Pourquoi et comment les problèmes ne peuvent survivre dans le présent?

Rassurez-vous, Nathalie, je suis aussi dubitative. Lorsque je suis obnubilée par un problème, il ne disparaît pas comme ça, en lisant simplement ce type de phrase et en essayant de l'appliquer. Il me semble qu'Eckhart Tolle  propose de commencer par  lâcher prise en se centrant sur le corps plutôt que sur le mental. C'est l'entraînement à la pratique du Zen. La respiration, la posture, sentir son corps, etc. En tout cas pour ma part, c'est ce que j'ai retenu. Mais peut-être, comme vous, y-a-t-il des subtilités que je n'ai pas encore intégrées ?

Gace au forum, j'ai aussi acheté ce livre et j'en ai lu quelques pages en diagonal, pour l'instant. Je me suis rendu compte, que lorsque je suis concentrer à fabriquer un meuble ( je suis artisan), je ne pense plus à mes problèmes de la vie quotidienne. Est-ce cela que veut induire Eckhart Tolle? Si je n'y pense pas, alors de fait mes problèmes n'existent pas???

Je connais ce livre qui, à mon sens, est extrêmement difficile à assimiler. C'est vrai qu'il est présenté comme un best seller à travers le monde, mais j'avoue que j'en ai fait mon livre de chevet car à la fois, les écrits d'Eckhart Tolle me donnent l'impression d'être d'une ampleur gigantesque comme ceux d'un élu de Dieu, et à la fois, je ne sais même pas si j'en ai saisi le quart ! Mais je ne me décourage pas pour autant parce que je me dis que si j'arrive un jour à comprendre l'ensemble des messages délivrés, je n'aurai pas perdu mon temps sur terre ! Sauf que je n'en suis pas là encore et j'ai même le sentiment d'en être très loin...
En ce qui concerne la question essentielle que pose Nathalie, je rejoins l'interprétation de Cécile : lâcher-prise et centration sur le corps. Par contre et c'est là où le bât blesse pour moi, c'est qu'il s'agit de pratiquer de la sorte à chaque angoisse et que matériellement, ce n'est pas possible : j'ai trop de travail ! Igor, de son côté, a trouvé le truc grâce à son métier d'artisan... Personnellement, je suis très loin d'arriver à débrancher lorsqu'une angoisse me taraude. C'est sûr que si j'ai un client devant moi, je l'écoute et j'essaie de le conseiller de mon mieux. Du coup mon angoisse m'emmerde moins mais je sens quand même qu'elle est là et qu'elle me harcèle...
Je sais que je n'ai rien apporté à Nathalie d'intéressant comme élément de réponse et j'aimerais bien l'avis d'autres foromers...

Je vais peut-être me ridiculiser mais je me lance quand même...
Quand un pic de souffrance arrive (parce que la souffrance dans une même journée n'est jamais la même), c'est un message négatif du passé, de l'enfance, qui surgit comme le diable, histoire de nous faire très mal pour ne pas oublier nos premières années d'existence. Du coup, le psychisme s'en empare et projette cette mauvaise information dans un futur déplorable qu'on ne connaîtra sûrement jamais... C'est ce système pernicieux et polluant qui perturbe notre santé, y compris notre santé mentale. Pour arrêter de s'abîmer, il faut situer notre angoisse dans le présent. Je vais essayer de prendre l'exemple de la fille de Nathalie :
. Elle n'a pas eu son bac et ne veut plus le repasser.
. Le jour où elle n'a pas eu son bac est révolu depuis plusieurs semaines. C'est terminé. Au présent, le jour du bac n'existe pas.
. Que peut faire Nathalie quand elle s'inquiète ? Se centrer sur elle sur quelque chose qu'elle vient de réussir : une recette de cuisine, un mot gentil adressé à son compagnon... Ce n'est pas éviter. C'est détourner le subconscient du passé (échec scolaire, milieu familial précaire :ce ne sont que des exemples car je ne connais pas l'histoire personnelle de Nathalie) et ne pas enclencher de scénario catastrophique sur l'avenir de sa fille, de type : " Ma fille va rater sa vie sans le bac. Il ne lui restera plus que la possibilité de faire des ménages "...
Je vois la phrase de Monsieur Tolle comme ça...

Le conseil d'Eckhart Tolle, effectivement, est là pour que nous prenions conscience que notre passé a été ce qu'il a été, en particulier en ce qui concerne la toute petite enfance, et que nous n'y pouvions rien et que nous n'y pouvons définitivement plus rien. C'est la base de l'acceptation car il s'agit d'une réalité que personne ne peut contester. Ensuite, ce fameux futur éclairé par les affres du passé donne des résultats dramatiques, avec des personnes qui finissent en dépression ou qui peuvent même se suicider... Le Présent n'a rien à voir avec tout cela : imaginons qu'une femme ait eu un père paresseux, qui ne veuille pas travailler quand elle était enfant... J'ai une amie dans ce cas-là : avec son frère, comme il n'y avait quasiment rien à manger à la maison, ils ont fit du rachitisme... Imaginons que cette femme, pour retrouver ce père inconsciemment, se soit arrangée pour épouser un homme fainéant... Si elle projette son couple dans le futur (improbable), c'est le psychisme de la petite fille rachitique qui va le faire, petite fille qui n'avait pas les moyens de ramener de la nourriture à la maison... Mais aujourd'hui, elle est adulte et peut-être ira-t-elle faire des ménages (pour reprendre l'idée de Cricri) mais elle ne crèvera pas de faim... Imaginons maintenant qu'un homme ait eu une maman alcoolique. Inconsciemment, il a fait en sorte d'avoir une compagne qui a un problème d'alcoolisme. Si cet homme aborde ce problème en se projetant dans le futur avec le psychisme du petit garçon effrayé par les conduites alcoolisées de sa mère, il va développer une angoisse et une souffrance qui peuvent le faire " tomber " malade... Pourtant, en tant qu'adulte, il n'est pas impuissant devant la pathologie de sa compagne. Même si son problème est compliqué, à son âge il peut trouver des solutions, ce qu'il ne pouvait pas faire enfant, période où il " dépendait " complètement de sa maman : lui, n'est plus " dépendant " ; c'est sa compagne qui est " dépendante " de l'alcool. Il peut avoir les " coudées " franches et malgré cette grande difficulté dans sa vie, ne pas se sentir démuni et garder une grande confiance en soi...

Je suis de plus en plus impressioné par les interventions de Sofia M. Votre analyse, car il s'agit bien d'analyse, de la situation de Nathalie me paraît tout à fait juste. N'avez-vous jamais songé à vous diriger vers cette voie professionnelle ? Vous en avez, à mon sens, une compréhension appliquée à la vie quotidienne. Merci en tous les cas de participer à ce forum. Vous avez tous les acquis nécessaires pour ce métier et - ce qui est le plus important - cette intelligence du coeur innée qu'aucun établissement de formation, aussi pointu soit-il intellectuellement, n'est en mesure de transmettre... Vous avez beaucoup de chance Nathalie ! Bonne soirée à toutes et à tous. Décidément ce forum est un véritable espace didactique en même temps qu'un lieu d'humanisation exceptionnel. J'en profite pour remercier chaleureusement l'équipe de Signes & sens qui est à l'origine de ces moments de pur bonheur pour l'humble professionnel que j'essaie de rester.