Je suis très embêtée par rapport à ma sœur. Elle a toujours été intolérante avec tout le monde, et avec moi en particulier, mais là ça s'aggrave. Elle fait le vide autour d'elle et elle ne s'en rend même pas compte malheureusement pour elle... Je voudrais lui faire comprendre. Qu'est-ce que je peux faire pour qu'elle ne rentre pas dans une colère monstre ?
Jean
La colère fait peur !
Bonjour Mireille,
Communiquer avec une personne qui se met facilement en colère n'est effectivement pas facile. Mon père entrait dans des colères folles et personne effectivement n'osait lui faire front. Sauf qu'il a fini par retourner les choses contre lui et à sombrer dans la mélancolie. Je peux donc tout à fait comprendre votre inquiétude et votre impuissance. Pour ma part, il m'a fallu accepter que je ne pouvais pas changer son comportement et abandonner ce que les psys appellent le complexe du sauveur. N'empêche que si des foromers ont des conseils à vous donner, je suis preneur car j'ai beaucoup souffert de ces " colères monstres " et cela peut me donner des éléments pour savoir mieux me positionner par rapport à ce type de profil psychologique.
Viviane
Rester à la place qui est la nôtre…
Même si je comprends votre inquiétude Mireille-cogolin… En toute honnêteté, je ne vois pas comment vous pourriez changer quoi que ce soit, à la façon d’être de votre sœur… Vous avez déjà souvent témoigné ici de son manque de tolérance vis-à-vis de vous-même en particulier…
S’il est bien évident que l’intolérance renvoie à un manque d’humilité presque basique en soi, il est tout à fait vérifiable et objectivable, qu’au cours de l’histoire de l’Humanité, certains individus en deviennent véritablement dangereux (et je dirais, tant pis s’il le sont pour eux-mêmes… à un moment donné… le problème étant quand même que cela entraîne de graves conséquences pour le plus grand nombre), ne serait-ce que les dictateurs déjà… tout autant que toute forme de fanatisme religieux entre autres…
Cependant, je crois aussi, qu’à partir du moment où l’on a verbalisé ouvertement et à plusieurs reprises, (y compris en l’exprimant avec colère…) ce qui dysfonctionne, chez « l’autre », il vient un moment ou il ne reste qu’une solution… Faire silence, se taire pour ne plus rentrer dans des recherches de conflits sous-jacentes… Ne serait-ce que pour se protéger soi-même, en premier lieu… Car au fond, et cela peut paraître paradoxal en soi, nous finissons par « cautionner »… tout simplement, parce qu’au bout du compte, nous le déculpabilisons… déjà… Dans le cas qui vous préoccupe, ce silence sera aussi une possibilité d’ouverture quant à une interrogation salvatrice pour votre sœur, si tant est qu’elle en ait l’envie… Mais cette interrogation-là, ne vous appartient pas… Par contre, il est bien évident, que son positionnement à elle, est également à prendre en miroir pour vous-même, autrement dit, que « devez-vous modifier » de votre côté…
Enfin, vous témoignez souvent ici, d’une foi véritable… Et permettez tout autant des partages également enrichissants… Il me semble que même le Christ, se mit en colère quelquefois… Ne serait-ce qu’en chassant les marchands du temple… Mais je crois surtout, qu’il témoignât pour nous de façon essentielle, de ne pas « s’identifier à l’agresseur » et de s’en remettre à la Sagesse Divine… Car il y a bien des situations et des individus qu’il ne nous est pas donné de véritablement comprendre… Ce « Père pourquoi m’as-tu abandonné ? », cela fait des années que j’y réfléchis régulièrement… ne serait-ce que par ce Silence Divin, en première réponse… Toutes ces incompréhensions, qu’elles quelle soient d’ailleurs, nous devrions toujours les confier à Dieux, car Lui Seul en a véritablement Connaissance… Mais il n’est pas question pour moi, d’être donneuse de leçon en disant cela, car moi la première, je l’oublie plus qu’à mon tour… Pourtant, lorsqu’il m’arrive de temps en temps, d’avoir l’impression de l’avoir fait… Quelle paix, quelle libération aussi… En définitive, il s’agit encore et toujours d’un juste équilibre… qui n’est d’ailleurs jamais acquit en soi… Le travail de toute une vie… Si tant est que cela ne concerne que notre vie présente…
cricri
L'exemple...
Quand on a affaire à des personnes intolérantes et dès qu'on le peut, il faut leur renvoyer une image ou un discours contraire à leurs réactions...
Au début, on peut avoir l'impression que les choses s'aggravent et que la personne très névrosée se met encore davantage en colère... C'est vrai que ce genre de situation incompréhensible arrive assez souvent. Mais ce n'est pas grave car on ne rentre pas dans le jeu destructeur de l'agresseur et de fait on se protège car, ne s'étant pas laissé influencer, on ne culpabilise pas...
Orlan
Rendre les gens tolérants c'est du boulot... pour soi !
Gandhi disait que l'intolérance et la colère sont les ennemies d'une bonne compréhension. Autant dire que compte tenu du caractère de votre sœur, ce n'est pas gagné si vous vous lancez dans le désir de la faire changer... Mais, comme je sais que vous avez une démarche spirituelle, que vous êtes très croyante, et si vous preniez comme contre-pied le fait de vous dire que votre sœur et son caractère ne sont pas là par hasard dans votre environnement proche et que Dieu vous éprouve pour que vous travailliez davantage votre acceptation des différences ?
Isabelle
La colère de ma mère...
Merci pour l'exemple... Cricri ! Car en lisant ces posts, je repensais à ma mère, qui lorsque nous étions enfants et après le départ de mon père, était capable de "rentrer" dans des "rages folles" vis-à-vis de nous trois, sans distinction...Je ne sais pas si ce que je vais dire maintenant, va véritablement dans le sens de ce que dit Cricri... Mais je vais au moins tenter de "témoigner"...
Il serait bien trop long ici, de "raconter" par le détail... Mais je pense que ma mère devait se sentir fort "démunit" face à nous trois quelquefois... D'autant que l'absence de mon père, devait aussi la renvoyer à l'abandon du sien... Et puis, et ce n'est pas du tout pour "faire pleurer dans les chaumières", elle avait subie elle-même de graves maltraitances dans sa petite enfance...
Je pense que malgré "ces pétages de plombs", il y avait quand même un "instinct maternel" plus fort, qui a fait qu'elle n'a cependant pas "répété totalement". Mais ce dont je me souviens aussi, très nettement, c'est ce que les colères maternelles généraient de mon côté... Très tôt, à chaque fois, qu'elle "s'en prenait à moi" (c'est un peu maladroit de le dire de cette façon...), rapidement je la fixais droit dans les yeux, sans baisser le regard, et sans verser une larme (les larmes venaient abondamment, après, mais toujours en dehors d'elle)... celà la rendait encore plus en colère... Et plus elle était en colère, plus j'étais silencieuse et la fixait avec insistance... Comme je ne "désarmais" pas, c'est elle qui en définitive finissait par "lâcher" et se calmait soudainement... je me souviens d'ailleurs, là j'étais déjà plus grande... Que dans ma tête je me répétais, "je ne céderais pas"... Je ne sais pas, si en définitive, c'était la "bonne solution" en soi... Mais paradoxalement, à chaque fois, où j'ai eu la sensation, devenue adulte, que ma mère "déraillait" trop, et après avoir eu des verbalisations plus qu'houleuses, je me suis tenue "loin et silencieuse" de façon radicale pendant un temps certain... Cela peut paraître très discutable en soi... Paradoxalement, j'ai toujours vérifié, par la suite, en rétablissant le lien avec elle, que cela permettait véritablement des interrogations évolutives... Mais peut-être, parce que "tout au fond de moi", il y avait une "sorte de certitude" de ne pas "céder face à cette violence" ?
Claire-13
J'ai appris à me taire
Comme ma maman a un problème d'alcool, elle ne supporte rien. Elle est donc intolérante mais je sais qu'elle a un bon fond , qu'elle est intelligente et que quand elle est très en colère c'est à cause de sa maladie. Elle peut insulter n'importe qui et moi en particulier. Alors j'ai prit l'habitude de me taire quznd je vois qu'elle ne va pas bien. J'ai réagis à cette discussion parce que j'ai bien aimée ce qu'à dit Orlan: ma maman fait partie de mon destin et c'est sûrement Dieu qui m'éprouve pour que je sois toujours plus tolérante avec elle et avec tout le monde...
Isabelle
Entièrement d'accord avec vous Claire-13 !
Je suis d'accord à 100% avec ce qui est dit, à propos du destin et des épreuves... D'autant que je suis persuadée, que "la relation maternelle" m'a aussi "guidée" vers un travail analytique et spirituel... D'autant, que comme le dit Claire-13, quand ma mère n'était pas "enfermée dans ses souffrances, autant que ses peurs" elle a toujours fait preuve d'une grande ouverture d'esprit et d'intelligence, avec des heures passées à discuter d'ésotérisme, de littérature, de peinture, de musique et du sens de l'existence...
Je suis persuadée que c'est comme ça dans ma vie, pour que j'apprenne un peu plus chaque jour à développer humilité et tolérance... Y compris aussi vis-à-vis de ma mère...
Gilbert
L'intolérance ne doit pas devenir sa carte d'identité.
Aussi difficile ayant été ma relation ou mon manque de relation avec mon père, un travail sur moi m'a permis de ne pas l'identifier avec mes angoisses déclenchées par ses colères, puis sa dépression. J'ai compris que mon père ne devait pas être réduit à cette perception. D'ailleurs, je me rends compte aujourd'hui qu'il n'avait pas que des défauts. Etant né de mère célibataire il y a presque 60 ans, il a eu le courage d'épouser ma mère un an après et de me reconnaître contre l'avis de sa famille. Pour le coup, ce fût une " bonne" colère ! Il a permis aussi que je m'interroge en trouvant des réponses auprès d'un spécialiste de la psyché. Aujourd'hui, je pense l'avoir réhabilité malgré ses supposés défauts. Ainsi, je pense que même si votre soeur se montre intolérante, il ne faudrait pas que vous en fassiez sa carte d'identité. En couple d'opposé, essayez de voir aussi ses qualités. En cherchant bien, je suis sûr que vous en trouverez. Et vous verrez certainement les choses autrement, d'autant que vous avez une sensibilité spirituelle. Nul, comme il a été dit plus haut, n'est confronté à des difficultés par hasard. D'ailleurs, s'il en était ainsi, ce forum n'aurait aucun sens... Merci à vous tous et bonne après-midi !
Gilbert
Mireille-cogolin
Au fond c'est surtout moi qui suis intolérante...
Je ne sais pas pourquoi j'ai posé cette question et à la réflexion j'ai honte car elle ne correspond pas aux enseignements chrétiens.
Vous avez bien fait de me houspiller et il faut absolument que je travaille à voir Le Christ en ma sœur.
Je ne suis pas fière de moi mais je vais essayer de faire un vrai travail de reconnaissance positive de tout interlocuteur.
Un grand merci pour vos conseils et votre patience.
Bonne soirée,
Mireille.
Ugo
Une interrogation quand à soi
Je sais que beaucoup d'entre vous interviennent souvent sur ce forum avec une belle energie positive et sans complésance aucune. C'est ce qui fait du bien... je m'apperçois peu à peu que moi aussi, Mireille, malgrès des années de pratique bouddhiste, je suis toujours intolérant à certaines différences. Je ne m'en apperçois pas tous les jours puisque je ne les rencontre pas forcement. L'avantage de ces sujets de discussion, c'est qu'ils permettent, outre le fait d'apporter une expérience, une interrogation quand à soi sur des sujets que l'on aurrait pu mettre volontairement de côté. Car je sais bien qu'il n'y a pas de hasard dans la vie.
Merci et bonne soirée à tous...