L'humilité est-elle nécessaire pour " grandir " en paix ?

Portrait de Danièle-Dax

Hier, j'ai rendu visite à un de mes cousins qui a 75 ans.

Je ne l'avais pas vu depuis Noël et j'ai trouvé qu'il s'était particulièrement voûté...

Sur le chemin du retour, j'ai pensé que l'être humain qui se voûte sous le poids des ans nous donne peut-être à voir que plus on vieillit, plus il faut travailler à être humble afin de quitter cette dimension terrestre débarrassés le plus possible de notre ego... Je me suis même dit que notre mort serait peut-être un peu plus douce en courbant l'échine non par masochisme mais pour admettre que nous n'avons vraiment pas de quoi être orgueilleux, quel que soit notre chemin de vie... Je n'arrive d'ailleurs plus à regarder les émissions qui tournent autour du show-biz tant la prétention plus ou moins affichée - mais bien palpable - est omniprésente sur les plateaux, au point que les animateurs de ces émissions rient maintenant entre eux de leurs plaisanteries internes, excluant de facto le téléspectateur... Ce qui est un comble !

Je lance cette discussion sur l'humilité en tant que vectrice de paix personnelle mais peut-être me trouvez-vous engloutie par ma chrétienté ?

Portrait de Gilbert

Nous allons tous vers notre limite ultime... Je suis d'accord avec cette " idiotie " du paraître que l'on voit sur certains plateaux télé. Je ne supporte pas moi non plus ! Peut-être mon âge qui avance me pousse-t-il à faire des progrès dans mon apprentissage de l'humilité. Je ne vous trouve pas envahie par votre chrétienté mais simplement lucide à propos d'un principe de réalité. Accepter que le corps diminue, c'est à mon sens, s'ouvrir à la grandeur de l'Esprit, sachant, comme le dit Omraam Mikhaël Aïvanhov, spiritualiste bulgare  qu' Aucune prison ne peut retenir l'esprit... Je suis impatient de lire aussi vos remarques, amis foromers, sur ce passionnant sujet... Bon vendredi à tous ! 

Portrait de Isabelle

Je suis d'avis moi aussi, qu'on ne peut pas "grandir" sans développer de plus en plus l'humilité... Et Dieu que c'est difficile au quotidien... parce c'est trés facile de tomber dans le panneau d'une autosatisfaction démoniaque... Je ne dis pas qu'il ne faut pas "s'aimer", car alors, il me semble que nous ne parlons pas d'humilité, mais bien plutôt d'un masochisme... Mais pour être honnête avec vous Danièle-Dax, cette image du corps qui se voute lorsqu'on avance en âge, je la trouve d'une grande justesse... d'autant qu'en la "visualisant", elle m'a permis aussi d'y voir un lien avec la voûte céleste, qui me renvoie à l'Humilité Divine...

Portrait de Viviane

Alors là, personnellement, je préfère, et pour moi ça n'est même pas discutable ! Quitte à être "engloutie"... par ma "bien petite foi chrétienne" que par mon ego démesuré déjà... Mais, et si pour nombre d'entre nous, le corps qui vieillit nous rappelle fondamentalement que nul humain n'est éternel, ce corps vieillissant est aussi là, comme miroir incontournable que notre enveloppe, et "les sens" sont appelés au service de "l'essence"... D'ailleurs, il me semble que c'est aussi un message essentiel que nous a transmis le Christ... et avec beaucoup plus d'humilité que tous les humains réunient...

Portrait de M.Christine

Bonjour à tous . Je viens de m'inscrire sur ce forum que je trouve de qualité .

En ce qui concerne l'humilité, je m'aperçois que c'est une des choses la plus difficiles à atteindre . Même si on s'est débarrassé de l'orgueil ordinaire qui est très visible, on n'en a pas terminé avec lui dans la vie spirituelle . Il est beaucoup plus raffiné, fourbe, rusé . Il a la capacité de prendre les allures de l'humilité à la perfection . Ainsi on peut vivre pendant des années sur une illusion d'humilité, en toute conviction . C'est souvent dans l'aide aux autres, la manie du sauveur, la pitié ... qu'il se cache en nous à notre insu .

Et autant dans la victime que dans le bourreau : la victime dans son sentiment de sainteté en ne réagissant pas face aux "méchants"  ; le bourreau dans son sentiment d'être investi d'une mission (faire bouger les choses) .

Portrait de Orlan

Bonjour M. Christine et bienvenue sur ces forums que je trouve également de grande qualité et auxquels je suis fidèle pour cette raison...

Ceci dit, je rejoins tout à fait votre point de vue : l'humilité reste d'une ambivalence extrême... Je prends un exemple banal qui me concerne. J'ai fait le choix de ne plus donner aux associations caritatives parce que d'une part on ne sait pas où l'argent passe et, d'autre part, j'en ai moi aussi un peu assez des gens de scène qui se glorifient en faisant des spectacles d'une immaturité affligeante sous prétexte de venir en aide ! Je fais donc chaque semaine un don dans une petite paroisse de ma ville dans laquelle je prie. Sauf que chaque semaine, alors que mon don est sincère consciemment, je me demande si je ne cherche pas inconsciemment à être dans un deal avec le Seigneur !!! Il est bien évident que le Christ a dit : " Des actes "... Et là j'ai quand même un peu l'impression d'acter de manière honnête... En faisant ce don pécuniaire, il est certain que je remercie mais, car il y a un mais, il doit bien y avoir une partie de mon psychisme qui attend quelques retours de reconnaissance... Je sais que je ne suis pas parfait mais cette question de comportements humbles au quotidien est sacrément déroutante. Toutefois, le fait de s'interroger quand on acte dans un sens qui se veut potentiellement altruiste évite de se prendre pour Narcisse !

Portrait de M.Christine

C'est vrai que le fait de s'interroger est déjà un grand pas . Combien sont fiers et convaincus de leur admirable générosité !

Moi aussi j'ai arrêté les dons, sauf à une association qui agit contre les mauvais traitements des animaux . Je sais qu'ils font des choses .

En ce qui concerne le dos qui se voûte, je ne sais pas si c'est un symbole d'humilité ... Il peut être le signe d'une trop grande soumission au monde, aux autres ; il peut être un signe de découragement, de lassitude ; il peut être un manque de vision lointaine ; il peut être le signe de quelqu'un qui se laisse pénétrer, vampiriser par manque d'estime de soi ...

Portrait de Jean

Bienvenue M Christine,

Tout est effectivement ambivalence en ce monde et peut se discuter.  Le terme de " soumission " en est un. Employé souvent en religion, il peut faire des dégâts lorsqu'ils est compris d'une certaine façon. Être soumis peut devenir une stratégie pour soumettre. Molière a décrit son " Tartuffe " admirablement. Dans la littérature, on a aussi le " bossu " qui n'est autre que Lagardère dont l'objectif est de venger un assassinat. Mais il me semble que Danièle-Dax parle d'une soumission humble relevant de l'acceptation de nos limites. Celle que symbolise le vieil ermite du Tarot de Marseille, qui avance dans l'obscurité à la lumière d'une faible lampe. L'humilité de la vieillesse. " Je sais que je ne sais rien, et ça je le sais ! " chante Jean Gabin à la suite du vieux Socrate. Une forme de sagesse en quelque sorte... 75 ans, l'âge où, en Inde, les spiritualistes apprennent chaque jour à renoncer. La société védique  ancienne appelle d'ailleurs ce passage l'ordre du renoncement (sannyas en sanskrit je crois) où le méditant se retire du monde pour aller à l'essentiel, à " l'essence " comme l'induit Viviane dans son commentaire. Bon dimanche, Jour du Seigneur,  à tous !

Portrait de yamina.174

Développer son humilité est, selon moi, la voie royale pour " grandir en paix ".

Je m'en explique.

Pour rester dans cette approche très ambivalente de ce sentiment qui est positif en son principe, il est indispensable de guérir de son complexe du sauveur. Y compris avec ses proches. L'humilité c'est accepter que la seule personne que l'on puisse changer, c'est soi. Dans l'image magnifique de la personne âgée qui se courbe au fil des ans, il ne s'agit pas, à mon sens, de soumission. Il s'agit de cette sagesse qui s'est installée au fur et à mesure du déroulement de la vie et qui a fait constater l'impuissance à sauver certaines personnes de leurs errances. L'humilité ne fait pas couple avec la toute-puissance. L'humilité suit l'acceptation de savoir rester à sa place en tout occasion. Elle permet de récupérer une énergie fantastique car, ne nous mêlant plus de ce qui ne nous regarde pas, les conflits avec l'entourage s'amenuisent jusqu'à ne plus exister, ou a minima, ce qui permet de s'interroger pour les sublimer.

Portrait de cricri

Le jour où j'ai admis que chacun avait sa route à suivre (ça n'a pas été sans mal !), j'ai commencé à bien " vieillir " en mon for intérieur. Ça a été une vraie libération. Par le passé, je me collais des poids excessifs et inutiles sur les épaules et j'avais du reste d'énormes problèmes au niveau des vertèbres cervicales. Malgré mon âge, je n'en souffre plus ! J'avais des migraines épouvantables. Je n'en ai plus ! C'est vrai que je ne me prends plus la tête avec ce qu'il n'est pas en mon pouvoir de modifier. Je suis ainsi entrée progressivement dans le monde de l'acceptation. Étant croyante, et sans me prendre pour Elle bien entendu, quand je vois que je pourrais encore m'égarer en cherchant notamment à m'immiscer inconsciemment dans la vie de mes filles très adultes, je pense à la Vierge Marie qui n'a pas pu sauver son Fils. Quel grand modèle d'Acceptation... Ce réflexe de pensée que j'ai maintenant acquis arrête net toute velléité à fantasmer que j'ai le moindre pouvoir sur mes proches. Oui, ce processus de centration, inhérent à la mise ne place - certes progressive - de l'humilité, génère un lâcher prise et donc une paix inestimable.

Portrait de Danièle-Dax

J'ai bien aimé la façon que vous avez eue d'envisager ce sujet.

Dans vos commentaires, beaucoup d'éléments comportementaux à acquérir m'ont intéressée. J'ai beau savoir certaines choses, il m'arrive encore beaucoup trop souvent d'avoir du mal à les appliquer spontanément. J'ai besoin de tous ces rappels en permanence qui, finalement et comme on dit, me rabotent l'ego! 

La sagesse ne s'acquiert pas d'un coup de baguette magique et il est certain qu'elle doit nous aider à gommer au préalable nos défauts husqu'aux moins apparents... En même temps, c'est ce qui rend la vie intéressante...

Portrait de M.Christine

Oui, nous avons tous un point de vue différent mais chacun profond et sincère .

J'ai 63 ans et le problème du dos qui se voûte me concerne personnellement . Ma famille me le fait remarquer et m'encourage à me redresser, aussi bien physiquement que dans l'affirmation de moi dans la vie .

Ce problème est du à de fortes tensions musculaires causées par le stress . Un relâchement (lâcher prise), et j'arrive à me redresser .

Je suis dans une période de ma vie où je prends conscience à quel point je ne me respectais pas . Cette habitude dure depuis l'enfance et je suis en train de la changer . Ce n'est pas facile car je n'ai jamais appris ! Je dois découvrir moi-même la façon d'agir en m'aimant et me respectant, mais sans tomber dans l'excès inverse qui serait la révolte ou le narcissisme ou l'orgueil .

J'ai laissé les autres abuser car je ne leur ai pas donner de limites . Ainsi j'ai attiré des personnes qui n'avaient elles-mêmes pas de limites dans l'autre sens . J'ai porté leurs problèmes . Après ils se sentaient mieux .

Je suis donc en train de redresser la barre, avec la préoccupation constante de maintenir un juste équilibre entre l'amour de moi et des autres, sans rancunes .

Voilà pourquoi j'ai voulu en parler . Merci d'avoir lancé le sujet .

Toute ma vie, j'ai pris cette manière d'être pour de l'humilité, et maintenant je découvre que c'était autre chose .

 

Portrait de Ugo

Je viens un peu tardivement sur ce sujet important, car, à vrai dire, je ne savais pas quoi écrire. Une résistence peut-être... En fait, je pense que c'est un manque d'humilité de ma part. Je ne trouvait pas d'exemple alors que j'en avais un sous les yeux !

Je m'explique : lorsque j'ai vu ce sujet, je me suis dit " oh je sais très bien ce que c'est que l'humilité ! "  et puis lorsque j'ai voulu écrire, rien ne venait... Pas étonnant...

Aujourd'hui je commence à comprendre que l'humilité n'est pas qu' un concept. On ne décide pas d'être humble sur un simple claquement de doigts. C'est tout un travail sur soi et un éveil à la vérité qui est que nous resterons à jamais perfectibles. Donc, en plus, aucun but à atteindre de surcroit pour se glorifier. Juste la sagesse d'être le plus honnête et vigilant possible dans nos comportements.

Bref, j'ai encore beaucoup à apprendre de la vie, et c'est tant mieux !

Portrait de Juliette

Pour moi, ce week-end a été très riche de transmission sur le forum. Vos commentaires m'ont fait beaucoup réfléchir et m'ont permis de mettre en lien ce qui dysfonctionne chez moi actuellement. Cela a été comme si je réalisais vraiment mon mode de fonctionnement et donc ce qui ne va pas. J'arrivais à le voir chez les autres, aucun problème, mais chez moi... Guérir de ce complexe du sauveur me parle et fait parti du travail vers l'humilité. 
Aujourd'hui, je vois ce que je dois travailler et, la seule chose que je sais, c'est que ce sera un dur labeur de chaque jour, l'humilité n'étant pas inné ! 

Hier soir, peu de temps après être allée me coucher, j'ai entendu une homme qui criait "Au secours, au secours, Police" (Un homme saoul). Alors j'ai compris que c'était la bonne direction pour moi.

Portrait de M.Christine

Oui Juliette, ces échanges pleins de bienveillance et de bonne volonté de la part de chacun sont un enrichissement et une stimulation pour avancer toujours plus loin . Je suis heureuse d'avoir découvert ce forum par hasard (mais y a-t-il un hasard ?) . C'est tout à fait l'esprit dans lequel j'espérais échanger : du respect, de la sincérité, de la solidarité, de la compréhension mutuelle ...

J'ai lu récemment que nous avons tous, inscrit au plus profond de nos cellules, dans notre ADN, une sorte de pessimisme, celui qui nous donne des idées noires . Cela serait du à nos vies passées, aux temps préhistoriques, où tout était dangereux : bêtes sauvages, climat, etc ... Nous avions donc un instinct de survie démesuré et avons beaucoup développé notre ego pour nous défendre . Aujourd'hui, il n'a plus cette raison d'être car nous sommes beaucoup plus en sécurité, mais cet instinct archaïque est resté gravé dans le premier chakra, et il est difficile de l'éliminer . Je pense que toutes les phobies inexplicables viennent de là .

Bien sûr, on peut se raisonner, utiliser le mental . Il y a beaucoup de thérapies obtiennent de bons résultats . Mais je pense que la meilleure manière de résoudre ces peurs est la foi, la confiance aveugle en la grâce divine . Et ce n'est pas facile ! Lâcher prise totalement, ne pas se raccrocher, ne pas vouloir contrôler sa vie, laisser Dieu faire à notre place, abandonner les peurs . Quel défi ! Mais Dieu sait parfaitement que nous ne pouvons pas tout résoudre d'un seul coup . Il nous aide à avancer progressivement, de prise de conscience en prise de conscience . Sauf quelques-uns qui ont eu un éveil subit ...

En poussant la réflexion, je me suis dit que si nous avions cette angoisse de survie, nous avions aussi le syndrôme du sauveur inscrit en nous . Dans les temps anciens, la perpétuation de la tribu dépendait de la sauvegarde de chacun de ses membres . Chacun était indispensable au groupe . Donc chacun veillait à protéger ou sauver un des leurs en situation de danger .

Nous en avons gardé des angoisses qui n'ont plus de raison d'être, qui passent par notre mental, nos pensées, notre imagination . Des mémoires subconscientes ... Le pire, c'est qu'en attisant ces peurs, nous créons les situations négatives .

Je ne croyais pas être un sauveur . Je le voyais aussi chez les autres, et ça m'énervait .

Mais je me suis aperçue qu'il y a différentes manières d'être sauveur . Il y a une manière que je qualifierais de passive : on porte tout, on compatit, on se fait du souci pour l'autre, on souffre pour lui ...(l'ego du sacrifié) . Résultat, ça le soulage, le décharge de toute responsabilité, et au final ça ne l'aide pas à être conscient de lui-même .

Il y a la manière agressive : je sais ce qui est bon pour toi, je fais les choses à ta place, je te donne ce que je sais qui te convient (lego de l'orgueilleux) . Résultat, l'autre ne sais plus qui il est, devient dépendant, faible de caractère, crédule .

Il y a sans doute encore beaucoup d'autres manières plus ou moins subtiles .

L'idéal serait d'écouter notre intuition, notre petite voix intérieure divine, qui dit exactement ce qu'on doit faire ou non, aider ou non dans telle ou telle circonstance .

Personnellement, je suis dans une période où j'ai trop fait  pour quelqu'un qui au fond de lui est encore en recherche d'une maman . Il a fini par s'appuyer complètement sur moi . Maintenant, j'ai énormément de mal à lui faire comprendre que je ne suis pas une maman, qu'il doit se débrouiller seul, être autonome . Je ne donne plus rien, je fais ma vie comme je l'entends de mon côté . Il joue les victimes . Et moi je dois écarter  le sentiment de culpabilité d'être un bourreau égoïste, ce que je ne suis pas .

 

Portrait de Juliette

Merci  M.Christine pour ce partage. Votre commentaire m'éclaire et me guide sur la voie que je dois prendre : Etre au service de moi-même !