Quand on est trompé est-ce qu'on y est toujours pour quelque chose ?

Portrait de Sylvie-0570

Il semblerait que pour les psychologues, quand on est trompé sentimentalement, on y est pour quelque chose.
Mais est-ce qu'on y est " toujours " pour quelque chose ?

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Tout petit d'Homme a fantasmé être trahi par ses premiers objets d'amour (sa mère et son père étant vécus comme se liguant contre lui). Ainsi, les trahisons sentimentales futures s'étayent sur ce scénario oedipien. La psychanalyse explique que les névroses s'attirent et se complètent. Si le complexe d'Oedipe n'est pas dépassé, il y a de fortes chances que l'inconscient répète la même histoire (purement fantasmatique) en ne choisissant pas par hasard la ou le partenaire qui va nous tromper ainsi que la rivale ou le rival.

Quant à dire que nous sommes toujours responsable de la tromperie de notre conjoint, ce serait sombrer dans un masochisme de mauvais aloi. Certes nous avons à comprendre quelque chose de notre histoire, ce qui ne veut pas dire que nous devons cautionner. Par contre, il est important, lorsque le couple n'est plus viable, de se dire que " la trahison rend libre "... Et que le traître ne nous méritait pas !

Portrait de zab

Bizarre pour un psy de dire qu'on n'est pas toujours responsable de la trahison de son conjoint ???
Pour moi nous avons 50% des torts de chaque côté.
Je n'ai jamais trompé mais j'ai été trompée par les pères de mes enfants. J'ai vu une psychothérapeute la deuxième fois en me disant que cette répétition voulait dire quelque chose. Elle a mis l'accent sur mes comportements dans le couple et elle m'a fait remarquer qu'en fait, je faisais toujours la même chose avec les hommes que pourtant j'aimais. Je tenais pas mes comptes, je faisais des découverts à la banque. Mon attitude faisait que je me permettais de faire des reproches à mes conjoints: ils auraient pu faire des heures supplémentaires pour qu'on ne soit pas en difficulté financière ou arrêter de faire leur tiercé ou de s'abonner à une revue que je décrétais inutile et sans intérêt... J'ai plein d'exemples comme ça. Je leur reprochais aussi qu'on ne parte jamais en vacances alors que c'est moi qui dépensais plus que ce nos salaires le permettaient!!! Et je dois dire ce qui a donné raison à la psychothérapeute c'est que ces hommes se sont toujours arrangés pour ne pas payer la moindre pension alimentaire! Cette thérapeute m'avait dit que ça me permettait de rester "victime"! Et malheureusement c'est vrai. Sauf que maintenant je n'accuse plus les autres de mes problèmes.

Portrait de Ugo

Je me souviens d'une conférence d'Yvon Dallaire, psychothérapeute canadien, à laquelle j'ai assisté il y a quelques années. Une phrase m'avait alors interpellé : "Dans un couple, chacun est résponsable à 100%". Moi qui avait toujours entendu le fameux 50/50. Plus tard, j'ai compris ce que ce pychothérapeute voulait transmettre...  pour rejoindre Zab!

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Bien sûr Zab et Ugo. Vous avez raison. Mais vous semblez visiblement avoir fait un certain cheminement avant d'en arriver à cette compréhension. Ce qui est tout à votre honneur. Et puis vous  bénéficiez natuellement d'un moi assez solide pour effectuer une telle remise en question. Mais tout le monde ne réagit pas comme vous. Témoin, cette personne que j'ai eu au téléphone et qui pensait être responsable à 150 % de la tromperie de son compagnon. " Je suis nulle, indigne d'amour etc... ". Certes, son inconscient témoignait d'une faille narcissique mais il faut bien restaurer une bonne estime de soi avant de commencer à assumer les 50, voire les 100 % de responsabilité, mais peut-être pas les 150... L'autre existe aussi et, selon les cas, a sa part à 50, voire à 100 %. ..

Portrait de Ugo

Là, je suis 100% d'accord avec vous Gilbert.R !

Portrait de Isabelle

Les névroses s'attirent et se complètent. Donc les 50/50 de Zab sont justes à mon humble avis, et certainement plus "acceptable" pour les deux. Ne perdons pas de vue, que celui qui trompe et celui qui est trompé, sont également en souffrance (souffrance visible ou pas...) ! L'avantage de l'envisager sous cet angle, c'est que cela permet déjà de dédramatiser ! Et puis n'oublions pas comme l'a dit Gilbert R. Psy... que dans cette histoire de "trahison à la base oedipienne", l'enfant qui se vit trahit par exclusion du couple parental, dans le fantasme cherche à "éliminer" le parent, mais du coup par culpabilité interposée, retourne aussi les choses contre lui (j'espère que je ne suis pas en train de dire des bêtises...). J'ai vécu les deux situations. Dans les deux cas, ma souffrance était au moins aussi importante ! Il n'y a rien de confortable à trahir l'autre, en tous cas je ne l'ai pas vécu comme cela... La trahison peut aussi générer beaucoup de culpabilité pour celui qui la met en place... Et puis cet "autre trahit" à également eu les signaux d'alarmes... Signaux qui peuvent être ouvertement explicites, j'en parle en connaissance de cause, là encore... Au bout du compte, c'est du perdant/perdant tant que l'on en fait pas quelque chose pour soi... Qui permettra ensuite d'envisager "l'autre" différemment... Ce couple infernal bourreau/victime, qui nous pourrit la vie et que nous nous acharnons à cultiver... Au fond, chaque trahison (aussi douloureuse soit-elle !) nous est peut-être aussi donnée pour "lâcher-prise" à chaque fois un petit peu, ne serait-ce que pour "intégrer" fondamentalement que le bourreau deviendra à son tour victime et que la victime peut devenir bourreau... Mais ça fait peut-être partie du travail de toute une vie pour évoluer ?