Les gens qui manquent de reconnaissance vis-à-vis d'autrui sont-ils normaux ?

Portrait de Christine-zen

Je discutais cet après-midi avec une amie. On faisait le constat objectif qu'on a tendance toutes les deux à aider dès qu'on le peut mais qu'en fait, il y a rarement de reconnaissance de la part de personnes que l'on a aidées. Non pas que nous attendions un retour quand nous posons un acte altruiste, mais c'est une constatation récurrente. Ce qui m'amène à vous demander si les personnes qui ne sont pas reconnaissantes vis-à-vis d'autrui sont normales ?

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Il est intéressant que vous posiez cette question, Christine-zen, dans la rubrique Santé...  Sans entrer dans la polémique subjective normal/anormal, je dirais que le type de personne dont vous parlez manque de maturité . Ce qui représente à mon sens un problème de santé psychique. Ce comportement témoigne en effet que ces gens là seront incapables à leur tour d'aider autrui, ce qui peut, à terme, tarir une certaine harmonie relationnelle naturelle. C'est comme s'il raptaient une énergie et la gardaient pour eux seuls. Le sentiment de toute puissance n'étant pas loin, la grenouille de la fable qui veut se faire plus grosse que le boeuf risque d'exploser. A mon sens donc, celui qui ne reconnaît pas que quelqu'un un jour l'a aidé se met, à plus ou moins longue échéance, en danger. C'est comme s'il ne reconnaissait pas qu'enfant, il y a eu des personnes qui lui ont donné à manger, qui l'ont soigné, qui l'ont consolé, bref qui l'ont aimé (même maladroitement). C'est pour cela que dans une cure psychanalytique, il est très important de réhabiliter les parents même s'ils ont été perçu mauvais. Car il s'agit bien de reconnaître que ceux-ci ont vécu avant nous et que s'ils n'avaient pas été là, nous ne serions tout simplement pas. La Bible parle d' " honorer ses parents ". Il s'agit d'une forme de  " reconnaissance ". La reconnaissance est à différencier de la dette. Comme vous le dites justement, vous n'attendez rien en retour de la part des personnes que vous avez aidées. De la même manière, les parents ne devraient rien attendre de leurs enfants. Pourtant ces enfants devraient être reconnaissants pour  " eux-m'aime " et ne jamais oublier d'où ils viennent. Personne n'est issu de la génération spontanée !

Portrait de cricri

Tout un chacun a rencontré de ces personnes que l'on a vraiment beaucoup aidées et qui donnent l'impression de l'avoir oublié. Mais, à mon sens, elles ne l'ont jamais su au sens d'une prise de conscience suffisante et possible chez elles. En ce qui me concerne, je crois qu'il s'agit là d'une
pathologie, comme le dit Gilbert R., car devant la non-reconnaissance, on ne juge pas dans la mesure où on voit bien qu'il y a une anomalie psychologique. Ces personnes imaginent que ce qu'elles ont obtenu c'est grâce à elles, à leurs compétences, à leur intelligence... Elles ignorent le
nombre de coups de pouce dont elles ont bénéficié. Mais, même si vu de l'extérieur et rapidement on a le sentiment que tout leur est facilité, malheureusement, un jour ou l'autre leur chemin les mettra face à elles-mêmes parce qu'essayez de dire à ce genre de profils que quelqu'un les a aidés
un jour et vous verrez qu'ils se mettent en colère, qu'ils revendiquent leur position... C'est triste
parce qu'ayant coupé la chaîne, à un moment ils se trouvent seuls face à leur destin et ayant refusé

de voir les mains qui leur avaient permis d'accéder à leur " réussite ", ils n'en trouvent plus pour prendre la moindre responsabilité dans leurs échecs... Le Christ a dit que " nul n'est prophète en son pays ". Donc le problème n'incombera jamais à la personne qui a aidé, mêle si parfois cette
aide peut être maladroite, mais il incombera à ces indifférents genre prétentieux, pour ne pas dire
vaniteux... Que serions-nous si nous n'avions pas rencontré l'altruisme sur notre route et ce, plusieurs fois dans notre existence ? J'insiste donc bien : la non-reconnaissance est une forme de

pathologie mentale, déguisée et masquée pendant un certain temps mais qui finit toujours par émerger et quelle que soit la catégorie sociale ou le milieu familial. J'ai eu une de mes tantes par alliance qui a fonctionné comme ça. Ma mère l'avait accueillie en lui faisant une grande place et en

l'aidant beaucoup financièrement. Elle a séduit le frère de ma mère qui avait beaucoup d'argent.
Cette tante a alors changé de cap, s'est fait épouser par mon oncle fortuné et a joué à la dame. Petit à petit, elle a posé comme une sorte de déni sur ma mère, allant jusqu'à raconter les pires
horreurs sur elle. Cette tante a d'abord eu un cancer sur une corde vocale et a ensuite développé la maladie d'Alzheimer... Eh oui, elle avait " oublié " tout ce que ma mère avait fait pour elle...

Portrait de Danièle-Dax

Je suis d'accord avec tout ce qui vient d'être dit: les personnes non reconnaissantes ne sont pas normales. Je ne crois pas non plus qu'il faille s'attarder sur elles parce qu'elles sont leur propre bourreau. Je peux prendre un exemple pour justifier ma pensée. Dans la famille de ma belle fille, il y a eu un cas de non reconnaissance. Il s'agit d'un couple qui avait hérité de ses parents (grosse fortune) de leur vivant. Quelques mois après que ces personnes âgées ont signé en faveur de leur fils, celui ci ("conseillé" par sa femme), les a placées dans une maison de retraite... Ce vieux couple ne s'y est pas plu du tout et le Monsieur et sa femme sont morts peu de temps après dans cette maison de retraite et à six mois d'intervalle... Un an après environ, leur fils a fait un accident vasculaire cérébral et maintenant c'est un légume... dont sa femme est obligé de s'occuper...

Portrait de Sofia M

La non-reconnaissance est l'apanage de gens anormaux. N'ayons pas peur des mots... Ils fantasment que tout leur est dû parce qu'ils se croient au-dessus de la mêlée. C'est vrai qu'on rencontre ces " phénomènes " partout et, comme ça a déjà été dit, jusque dans les familles bien entendu... Des amis de mes parents vivent cette situation dramatique avec un de leurs enfants, un bon à rien qui leur en fait voir de toutes les couleurs. Ces parents sont accablés mais ils disent eux-mêmes que leur fils n'est pas normal. Ils assurent comme ils peuvent avec un argument intelligent pour supporter le moins mal possible l'enfer qu'ils vivent au quotidien : ils disent que si ils avaient un enfant trisomique, il faudrait bien qu'ils s'en occupent, donc avec leur fils qui ne réalisent absolument pas ce que ses parents font pour lui, ils l'aident comme ils le peuvent, sachant que leur jeune est tellement à l'Ouest qu'il ne réalise rien du tout...

Portrait de Orlan

Comme pourraient le dire les psychanalystes, les gens non reconnaissants ont un surmoi faible et ce, quelle que soit leur situation professionnelle... Pour moi, ils sont plus à plaindre qu'à blâmer parce qu'effectivement, ils ne sont pas dans la réalité...
Étant comptable, je me suis décarcassé pour un cousin qui avait fait de mauvaises affaires pour essayer de le sortir de là... Je l'ai présenté à un ami avocat qui lui a pris des honoraires très faibles. Ce cousin, pour justifier sa faillite, est allé raconter partout que j'étais incompétent... Sauf que mon entreprise est reconnue et que lui maintenant travaille comme manutentionnaire dans une usine.
Un exemple, parmi tant d'autres, qui atteste de l'anormalité des gens non reconnaissants.

Portrait de Cécile

Pour appuyer votre exemple Orlan, un de mes amis psys m'a raconté qu'il a proposé à une personne souffrant de TOC depuis des années et dépensant tout son argent dans des factures d'eau de l'aider gratuitement par téléphone. La seule contrainte étant que ce soit lui qui appelle. Sauf qu'il n'a pas honoré le 3ème rendez-vous téléphonique et qu'il est allé dire à une connaissance commune qu'il avait arrêté car il savait que cela ne servait à rien, sans s'en être expliqué à mon ami psy... Exemple parlant d'une non-reconnaissance de la main tendue qui conforte cette personne dans sa pathologie. Dramatique !

Portrait de Jean

Ayant la foi, je comprends mieux - à l'aide de tous vos commentaires - combien la gratitude (autrement nommée " prière de louange ") est importante dans une pratique spirituelle. Il s'agit en effet de reconnaître que la Vie nous est donnée et que nous ne l'avons pas créée. Simple bon sens qui nous préserve de la maladie spirituelle qui consiste à se prendre pour Dieu le Père. Pourtant il suffirait d'une simple prise de conscience pour retourner à sa juste place et en être comblé. La parabole du Fils prodigue dit tout. Il est toujours temps de reconnaître son Père... qui ne juge pas

Portrait de Sylvie-0570

Je travaille dans l'événementiel.
J'aime énormément mon métier mais il faut savoir que si il y a un secteur dans lequel l'indifférence règne, c'est bien celui-ci... Moi aussi j'ai un exemple qui démontre bien que les gens non reconnaissants ont une case de vide !
La boîte s'occupe, entre autres, de l'organisation de Salon du livre. Une de mes amies avait beaucoup insisté pour que nous accueillons un auteur jusque-là inconnu... J'ai fait en sorte que ma direction accepte de lui fournir un petit bout de stand pour une somme ridicule parce que ce Monsieur à l'époque n'avait pas d'argent...
Il se trouve que cet auteur est devenu par la suite un écrivain... Et quand il me voit maintenant sur les Salons, il ne me salue plus !!! C'est vrai qu'il passe maintenant à la télé, à la radio, et tout et tout... Il est devenu suffisant et hautain... Il a juste " oublié " que lors du premier Salon où il est venu, je lui ai payé avec mes deniers personnels, son sandwich, sa boisson et son café parce que visiblement, ses poches étaient vides de la moindre monnaie...

Portrait de Christine-zen

Vos avis me confortent dans ce que je pensais être des lacunes psychologiques (je ne sais pas comment formuler cette pathologie) existant chez les individus indifférents à l'apport de leur entourage à leur égard.

Je sais que les religions nous inscrivent dans le lien respectueux au père pour que la filiation ne dégénère pas. Mais ce qui m'a fait lancer cette discussion, c'est de constater combien des personnes normales en apparence sont dans le déni de l'aide qui leur a été apportée... Effectivement, c'est un drame pour elles car elles sont dépourvues du moindre bon sens... Ainsi sont-elles potentiellement en train de s'égarer mais là, plus personne ne pourra les aider... À part la psychiatrie ?

Portrait de rosaliehlene

Avant de se demander si les gens "non reconnaissants" sont normaux ou pas il me semble qu'il serait intéressant d'aller plus loin dans l'analyse de phénomène lui même. 

Au départ il s'agit d'une chose simple: quelqu'un a fait quelque chose pour vous et vous le remerciez et gardez le souvenir de son acte généreux. Cela devrait créer entre les deux parties concernées un lien positif et durable.

Dans la réalité ce n'est pas si simple. Que nous le voulions ou non le service rendu rend la personne "redevable". Et c'est l'évaluation de la dette qui crée le problème. Car les deux parties ont généralement une évaluation différente.

Prenons l'exemple parents enfants. Certes nos parents nous ont nourri, éduqués, protégés et nous devons leur en être reconnaissant. Jusqu'à quel point? Certains parents se contenteront de visites, de quelques messages heureux qu'ils sont de savoir qu'ils ont bien fait leur boulot  et que l'enfant est capable de mener sa vie seul. D'autres hélas rappelleront toute sa vie à l'enfant la dette contractée et à la moindre occasion pratiqueront un chantage affectif fondé généralement sur " après tout ce que j'ai fait pour toi". La copine d'un de mes amis se flatte d'avoir prévenu ses enfants qu'une fois adultes ils devraient la prendre en charge financièrement. Et ma voisine a complètement sacrifié la vie de son fils aîné parce qu'elle ne voulait pas rester seule. Il est mort d'épuisement il y a deux mois et maintenant elle phagocyte le suivant dont le couple est en train de sombrer de ce fait. Ce genre de rapport ne se limite pas à la famille. Je vous suggère de lire ou de relire " the devoted friend " d'Oscar Wilde qui décrut merveilleusement le phénomène. 

L'ennui c'est que la personne qui un jour ou l'autre a eu à se dépêtrer de ce genre de relation va devenir plus que méfiante. Lorsqu'on proposera de lui rendre service toutes ses alarmes intérieures vont se déclencher et si elle accepte tout de même l'aide proposée ce sera avec la peur de la note à payer ensuite.

Naturellement il existe des gens égoïstes et ingrats, et c'est peut être une pathologie, mais il y a sans doute aussi beaucoup de "chats échaudés" qui ont besoin de prendre conscience de leur blessure pour pouvoir la guérir.

Portrait de Roland Ferrandi

Tout acte de don attend toujours un retour, et celui qui pense donner  (et qui souvent donne), attend toujours une reconnaissance de son acte, et par là même la reconnaissance de sa personne. Ne dit 'on pas que même les saints, qui se vouent corps et âme  tout à dieu , attendent toujours la promesse de la recompense et d'un paradis . Cela me semble il est humain et normal, tant que nous sommes dans nos vies d'hommes et de femmes, dans notre "enveloppe"pourrait on dire.ceux qui semblent ne pas appliquer  le retour du don , sont ils "normaux", sommes nous "normaux"?

servons nous de cela pour savoir si nous avons toujours aussi donné en retour quand on nous à donné , je veux dire en cela ce qu’attendait l’autre , car c'est ceci qui nous fera le + comprendre cela. D’autre part savons nous recevoir, le voulons nous? saurons nous donner ce dont l'autre a besoin (non ce qu'il veut).

 

le second point est que notre systeme actuel , n'est que peu basé sur l'échange, mais sur le profit immédiat. il n'est que de le constater , est c'est cela qui est difficile. le systeme “je prends et je jette” ou le systeme supermarché,  tel qu'il est est une suite , une "causalité"et on pourrait en débattre longtemps , et nous en débattrons, mais c'est la réalité du moment alléatoire et incomprehensible mais  à combattre le reel on se combat soi même à savoir qu' accepter le reel n'est en rien se soumettre .

Portrait de Sofia M

Le Christ a dit que " Nul n'est prophète en son pays "... Cette Parole peut être abordée comme une assurance et une consolation éventuelle. Effectivement, j'ai souvent constaté dans ma vie que les remerciements, la reconnaissance, ne venaient pas souvent des personnes que j'avais aidées. En revanche, il m'est arrivé de recevoir des marques de gratitude de personnes vis-à-vis desquelles je n'avais fait que mon devoir et parfois peu de choses pour elles...
Ainsi, je pense que ce retour, cette approbation, cette appréciation positive dont nous avons besoin humainement, ne serait-ce que pour nous conforter que nous avons " bien fait " et nous inciter à continuer sur la voie de l'altruisme, nous revient toujours...
Ensuite, pour ce qui est des personnes qui ne savent pas remercier, personnellement je les plains parce que selon moi, leur narcissisme les aveugle... Je ne les envie pas et j'espère de tout cœur ne jamais oublier toutes les mains tendues que j'ai eues sur mon chemin et qui m'ont permis de prendre le bon escalier et de gravir de solides marches que je continue à monter grâce à la générosité de belles âmes dont je sais tout de même qu'elles existent en grand nombre...