Peut-on agrandir sa résilience ?

La résilience est un processus très complexe.
Les premiers travaux sur cette capacité remontent à 1939 (signes prémonitoires ?). Ce sont deux psychologues américaines, Werner et Smith, qui travaillaient avec des enfants psychiquement très perturbés, qui ont mis en évidence qu'à potentiel psychologique égal, certains d'entre eux " rebondissaient " en cas de difficultés tandis que d'autres se laissaient couler.
Quoi qu'il en soit, depuis la nuit des temps, on constate qu'au sein d'une même fratrie (y compris chez les vrais jumeaux), donc dans un même environnement familial et avec une éducation quasiment identique, l'évolution de ces individus pourra être non seulement différente mais souvent même à l'opposé ! Dans la célèbre famille Léotard, il y avait il y a encore quelques années deux frères. François, l'acteur de cinéma, aimait à dire que son cadet était Ministre de la Défense et que lui était ministre de la défonce !Je pose ainsi le problème parce qu'être résilient repose sur la subjectivité la plus absolue et que tout chemin de vie est unique et parfois bien surprenant. Pour répondre plus précisément à votre question, je pense qu'il est plus raisonnable de constater que toute existence est appelée à rencontrer des obstacles, des drames ou des tragédies et que pour qui est assez fort psychologiquement, les occasions de résilience et de développement de la résilience sont à disposition. Mais il existe, encore une fois, autant d'invidus optimistes que d'individus pessimistes. La merveilleuse cantatrice Maria Callas, qui était obèse, a sculpté son corps et magnifié sa voix pour Onassis. Quand il l'a délaissée, elle a perdu progressivement sa voix et l'a suivi de peu dans la tombe... Dans ce cas de figure, cette femme - qui n'a donc pas supporté d'être trompée par l'homme de sa vie qui a fini par lui préférer Jackie Kennedy - aurait eu de quoi agrandir sa résilience. Or, elle a mis en place des mécanismes régressifs, donc autodestructeurs... Et personne n'aurait pu l'aider à accroître ses potentialités positives. Mais le fait que vous posiez cette question témoigne de vos atouts intrinsèques à sublimer votre parcours personnel toujours davantage...

Pour essayer de fortifier ma résilience, j'utilise un moyen simple aussi souvent que possible : vivre positif ! C'est-à-dire que je me force, même si la situation me semble défavorable, de la chasser en pensées et de la remplacer par un évènement agréable à portée de main. Il y a des années maintenant que j'agis ainsi et je me sens beaucoup plus forte...

La base de la résilience je l'ai solidement installée le jour où j'ai compris et où j'ai accepté que je ne pouvais ni changer les autres, ni certaines situations de la vie genre licenciement ou trahison affective. Le fait étant là, j'ai pris la bonne habitude, qui est devenue peu à peu un réflexe, de me centrer sur moi dès l'instant où j'objective en toute neutralité que je ne peux plus rien faire pour un évènement négatif pour moi. Je dirais que la résilience est une opportunité pour se sentir exister et avancer de maniëre de plus en plus sereine et confiante. Ce qui revient à se dire qu'accepter ses limites est une libération aux retombées exceptionnelles.

Certains sont effectivement plus résilients que d'autres face aux mêmes épreuves. Il me semble que la clé réside dans une foi grandissante en la Vie. La Vie en tant qu'entité qui sait ce qu'elle fait... La Vie en tant qu'elle dépasse notre propre existence. La Vie en tant qu'on peut se connecter à son courant vital. Les grands artistes sont à mon sens en lien avec cette notion de sublimation et proposent une résilience. Nous sommes tous les artistes de notre vie en tant que cocréateur avec la Vie. C'est pour cela certainement que certains psys sont persuadés que tout peut se sublimer... Merveilleuse espérance qui rélève effectivement de la foi...

Effectivement, quand on observe un peu alentour et qu'on met sa propre vie en miroir, on voit bien que la capacité de résilience n'est pas identique d'un individu à un autre... Nous n'avons pas d'explication humaine. Ça rejoint la grande question du handicap congénital. Être résilient, selon moi, et un peu comme le dit Sofia, c'est apprendre à apprécier tout ce que nous avons de positif dans une journée et le voir même dans les plus " petites " choses... Cette décision a contribué et contribue à agrandir ma propre résilience.

A titre personnel, positiver relève d'un long et solide travail sur moi-même... Mais lorque c'est devenu un automatisme, ça " allège " tellement la vie et le quotidien ! Mais c'est un peu un paradoxe... ne pas voir les aspects positifs au quotidien, c'est je crois, " rétressir " ses capacités de résilience, un peu comme un " gaspillage" de ses propres potentialités. Il y a peut-être une question de foi... Puisqu'il est dit que " la foi soulève les montagnes "... Je me suis demandée très jeune, ce qui faisait que dans ma fratrie nos " destins " étaient si différents... Et cette idée de destinée me convient bien en tant que possible réponse, parce qu'il y a quand même des différences de tracés de vie incompréhensibles sans cela... Mais positiver la vie revient alors aussi à développer l'acceptation de ses propres limites et voir qu'en même temps, en couple d'opposés, il y a quand même une certaine élasticité à ses limites... tant qu'il y a de la vie...

Les " Poilus ", les Déportés qui sont revenus de l'enfer ne pouvaient qu'être que des gens résilients qui, je le présume, devaient s'accrocher au moindre souvenir positif, au moindre espoir. Mais quand on constate les millions de morts ne serait-ce que durant ces deux guerres atroces, on voit bien que faire grossir son capital de résilience n'est pas donné à tous...

Votre commentaire, Lucien, est effectivement et malheureusement réaliste. Ce XXème siècle a connu, il me semble, les pires horreurs de l'Histoire avec ses deux conflits meurtriers aussi bien chez les soldats que chez les civils. Je me demande si l'Humanité ne porte pas en elle un grand mystère puisqu'elle est capable du pire comme du sublime. Aucun animal féroce n'est capable d'organiser un  génocide. Pourtant des êtres, comme Bruno Bettelheim ou Vicktor Frankl (entre autres) se sont servi de situations extrêmes pour faire du bien à l'Homme... Comme dit Yamina, nous n'avons aucune explication humaine... Mais peut-être y en a-t-il une autre au-delà de l'humain ? J'aime y croire !

C'est toujours étonnant comme les inconscients communiquent ! A propos de la résilience, je pensais à Bruno Bettelheim justement... Voilà à mon sens, un individu qui avait un potentiel de résilience plutôt impressionnant... Et là ou je suis tout à fait d'accord avec Soso, c'est que je crois que la persévérance est incontournable... Monsieur Bettelheim il savait un peu ce que ça voulait dire ! Dommage que ces détracteurs ne s'attachent qu'à "certains aspects" de cette personnalité hors du commun...

http://www.signesetsens.com/psycho-biographie-lapport-de-bruno-bettelhei...

La soeur de mon conjoint a eu le cancer du poumon,elle a eu une opération.

Quelques années plus tard,le cancer est revenu,mais elle décide de ne pas en parler à personne. C'est une femme très active,qui sort beaucoup,qui fait du bénévolat,qui assiste à des réunions de AA,cette femme a bu pendant de nombreuses années,mais elle a cessé de boire,pendant 30 ans,sans aucune rechute,elle aimait beaucoup jardiner,elle allait voir des spectacles,bref,elle a profité du temps qui lui restait,elle était retraitée depuis plus de 20 ans.

Donc,elle a été très active,jusqu'à 1 mois avant sa mort