toujours en exemple un élève brillant, connu de tous les enseignants comme étant un élève hors normes... Il faisait l'admiration de ses parents , ce qui était bien normal... En terminale, il s'est mis à ne plus rien fiche. Il a eu des fréquentations douteuses. Il s'est drogué. Un jour, mon copain " paresseux " l'a vu à la gare Saint Charles à Marseille : cet ancien brillant élève était sale, complètement toxico, faisait la manche... Il n'a pas reconnu mon copain... Nous n'avons jamais su ce qu'était devenu ce jeune (le papa est mort prématurément, sûrement de désespoir) mais ça a donné une leçon à la mère de mon copain et à moi aussi : convoiter, envier, jalouser, revient à poser un déni sur les malheurs potentiels des personnes que l'on envie... Je ne sais plus qui a dit que nous devions envier chaque jour ce que nous avons !!!

Portrait de Mireille-cogolin

Finalement je ne regrette pas d'avoir posé ma question parce que je constate que j'étais dans la confusion...
Je trouve cette citation que transmet Sofia magnifique: Envier chaque jour ce que nous avons. Je vais la noter, bien y réfléchir et la travailler...

Portrait de Gilbert

L'exemple de Sofia a fait écho dans mon histoire. De l'école primaire au collège, j'avais un camarade qui a toujours été le premier de la classe. C'était même un drame pour lui lorsqu'il était exceptionellement deuxième. Nous le trouvions exceptionellement intelligent et évidemment nous l'enviions, essayant d'être au moins le troisième... Cela a commencé effectivement par se dégrader au lycée. Il devenait de plus en plus méconnaissable. Il s'est marié un peu plus tard et s'est tué avec sa femme à l'âge de 24 ans en voiture. Peut-être voulait-il encore être le premier ? J'ai eu beaucoup de peine lorsqu'il est décédé car je l'avais idéalisé... En fait, je crois qu'il était très malheureux même lorsqu'il était le premier de la classe.

Il existe une citation de Saint-Exupéry qui dit : ' Si tu n'as pas ce que tu aimes, aime ce que tu as ! "... Elle rejoint un peu celle de Sofia.

Portrait de Nathalie-196

Cette discussion et les témoignages qui l'accompagnent constituent un cadeau pour moi qui ai toujours tendance à envier, bien que je m'en défende, ce que d'autres -que j'idéalise- ont, en particulier au niveau de ce que j'imagine être leur équilibre familial... Merci à tous ces posts qui vont me permettre de voir ma grande fille, aussi difficile qu'elle puisse m'apparaitre, autrement, parce qu'elle n'est quand même ni droguée-camée, ni décédée...