Ma fille unique a 36 ans.
À l'âge de 11 ans et après avoir entendu une communication téléphonique, elle est allée répéter à son père que j'avais un amant. Divorce sur le champ à la demande de mon mari qui a obtenu la garde de la petite. Ma fille s'est mise à partir de là à me détester, ce que je peux comprendre mais je n'ai jamais pu lui expliquer la raison de ma liaison extra-conjugale: dès que j'ai eu mon bébé, mon mari a refusé tout rapport sexuel, en sachant que je n'avais que 31 ans! Au nom de la loi, je n'avais pas à avoir une liaison (surtout à l'époque) et j'ai donc été condamnée en tant que mère indigne... Ce dont je ne me remettrai jamais. J'ai subi mon divorce, n'avouant jamais à mon avocate le comportement sexuel pathologique de mon mari. J'avais honte pour lui mais, par voie de conséquence, je n'ai jamais expliqué à personne le désert affectif que je traversais. Mon amant a compensé ce manque mais pas très longtemps puisqu'il était marié et qu'il n'a jamais voulu divorcer. Je l'ai laissé. Mais que ma vie sentimentale soit placée sous le signe de l'échec, je l'assume. Par contre, ma fille ne m'a jamais pardonné d'avoir trompé son père. Hier, une fois de plus, elle m'a fait (volontairement je le sais) beaucoup de peine: c'était son anniversaire. Elle s'est mise aux abonnés absents. Je lui ai laissé un message pour le lui souhaiter et lui préciser que son cadeau l'attendait à la maison. Aucune nouvelle d'elle depuis...
J'en ai gros sur le cœur car au fil des années, son comportement de rejet vis-à-vis de moi s'aggrave. Comme elle ne sait rien de la vraie raison de ma liaison, est-ce que je dois la lui dévoiler pour que s'arrête le déni partisan qu'elle pose sur moi? Ou est-ce que ce serait une erreur grave de ma part à son encontre? Je n'en peux plus qu'elle me traite en coupable.
Hugopsyfrance
Le temps a fait son travail de sape
Pas que le temps sûrement d'ailleurs...
De mon point de vue, il ne faut rien dévoiler à votre fille. D'une part, la relation sexuelle de ses parents ne la regarde pas. D'autre part, elle vous en voudrait car elle imaginerait que vous cherchez à réduire son père. Enfin, elle croirait que vous mentez pour essayer de tirer la couverture à vous.
Mais je vais aller + loin. Votre fille est "mal élevée", comme en atteste son attitude d'hier. Par bonheur, ce gros défaut viendrait a priori de son père qui en a eu la garde à partir de l'âge de 11 ans, période de l'existence où il aurait dû faire intervenir la loi tous azimuts, y compris en matière de politesse, et interdire toute tentative de transgression. Dites-vous dans un premier temps que vous n'êtes pour rien dans le silence incompréhensible de votre fille. Dans un second temps, rappelez-vous qu'elle a tout de même 36 ans et qu'elle a la capacité à savoir remercier. Je rajouterai que si elle ne change pas, je souhaite espérer que vous stopperez définitivement et en toute occasion le + petit cadeau. Une chose encore: il est tout à fait possible de "mieux" vivre sans son enfant lorsque celui se comporte très mal avec son parent. Faites le deuil de votre fille, ne serait-ce que pour votre santé. Et puis depuis quand un enfant, même adulte, se permet de juger ses géniteurs? À vous de vous mettre aux abonnés absents quand elle décidera de se manifester et tenez bon. Il se pourrait très bien que la roue tourne et que la demoiselle se rappelle à votre bon souvenir mais il faudra exiger des excuses de sa part. Quoi qu'il en soit, c'est la seule issue raisonnable que vous ayez pour en finir enfin avec une histoire vieille d'un quart de siècle! Il y a + que prescription maintenant. Aimez-vous car on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même dans le domaine complexe des sentiments.
Nathalie-196
Mon Dieu que vous m'avait fait du bien
Ma fille est un peu du genre de celle de Mado au prétexte qu'elle n'a pas été reconnue par son père.
Déjà l'histoire de Mado m'a bie parlée. Ensuite on dirait que le psy a aussi parlé pour moi.
J'ai beaucoup d'émotion tout d'un coup et je sais que cette réponse va me donner énormément de force pour affronter ma fille quand elle va trop loin , ce qui est souvent le cas.
Merci beaucoup.
Nathalie
Domino
Une réponse de psy très carrée comme je les aime
J'apprécie infiniment de mon côté le commentaire de Hugopsyfrance qui explique de façon très nette comment mettre fin aux dérives quelles qu'elles soient, combien même s'agirait-il de son propre enfant. Quand on voit aux informations ce qui se passe en ce moment dans la banlieue où vivait "Théo", on aurait envie de voir des micros se tendre vers les psys.
Psycot
Ne racontez rien à votre fille et arrêtez de culpabiliser
Le fautif dans toute cette histoire lamentable c'est votre ex-mari qui aurait dû consulter un psychanalyste quand il a vu qu'il n'arrivait plus à vous toucher à la naissance de votre fille. Car quand le complexe d'Œdipe n'est pas résolu, c'est ce qui arrive chez certains hommes puisqu'il y a alors chez eux une confusion entre leur mère et leur épouse devenue mère. Votre ex était surtout un grand névrosé. Cette épreuve a dû être très difficile à vivre pour vous. Vous avez dû vous sentir rejetée et pas "aimable". Essayez d'oublier complètement cette mauvaise union et comme le conseille Hugopsyfrance, c'est à vous maintenant de dire "Non" à votre fille, ce que n'a pas su lui dire son père. Et apprenez aussi à être heureuse. Il est encore temps.
cricri
Pardonnez-leur leur névrose
Je ne suis pas psy mais il me semble que votre fille n'est plus en mesure de vous entendre depuis longtemps. Quand on prend les éléments de votre histoire conjugale, vous n'êtes pas condamnable. Ne vous condamnez donc plus vous-même. C'est ainsi que vous mettrez en place une petite ouverture pour que votre fille ne vous condamne plus. Si elle n'y parvient pas malgré une meilleure estime de vous-même, ayez conscience que vous n'aurez jamais les moyens de détricoter ce que son père lui a certainement laissé entendre de vous de négatif. Votre ex-mari s'est déculpabilisé à moindre frais de son état psychologique déficient et n'a rien trouvé de mieux que de faire " alliance " avec sa fille, ce qui est tout de même un comble et renforce la possibilité de son Œdipe non résolu qui n'a pas dû inciter votre fille à résoudre le sien... Peut-être n'êtes-vous pas croyante mais ça ne vous empêche pas de leur pardonner car, à mon sens, ils sont tous deux davantage à plaindre que vous...
Cécile
Un couple pathologique
Intuitivement, je sentais bien que le couple fantasmatique que forme votre ex-mari et votre fille avait quelque chose de pathologique. Cricri l'explique mieux que je n'aurais pu le faire en parlant d'Oedipe non résolu. Effectivement, ils se sont enfermés dans un état pathologique et vous n'y êtes pour rien.
Mireille-cogolin
La parole libératrice d'un prêtre
Lorsque je me suis retrouvée veuve subitement à 30 ans et voyant que je déprimais, mon entourage très gentiment m'a dit au bout de quelque temps qu'il fallait que j'envisage de refaire ma vie et ce d'autant plus que je n'avais pas d'enfant. Indépendamment de mon absence d'envie de rencontrer un autre homme, j'étais de toute façon taraudée par mon engagement chrétien et par ma foi. Sous la pression de mes proches, j'ai consulté le prêtre de ma paroisse, homme très humain et très ouvert pour l'époque. Il m'a rassurée en m'expliquant que Dieu connaissait la douleur de ma situation et qu'Il voulait avant tout que je sois heureuse en fondant une autre famille. Il m'a déculpabilisée ainsi. Il se trouve que je n'ai pas rencontré d'hommes qui m'ait donné le désir de faire route avec eux mais je voulais signaler ce passage de mon existence pour dire à Mado que Le Seigneur prenant en compte les circonstances de nos agissements, indépendamment du fait qu'Il soit Tout Amour, n'avait pas pu la condamner. Ce n'est donc ni à son ex-mari ni à sa fille de se permettre de la juger, d'autant qu'en ce qui concerne son ex-époux, je partage Le sentiment des foromers : quand on est malade, on se fait soigner.
Christine-zen
Un peu dans le même registre...
La bouddhiste Mâ Ananda Moyî écrit dans son enseignement : " Dans toute action, il y a forcément conflit. Comment peut-on se libérer de ce conflit ? Lorsqu'on ne peut vraiment plus se sentir blessé. "...
Clovis
Magnifique
Cette citation de cette bouddhiste vient de faire grandement écho en moi en tant qu'enfant abandonné à la naissance. Tout comme le reste de la superbe qualité de cette discussion. Les expériences des uns et des autres deviennent des conseils précieux pour alléger notre fardeau. Merci.
Younes
Suberbe discussion
Je viens de parcourir cette discussion. Superbe !
Jean
" Ne plus se sentir blessé... "
Fabuleuse citation de Mâ Ananda Moyî que je prends aussi à mon compte pour y travailler. J'ai encore bien des blessures qui ne sont pas refermées. Je viens tout d'un coup d'en prendre conscience grâce à cette discussion. Je réalise aussi que je suis le seul à avoir la responsabilité de les guérir. Merci !
Mado
Votre logique de raisonnement m'a fait du bien
Des nouvelles toujours aussi déconcertantes de la part de ma fille qui a daigné m'appeler mardi pour me dire qu'elle n'avait pas le temps en ce moment de venir chercher son cadeau et qu'elle passerait dans quelques jours ! Elle m'a tout de même remerciée... C'était le minimum me direz-vous... Ce que je peux vous promettre par contre c'est que je resterai neutre quand elle viendra, ni désagréable ni agréable. Je me suis déjà préparée à sa venue comme si je recevais une " con-naissance "... Je vais du reste m'en tenir exactement à vos commentaires.
Je vous remercie particulièrement d'avoir souligné le fait que Seul Dieu a le droit de me juger. C'est une évidence que je vais retenir et que je vais me répéter autant de fois que nécessaire.
Quant aux cadeaux potentiels et hypothétiques à venir tel Noël, si elle ne s'améliore pas dans l'intervalle elle n'aura rien.