Ne parle-t-on pas trop du harcèlement à l'école ?

Portrait de cerise-du-26

On a l'impression que le harcèlement à l'école est devenu le cheval de bataille des médias, a fortiori quand ils n'ont pas d'informations croustillantes à nous balancer...

N'y a-t-il pas à la longue un risque que certains enfants, certains ados " fragiles " psychologiquement,  affabulent et portent des accusations mensongères, comme dans certains cas dramatiques de faux viols qui se sont révélés par la suite infondés ?

Portrait de Gilbert

Cécile a déjà évoqué cette question, mais dans la rubrique discussion générale. Je suis entièrement d'accord avec le risque que vous craignez. Un enfant ou un ado mal dans ses basktets et fragile psychologiquement  peut parfaitement affabuler quand il souffre. Je me souviens par exemple dans mon école de cette jeune fille pré-ado qui avait affirmé que son beau-père l'attouchait, tout simplement parce qu'elle voulait que son père géniteur s'occupe d'elle. Les faits s'étaient avérés complètement faux mais avaient engendré de graves conflits...

Pour info, je vous donne le lien de la discussion précédente dans laquelle M Christine et moi sommes intervenus. : http://votre.signesetsens.com/content/le-harcelement-lecole-est-ce-quon-nen-fait-pas-un-peu-trop

Portrait de Jean

Je n'avais pas vu la discussion dont parle Gilbert. Je suis donc allé lire. C'est vrai que Cerise fait allusion à des dérapages qui peuvent tout à fait avoir lieu via ce matraquage médiatique. Il y a eu une journée entière consacrée à au harcèlement à l'école, comme si cela (qui existe, je n'en doute pas) était une priorité. Il y a quelques années, il y a pourtant eu un scandale à ce niveau (accusations mensongères et faux viols aux conséquences dramatiques !). Prudence donc !

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Sigmund Freud lui-même, au début de ses travaux, pensait que les troubles psychologiques étaient dus à un traumatisme réel infligé par quelqu'un. Il a révisé sa position en découvrant le monde fantasmatique de l'inconscient. Ainsi faut-il rester très prudent face à certaines accusations. Distinguer le fantasme de la réalité demande justement une approche spécifique. Aussi, même si le harcèlement est une réalité, il y a un risque certain d'ouvrir les portes à des affabulations...

Portrait de Michèle

A force de parler de harcèlement, j'ai surtout l'impression que les parents ne vont penser qu'à cette éventualité chaque fois que le comportement de leur enfant posera problème. De là à trouver un bouc émissaire à l'école, il ne peut y avoir qu'un pas. Je ne dis pas qu'il faille être vigilant mais de là à déclencher une attitude de psychose, il faut de méfier quand même !

Portrait de Lakshmi

Je n'ai pas d'enfant mais je suis d'accord avec ce que dit Michèle. L'école risque finalement de faire peur aux parents. Dès qu'un enfant aura mal au ventre le matin en allant à l'école, on va penser harcèlement. Cela m'est arrivé souvent quand j'étais au collège. Avec les parents inquiets et assez procéduriers que j'ai, je suis sûr qu'aujourd'hui, ils auraient fait leur enquête auprès des professeurs. Heureusement, à l'époque on en parlait pas. D'ailleurs je n'ai pas connu cela au cours de ma scolarité. Il y avait bien certains boucs émissaires (les enfants ne sont pas toujours sympas entre eux) mais c'était quand même rarissisme et ne prenait pas des proportions désastreuses. En ce qui me concerne, je n'avais surtout pas envie de me lever...

Portrait de Cécile

Je viens juste re rentrer du travail et je découvre cette discussion que j'avais, il est vrai, aborder sous un angle un peu différent, comme l'a dit Gilbert. Je suis heureuse que le sujet soit abordé d'un façon plus psy. Après vous avoir tous lu, il me semble qu'il y a aussi, paradoxalement, le risque de banaliser les véritables cas de harcèlement, de passer à côté en quelque sorte...

Portrait de M.Christine

Je vous rejoins un peu, Cécile . Le harcèlement à l'école fait des dégâts psychologiques . Je pense qu'on en fait beaucoup, c'est vrai, mais ça permet de marquer le coup, de réveiller les esprits de certains parents et celui d'enfants qui n'ont aucune notion du mal qu'ils font .

C'est le même principe à chaque fois que la société se prépare à faire un bond de conscience (divorce, peine de mort, viol, respect des handicapés, de la nature ...) .

Et une fois que la notion est intégrée, les choses reviennent à la normale, vigilance et auto-vigilance en plus (on espère !) .

Portrait de Cécile

En fait, M. Christine, je me suis très mal exprimée. Je voulais dire qu'en insistant sur le harcèlement à l'école à tout va, on risquait de banaliser les cas véritables de harcèlement qui passeraient inaperçus au milieu de nombreux cas non avérés... Ces cas justement, comme vous dites, qui font de réels dégâts psychologiques.

Portrait de M.Christine

Je comprends votre pensée, Cécile . En effet, l'être humain n'est jamais à l'abri des fantasmes et des mensonges de toutes sortes . Espérons que la raison primera !

Il me semble tout de même qu'il était nécessaire de mettre ce fait de société en évidence car il existe réellement . Il n'est pas toujours facile de faire la part des choses, c'est vrai ... mais d'un autre côté, nous avons le devoir de protéger tous nos enfants .

Portrait de Cécile

Je formule le même voeu ; que la raison prime...

Portrait de Charles

Je suis d'accord avec une vigilance par rapport à ce problème. Néanmoins, je pense qu'effectivement une surmédiatisation comporte des risques. Comme l'implicite Cerise, pendant ce temps on ne parle pas d'autre chose. Et puis ça peut donner des idées à des ados fragiles... Cette notion de harcèlement renvoie certes malheureusement à une réalité mais il ne faudrait pas que cela devienne une généralité... La parano nous guette déjà assez dans une société qui se cherche sans nous en remettre une couche... Je zappe d'ailleurs de plus en plus les infos...

Portrait de cerise-du-26

J'aime bien l'idée pertinente de Charles qui explique qu'une réalité ne doit pas de venir une généralité. Vous m'avez donné par ailleurs des points de vue précieux qui vont me permettre de garder une distance certaine par  rapport à ces informations compulsives...

Portrait de nanou-69

J'attaque ma troisième année scolaire dans une école primaire en tant qu'assistante d'éducation et je peux témoigner que le harcèlement à l'école est loin, très loin d'être une généralité. D'ailleurs, dans la salle des enseignants, cet avis a fait aussi l'unanimité. Un enfant harcelé, ça se détecte assez vite, en tous cas en primaire et le directeur diasait qu'il n'avait eu qu'un véritable cas de ce type à traiter dans sa carrière...