Pourquoi ne pas éviter les événements négatifs les fait disparaître ?

Portrait de iverlaine

Les Penseurs positifs et les Bouddhistes assurent que de ne pas chercher à éviter les événements négatifs de l'existence aboutit à leur disparition. 

J'aime cette idée, difficile à mon sens à tenir sur la durée... J'adorerais y arriver mais pour me lancer et avec mon esprit bien rationnel et bien pragmatique, j'ai besoin de comprendre le pourquoi de ce phénomène tout aussi surprenant que libérateur...

Pouvez-vous m'expliquer pourquoi et comment ça marche ?

Portrait de Gilbert

Pour ce qu'il me semble connaître de la philosophie bouddhiste, elle transmet que l'existence est dualité et impermanence. Ainsi, éviter les événements considérés comme négatifs serait un leurre. Nier la mort, la maladie, la vieillesse et en avoir peur n'empêche pas ces réalités d'exister. C'est d'ailleurs le début de la prise de conscience du Bouddha Siddharta, jeune prince riche et beau, qui vivait dans un palais où toutes ces choses lui étaient cachées : une cage dorée en quelque sorte. C'est en considérant que la souffrance existait qu'il a pu développer une méthode pour en sortir. Il existerait en nous un état d'Eveillé, Dieu pour les croyant, nous permettant de comprendre que ce négatif n'est finalement qu'un jeu de Maya, l'illusion, pour nous faire comprendre nos erreurs de points de vue.

Mais, j'en conviens, Iverlaine, c'est pas toujours facile à mettre en pratique sur la durée. J'avoue que je coince un peu sur la méthode et la pratique concrète même si j'essaie, comme vous, de me lancer en mettant un pied devant l'autre chaque jour...

Portrait de Viviane

Bonjour Iverlaine. Je ne sais pas, si je parviendrais à vous expliquer le pourquoi et le comment ça marche... Cependant, je répondrais déjà en tout premier lieu, que d'une certaine façon, il y a la réponse dans votre question... Un peu facile de répondre cela me direz-vous... C'est que je réfléchissais au fait que la vie dans son sens le plus large, c'est-à-dire sur un plan universel, est construite sur un principe de couples d'opposés...  Ce qu'a d'ailleurs largement développé Sigmund Freud avec la méthode et la méthodologie analytique, en particulier (même si le travail analytique n’est pas la seule possibilité pour permettre à un individu d’envisager la vie différemment, autrement dit, dans un questionnement plus juste, permettant un équilibre entre pulsion de vie et pulsion de mort, la deuxième se trouvant en retrait par rapport à la première, sans nécessairement la nier…).  Cependant, pour permettre à la pulsion de vie d’être première, il est nécessaire d’aller voir la pulsion de mort en quelque sorte, sinon comment alors « renverser la vapeur » si je puis dire… Si tout principe de vie justement est composé des deux aspects, c’est bien qu’il s’agit de faire avec les deux, dans un plus juste équilibre, la première intention étant toujours la vie, et de façon plus « matérielle », depuis l’instant même de notre conception… Mais cette « vie première » est en constante transformation (ce qu’on comprend un peu « mieux » en observant le rythme de la nature)… Mais s’il n’y avait que du « positif » en quelque sorte, cette vie terrestre n’aurait véritablement aucun sens… Donc « le négatif » est véritablement à voir « en face » pour que le « positif jaillisse »… C’est ce que je crois comprendre aussi de ce que « lâcher-prise » signifie… Comment « prendre du recul et accepter » en quelque sorte, si on ne regarde pas ce « qui gêne » aussi… Si l’on ne prend pas en compte, le négatif, cela revient à dire alors, que nous « vivons » une sorte de « nirvana »… pourtant, c’est loin d’être le cas dans notre vie de tous les jours... Autrement dit, il me semble qu’il n’est pas possible « réellement » de positif sans négatif… Ce qui revient au fond à ce « faire avec » mais sans masochisme... le sens du travail analytique… L’un n’existe pas sans l’autre, mais diféremment… Mais je crois personnellement qu'il me faudra bien plus que cette vie présente, pour en arriver véritablement à un "niveau de conscience" tel, que je serais à même "d'accepter sans révolte"... Mais est-ce le sens de la vie humaine ?

Portrait de cricri

Je ne sais si cette forme d'acceptation est plus facile pour les croyants que pour les athées... Pas fatalement d'ailleurs parce que, personnellement, même si ma foi est sincère, quand une contrariété ou un tsunami s'abat sur moi, j'ai tendance à paniquer. En revanche, très vite je me dis que je ne peux rien contre cet événement qui me semble négatif sur l'instant, ou même sur une durée beaucoup plus longue, une fois bien sûr que j'ai essayé de faire en sorte que cet obstacle ou cette épreuve disparaisse. Mon raisonnement devient alors celui-ci : si je ne peux rien faire pour éliminer ce négatif, c'est qu'il a sa raison d'être à l'instant T et qu'il a des choses à me dire. J'essaie de trouver la leçon qu'il cherche à m'enseigner. Ce n'est pas toujours facile pour moi parce que je suis encore trop rebelle et orgueilleuse. À mon sens, la disparition de ce qui me gêne est liée à ce positionnement d'accueil dans la mesure où je n'y peux rien. Je désire insister sur ce point car il est bien évident que je ne fais pas ici l'apologie du vol, du viol, de la violence, etc. Je parle uniquement de situations que je ne peux pas résoudre par moi-même. On peut essayer de se protéger du vol, du viol, de la violence. À l'inverse, si son mari ou sa femme ou son enfant est gravement malade, on peut l'aider à se sentir mieux mais on n'a pas les moyens d'éliminer sa maladie. C'est à ce point précis qu'il faut ne surtout pas en vouloir à la terre entière mais essayer de comprendre et travailler sur nos réactions. Par exemple, il ne faut pas victimiser. Entre autres. Il ne faut pas non plus se vivre et s'afficher de façon ostentatoire comme un héros ou une héroïne qui brandit le devoir comme la panacée. En fait, je pense que lorsqu'on parvient à atteindre une neutralité suffisante face à notre problématique, elle disparaît. Cette neutralité doit être autant consciente qu'inconsciente. Ce lien est un véritable lâcher-prise.

Pour parvenir à cet état libérateur, je pense qu'il est très important de se répéter - devant un phénomène très douloureux ou anxiogène qui surgit - que le chemin de la libération passe par la conscientisation que si nous avons à le vivre, l'Univers ou l'Intelligence infinie ou Dieu ne voulant que notre bien, puisque nous avons été créés, nous envoie ainsi la face cachée du meilleur. Et se le répéter autant de fois que l'insupportable est devant nous. Je sais que ce raisonnement est extrêmement difficile à entendre et à admettre pour un être humain mais, en ce qui me concerne, je n'en ai jamais trouvé un autre pour calmer mes angoisses. Je vais prendre un exemple récent.

Une de mes filles a été très peinée par la disparition de l'équipe de Dropped. Elle est arrivée en parlant d'injustice, en soulignant en particulier le trop jeune âge des défunts. Comme elle n'en finissait plus, je lui ai dit que la mort - certes prématurée - de ces participants leur avait peut-être évité le pire dans leur vie (je sais que ne vais pas me faire que des amis mais c'est mon point de vue). Elle s'est fâchée. Je ne voulais pas la blesser mais je voulais lui dire que nous n'avons pas la possibilité d'expliquer une mort prématurée (en sachant que nous tous sommes mortels et que nous avons tendance à l'oublier), une maladie, un accident grave... Je me souviens d'un couple de notre entourage, il y a 40 ans maintenant, très croyant et pratiquant, qui a perdu son petit garçon l'après-midi même de son baptême. Ces personnes ont donné une petite fête religieuse de famille après l'enterrement. Je ne sais par quel " miracle " mais, peu de temps après, ce couple a été interviewé par la télévision à ce sujet. Le papa a dit que d'une part, Dieu en avait décidé ainsi et qu'il n'y avait pas à discuter cela et que d'autre part, leur enfant aurait sûrement eu un destin tragique, fait de souffrances, et que Dieu avait bien voulu les lui éviter. Quant à eux, ils avaient cet épisode de vie à traverser - qu'ils ne considéraient donc pas comme une épreuve - pour transmettre leur Joie quoi qu'il arrive...

Je ne sais pas si ma position psychologique et spirituelle pourra vous aider Iverlaine mais il est vrai que j'ai acquis la conviction - en rouspétant beaucoup mais de moins en moins tout de même - que les douleurs qui me sont données à vivre constituent une forme de protection et, bien sûr, d'enseignement à acquérir. Certains penseront que je suis tombée dans la marmite de la judéo-chrétienté, pourtant il n'en est rien : il s'agit juste de la conclusion dans l'ici et maintenant de mes expériences personnelles...

Portrait de Jean

Que de sources de réflexions enthousiasmantes dans vos commentaires : Bouddhisme, Psychanalyse, Spiritualité Chrétienne... Toutes ces lignes m'enthousiasment. J'espère qu'il en est à l'identique pour vous, Iverlaine. Quant à moi, cela m'a renvoyé encore une fois à moi-même et je désespère de moins en moins de la vie... Merci à vous !

Portrait de Isabelle

Si j'ai déjà parlé à plusieurs reprises de la mort de mon jeune frère, avec tout ce que ça a "conditionné" dans ma vie, par la suite... Je ne peux qu'abonder dans le sens de ce que dit Cricri... Cet évènement douloureux et "négatif" dans ma vie d'adolescente, a en définitive générer bien plus d'aspects positifs et constructifs, au fil du temps dans ma vie d'adulte... C'est mon intime conviction... Même si je reste en tant qu'individu souvent avec "mes aspects un peu à fleur de peau"... avec des réactions très "réactives" si je puis dire... Je crois que c'est "comme une protection", je suis tout à fait d'accord avec vous Cricri ! Il était sans doute incontournable pour moi de vivre cette situation, ne serait-ce que pour "générer une sorte d'éveil", une "prise de conscience" de la valeur de la vie déjà... Mais aussi, le simple fait bien réel, que si mon frère avait "survécu" à cet accident de la route avec "mort instantanée", ç'aurait été sans doute et d'une certaine façon, bien plus douloureux pour nous... autant que pour lui... son corps étant tant abîmé, qu'il aurait eu une vie probablement "à l'état végétatif"... Cependant, je précise que "pour accepter", ça n'est jamais facile, et j'ai encore conscience, après plus de 30 ans... Qu'il m'arrive encore de "réagir" avec un "sentiment d'injustice" malgré tout... C'est à travers mes propres affects, que je vois combien aussi, "sa mort" a vraiment valeur pour moi d'un travail de tous les jours... Et dès que "je relâche" un peu mon attention (à ma mesure je précise...), les "rappels à l'ordre" ne manquent pas de se manifester... Je souligne que ça n'est pas "juste une vue de l'esprit"... Et que je pense être quelqu'un de relativement sensée...

Portrait de Amélie

Même si je crois moi aussi, que ce que nous sommes appelé à vivre de difficile est fait justement pour vivre "mieux" ensuite, je reconnais que ça n'est pas aussi facile que ça ! Mais je rejoins ce qui a été dit à ce sujet déjà, que je ne vois pas comment on aurait ce possible positif si on refuse le négatif... Si dans ma jeune vie, je n'avais pas fait ce choix d'opter pour la vie avec mon premier enfant, je ne suis pas sûre du tout, que j'aurai eu par la suite, le grand bonheur de rencontrer mon mari et d''être mère de 2 autres enfants... Mais c'est difficile de l'expliquer "concrêtement" parce qu'il y a une notion très subjective dans ce fait de le vivre... Puisque qu'au fond personne ne peut réellement me démontrer l'inverse non plus... C'est bien une question de destin propre à chacun, puisqu'il y a certainement aussi des jeunes femmes dans mon cas précis, qui ont peut-être fait un choix inverse du mien et qui en ont fait aussi un cheminement de vie qui a du sens pour elles...

Portrait de Orlan

Le jour où j'ai découvert ce passage des Écritures saintes, ma vie a commencé à changer en positif. Ce n'était que le début d'un beau travail spirituel mais il a été fondateur.

J'ai tout d'abord essayé de relier cette phrase essentielle à mon parcours de vie et c'est ainsi que de superbes rencontres ont eu lieu et que je sais maintenant que le mal cache SYSTÉMATIQUEMENT un bien précieux et protecteur. Dit comme ça, ça va en faire rigoler plus d'un ou même hurler, mais ce n'est pas grave car tant qu'on n'a pas réfléchi à cette subtilité cosmique, on ne peut pas y adhérer. C'est la vérification de ce phénomène dans sa propre existence qui permet d'accepter nos difficultés et, quand on n'a plus besoin de celles qui sont actuelles, elles disparaissent mais nous ont fait grandir entre temps... En sachant qu'il y aura d'autres " problèmes " sur notre route car nous sommes sur Terre pour avancer et nous amender... Mais le Principe est humanisant, nous rendant de moins en moins inquiets et donc de plus en plus heureux...

Pour illustrer mon propos, je vais vous donner un exemple très banal... J'avais un copain que j'aimais beaucoup jusqu'au jour où il est parti avec ma petite amie de l'époque... Je lui en ai voulu, mais une évidence s'est imposée à moi environ un an après (!) : il avait découvert les écrits du Docteur Joseph Murphy dont il m'avait conseillé le fabuleux livre : " Exploitez la puissance de votre subconscient " et que j'avais fini par acheter après bien des hésitations. Le jour où j'ai eu ce livre entre les mains, ce fut une révélation pour moi et j'ai appliqué la méthode : c'est dans ce bouquin que j'ai trouvé la citation biblique : " Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu " ! Certes, mon copain m'a trahi mais quel cadeau m'avait-il transmis auparavant en me parlant des écrits de Murphy... Voilà une forme de pardon qui s'est imposée à moi et qui a permis que je fasse le deuil de mon ex-petite amie... La difficulté a disparu, la peine aussi, la colère avec, et c'est alors que j'ai rencontré ma future épouse, avec laquelle je suis toujours marié, et qui m'a apporté - sans le vouloir - une certitude : avec mon ex (on devait se marier), notre couple n'aurait pas bien fonctionné...

J'ai eu la chance d'être touché par cette Grâce et je souhaite ce Cadeau au plus grand nombre... En revanche, il faut tout de même savoir que ce " Présent " nécessite un solide engagement...

Portrait de iverlaine

J'aimerais un jour avoir vos compétences mais je vous remercie avant tout d'en faire profiter les foromers...

J'ai l'impression que vous m'avez mis un guide entre les mains qui contient de quoi ne jamais déprimer... J'en ai le vertige mais au bon sens du terme...

Je vous remercie encore une fois d'avoir pris sur votre temps pour m'aider à comprendre que nous avons les outils nécessaires pour ne pas décliner...