Les dangers de la pensée unique en spiritualité ?

Portrait de Gilbert

J'ai lu un article qui m'a interrogé dans Signes & sens et auquel j'aimerais bien réagir. Il s'agit de " Sectes : les dérives de l'illusion religieuse " : http://www.signesetsens.com/psycho-psychanalyse-protection-sectes-les-de...

Ce qui me passionne sur ces forums et qui me fait avancer, c'est que la spiritualité est abordée en lien avec la vie quotidienne, indépendamment de tout dogme religieux, le bouddhisme faisant bon ménage avec la pensée chrétienne, voire avec l'agnosticisme. Lorsqu'on voit les dégâts que peuvent faire l'intégrisme religieux et sa vision sectaire de la divinité, c'est un vrai ballon d'oxygène que de venir partager ici. Mes interrogations sont donc celles-ci. Quels peuvent être les dangers de la pensée unique en spiritualité ? Peut-on parler de spiritualité dans ces cas-là ? N'est-elle pas une fuite du réel, ce qui donne raison à la notion de névrose obsessionnelle dont parle Sigmund Freud ? Comment discerner une spiritualité authentique de l'illusion, voire de la folie sectaire ?

André Malraux ayant dit " Le XXIème sera spirituel ou ne sera pas ", il me paraît important de discerner le bon grain de l'ivraie en la matière. En tous cas je serais heureux de partager avec vous sur ce sujet.

Portrait de Jean

Dans un ouvrage consacré aux sectes, l'auteur va jusqu'à dire que l'Eglise catholique est une secte qui a réussi. En Inde, il y a une multiplicité de groupes spirituels et on parle de sectes. Ce mot, dans le langage, évoque effectivement  une coupure. Je pense que chaque fois qu'une organisation humaine, quelle qu'elle soit renvendique détenir La Vérité, il y a danger. C'est valable sur le plan religieux tout autant, à mon avis, que sur le plan politique. On a vu les horreurs qu'ont engendré, au XXème siècle, les idéologies.

Nous sommes, il me semble, arrivés à un moment où les gens ne croient plus véritablement aux valeurs essentielles et sont de plus en plus angoissés, fuyant à corps perdu dans l'illusion (appelée maya par la tradition orientale). Résultats : l'intégrisme en tous genres, à la fois politique et religieux montre sa face hideuse donnant libre cours à la psychose dans tous les sens du terme. J'ai lu ici qu'était même évoqué le danger d'une guerre civile à venir, ce qui ne me paraît pas exclu si le bon sens ne reprend pas sa place. Tout cela pour dire que vos interrogations, Gilbert, recouvre un vaste champ de réflexion qui me paraît avoir sa place, aussi bien au niveau individuel que collectif, et au-delà de la Pensée unique, la pire de toutes...

Portrait de Juliette

Aujourd'hui une chanson a remué mon coeur au plus profond. J'ai visionné un vidéo où un prêtre irlandais a été filmé lors d'un mariage en train de chanter "Alléluia " de Léonard Cohen. Cette chanson m'a toujours bouleversée parce qu'elle parle de la difficulté d'aimer, de la trahison. Je n'arrivait pas à comprendre pourquoi le prêtre avait accepté, via la demande du couple, je suppose, cette chanson. L'interprétation était très belle ! 
Je me suis même braquée. Il m'a fallu la journée pour comprendre que cela touchait un affect chez moi. A 15 ans, lors de ma préparation à la confirmation ou profession de foi, je ne sais plus, j'avais posé une question à un évèque : "Pourquoi l'église refuse la communnion aux divorcés, l'église est la maison du pêcheur ?". J'ai eu le reste, ça ne lui a pas du tout plus. J'ai compris qujourdhui que j'étais resté en colère contre l'église qui ne devrait être qu'accueil car Dieu n'est qu'amour. Mon arrière grand-mère a fini à la fosse commune (elle était divorcée, libre penseur et a eu une vie amoureuse assez "légère " !), ma grand-mère est divorcée, ma mère aussi, ses soeurs aussi, toutes excommuniées.  A l'église, on n'a pas droit à l'erreur et il y a un lourd passif dans notre famille surtout que la trahison est assez compulsive aussi.
J'ai donc développé, comme un défit inconscient, vivre une vraie histoire d'amour sans trahison, sans erreur. Surement pour redorer le blason familiale et être acceptée à l'église. Le mariage à l'église, je le voyais comme celui d'un amour pur, à la Roméo et Juliette (je sais, il n'y a pas de hasard). D'où l'hystérie qu'a déclenché cette chanson chez moi, pour un jour de mariage. 
Ce prêtre est dans l'accueil en chantant cette chanson puisqu'il accepte ce couple avec ses différences, ses imperfections, ses erreurs présentes et avenir. Il désidéalise le mariage dans le sens où rien n'est acquis et qu'aimer l'autre est un art qui se travaille comme le dit Erich fromm. Il donne une place à chacun de nous dans son église.
Tout ça pour dire qu'en m'opposant au dogme de l'église, je n'ai pas fait mieux qu'eux et que la seule voie possible est l'accueil. Evoluer dans ma spiritualité n'est pas chose simple, un petit pas chaque jour et elle passe par lâcher la pensée unique souvent liée à des angoisses et des peurs.

Portrait de Cécile

Paradoxalement c'est mon fils qui va avoir 25 ans dans quelques jours qui m'a fait connaître cette chanson de Léonard Cohen reprise avec une sensibilité hors du commun par Jeff Buckley. Lui qui était fan de rap a craqué pour cette interprétation au cours de laquelle le mot " Alleluïa " signifiant " Louez Dieu " est prononcé 25 fois. J'ai vu aussi cette vidéo qui a " évangélisé " en quelque sorte des millions d'internautes, dont beaucoup ne mettaient plus le pied dans une église. Les voies de Dieu seront toujours impénétrables. Ceci pour vous dire que votre témoignage, Juliette, m'a beaucoup touché. Oui, l'Eglise et ses paroissiens sont parfois " coinçés " dans leur dogme, mais la spiritualité, l'Esprit de Dieu, passe partout même si un prêtre ancien musicien pousse la chansonnette dans un temple... Je ne peux m'empêcher de vous donner le lien. Ce prêtre chante très bien !!!

http://www.charentelibre.fr/2014/04/11/le-pretre-chante-et-sublime-halle...