Les avantages du renoncement selon Bouddha

Portrait de Mireille-cogolin

Ce soir, j'ai voulu travailler sur une phrase du Bouddha avec laquelle je me débat sans arriver à trouver le "comment" parvenir à renoncer puisqu'il assure que le renoncement c'est la clé du bonheur. Voilà ce que dit le Bouddha:
- "Si vous voyez l'impermanence des formes, des sons, des odeurs, des goûts, des pensées avec sagesse, la joie apparaît"...
Cette joie découlerait donc du renoncement, soit du non-attachement, puisque j'ai compris que l'impermanence signifie que chaque seconde qui passe ne reviendra pas. C'est à dire que tout change en permanence.
C'est cette manière de vivre toutes les expériences qui nous rendrait heureux car, comme rien ne dure, ne pas vouloir les retenir engendrerait la paix.

Si vous avez cette connaissance, merci de me dire comment on fait pour renoncer à l'attachement.
J'espère que j'ai été suffisamment claire parce que toutes ces données pour moi c'est quand même abstrait...

Portrait de Christine-zen

Cest le temps qui réduit les choses. Si on s'intéresse à l'astronomie, on apprend que le temps limite l'espace, les distances et donc ce qui va suivre... Peut-être est-ce un peu de ça...

Portrait de Gilbert

Bonjour Mireille,

A la suite de votre questionnement, j'ai retrouvé un ouvrage simple intitulé " Le Dharma Soutra, l'Enseignement de Bouddha illustré ". A la page 39 sous le titre " Rien ne dure ", je peux y lire :

Tous les phénomènes visibles et invisibles de l'univers changent perpétuellement. C'est la loi physique de l'univers. Du point de vue de leurs intérêts personnels, les humains souhaitent que les belles choses durent toujours et que les catastrophes ne leur arrivent jamais. Parce qu'ils ignorent la loi de l'univers, ils continuent à chercher l'impossible. C'est pourquoi les hommes souffrent de leurs propres illusions sur la vérité universelle.

A ce texte font echo en moi mes lectures iconoclastes de la pensée du Psychanalyste Jacques Lacan qui disait que le  " Réel " relève de l'impossible. Il disait, lui qui ne délivrait aucune Vérité, qu'il y a toujours quelque chose qui cloche ! Bon je tretourne à mes méditations.

Vos interrogations à propos du bouddhisme me font cheminer Mireille. Je tenais à vous le dire. Excellente journée à vous et à bientôt pour nos cogitation christo-bouddhique.... Good

Portrait de Isabelle

Bonjour Mireille-cogolin ! J'avoue que votre interrogation en soulève beaucoup d'autres de mon côté ! Et c'est tant mieux !

Après réflexion, j'irais dans le sens de ce que dit Christine-zen... Cette histoire de temps (que l'on peut aussi ramener à la mort, cette angoisse humaine) nous emprisonne parce que nous cherchons (malgré nous) à quadriller le temps, donc d'une certaine façon à le maîtriser soit pour l'arrêter, soit au contraire pour qu'il ne s'arrête jamais... Mais c'est nous qui nous " prenons la tête "... En observant le " rythme naturel ", tout ce qui nous entoure est pourtant inscrit sous cet ordre d'impermanence, qui se transforme à chaque instant... D'ailleurs le simple fait de respirer, et toute la réaction en chaîne qu'entraîne chaque inspir et expir à tous les niveaux, transforme en permanence. Au fond, j'en suis à me demander si ce n'est pas celà, l'idée du péché originel... Merci à vous Mireille-cogolin !

Portrait de Mamz'Elle

Ne profite-t-on pas du parfum d'une rose parce qu'il est fugace ? Parce que l'on sait pertinemment qu'il ne durera pas ? Nous avons alors conscience de sa fin et c'est justement ce qui nous permet d'en jouir.

Nous avons une facilité déconcertante à nous figurer la fin des petites choses... Regardons-nous, ébahis, devant l'enfant qui dort, un coucher de soleil, un arc-en-ciel, un papillon, un sourire, un rire même.

Nous sommes, dans ces moments là, détachés de toute contrainte. Savoir que cela ne va pas durer nous ordonne presque d'investir de tout notre être cet instant, chassant les déconvenues d'hier, les inquiétudes d'aujourd'hui et les angoisses de demain. C'est presque magique, c'est le ''Ici et maintenant''. C'est ce que l'on pourrait nommer le bonheur.

Mais, pouvons-nous vraiment vivre tout le temps ainsi ? Cela semble difficile car nous avons cette nécessité d'élaborer notre futur et le futur n'est jamais que la somme du passé et du présent.

Et s'il suffisait de multiplier ces états de pleine conscience par le simple pouvoir de notre imagination, de notre pensée ?

Pourquoi ne pas commencer une journée en pensant au moment où elle va se terminer, cet instant où le corps incite au repos ? N'est-ce pas une joie d'envisager le délassement, le confort de son lit la lourdeur de nos paupières et l'entrée dans un état second entre conscience et rêves puis enfin, le profond sommeil qui va nous assurer une régénérescence bienséante et méritée ?

Pourquoi ne pas commencer un travail en pensant au moment où il sera terminé ? N'est-ce pas une joie d'envisager la fierté d'être allé au bout de sa tâche et de savoir que celle-ci terminée va nous laisser libre d'en commencer une nouvelle, faire autre chose ?

Je donne l'exemple d'une journée ou d'une tâche à faire mais cela aurait pu être tout autre chose. A chacun de l'appliquer à ce que bon lui semble, à ce qui lui paraît le plus difficile à surmonter, par exemple... c'est un peu comme une forme d'espoir, un peu le fameux ''Après la pluie, le beau temps'' mais, accueillir chaque être, chaque chose, chaque événement en sachant qu'il a une fin, qu'il va se terminer est sans aucun doute une façon de laisser une place vacante à la nouveauté, au renouveau.

Moi aussi j'aime beaucoup Lacan et à l'instar de Gilbert, je vais vous partager une citation qui s'applique parfaitement, je trouve, à ce sujet :

[...]
La mort... est du domaine de la foi. Vous avez bien raison de croire que vous allez mourir, bien sûr. Ca vous soutient ! Si vous n'y croyiez pas, est-ce que vous pourriez supporter la vie que vous avez ? Si on n'était pas solidement appuyé sur cette certitude que ça finira... est-ce que vous pourriez supporter cette histoire ?
[...]

C'est en nous, sachons laisser émerger cette foi, cette croyance que tout se finit, tout meurt et devient ''autre chose''.

Mireille, je vous remercie également d'être l'initiatrice d'une telle réflexion car en la commençant, je ne savais pas que j'avais tant à écrire à ce sujet, qu'il y avait tant de cerises à mettre dans mon panier... l'éphémère de cette saison, de ce temps-là comme le chantait Nana.

Nana Mouskouri - Le temps des cerises

Portrait de Mireille-cogolin

Vos développements Mamz-Elle sont toujours porteurs de plus de réflexion délicatement et généreusement offertes... Mais j'aurais plutôt tendance en me réveillant à remercier Dieu pour la journée qu'Il veut bien encore m'offrir pur que je m'amande, pour que je grandisse. J'apprécie donc plutôt le début que la fin. Mais cette attitude est peut être liée à mon veuvage précoce? Mon Dieu, comme j'aimerai accepter ce qui est...

Portrait de Mamz'Elle

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai compris qu’en toutes circonstances,
j’étais à la bonne place, au bon moment.
Et alors, j’ai pu me relaxer.
Aujourd’hui je sais que cela s’appelle… l’Estime de soi.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai pu percevoir que mon anxiété et ma souffrance émotionnelle
n’étaient rien d’autre qu’un signal
lorsque je vais à l’encontre de mes convictions.
Aujourd’hui je sais que cela s’appelle… l’Authenticité.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J’ai cessé de vouloir une vie différente
et j’ai commencé à voir que tout ce qui m’arrive
contribue à ma croissance personnelle.
Aujourd’hui, je sais que cela s’appelle… la Maturité.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai commencé à percevoir l’abus
dans le fait de forcer une situation ou une personne,
dans le seul but d’obtenir ce que je veux,
sachant très bien que ni la personne ni moi-même
ne sommes prêts et que ce n’est pas le moment…
Aujourd’hui, je sais que cela s’appelle… le Respect.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai commencé à me libérer de tout ce qui n’était pas salutaire,
personnes, situations, tout ce qui baissait mon énergie.
Au début, ma raison appelait cela de l’égoïsme.
Aujourd’hui, je sais que cela s’appelle… l’Amour propre.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai cessé d’avoir peur du temps libre
et j’ai arrêté de faire de grands plans,
j’ai abandonné les méga-projets du futur.
Aujourd’hui, je fais ce qui est correct, ce que j’aime
quand cela me plait et à mon rythme.
Aujourd’hui, je sais que cela s’appelle… la Simplicité.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai cessé de chercher à avoir toujours raison,
et je me suis rendu compte de toutes les fois où je me suis trompé.
Aujourd’hui, j’ai découvert … l’Humilité.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai cessé de revivre le passé et de me préoccuper de l’avenir.
Aujourd’hui, je vis au présent, là où toute la vie se passe.
Aujourd’hui, je vis une seule journée à la fois.
Et cela s’appelle… la Plénitude.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai compris que ma tête pouvait me tromper et me décevoir.
Mais si je la mets au service de mon cœur,
elle devient une alliée très précieuse !
Tout ceci, c’est… le Savoir vivre.

Kim Mc Millen

Portrait de Gilbert

" Accepte ce qui est, laisse aller ce qui était et aie confiance en ce qui sera. "

Bouddha

Portrait de Isabelle

Je me permets de mettre en clin d'oeil, un petit chapitre de "Affirmez la Sagesse Divine", que je lis et relis depuis 3 jours... C'est à la page 80 et le titre est : "La Paix qui fait des Miracles". C'est à mon sens en lien direct avec la citation de Bouddha... "La régénération implique l'élaboration d'une mentalité nouvelle, c'est-à-dire la formation d'une âme nouvelle qui remplacera celle que vous avez maintenant. Cela ne signifie pas amender simplement votre moi actuel cela veut dire façonner (par la puissance de Dieu, cela va s'en dire) un moi nouveau."...

Cette paix n'est donc possible que parce que notre façon d'être sera différente bien entendu... Mais parce qu'il s'agit d'accepter que le temps présent contient tout ce dont notre âme est constituée, le passé et l'avenir en faisant intégralement parti, mais chacun à sa juste place en fonction d'un mouvement permanent également... C'est bien aussi le sens d'une incarnation en somme...

Portrait de Ugo

Je viens de lire un passage du livre " Mettre en pratique le pouvoir du moment présent " d'Eckart Tolle que je trouve trés en lien avec les posts d'Isabelle et de Gilbert. Il y est écrit : " Ne cherchez pas à trouver un quelconque autre état que celui dans lequel vous êtes dans l'instant présent. Sinon vous instaurez un conflit intérieur et une résistance inconsciente " et plus après : " Tout ce que vous acceptez totalement vous conduit à la paix. C'est le miracle du lâcher-prise. "
C'est alors le renoncement à toute situation qui n'éxiste pas à l'instant " t "...

Portrait de Floriane

On n'a d'autre choix que d'accepter ce qui est, et donc de renoncer à ce qui n'est pas, que l'on n'a pas.

Un jour quelqu'un m'a dit: "si la chose à laquelle tu tiens le plus au monde s'en va, laisse-la partir et si elle te revient, elle sera à toi pour toujours.", et ceci aussi : "il faut parfois savoir renoncer pour avancer."

Portrait de Gilbert

Bonjour tout le monde,

Ayant remarqué que cette discussion intéressait pas mal de monde et sachant, Mireille, que vous êtes chétienne, je voudrais évoquer le Père Jacques Breton qui a su, malgré les différences de doctrines, concilier le bouddhisme Zen et le Christianisme. Il est l'auteur d'un ou deux livres sur le sujet et anime un lieu de méditation à Paris : le centre  " Assise ". Voici ce qu'il dit, lors d'une homélie à propos du renoncement :

Choisir une vie consacrée, de renoncement, c'est l'engagement profond, total, envers le Christ en moi, dans la simplicité du quotidien...

Je tenais à l'évoquer ici car il y a environ 25 ans, très mal dans ma peau, je lui ai écrit et malgré ses activités multiples, il m'a répondu et adressé à un prêtre de ma région. Cela a été le déclencheur d'un désir de travail sur moi en profondeur. J'ai commencé à renoncer à mes illusions dans la simplicité du quotidien  : sacré avantage ! Mais comme rien n'est acquis, je suis toujours en chemin jour après jour. Amitiés !

Portrait de Sylvie

Qu'il s'agisse de Bouddha, du Christ ou encore de la psychanalyse,  l'enjeu est  de renoncer à être qui on est pas et de centrer notre énergie pour  devenir de plus en plus qui nous sommes vraiment. L' auto-évaluation permet de se poser des questions simples dans ce sens et nous sommes les seuls à pouvoir y répondre.  Cela commence par "est-ce que je peux où est-ce que je ne peux pas?" nous interrogeant ainsi sur nos ressources véritables.  Ensuite vient la question " je veux où est-ce que je ne veux pas ?" Après cette suite de questions nous sommes en mesure de savoir si nous pouvons et voulons acter d'un désir et si c'est le cas alors il nous appartient d'aller jusqu'au bout de sa réalisation. Mais si l'auto-évaluation nous a amenés à constater que nous ne pouvons pas ou alors que nous ne voulons pas,   renoncer revient alors à être au clair avec son moi profond.  Ainsi, agir ce que les bouddhistes appellent la voie de la réalisation de son Bouddha intérieur revient à affirmer et réaliser notre inné tout en se simplifiant la vie en accepter de renoncer à être quelqu'un d'autre que soi.