Mon entourage m'exaspère

Portrait de Lucien

Je ne suis pas très en forme actuellement et je prends conscience que, quel que soit mon entourage, il m'exaspère très vite. Voilà comment les choses se passent généralement : la conversation m'intéresse rarement, même si elle est intéressante objectivement (!!!), je commence à y prendre part, puis je me lasse, je me tais, et si je le peux je me lève et je m'en vais... Je cherche à ne pas culpabiliser car, je me dis qu'à 50 ans, j'ai largement le droit de ne plus supporter ce qui me gonfle... Toujours est-il que mon comportement n'est pas bien normal, d'autant qu'il s'aggrave et que ça concerne tous les secteurs : professionnel, familial, amical, conjugal...
En agissant de la sorte, ai-je un risque de développer à la longue un problème psychologique grave ?
Savez-vous pourquoi je fonctionne ainsi ?
Comment puis-je changer ?

Portrait de Jean

Bonjour Lucien,

Votre comportement doublé d'un mal-être me rappelle étrangement celui qui a été le mien pendant une période. J'avais un certain âge et j'avais tendance à me replier sur moi-même. Il y avait en moi une quête d'absolu qu'aucune conversation ne satisfaisait. Il y a effectivement un danger, Lucien, qui consiste à projeter ce mal-être sur votre entourage. Un jour, tournant en rond au-delà du supportable j'ai eu le désir de rencontrer un professionnel de la psyché (recommandé par une amie qui avait entrepris un travail sur elle), sans aucun désir conscient de m'engager dans cette voie. Aujourd'hui, je peux affirmer que mes années de thérapie (que je qualifie d'initiatique) portent leur fruit dans le sens où j'ai une vision essentielle de l'existence : une vision spirituelle qui me comble chaque jour davantage et je me surprends à converser à partir de ce centre avec quiconque m'adresse la parole. C'est mon histoire et vous me permettez de la transmettre en espérant apporter ne serait-ce qu'une petite pierre à l'édifice d'une réponse qui ne peut être que la vôtre. Mais je suis sûr que nos amis foromers viendront converser avec vous... A moins que cela vous gonfle aussi (rires !). Bon début de soirée !

Jean

Portrait de Aglaé

Bonsoir Lucien,

Ce que vous dîtes me "parle" un peu. (Finalement, vous voyez que vous parlez ?!) Plus sérieusement, depuis que j'ai commencé mon travail psychanalytique, il y a un certain temps maintenant, je remarque que j'ai moins besoin et moins envie de rentrer dans certaines conversations. Je ne sais pas trop pourquoi, peut-être conserve-t-on son énergie pour l'essentiel..peut-être ressent-on moins le besoin de se justifier, se battre pour "convaincre" ? Je ne sais pas trop, il n'empêche que c'est comme ça. J'ai également fait un tri dans mes relations. Tri, d'ailleurs, qui s'est fait un peu tout seul.

Néanmoins, comme le dit Jean, je pense qu'un tel comportement transposé à tous les aspects de votre vie peut s'avérer problématique à un moment donné. Notamment dans votre vie affective et professionnelle. Plus qu'un simple recentrage sur soi, on dirait plutôt un repli sur vous, tel que vous l'exprimez..

Portrait de cricri

Je me reconnais bien dans ce que vous décrivez, si ce n'est qu'il a bien fallu que je sois en adéquation avec ma quête spirituelle et ma foi car je devenais trop " soupe au lait " après avoir été dérangée par certaines discussions que je trouvais donc ennuyeuses à la base...
Ainsi j'ai pris l'habitude d'étudier mes projections grâce à une méthode de psychothérapie qui conseille deux grands principes que je me permets de vous transmettre dans les grandes lignes :
. Cherchez ce qui vous met hors de vous chez votre interlocuteur.
. Notez par écrit vos réponses.
. Vérifiez que ce que vous considérez comme un défaut chez lui n'est pas un de vos propres traits de caractère.
En revanche, ce travail est à effectuer avec persévérance, c'est-a-dire chaque fois que votre entourage vous " gonfle ", pour reprendre votre expression, pour corriger progressivement votre trouble psychologique...
.

Portrait de Orlan

Bienvenue au club Lucien !
Personnellement, j'ai commencé à être moins sensible à ce sentiment d'ennui dans certaines circonstances lorsque j'ai commencé à réfléchir sur la nécessité de la différence entre les êtres. Non pas que je me plaçais jusqu'ici au-dessus de la mêlée mais tout simplement parce que j'ai reçu une éducation rigide et que j'avais tendance à me désintéresser, c'est-à-dire à me détacher de ce qui ne me regardait pas... Sauf que si les gens parlent de leurs problèmes, quels qu'ils soient, ça leur fait du bien de les expulser... Pas plus tard qu'hier, alors que j'avais un rendez-vous professionnel qui attendait et que je n'étais pas en avance, une de mes clientes n'en finissait plus de m'expliquer les problèmes de santé de son chien, les consultations chez le vétérinaire, le coût de ces consultations etc, etc... Mais en fait, comme elle a déjà un certain âge, j'ai compris qu'elle parlait de ses propres angoisses de la maladie. Avant, cette conversation m'aurait " exaspéré " et j'aurais dit à la dame qu'un rendez-vous attendait... Là, j'ai pris part à ses propos avec empathie. Pour l'anecdote, mon rendez-vous d'après s'est très bien passé et a été rapide !

Portrait de Lucien

Vos réponses, tout aussi compréhensives et généreuses soient-elles, m'on bien recadré et j'en avais besoin. Elles contiennent de quoi tordre le cou à mon ego et je recherchais l'impulsion nécessaire... Vous me l'avez donnée et je vous en suis très reconnaissant... Et sûrement beaucoup plus que ce que vous pouvez l'imaginer...