Les commérations deviennent-elles des occasions de divertissement ?

Portrait de Gabrielle

Ma question est inspiré par l'anniversaire de la bataille de Verdun. Je suis un peu partagée. Certes, nous nous devons à un devoir de mémoire mais est-ce que les medias n'en font pas un peu trop. 3 films ce soir à la télé sans compter la une des journaux et des magazines. Est-ce vraiment le devoir de mémoire qui motive tout cela ? J'avoue que je me pose humblement la question... Si au moins cela servait au " Plus jamais ça ! ". Je l'espère en tout cas. Quel est votre avis ?

Portrait de Louis

Je pense que vous n'êtes pas la seule à vous interroger sur cette question. Le philosophe Paul Ricoeur - que j'apprécie beacoup - disait :  « Je reste troublé par l'inquiétant spectacle que donnent le trop de mémoire ici, le trop d'oubli ailleurs, pour ne rien dire de l'influence des commémorations et des abus de mémoire et d'oubli ». La question à se poser étant : qu'est-ce qu'on veut nous faire oublier du présent en se focalisant sur le passé. Sans compter que le travail de deuil et de pardon peut difficilement se faire à force de rabâcher le passé. Se souvenir pour ne pas oublier, oui je suis d'accord. A condition de ne pas répéter. Et là, on n'en est pas sûr du tout effectivement.

Portrait de Régis

L' Histoire, à mon avis, n'a de sens que si elle permet de tirer des leçons du passé. Il est fort possible que ces commémorations y aident, à condition de les relier à notre temps. Sinon, elles risquent effectivement de nous fixer au passé. Paul Ricoeur parle aussi d'abus d'oubli. Car il est certain que l'on se souvient surtout de choses qui nous arrangent au détriment d'autres dont on ne parle pas. Je pense à la guerre d'Algérie - plus proche de nous - mais qui reste encore tabou dans les manuels d'Histoire (par exemple !).

Portrait de Jean

Puisque nous sommes sur le terrain de la philo avec Ricoeur, je pense au terme " divertissement " qui nous éloigne de la réalité. Il est sûr que pendant qu'on accapare les medias avec le trop de commémoration, l'esprit est " diverti " de certains problèmes de société actuels. Mais ce doit-être de bonne guerre !