Les tests d'intelligence ?

Portrait de Ludo_437

Des amis de mes parents semblent rencontrer de grandes difficultés avec leur ado, notamment au niveau de ses résultats scolaires au collège. Du coup ils l'imaginent surdoué et envisagent pour lui des tests d'intelligence...
Avez-vous un avis sur la question ?

Portrait de Frédérique Tirtiaux Psychanalyste Art-thérapeute

L’adolescence est une période difficile pour l’enfant qui est en phase de devenir adulte.

 

Actuellement, on cherche à comprendre de façon rationnelle et à mettre une étiquette sur chaque cas, afin de ne pas souffrir face au réel mal être de ces jeunes. Il y a de plus en plus d’enfants qui sont touchés par la précocité, alors que cela a toujours existé….

 

Mettre un nom sur un mal, n’a jamais réglé, ce pourquoi il est mal, ni de trouver les bons « maux » pour l’aider.

 

Mon expérience personnelle (dans une association depuis plus de 12 ans), d’écoute de parents et même d’enfants m’a prouvé qu’ils avaient les mêmes difficultés à surmonter avec plus de questions car ils ont une propension certaine à devancer les étapes….

 

La psychanalyse à croisé mon chemin et ne m’a plus quitté à la suite d’un narcissisme très faible qui m’a conduit à passer des tests. La suite n’est que la résultante d’un travail personnel persévérant… tout dépend de la façon dont on fait usage des outils que l’on nous tend.

 

Votre intelligence de cœur Ludo me fait penser que vous en ferez bon usage…

Portrait de Isabelle

Bien que n'ayant aucune expérience dans ce domaine, contrairement à Frédérique, j'ai quand même envie de répondre à mon tour... Pour ma part déjà, je suis tout à fait d'accord avec ce que dit Frédérique... Le mal-être en lien à l'adolescence n'est pas nécessairement lié à une précocité du jeune en question... Ou alors la majorité des adolescents souffrent de précocité ! Qui plus est, à force de chercher à tout étiqueter, on fabrique encore plus de difficultés au bout du compte... Il me semble, qu'à l'heure actuelle nous cherchons absolument des réponses, en récupérant tout un travail développé entre autres, en France par Françoise Dolto... A des fins de déculpabilisation de parents qui se sentent démunis (ce qui est réel)... Mais c'est véritablement de la mauvaise récupération, dans la mesure ou déjà, à l'origine ces tests avaient leurs raisons d'être en lien à un contexte direct d'après-guerre avec leur cortège de traumatismes...

Dieu merci, un bon nombre de parents, remplissent leur devoirs parentaux du mieux qu'ils le peuvent... Et même si les "errances" diverses et variées de nos adolescents sont elles aussi bien réelles, ne s'agirait-il pas de se pencher intelligemment sur les aspects sociétaux actuels, qui bouleversent bien des schémas familiaux en particulier... D'ailleurs, il semble qu'il y ait de plus en plus de jeunes en difficultés quand au choix spécifique dans l'orientation de leur sexualité aussi... A force de libéralisations démagogiques voulues par nos dirigeants, nous sommes surtout en train de fabriquer une réelle perte d'identité... S'ancrer dans son identité étant une des étapes difficiles en lien direct à l'adolescence en tant que telle...

Portrait de Gilbert

Je suis entièrement d'accord avec la position d'Isabelle. Ayant passé des décennies au sein de l'Education Nationale, j'en ai une petite expérience. Lorsque l'enfant posait problème et qu'il venait d'une couche défavorisé de la population, il était le cancre et on le mettait dans une classe dite de " perfectionnement ". Entre parenthèse, une voie de garage. Ces classes n'existent plus. En charge de ces classes, en 20 ans de carrière, je n'ai jamais eu d'élèves issus de parents exerçant une profession équivalente à celle du cadre moyen. A l'époque, des années 70 à 80, je n'ai jamais entendu parlé de " surdoués ". A partir des années 90, l'échec scolaire touchant un éventail plus large de la société, tout élève en difficulté était peut-être un surdoué... Pourquoi pas ? C'est quand même mieux que cancre ou " sous doué ", on s'arrange comme on peut. L'important pour moi, c'est la prise en compte de la souffrance d'un enfant à l'école, quelle que soit son étiquette. Qu'il soit surdoué ou sousdoué, il est mal dans sa peau et en décalage par rapport aux autres. Certes, les méthodes pédagogiques sont intérrogées mais pas que !  L'histoire de chaque enfant et sa perception consciente et inconsciente devrait être prise en compte. Le dialogue est la première des choses à instaurer dans une famille où est évoqué ce type de problème. Quant au tests, pourquoi pas ? A condition de ne pas en faire une idéntité. N'oublions pas que les tests ne mesurent en aucun cas l'intelligence mais la rapidité d'exécution d'une compétence par rapport à une statistique. Il n'est à aucun moment question de l'unicité de l'être. Or, l'ado des amis de vos parents traverse certainement une période de remise en question et d'opposition courante dans beaucoup de famille. Mon propre fils a eu une scolarité primaire et de début de collège parfaite. Puis, il a commencé à dégringoler scolairement jusqu'à désirer ardemment quitter les bancs du collège. Sans doute ou peut-être par opposition à un père enseignant. Aujourd'hui il travaille dans la restauration rapide, vit une vie de couple équilibré et élève harmonieusement son jeune fils de 2 ans. Et je suis fier de lui ! Peut-être est-il un surdoué de la vie, ce qui est beaucoup mieux qu'un surdoué des études et un handicapé du bonheur ! Petit coup de gueule pour assurer tout parent inquiet qu'un adulte en devenir a beaucoup plus de ressources que ce que l'on pense. Il suffit d'accepter qu'il quitte le nid de nos certitudes !

Portrait de Soso

En tant qu'enseignante, je n'accorde aucune importance et aucun sérieux à ces fameux tests d'intelligence car ils considèrent (au nom de quoi on n'en sait rien !) que la rapidité des réponses est le critère positif n° 1 ! Il est bien entendu qu'une aptitude à réagir rapidement est un élément
qui peut contrecarrer l'inintelligence mais jusqu'à un certain point. On ne va pas revenir sur le démarrage difficile de la vie d'écolier d'Einstein ! Dans ce que j'induis, je fais largement allusion à des profils psychologiques différents : certains élèves réfléchissent avant de répondre car ils n'ont
pas envie de dire des sottises. D'autres répondent des âneries alors qu'ils n'ont même pas fini d'écouter la question ! Pour en revenir à votre post Ludo et pour résumer, les tests dits
d'intelligence sont donc des tests de rapidité ! Il existe cependant, et heureusement, des tests d'aptitude pour lesquels le temps n'intervient qu'à minima, sauf que la pression est tout de même présente...
Selon moi, mesurer l'intelligence est une absurdité qui, comme l'a très bien souligné Gilbert, oublie juste les potentialités intrinsèques de l'élève, ainsi que ses dons et autres désirs légitimes qui peuvent être muselés par ce que les psys appellent une angoisse de castration. J'en profite pour raconter une anecdote pathétique : dans mon département, sévit depuis de nombreuses années un psychologue scolaire qui a fini par s'installer à son compte. Cet homme voit des surdoués partout ! Chaque fois qu'un parent lui amène son enfant en grande difficulté scolaire, genre dernier de la classe, c'est un surdoué ! De fait, la clientèle de ce Monsieur est énorme et son cabinet ne désemplit pas !!! Les quotients intellectuels exceptionnels de sa jeune clientèle font exploser les
statistiques !!! Finalement, il n'est pas " idiot " du tout car son tiroir-caisse se remplit allègrement !!! Discutable aussi les employeurs qui s'intéressent de plus en plus aux tests de QI. Vous savez les
fameux points forts et les détestables points faibles... Les axes essentiels combinent des résultats symboliques quant à la compréhension et à la restitution de l'expression verbale, l'assimilation numérique, la logique de raisonnement, l'appréhension spatiale, les coordinations graphiques, entre autres...
En ce qui me concerne, je n'ai aucune idée de ce que vaut mon quotient intellectuel et je ne veux surtout pas le savoir... En revanche, quand je me traite d'idiote, ce qui m'arrive de temps en temps, je me réconforte tout de suite en me disant que l'être humain n'utilisant ses capacités intellectuelles qu'à 2 ou 3 %, ça me laisse une marge de progression suffisante pour ne pas mourir complètement débile...

Portrait de Ludo_437

Vous avez parfaitement répondu à mes attentes... Je me doutais un peu de l'inconvénient majeur de ces grilles de lecture qui mettent tout le monde dans le même panier ! Je sais aussi que ça fait des années qu'on cherche à former les demandeurs d'emploi aux réponses qui seraient idéales face à l'employeur potentiel et que ça ne sert strictement à rien... De toute façon, le drame de notre société c'est qu'elle cherche à faire entrer tout le monde dans le même moule, sauf que les sensibilités sont différentes.. Mais la différence fait peur... Aux imbéciles ???

Portrait de Gilbert

Je reviens appuyer Soso... Un test effectué par un psychologue scolaire est gratuit et n'est qu'un élément du diagnostic quant à un élève en difficulté et n'est pas obligatoirement demandé. Aujourd'hui, les parents peuvent aller faire tester leurs gamins dans le privé ou chez des psychologues scolaires " intelligents " quant à leur tiroir caisse. Il faut savoir que cela coûte des centaines d'euros... pour rien ! L'élève n'est pas plus " avançé " après qu'avant, sauf que ses parents on payé pour s'entendre dire que leur rejeton est exceptionnel, peut-être un génie ! Sauf que les désordres psychologiques s'amplifient à mesure que le QI monte...

Portrait de Hugo Natoli Psychanalyste

A mon humble avis, je pense que la " vraie " intelligence est la capacité dont dispose tout être humain à faire du lien avec le reste de l'humanité, tout en se détachant de sa famille. Prendre  " ça "  place, quelle qu'elle soit, au sein de l'humanité. Les tests QI et autres ont plutôt tendance à isoler l'enfant des autres enfants pour satisfaire, comme dit plus haut, la famille.
L'intelligence est d'apprécier ( à tous les sens du terme ) le miracle de la vie : apprécier d'être né, apprécier ce que l'on a et apprécier ce que l'on est...
Je peux paraître un peu simpliste, voire  " simplet ", mais mon parcours m'a transmis une chose que j'essaie de ne pas oublier , c'est d'être connecté le plus possible sur la vie. Le grand avantage est que tout un chacun peut accéder à cette école...