" On ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres... "

Portrait de Gilbert

Ce soir, m'est venue cette citation de l'Evangile de Matthieu 9.17 : " On ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres "

Il est à mon sens ici question de deuil et de changement d'énergie. Je sais que sur le forum beaucoup de personnes font appel à la Bible dans la vie quotidienne. J'aimerais, si vous en avez le désir, échanger sur cette phrase. En ce qui me concerne, elle m'est venue spontanément lors une discussion amicale au sujet d'une structure associative qui s'essouffle faute de créativité. Comme s'il fallait aller vers du neuf et renoncer à réparer... Qu'en pensez-vous ?

Portrait de Ugo

Bonjour mon ami Gilbert! Ta citation du soir me parle beaucoup...
Mon grand-père avait l'habitude de dire que l'on ne fait pas du neuf avec du vieux. Peut-être est-ce un peu du même ordre? Se renouveller plutôt que réparer... J'y vois quelque chose de l'ordre de la transformation, faisant appelle à la créativité, comme tu le soulignes à juste titre.
Je vais méditer plus en détail sur ce sujet avant de revenir faire un com Mail 1

Portrait de Jean

J'ai trouvé sur le net un extrait d'homélie du père Jean Corbineau... Il y est question d'audace !

 " Un problème d'audace. Nous ne répondrons aux défis de notre temps que si nous sommes des gens de courage, qui osent prendre de nouvelles initiatives, qui ont l'audace de faire des expériences nouvelles C'est Timothy Radcliffe, ( l'ancien Maître général de l'Ordre des Dominicains ) qui a bien trouvé les mots pour décrire cette audace indispensable : " Non pas, dit-il, que devons-nous supprimer mais que devons-nous inventer ?… Non pas que devons-nous fermer mais que devons-nous ouvrir ?… "

Portrait de Igor.P

Lorsque j'étais à l'école d'ébénisterie, un de nos profs nous répétait sans cesse que lorsque l'on est capable de copier parfaitement un meuble de maître, l'étape la plus essentielle suivante et de loin la plus difficile est de créer un autre meuble semblable à celui du maître mais différent.  " faites ce qui ne se fait pas  " disait-il ! Aujourd'hui  même si j'essaie d'inover dans mon métier, je ne saisis pas encore toute la porté de ce que ce professeur voulait nous transmaître.

Portrait de Juliette

c'est regarder devant pour une nouvelle aventure sans se retourner car ce que nous avons vécu avant, fait ce que nous sommes aujourd'hui. Cette nouvelle aventure sera enrichie par cette expérience mais effectivement il faut pouvoir faire le deuil pour pouvoir créer de nouveau, accepter que la fin de quelque chose est le passage obligé pour mettre en place le début d'une autre. Donc créer c'est d'abord mettre un terme... ça me fait penser à la grossesse. On parle de terme pour la fin de la grossesse et pourtant elle correspond à un début de la vie, à la naissance d'un enfant. D'ailleurs, après la naissance de l'enfant, la mère expulse le placenta qui est un organe unique et éphémère, il ne sert qu'une seule fois. Il existe une coutume qui veut que l'on enterre le placenta : faire le deuil pour pouvoir un jour créer de nouveau. La nature traduit donc bien cette citation de l'Evangile de Matthieu. Faire le deuil pour évoluer, pour créer.

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Bonjour à tous,

J'aime beaucoup la réflexion de Juliette à propos de ce passage de la Bible. Elle me fait penser à ce qu'Otto Rank, élève de Sigmund Freud, met en exergue dans son ouvrage " Le traumatisme de la naissance ". Il y est question, pour chacun d'entre nous, de cette difficulté inconsciente à faire le deuil du contenant qui nous a porté pendant 9 mois... On retrouve, de façon métaphorique, le mythe du Paradis perdu de la Bible. L'Humanité, comme chaque sujet, n'a pas d'autre choix qu'avancer - quitte à errer dans le désert - avec l'espérance d'une Terre Promise, un nouveau contenant. D'ailleurs, Jacques Lacan ne dit-il pas " Les-non-dupes-errent " ? Il est important que le Vieil Homme meure pour qu'advienne le Nouvel Homme. " Si le grain ne meurt ! " dit encore la Bible. Sans cesse mourrir à soi-même pour naître de nouveau. Lors d'une interview, ma didactitienne évoquait le fait que le Christ était le plus grand Psychanalyste de tous les temps... Pour ma part, j'adhère tout à fait à cette affirmation, affirmation qui nourrit ma pratique professionnelle.  Après la mort de son corps de chair, si les disciples d'Emmaüs ne L'ont pas reconnu tout de suite, c'est qu'Il évoluait sous une autre forme... celle du Ressuscité !

Portrait de Ugo

Bonjour, vos explications, Gilbert R.Psy, me donnent la pèche de bon matin... Extirpé de mon sommeil ( le paradis perdu) assez tôt ce matin, j'ai hésité quelques minutes à me lever me disant qu'un samedi matin c'était fait pour dormir... Une autre voix (voie !) me disait, elle, de renoncer au plaisir de la nuit puisque de toute façon innévitablement le jour se léverai et que ce n'était certainement pas un hasard si je n'arrivais plus à dormir. La deuxième option n'étant pas la plus facile lorsque l'on est allongé au chaud sous la couette, il m'a fallu déclancher mon immaginaire sur les aspects positif de la journée qui se présentait à moi couplé à un petit coup de pied aux fesses pour choisir de me lever...
Le Christ n'a-t-il pas dit d'ailleurs: " Lève toi et marche "..

Portrait de Igor.P

Bonjour à tous,
Bon, je vois que je ne suis pas le seul debout de bonne heure, ça me rassure. Je viens de lire vos derniers commentaires et là, j'ai eu comme un déclic... parceque je me suis rendu compte que la vie peut offrir bien des satisfactions dans la mesure où l'on est prêt à faire le deuil de situations devenues trop confortables...
Merci à vous, bonne journée!

Portrait de Juliette

Je me suis aussi levée tôt ce matin et je comprends maintenant pourquoi. Pour avoir la possibilité de vous lire et donner un sens à cette belle journée qui s'annonce, pleine d'espoir et de créativité. Je regarde par la fenêtre et je vois le soleil qui se lève et pour qu'il puisse se lever et nous offrir ce spectacle, il a fallu qu'il se couche.

Se dire que chaque fois qu'une chose se termine, c'est parce que quelque chose de nouveau nous attend, une chance de créer encore (en-corps) mais différement. Vous avez raison Gilbert, je sens ce changement d'énergie, il est positif. Alors merci à tous, je vous souhaite une belle journée pleine de cette énergie créatrice.

Portrait de Lili

Bonjour Gilbert, Ugo, Igor,  Jean, Juliette , et Gilbert R. Psy,

Depuis hier soir, je lis vos posts et je ne sais pas trop pourquoi mais tous me parlent. Oui, les grands changements que nous devons souvent traverser et qui nous ramènent souvent à notre premier changement d’état, notre naissance, m’ont toujours été difficiles et angoissants.  L’impression de quitter un cocon, un contenant qui nous a protégés longtemps et qui ne nous protègera plus.  Mais en même temps, à partir du moment où l’on entrevoit que l’on est trop à l’étroit dans ce contenant, qu’il nous empêche de nous mouvoir comme nous le souhaitons, de se confronter à son propre chemin, en toute liberté, (de se lever et de marcher, seul ?) Que notre personnalité étouffe un peu dans cette « vieille outre ». Alors nous trouvons la force en nous d’accepter que nous n’avons plus le choix. Oui, nous devons y renoncer, en faire le deuil, même si des larmes doivent couler. Oui, j’ai souvent eu ce sentiment de devoir lâcher, me séparer d' un lieu ou d'une personne qui avait su me procurer l’accueil dont j’avais eu besoin à certains moments de ma vie parce que je me sentais fragile et sans défense  et aujourd’hui, encore une fois, j’ai l’impression que ça se répète mais différemment, j’ai l’impression qu’à force de nombreux détachements, j’ai compris que cet accueil, je me le devais à moi-même, que j’étais la personne la mieux placée pour m’accueillir sans condition, avec mes pensées, mes émotions, même si dans un deuxième temps, il me faut les interroger pour comprendre le sens qu’elles donnent à ma vie. Oui, l’impression aussi que le fait de nous réfugier dans le giron d’une personne ou d’un groupe implique la plupart du temps que nous n’auront pas voix au chapitre car nous déléguons notre indépendance… En même temps, cette liberté de mouvement, de pensée et de parole, évoquée aussi récemment sur ce forum sont un nouvel espace de liberté, peut -être propice à la créativité. Oui, pour moi aussi Igor P. la créativité, «  c’est faire ce qui ne se fait pas », dans le sens de ce que l’on n’a pas encore fait et sans doute ce qui n’a pas encore était fait, c’est arrêter de répéter ce qu’on nous a toujours dit de faire et que l’on a toujours fait par peur d'être différent, et avoir le courage, l'énergie changer de direction, d'aller vers l’inconnu, et ainsi, devoir utiliser des ressources jusqu’à présent insoupçonnées pour avancer.

En fait, je crois bien que je sais pourquoi vos posts me parlent tant ce matin et je vous en remercie car grâce à vous, je me sens moins seule (j'avais écrit "moi" seule)  dans cette période de transition.

Amicalement.

Portrait de Isabelle

Bien que je ne fasse mon post qu’à plus de neuf heures ce matin, je me suis levée tôt également… Curieusement, je regardais le jour se lever tout en déjeunant, et j’avais cette sensation d’une nouvelle énergie, sans « savoir réellement » à « quoi rattacher » ce "ressenti diffus"…  C’est en vous lisant tous, que vous m’apportez des « raisonnements » qui me vont bien également…

Personnellement (même si je n’en suis pas tout à fait dupe), cette période de l’année est un peu particulière pour moi, puisqu’elle correspond à la mort de mon père… Depuis quelques jours, je me sentais « en peine »… Et curieusement, ce matin, ce « chagrin » à lâcher…

Et je me suis appliquer à prendre un peu plus soin de moi… de façon plus féminine qu’à l’accoutumée… Comme s’il me fallait traduire pour moi-même, que certains « états » sont révolus, et que je me dois à moi-même de passer à autre chose… Autrement dit, faire le deuil d’une part de culpabilité, qui plus est, infondée en soi… 

J’ai rencontré sur mon chemin… comme tout un chacun, des individus, en commençant par mes parents, qui m’ont apportés des aspects protecteurs en un temps donné… Cependant, je crois qu’inconsciemment, par culpabilité interposée (débile ?)… jusque-là, je ne m’autorisais pas véritablement, à laisser certains aspects pourtant révolus, derrière moi… Ce qui est d’ailleurs assez curieux, puisque j’ai pourtant cette faculté « instinctive » de « faire le ménage », lorsqu’une situation ou un relationnel ne me convient plus… Mais, d’une certaine façon, je crois aussi, qu’il me fallait ce temps, pour « accepter » véritablement de « passer » à une autre page de ma propre histoire… Plus peut-être, qu’une simple page d’un livre… Sans doute plutôt un grand chapitre…

Je crois également, comme plusieurs d’entre vous ici, qu’on « ne fait pas du neuf avec du vieux », qu’il s’agit réellement de transformation… Car au fond, ce que nous sommes, nous l’avons toujours été… Mais pour avancer, encore et toujours, il n’y a pas d’autres possibilités que faire « peau neuve », à certains moments de sa vie… Et ce « nouvel habit » n’est pas à confondre avec le contenant maternel pourtant protecteur au début de notre incarnation présente… 

Lorsque j’étais très jeune, durant quelques mois, j’ai suivi des cours de théâtre… J’avais par choix travaillé un texte de Jacques Prévert, « Je suis comme je suis » faisant parti du recueil « Paroles »… Je me souviens encore de certains vers, et il m’arrive de me les « redire » dans ma tête quelquefois… 

« Je suis comme je suis

Je suis faite comme ça

Quand j’ai envie de rire :

Oui je ris aux éclats !

J’aime celui qui m’aime

Est-ce ma faute à moi

Si ce n’est pas le même

Que j’aime à chaque fois ? »

Je crois que jusqu’à ce matin, je n’y voyais que l’aspect « abandonnique » que cela peut induire… Et je restais tout autant « figée » à une angoisse de l’ordre de la trahison… Mais au fond, « trahir qui  » si ce n’est « mon père » ? Le temps est-il donc arrivé de m’autoriser à vivre pour moi-même… En laissant véritablement derrière moi, un interdit fantasmatique quelque peu persécuteur, qui n’est au bout du compte, qu’une mauvaise loi ?

Car finalement, en restant sur ce schéma erroné, ce n’est que moi que je trahis… C’est donc à moi seule qu’il incombe de faire preuve d’un peu de créativité, pour enfin me re-connaître encore ! Merci à vous tous pour cette magnifique énergie liée qui est toujours là… Quoi qu’il en soit !