Peut-on changer sa vie?

Portrait de Marie Lou

Ma question peut sembler stupide à certains mais pour avoir lu pas mal de bouquins sur ce sujet, je sais que les avis sont partagés.

En tant qu'infirmière, je vois défiler dans mon service, et j'ai vu défiler dans les différents services que j'ai fait, des gens de tous horizons, de toutes origines, des malades en fin de vie, quelques-uns qui se confient sur leur passé, des destinées qui peuvent donner l'impression d'être injustes tellement les personnes concernées racontent avoir souffert abominablement alors qu'elles sont gentilles...

Je me demande donc s'il est dans les moyens psychologiques ou spirituels de chacun de changer sa destinée. C'est une question qui m'interpelle car je vais avoir 35 ans le 11 juin et je me dis que je ne suis pas à l'abris de gros pépins qui seront sur ma route. Je me demande si on peut les éviter. Je suis croyante mais pour l'instant je patauge dans des interrogations comme celles là.

Si vous avez des avis, ça m'aiderait à ne pas partir dans toutes les directions! Toute blague à part, j'ai besoin d'être canalisée.

Portrait de Jean

Bonjour Marie Lou,

Votre question est bien loin d'être stupide et je me la pose tous les jours. Pourquoi cette souffrance ? Pourtant, je ne suis pas, comme vous, quotidiennement en présence des malheurs du monde. Vous avez écrit, je crois, que vous aviez fait un burn-out. Je pense que j'en aurais fait plusieurs si ma destinée m'avait confronté à exercer votre métier.

Je suis croyant moi aussi et j'ai lu dans les Evangiles que Jésus disait à ses disciples qu'il y aurait toujours des " tribulations ". Autrement dit, il n'est pas venu abolir l'injustice. Il suffit de suivre l'actualité pour se rendre compte que le monde va toujours aussi mal. Par contre, le regard porté sur ces " tribulations " peut changer. Ainsi, vous avez peut-être du constater, qu'à maladie égale, personne ne réagit de la même façon. Comme je l'ai dit dans de précédents commentaires, j'ai accompagné un ami en phase terminale d'un cancer. Cette expérience m'a beaucoup apporté dans la mesure où j'ai eu l'impression que c'est lui qui m'accompagnait pour vivre. Etrange et peu explicable rationnellement. Il s'agissait, au-delà de la vie et de la mort (binôme incontournable) d'un partage se situant sur un axe spirituel.

Je crois qu'on peut améliorer sa vie autant que faire se peut mais quant à changer sa destinée, je n'y crois pas vraiment. A la lumière de ma faible foi en Dieu, je crois qu'il nous est donné d'accomplir notre destinée, c'est-à-dire de l'accepter et d'en faire quelque chose. De l'ordre d'une sublimation spirituelle peut-être. La mère d'un prêtre de mes connaissances disait qu'elle offrait sa maladie (un cancer aussi) à Dieu. Pas évident à comprendre pour moi mais je crois que la foi peut soulever des montagnes de douleurs. Je ne suis qu'un petit apprentis en la matière même avec le double de votre âge. Et je trouve dans les partages de cette rubrique " Développement spirituel " toujours de quoi persévérer dans ma foi. J'espère de tout coeur qu'il en sera à l'dentique pour vous. Très bonne journée à vous, Marie Lou, et heureux d'avoir pu converser avec vous !

Portrait de Isabelle

Je suis assez d'accord avec ce que vous dites Marie Lou dans l'idée que le destin est "très lourd" avec des individus, qui somme toute ne font aucun "mal" dans leur façon d'être, de vivre... Je ne pense pas qu'on puisse fondamentalement changer sa vie sur cette destinée, dans la mesure, où et paradoxalement, nous l'avons choisie en nous incarnant... Par contre, je suis de plus en plus convaincue, les années passants et après une analyse et une foi sincère, même si souvent bien fragile aussi... qu'il nous appartient fondamentalement, pour moi c'est le libre arbitre, de modifier nos comportements face aux épreuves... Ce n'est bien évidemment pas aussi simple de le mettre en place, que de juste le dire... mais s'appliquer à positiver la vie, est une approche permettant déjà de quand même changer quelque chose, parce qu'alors, cela permet peu à peu de se "brancher" sur le sens pour soi. Autrement dit, peu à peu développer l'acceptation, dans son sens évolutif... Ce n'est plus subir par masochisme alors... C'est autant s'en remettre à Dieu, pour tout ce qui dépasse largement ma "petite compréhension" humaine et accepter, que justement ma dimension humaine fait qu'il y a aussi cette "nécessité" des épreuves pour grandir, avancer, voire transmettre... Mais je pense que c'est aussi un long et incessant travail d'introspection, pour toute la vie, quelle qu'en soit sa durée... N'oublions pas, que nous avons en nous, cette force magnifique "s'adapter"...

Portrait de Juliette

Je crois à la destinée et je pense que l'on ne peut pas changer sa destinée. La seule chose que l'on peut changer c'est soi. Ce qui va changer c'est le fait d'accepter cette destinée , le regard que l'on porte sur les épreuves et la façon dont on va les traverser. On peut faire de notre vie la possiblité de s'améliorer, de grandir, de s'élever sur un plan spirituel.

Nous avons le choix de refuser notre destinée et de transformer notre vie en parcours du combattant ou de l'accepter pour s'humaniser. C'est vrai que certains ont un parcours plus lourd que d'autre mais, je me dis, que si une épreuve est là c'est que je suis capable d'en faire quelque chose de positif et qu'elle me guide vers une humanisation.

Portrait de Amélie

Bien que je ne sois pas nécessairement quelqu'un d'exemplaire... en quoi que ce soit (!) il me semble que j'ai un peu compris peut-être ? Que si on évite quelque chose qui nous est donné à vivre, je crois que de toute façon, il nous faudra quand même le vivre plus tard, et que ce sera surement plus difficile encore... je ne veux pas du tout mettre un jugement en quoi que ce soit, et pardon si certains se sentent "blesser" par mes propos... A 18 ans, lorsque mon premier fils est né sans père, et avec une mère très jeune... je pense que celà aurait pû "donner" une situation pour grandir très difficile et perturbante pour lui... en tout cas j'y ai pensé quelquefois, après que mon fils soit devenu un adulte... mais pour moi, je garde cette "espèce de certitude", que parce que j'ai fait le choix de "garder cet enfant", d'une autre façon, j'ai un peu "simplifié" certaine chose... Mais peut-être aussi que pour quelqu'un d'autre ça aurait été plus compliqué ? Pour ma part, et c'est une réflexion qui m'est vraiment personnelle, c'est sans doute parce que j'ai accepté mon premier enfant, que deux autres sont ensuites venus avec une vie de couple équilibrée... Mais j'ai aussi bien conscience qu'il y a aussi beaucoup de vies très difficiles... Je crois qu'au fond, nous n'avons pas vraiment le choix que d'accepter si nous voulons marcher encore et rester debout dans sa vie.

Portrait de Alicia

C'et peut-être un peu primaire de le dire comme ça , mais finalement c'est d'une logique indiscutable ... Si on pouvait changer sa vie ... alors que sûrement il n'y aurait plus de misères et de souffrances sur notre planète et ce serait comme une sorte de paradis ... et si ce n'est pas comme ça que nous vivons sur la terre c'est que nous n'avons pas à choisir ... mais par contre , je pense moi aussi , et il m'a fallu du temps ! Qu'il est peut-être possible de changer notre façon de faire ... Soi faire avec parce qu'on sait que c'est pour  comprendre , murir certaines choses et peut-être en changer cettaines ... ou alors plier sous le poids et attendre que ça passe ... ou alors être toujours en bagarre avec tout le monde ... Je pense que c'est un peu plus confortable , même dans le pire , si on fait avec ...

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

La citation que j'ai écrite en titre de mon commentaire est du psychanalyste Jacques Lacan s'adressant à des psychanalystes. " Il y a toujours des choses qui ne collent pas ", dit-il. Autrement dit, comme il a été témoigné dans les commentaires précédents, une fois que l'on a fait tout ce qu'il faut pour améliorer la situation, la question qu'il reste à se poser, c'est : comment faire avec, ou sans d'ailleurs ? Il s'agit donc de vivre le plus possible ici et maintenant en acceptant ce qui nous est donné de vivre. A partir de là, un peu de la plainte lâche et il est possible d'envisager l'avenir de manière plus sereine. La psychanalyse, tout comme la spiritualité, véhicule aussi qu'il nous est donné à supporter que ce que l'on peut supporter et que tout, potentiellement, est sublimable.

Portrait de Isabelle

Je reviens ce matin faire un autre post, comme s'il me fallait encore "appuyer" ma réponse, à voptre quesdtion Marie Lou... En lisant tôt ce matin un petit paragraphe d'Affirmez la Sagesse Divine, j'ai ouvert au petit paragraphe des pages 69-70 qui s'intitule : "Comment on y arrive" - et qui commence ainsi : "Demandez avec persévérance la paix de l'esprit, la santé et le bonheur, car c'est la volonté de Dieu que vous ayez tout cela". Lorsque nous doutons encore plus qu'à l'habitude, et je parle pour moi... Il y a bien heureusement toujours ces signes qui ont du sens, pour nous encourager à ne pas baisser les bras... Et s'il m'est donnée d'en voir quelques-uns de temps en temps, c'est bien qu'effectivement, comme cela a été dit dans un post ici, que j'ai en moi, l'énergie nécessaire pour continuer à avancer... Même si en définitive, ces signes ne sont parlant que pour moi, à l'instant "t". Je ne pense pas, qu'il nous faille éviter quoi que ce soit, même si les tentations sont nombreuses aussi sur notre chemin de vie... En tout cas, et si le coeur vous en dit Marie Lou, lisez ce petit livre d'Emmet Fox, il est d'une grande richesse !

Portrait de Ugo

Je viens de vérifier une " foi " de plus, grâce à votre post Isabelle, que le hasard n'existe pas... Ce matin j'ai ouvert le livre d' Emmet Fox au " hasard " à la même page que vous... à croire que c'était écrit quelque part... un signe donc ayant du sens pour moi.
Pour répondre à Marie Lou, je pense que l'on ne peut pas changer ce que l'on a à vivre sur terre, tout simplement parceque  nous en avons  besoin. En revanche, comme celà a été dit ici, nous pouvons changer notre façon de vivre, notre manière de participer activement en conscience à notre destinée. Même si parfois le chemin semble difficile, ce qui est mon cas en ce moment.
L'étonnante synchronicité de ce matin me donne du courage pour continuer à avancer, à persévérer sur la route qui est la mienne. A moi ensuite de conduire du mieux possible !
Merci Marie Lou, d'avoir partagé votre interrogation.

Portrait de Gilbert

Décidémment, cette page 69 et suivante parle à beaucoup de monde. La résignation est, en réalité, un péché. Mais d'autre part, il faut se garder d'être trop impatient. Si un vieux problème continue à vous préoccuper, priez pour obtenir l'inspiration et l'intelligence qui en trouveront la solution. Il se trouve que ce nombre 69 me renvoie au décés de mon père (dans sa 69ème année), atteint d'une maladie qui n'a pu être guérie. C'est comme si tous ces posts exhaucaient ma prière... Merci !

Portrait de Marie Lou

Vos commentaires me font comprendre combien vous avez tous cheminé... Ça m'impressionne mais en même temps je ne désespère pas d'y arriver un jour! Je m'en donne d'ailleurs les moyens.

Alicia m'a convaincu du fait que l'on ne peut pas changer sa vie sur terre car sinon ça se saurait: c'est vrai que ça serait le paradis et que ça ne nous apporterait certainement pas grand  chose... Je pense par déduction que vous avez raison: il faut modifier intellectuellement sa façon de vivre ce qui nous fait souffrir... SI quelqu'un a la clé?

Portrait de M.Christine

Tout dépend, Marie-Lou, si pour vous "destinée" est synonyme de "fatalité .

Si on est fataliste, on subit tout ce qui arrive dans une attitude de victime impuissante .

Les circonstances extérieures sont l'image de ce que l'on vit à l'intérieur . L'univers nous envoie ce qu'on attire . Malheureusement, avec les peurs et les angoisses, on attire tout ce qui est sur la même longueur d'onde  ! La bonne nouvelle, c'est que ce phénomène est valable dans l'autre sens : on attire du positif par nos pensées et sentiments positifs . La volonté et la foi jouent un rôle capital aussi . Il faut y croire ! Et cesser de prêter  l'oreille aux pensées pessimistes qui ne manquent pas de venir nous tenter par leur chant de sirène . 

Je dirais donc que oui, on peut changer sa destinée, dans une certaine mesure, par notre travail sur la conscience intérieure .

Dans les grandes lignes, cette destinée est tracée, mais il y a mille et une manières de la vivre, et aussi de rectifier au fur et à mesure . Grâce à Dieu, nous avons le libre-arbitre .

En fait, nous avons beaucoup plus de pouvoir sur notre vie que nous le croyons .

Portrait de Hugo Natoli Psychanalyste

Bien qu'ayant plutôt l'habitude d'intervenir de temps en temps dans la rubrique psycho et coaching en tant que psychanalyste, je vais répondre ici d'une façon plus personnelle. 

Je vais aller dans le sens de M. Christine. À mon sens, l'être humain s'incarne selon une certaine trajectoire énergétique. Une pré-destination en quelque sorte. Cet itinéraire nous le connaissons au fond de nous, sans y avoir accès au niveau conscient. Chaque individu a des choses à vivre pourrait-on dire.

En revanche, la façon que nous avons de prendre la vague et de la surfer ( métaphore du thérapeute Marc Traverson ) ne dépend que de nous. C'est notre libre arbitre. Des influences, aussi bien internes qu'externes, peuvent rendre le parcours beaucoup plus sinueux. Chaque obstacle étant une leçon de vie pour nous guider, à condition de ne pas s'en sentir victime. 

Si notre vie a bel et bien un fil conducteur, il nous appartient de le faire vibrer à hauteur de nos espérances... En ce sens je suis certain également que nous pouvons changer beaucoup de choses, ne serait-ce qu'en y résistant de moins en moins...

Portrait de Gilbert

Hier, j'ai atteint un cap temporel : 60 années à essayer de changer, de m'améliorer... Pour l'occasion un ami de 20 ans plus jeune que moi m'a offert un immense cadeau sous la forme d'un livre intitulé " Vivre sans pourquoi ". Il est écrit sous forme d'un journal par un handicapé de la vie, Alexandre Jollien. Bien que connu comme philosophe (contre toute attente), il a décidé de suivre un maître spirituel dans un pays étranger, la Corée, pour approfondir sa spiritualité. Ce père spirituel est à la fois moine chrétien et pratiquant bouddhiste. Ce qui m'a marqué (je n'ai pas fini de tout lire), c'est le moment où Jollien explique qu'il a compris qu'il n'a définitivement aucun espoir de guérir de son infirmité. Il parle de tragédie de la vie à laquelle nous sommes tous, peu ou prou, confrontés. Pourtant, c'est au coeur de cette tragédie acceptée, explique -t-il, que nous avons une chance  de découvrir " l'essence-ciel ". Je vous livre un petit passage à propos de la conversion, et donc du changement  :

Se convertir, ce n'est pas vouloir devenir au autre, un héros, un saint, un Superman, quelqu'un qui n'en bave plus. D'ailleurs, on en bavera toujours. La méditation, comme un produit marketing qui nous enlèverait tout trouble à l'âme, est une dangereuse vanité. Le fleuve des pensées et des émotions coule pour tout le monde. Même le sage passe de " sacrés " quarts d'heure ! Simplement, chez lui, tout coule plus librement et les idées désagréables ne s'arrêtent plus en chemin... Se réconcilier avec l'imperfection du monde, voilà l'ascèse, la conversion.