MORTALITÉ pour dire MATERNITÉ...

Portrait de clémentine-78

Hier soir, j'ai rencontré un copain en rentrant du travail. Il était tout content parce que sa femme venait d'accoucher d'une petite fille et que toutes deux allaient très bien. Sauf qu'il m'a dit : " Ma femme est toujours à la MORTALITÉ, pour dire MATERNITÉ bien entendu. Son lapsus m'a glacée. J'ai peut-être tort mais je ne suis pas bien depuis...

Portrait de Gabrielle

Je suppose que le lapsus doit avoir du sens. Je suis d'accord avec vous qu'au premier degré, ça fait froid dans le dos. Pas psy pour un sou mais si je m'en remets à mon ressenti, je crois que votre ami a peut-être du mal à faire le deuil du couple sans enfant... Je me demande d'ailleurs ce que mon compagnon penserait d'un enfant. Déjà qu'il n'est pas prêt pour le mariage (lol).

Portrait de Sofia M

Il est difficile de donner un avis précis sur un lapsus sans connaître l'histoire inconsciente et fililale d'une personne. Cependant et tel que vous décrivez le contexte dudit lapsus, je pense que ce futur papa, tant que l'accouchement n'a pas été terminé, a été particulièrement angoissé, même si cette erreur de langage est intervenue après la naissance. D'ailleurs, l'angoisse ne s'élimine pas tout de suite avec la résolution d'une situation anxiogène. Il se peut aussi que cet homme appartienne à une filiation où pendant des décennies, il y a eu des décès de femmes en train d'accoucher et la mémoire transgénérationnelle s'est activée avec l'accouchement de sa compagne parce que, là encore, l'énergie filiale est tenace malgré le temps qui passe. Donc, personnellement, je ne crois pas du tout que ce lapsus signifie un danger à venir concernant la maman ou le bébé...

Portrait de yamina.174

Sofia a donné l'essentiel, selon moi, des raisons de ce lapsus mais j'ajouterai que ce papa va être un père sûrement très angoissé, ce qui n'est pas l'idéal pour l'enfant. Mais qu'y faire de l'extérieur ?

Portrait de Orlan

Je suis un père très angoissé et d'ailleurs je n'ai qu'un fils, ce qui est un choix commun avec mon épouse, et c'est largement suffisant avec la trouille que j'ai toujours eue depuis que ce petit gars est venu au monde. Je n'en ai malheureusement eu conscience qu'assez tard, grâce à une formation en Analyse transactionnelle que j'ai faite. J'ai lu Françoise Dolto en partie mais, souvent, ses livres ont renforcé (paradoxalement ?) mon anxiété paternelle vu qu'en la lisant, j'avais l'impression d'avoir décidément tout faux ! En revanche, ces forums m'apportent beaucoup. La preuve en est, c'est que je commence à comprendre que mes peurs peuvent venir d'encore + loin que ce que je l'imaginais, même si je n'ignorais pas le principe...

Portrait de Sofia M

Je rebondis sur ce que disent les commentaires : en linguistique, de " père " à " perd ", l'angoisse paternelle (et/ou maternelle) n'est pas difficile à saisir...

Portrait de Orlan

Merci de répondre à ma question Sofia...

Portrait de Sofia M

Je suis très juste en temps mais je vais essayer de faire pour le mieux et, de fait, de façon très synthétique :

. Sigmund Freud disait qu'on ne choisit pas la mère de son enfant par hasard puisque, je le cite, " les névroses s'attirent et se complètent. ". Donc, côté angoisses : papa = maman !!!

. Si la mère appartient à une filiation où l'eau est phobogène de par des compulsions transgénérationnelles difficiles où même carrément tragiques (morts in-utero, enfants morts-nés, décès d'enfants par noyade...) : mère = mer = eau = phobie. Ainsi, tout ce qui peut toucher de près ou de loin à la maternité peut être synonyme de mortalité et, par conséquent, d'angoisses maternelles mais, encore une fois, ce sont des angoisses parentales car les couples sont liés inconsciemment par une histoire transgénérationnelle quasiment identique, ce qui a le funeste désavantage de renforcer la charge névrotique...

Portrait de Orlan

J'ai compris mais il est sûr que je n'aurais pas pu faire ce raisonnement tout seul. Quoi qu'il en soit, je trouve ces explications didactiques passionnantes... Et, dès que j'aurai un moment ce soir, je vais les travailler car, moi aussi, il faut que je retourne dès tout de suite à mes clients !

Portrait de Charles

Ces explications psys sont passionnantes. Moi qui ne suis pas un grand intello, je crois avoir saisi pas mal de choses. Il va falloir que j'aille regarder de plus près dans ma filiation pour essayer de comprendre ma résistance à être père.

Portrait de Lakshmi

N'ayant pas pu avoir d'enfant, la notion de filiation et de mémoire transgenérationnelle me parlent premier degré.

Portrait de Ludo_437

Il semblerait que ce qu'a tenté d'analyser Gabrielle avec l'éventualité pour le père d'avoir du mal à faire le deuil du couple sans enfant soit erroné puisque personne ne l'a relevé. Je pensais que ça pouvait être une piste intéressante...

Portrait de Sofia M

En fait et sans rentrer de façon trop compliquée dans la méthode linguistique freudienne, l'analyse des phonèmes fait partie de l'écoute et va guider le psychanalyste. Ainsi, dans MORTALITÉ, on entend : MORTE-ALITÉE. Ce qui n'a donc rien à voir avec un nouveau papa qui serait triste que son couple passe d'une dyade à une triade !

Portrait de Ludo_437

Tout est à prendre en compte et s'explique. Cette interprétation m'a plu et va, je le souhaite, rassurer complètement Clémentine...

Portrait de clémentine-78

Le déroulement " psy " que vous avez bien voulu décortiquer ne m'a pas été facile à comprendre d'emblée. Par contre, je crois - à force de l'avoir relu - avoir saisi que mon copain, sa femme et le bébé ne sont pas en danger et que ce lapsus traduit une mémoire d'évènements négatifs filiaux, dans cet exemple côté maternité, qui se transmet de génération en génération. Cette lecture m'a beaucoup apporté et m'a en + énormément rassurée. Merci.

Elsa