Pourquoi des tas de gamins changent leur prénom ?

Portrait de Lilou.G

Je suis prof et depuis quelques années, je craque à chaque rentrée dans la mesure où certains élèves modifient leur prénom. C'est ainsi que Clara se fait appeler Léa ! Entre autres exemples... J'ai remarqué que c'est d'ailleurs surtout un truc de fille... Quoi qu'il en soit, vous voyez comme c'est pratique pour l'enseignant qui a un listing identitaire précis. Déjà que les classes sont surchargées et que le terme discipline ne fait pratiquement plus partie de la conduite des jeunes !  

En fait, j'aimerais bien comprendre ce phénomène actuel qui me semble être une négation de l'identité. Mais pourquoi ? 

Portrait de Gilbert

J'ai eu dans ma carrière un élève maghrébin qui avait troqué son prénom par un prénom à consonnance américaine. Et la mère laissait faire. Inutile de dire qu'il s'agissait d'une famille en mal d'identité et relativement fragile. Etant à la retraite depuis quelques années déjà, je n'ai pas eu à faire à ce que vous décrivez, Lilou G., mais en même temps, cela ne m'étonne guère dans une société relativement permissive. Ces jeunes filles semblent s'inventer une identité auto-proclamé, ce qui veut dire qu'elles ne reconnaissent pas, en quelque sorte, leurs parents. Ce sont des pseudos - de plus en plus courant avec l'ère Internet - la fiction s'imiscant dans la réalité. Je ne suis pas psy mais il me semble que nous allons vers de grands dérives identitaires effectivement. Une rupture avec le réel dramatique.

Portrait de Lucien

Je n'ai pas ce problème avec mes enfants (j'en ai d'autres !) mais, très modestement, je crois que les séries TV y sont pour beaucoup... Les jeunes se projettent facilement dans la peau de leur héros et de leur héroïne, quittant la réalité. La fiction savamment commercialisée est, selon moi, un problème de société, tous pays confondus, qui arrive à générer beaucoup de violence et de drames... Je rejoins tout à fait en ce sens l'avis de Gilbert.

Portrait de Orlan

Je ne suis pas prof mais il me semble que déjà dans la classe, cette autoduperie ne devrait pas être tolérée. Ces jeunes, complètement à côté de la plaque, devraient être sanctionnés manu militari. Un point c'est tout. Que diraient-ils si, histoire de plaque oblige, en croyant sonner à la porte d'un médecin, c'est un avocat qui les recevrait !

Très sincèrement, je plains les enseignants d'aujourd'hui...

Portrait de Sylvie-0570

Moi je ne suis pas du tout étonnée du contenu du post de Lilou. G. Quand on voit que certaines femmes arrivent à se faire transformer leur corps et leur visage façon poupée Barbie, il est sûr qu'exister en tant que soi paraît une sagesse qui s'envole chaque année un peu plus. Fréquentant professionnellement le monde du show biz, je peux vous assurer que rares sont les femmes qui n'ont pas recours à la chirurgie esthétique. Sans compter que les hommes s'y mettent de plus en plus !

Portrait de Mireille-cogolin

Vos réactions me font penser à une superbe phrase de Saint Bernard : " La beauté du Seigneur c'est son amour "...

Ce serait bien que notre société du leurre et de l'apparence réfléchisse un peu à cette dimension divine...

Portrait de Orlan

Un grand merci Mireille pour cette superbe citation de Saint Bernard.

Mais, pour rajouter à l'idée de votre commentaire, encore faut-il que les individus apprennent à s'accepter et donc à s'aimer tels qu'ils sont... Je crois que les publicités font énormément de tort en terme de prétextes fallacieux pour être admis et aimé...

Portrait de Jean

Lorsque les prénoms sont imposés dans des lieux symboliques comme l'école, il y a effectivement dérive grave. Je me souviens, ado, que j'avais aussi un surnom. Mon fils se faisait aussi appelé par ses potes d'un diminutif renvoyant à un célèbre joueur de foot. Mon neveu, lorsqu'il rappait et faisait des tags avait aussi un nom qu'il s'était inventé. Mais cela restait dans le cadre privé et ludique, même si c'était quand même discutable. Je suis d'accord avec Orlan dans le sens où à l'école, il n'est pas question de tolérer cet imaginaire...

Portrait de clémentine-78

Moi itou !

Quand j'étais ado, j'avais une fascination pour Vanessa Paradis (ça m'a passé depuis !) et, comme j'en avais marre qu'on m'appelle Mandarine (mon vrai prénom est bien Clémentine), je demandais à mes bonnes copines de m'appeler Vanessa ! Mais je ne créais pas d'ambiguïté avec les enseignants, c'est une évidence. C'est assez curieux d'ailleurs parce que les copines en question, quand on se revoit, m'appellent toujours Vanessa, ce qui m'agace mais je ne leur dis pas. Il fallait que j'y réfléchisse avant. D'autant que maintenant que je suis adulte, j'adore mon prénom !

Portrait de Ludo_437

C'est vrai qu'un prénom peut déranger à cause de copains sarcastiques et jaloux... À l'école primaire, j'en ai un peu souffert personnellement. Je me prénomme Ludovic et la chanteuse Sheila avait donné ce prénom à son fils, de 10 ans mon aîné ! Ma mère adorant Sheila n'a rien trouvé de mieux que d'influencer mon père, au point de le faire céder, qui lui aurait préféré m'appeler Benoît ! Le problème, comme j'étais bon élève, c'est que deux cancres de ma classe m'appelaient " Sheila " ! Même si nos routes se sont séparées par la suite, c'est vrai que ça m'a gonflé longtemps...

Portrait de Lilou.G

Vous venez de me faire faire un lien Ludo : Sheila chantait " L'école est finie " !!! Et je suis prof... En fait, je veux dire par-là que vos commentaires m'ont bien fait prendre conscience qu'il y a quand même, quoi qu'il en soit, une souffrance à la base d'un changement de prénom... De toute façon, nous avons prévu entre collègues de parler de cette problématique ensemble pour voir comment régler et stopper ces modifications identitaires en début d'année. Après, effectivement, passé la grille de l'établissement scolaire, ces jeunes font ce qu'ils veulent... Ou ce qu'ils peuvent...

Portrait de Mireille-cogolin

N'étant pas prof, je ne voudrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas Lilou. G., mais ces commentaires vont peut-être contribuer à vous faire voir ces élèves qui changent leur prénom par le prisme d'une souffrance psychologique qu'ils cachent... Ce qui leur rendra service dans la mesure où ils se sentiront accueillis...

Portrait de Lilou.G

Mais vous ne m'offensez pas du tout Mireille-Cogolin. Bien au contraire. Toutefois, il est vrai que je ne l'ai pas précisé dans mon précédent post, mais il est une évidence que si je subodorais déjà que ce déni - comme tout déni du reste - traduit un mal-être, je vais observer ces élèves autrement et essayer de les aider au mieux. En revanche, pour des raisons de cohérence, il s'agit également malgré tout de stopper cette dérive de modification de prénom.

Portrait de Isabelle

En réfléchissant à l'identité, je me disais qu'au fond, lorsqu'un "jeune" impose via l'école un autre prénom que celui qu'on lui a donné à sa naissance, il traduit bien aussi, qu'il "refuse" dans le sens d'un déni, son incarnation... Et donc "tout" son sens également... Il m'a fallu du temps et aussi une analyse, pour "réaliser" à quel point, le fait qu'on me nomme "Isa", et que je "l'accepte", puisque répondant "oui".... Avait un aspect "réducteur". J'ai appris à prêter attention au fait que dans l'entièreté de mon prénom, il y a aussi "belle", et que ce n'est pas un hasard, dans la mesure ou celà induit tout autant pour moi, qu'il s'agit de me reconnaître aussi à "ma juste valeur", ni plus, mais ni moins non plus... D'autant, dans ma "tranche d'âge", il y a eu très peu d'années scolaires, où je ne me sois retrouvée dans la classe, avec au moins une autre élève portant le même prénom... Bonjour les confusions...

Portrait de Gilbert

C'est un peu dans l'esprit du com de Mireille-cogolin que j'ai essayé de me positionner par rapport à cet élève, fils d'immigré. J'ai surtout vu son mal-être, valorisant à chaque fois que je pouvais le positif de son véritable prénom. Pas toujours facile mais je reprenais toujours sa maman lorsqu'elle n'utilisait pas le prénom officiel. Une façon de réhabiliter son identité.