Mon histoire familiale se répète et s'arrête???

Portrait de ségo

J'ai fait des recherches généalogiques sérieuses par simple curiosité.sauf que j'ai constaté quelque chose qui m'a étonné:

. Mon arrière grand mère maternelle s'est mariée en 1907 quand sa fille ainée avait 3 mois.

. Ma grand mère maternelle s'est mariée en 1947 quand sa fille avait 5 mois.

. Ma mère s'est mariée en 1975 quand j'avais 6 mois.

. Moi, je suis auxiliaire puéricultrice , je vis avec un nouveau chéri depuis fin juillet 2014:il n'a pas d'enfant et moi non plus et on enveut pas. Lui il est ambulancier .

Qu est ce que vous pensez de tout ça???

Portrait de Armelle B. Psychanalyste

Bonjour Ségo, 

Tout d'abord merci de partager sur ce forum votre histoire transgénérationnelle dont vous avez relevé une répétition très intéressante. Effectivement, la psychanalyse s'intéresse tout particulièrement à ces répétitions présentes au sein d'une même famille, et les nomme "compulsions de répétition". Elles permettent de voir toute la force de l'inconscient familial au fil des générations. Car on peut supposer que ces 3 générations de femmes qui vous ont précédé n'avaient pas forcément souhaité, au conscient, se marier après la naissance de leurs enfants, au vu du contexte social de l'époque. Mais leurs inconscients en avaient décidé autrement, ceci afin de rester fidèle à la filiation. Car les inconscients intègrent très tôt les attentes de la filiation.

Si j'ai bien compris, vous vous demandez surtout aujourd'hui pourquoi cette compulsion de répétition ne vous touche pas, pourquoi elle s'arrêterait avec vous, puisque vous ne souhaitez pas avoir d'enfant. Sans connaître la totalité de votre histoire, il y a un élément intéressant que vous livrez dans votre post, à savoir que vous êtes auxiliaire puéricultrice. Donc, même si vous n'avez pas d'enfants vous-même, vous travaillez, êtes entourés d'enfants chaque jour. Ainsi il est possible que votre choix professionnel vous ait permis de transformer cette compulsion de répétition  en une activité sociale valorisante qu'est votre métier, vous permettant ainsi de ne plus reproduire le schéma familial à votre tour. Cela vous parle-t-il Ségo ?

Portrait de Juliette

Il y a quelque chose qui m'interroge dans votre question, Ségo. Je ne suis pas psy, c'est peut-être pour ça !

A savoir, si la compulsion s'arrête ? Mais comment y répondre puisque, même si vous ne voulez pas d'enfant, vous êtes encore en âge d'en avoir et vous n'êtes pas mariée. Je me demandais, si ce qui vous faisait peur n'était pas effectivement que la compulsion s'arrête et que vous retrouviez enceinte mais qu'il ne vous épouse pas et d'élever seule cette enfant ? Cela expliquerai pourquoi vous occupez de ceux des autres et que vous n'en vouliez pas ! 

Portrait de Viviane

Moi non plus je ne suis pas psy Juliette ! Mais tout comme vous, et pour lire vos post très réguliers, ces questions psycho m'intéressent tout autant, parce qu'elles permettent deux aspects à mon sens très importants : le premier, charité bien ordonnée commençant par soi-même, parce que je considère que c'est une excellente façon de "travailler" en terme de réflexions y compris analytiques, lorsqu'on a des connaissances a ce sujet (ce que je dis n'engage que moi cependant...), mais aussi, et je suis persuadée que c'est également ce qui vous guide, parce que c'est volontairement "se tourner" vers le plus grand nombre avec respect...

J'aurais tendance à aller dans le sens de Juliette pour ma réponse... Les femmes se marient pour qu'il y est un enfant "reconnu"... D'ailleurs, et je peux me "tromper", de la façon dont vous présentez les choses, on pourrait presque dire "elles font un bébé toute seule"... Car les hommes "brillent" par leur absence d'une certaine façon... Car même si le mariage induit bien entendu leurs présences masculines, vous parlez de votre arrière-grand-mère qui s'est mariée, de votre grand-mère et de votre mère et non du mariage de vos arrière-grand-parents, vos grand-parents et vos parents... Ce qui me fait dire, qu'il y a sans doute un enfant dit "naturel" en amont... qui a d'ailleurs pu être abandonné, puis adopté. Mais est-ce que le fait que vous ne vouliez pas d'enfant vous-même, et votre compagnon non plus, fait que vous arrêtez une répétition ? Au conscient oui bien entendu, mais j'en doute (moi aussi) sur un plan inconscient, parce qu'en psychanalyse, si je ne suis pas dans l'erreur (pardon si c'est le cas...), il me semble qu'on peut tout à fait "être dans un métier", par mécanisme de défense, et dans ce cas, le "symptôme transgénérationnel" ne sera que "déplacé" et non pas "dépassé"... Le fait que vous soyez auxiliaire puéricultrice et votre compagnon ambulancier induit un aspect "prendre soin" mais à mon sens, avec une mise à distance en quelque sorte... plutôt dans un sens "hystérisant" puisqu'en parallèle vous ne voulez pas d'enfant (hors de tout jugement de ma part... on a bien le droit de pas vouloir d'enfant...). Mais ce n'est que mon avis...

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Pas question, bien sûr, de procéder à une analyse sauvage, ne connaissant pas pas tous les éléments de l'histoire de notre amie Ségo, mais je trouve les interrogations  qui jaillissent de tous ces commentaires fort intéressantes. Quand à moi, je pense, comme Viviane, et par rapport à ce qu'induit Juliette,  que le choix d'un métier ne règle pas obligatoirement un symptôme. Ainsi, un enseignant peut-il inconsciemment avoir choisi cette profession pour masquer justement une problématique liée à la relation à l'enfant. S'occuper d'une foule d'élèves peut rassurer un inconscient qui ne s'autorise pas à être (selon lui) une bonne mère ou un bon  père de famille. Mais je laisse la parole à d'autres intervenants qui ne manqueront pas de venir faire avancer la réflexion.

Portrait de Floriane

Vous avez écrit Gilbert: "ne connaissant pas pas tous les éléments". Peut-on y voir un lapsus calami relatif au papa? Ce qui irait bien dans le sens de l'interprétation faite par Viviane...

Peut-être y a-t-il dans la filiation un enfant non reconnu par son père. Et donc l'enfant ne connaissait pas son papa. Logique. "Normalement" une femme se marie puis a un enfant, ce qui, et la loi le présume, fait que l'enfant est le fruit du mariage, sauf si on dit le contraire. Donc le père et l'enfant sont réciproquement connus l'un de l'autre. Or, là, ces femmes ont eu un enfant, puis se sont mariées. Rien ne "prouve" que le mari soit le père de l'enfant. Cela rejoint ce qu'a développée Viviane aussi me semble-t-il.

Je rebondis sur la 2ème partie de votre commentaire aussi Gilbert, quant au choix d'une profession, et celle d'enseignant en particulier. Je suis devenue prof des écoles alors que j'étais depuis peu en analyse. A ce moment-là, je doutais réellement de devenir mère un jour, et je me souviens d'une remarque de mon homéopahte qui m'avait dit que souvent, les institutrices s'occupaient des enfants des autres et n'en avaient pas elles-mêmes. Ca m'avait énervée.

Or, je crois qu'en effet, sans aalyse, je me serais débrouillée de ne pas avoir d'enfants. Le fait est qu'un jour j'en ai eu marre de m'occuper des enfants des autres et j'ai commencé à me dire que oui, j'avais envie d'avoir des enfants, et de m'occuper des miens, voire plus du tout de ceux des autres.

On ne choisit pas son métier métier par hasard.

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Les lapsus calami ont toujours du sens, effectivement. Merci pour votre attention, Flora, ainsi que pour l'intérêt que vous portez à ces forums. Il arrive souvent que la précipitation sur le clavier fasse jaillir un discours inconscient. Puisque vous avez, semble-t-il, des connaissances psy, il serait intéressant de voir ce que dit votre " homéopahte " avec cette  " hache " qui double le  " ah ! ". Quant au n (haine) qui disparaît dans  " aalyse ", c'est plutôt bon signe !!! Je sais, je suis taquin. En ce qui concerne l'interprétation de la question de Ségo, je vous renvoie avec confiance au superbe travail analytique de Sofia M, auquel je n'ai vraiment rien à ajouter, tant la démonstration est rigoureuse et tout à fait juste. Et le dénouement heureux !  A bientôt de vous lire, Flora !-)

Portrait de Sofia M

J'adore la Psychogénéalogie que j'ai un peu étudiée et votre histoire, si je considère le matériel que vous énumérez, me fait penser à une névrose de guerre. Je vous explique comment j'ai travaillé la méthode :

. J'ai regardé en premier les éléments qui étaient en adéquation, qui se ressemblaient, qui correspondaient en gros au " oui ". Ce que les Psychanalystes appellent l'oralité et qui correspond à la répétition.

. Après je suis passée par ce qui pouvait faire penser à de l'opposition (pour les psys, c'est l'analité, le " non "). Je me suis tenu le raisonnement suivant : des femmes qui ne sont épousées qu'après la naissance de leur enfant ont fatalement été en conflits (peu importe les raisons), en guerre. En plus, elles étaient " seules " au moment de la naissance de leur bébé... Comme tout ça commençait à me faire penser à de la névrose de guerre, je suis allée voir du côté du symbolique (la loi) pour ne pas prendre de risques d'erreurs. Je suis ainsi remontée jusqu'à la dernière guerre qui a précédé l'année 1907 et, bien entendu, il s'agit de la guerre de 1870 qui a duré 6 mois, ce qui m'a fait arriver à vous : l'âge que vous aviez quand vos parents se sont mariés. Déjà, en ce qui me concerne, j'ai envie de dire que vous avez réglé votre névrose de guerre. Mais, avant de l'affirmer et faisant tout cela de " mémoire ", j'ai voulu vérifier mon travail avant de vous poster mon commentaire. J'ai donc rendu une petite visite à Wikipédia qui m'a rappelé que la Guerre franco-allemande de 1870 a duré du 19 juillet 1870 au 29 janvier 1871. Or, vous précisez que vous avez un nouveau chéri depuis juillet 2014 et votre post date du 9 février 2015... La durée corrobore. Ensuite, vous dites que votre amoureux est ambulancier : les ambulances ont bien entendu joué un grand rôle durant les guerres... 

. Si je reprends l'ensemble des données familiales, on voit bien que la gent féminine préfère mettre au monde un enfant en temps de paix, ce qui est logique en soi, choix qu'ont donc fait inconsciemment ces 3 femmes, en prenant bien soin de n'avoir a priori que des filles, ce que donne à considérer de toute façon vos indications (si les garçons ont été omis, c'est volontairement et il ne faut donc pas en tenir compte hypothétiquement, tout inconscient faisant autorité quelles que soient les omissions).

Votre question demande ce que nous pensons de tout ça : personnellement, je pense qu'implicitement vous avez envie d'avoir rapidement un enfant (l'ambulance est un symbole aussi de rapidité + votre âge que vous induisez : 39 ans, 39 début de la Seconde Guerre Mondiale, terminée depuis... 70 ans ! Tiens, ma démonstration est finalement peut-être juste, 70 retrouve le 70 de 1870 et donc la fin du conflit inconsciemment menace anxiogène) et que vous êtes prête à accueillir maintenant un bébé bien à vous (la maternité est implicite de par votre profession que vous signalez)...

Vous m'avez bien fait travailler Ségo. C'était passionnant... Et puis, encore une fois, pour moi votre question est porteuse de l'annonce d'une super bonne nouvelle : votre future maternité dénévrotisée de votre histoire transgénérationnelle...

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Bluffant, votre superbe travail exégétique, Sofia. J'avais émis le souhait, dans un commentaire précédent,  que des didactitiens psychanalytiques veuillent bien intervenir sur ces forums pour transmettre convenablement la théorie mais, finalement, je suis  comblé avec votre post digne d'un véritable professionnel de la transmission . Merci infiniment, Sofia, de nous offrir votre temps et votre don, car là je crois que vous avez assuré ! D'autant que votre interprétation, admirablement sécurisée et donc on ne peut plus juste, va insuffler une superbe pulsion de vie à notre amie, Ségo, qui nous fait confiance.

Portrait de Orlan

Le post de Sofia m'a fait du bien car, dans toutes les professions, si on oublie la méthode de travail, l'ordre, la vérification, on y va de nos projections et bonjour les erreurs !

En Analyse transactionnelle, j'ai eu un didacticien très exigeant là-dessus. Eh bien, je me sers toujours de ses rappels à l'ordre quand j'ai un dossier épineux à traiter...

Je voudrais dire aussi que l'histoire de Sego m'a bien parlé, d'autant qu'il n'y a pas de hasard et si sa question m'a intéressé, ce n'est sûrement pas pour rien !

Portrait de yamina.174

J'ai essayé de répondre à Ségo mais je n'y suis pas arrivée. En fait, j'ai compris pourquoi grâce à Sofia : j'avais un peu saisi que son histoire ne pouvait qu'abriter des conflits. Mais j'ai fait une erreur de sens : je me suis attachée d'emblée à la Seconde Guerre Mondiale, au lieu de remonter en amont du premier dysfonctionnement de couple. Je ne pouvais donc pas arrivée à la solution, étant dans le mauvais sens. C'était d'autant plus illogique qu'il faut travailler en amont du symptôme et que je le sais, et non pas en aval... Je retiendrai la leçon car, sinon, comme le rappelle Orlan, on y va de nos projections et, au final, on voit bien que ça ne colle pas !

Portrait de Jean

La psychanalyse transmise de cette manière est passionnante et on constate bien qu'une solide formation soit nécessaire pou accueillir les problématiques. Quant à moi, la question de Ségo et son interprétation par Sofia m'ont beaucoup parlé au regard de ma propre histoire et aux positionnement des femmes et des hommes dans ma filiation. A moi de faire mes liens ! Merci en tout cas à ce magnifique forum, je crois, unique en son genre sur le net. Pour surfer pas mal ici ou là sur la toile, je n'ai jusque-là vu aucun équivalent... 

Portrait de Viviane

Merci à vous Sofia M ! Et pour la méthode, je me suis carrément autorisée à me l'imprimer... Guide précieux pour un travail dans le bon sens... Et d'accord avec Orlan... pour justement ne pas rester sur des projections, qui au final ne font d'ailleurs avancer personne... Y compris sur des aspects personnels sur lesquels je me sens bien entendue également concernée dans mon "histoire"... Je crois que celà me permet également de vérifier pour moi-même, qu'une part d'intuition peut être une bonne chose, à condition que cette intuition soint canalisée, donc vérifiable parce qu'à la base c'est la méthode qui est le rail... Tiens... J'ai écrit le rail, qui me ramène au trains de la seconde Guerre mondiale, et tout autant d'ailleurs, à la Guerre d'Algérie... Ce qui signifie que je dois être sur la bonne voie... pour dire ce que je vois avec "neutralité"...

Portrait de ségo

vous m'avez fait tellement de reponses de pro qu'il va falloir que je les reprennent une à une mais ce qui m'a déjà bien fait plaisir c'est que cette histoire négative s'arrête ... C'est vrai qu'on parle bébe avec mon chéri et je vais lui parler de tout ce que vous m'avez expliqué.