Que veut dire " Sujet-supposé-savoir " ?

Portrait de Michèle

Comme il est souvent question de psychanalyse sur ces forums et que j'aime lire je suis allée me renseigner et j'ai appris que c'était Jacques Lacan qui avait forgé cette expression. Mais j'avoue que je ne comprends pas grand chose à ce qu'il transmet. Est-ce que vous pourriez m'éclairer sur ce qui est pour moi une petite énigme ? Merci.

Portrait de Gilbert

Bonjour Michèle,

Je veux bien tenter une réponse à partir de ce que je " suppose " savoir pour ce qui a trait à votre question. A charge aux pros de venir infléchir un discours peut-être erronné.

Il me semble que lorsqu'une personne fait une demande d'analyse, il suppose que ce professionnel a les réponses à son mal-être de par sa connaissance du psychisme inconscient. Ce qui est à la fois vrai (Jacques Lacan disait que les psychanalystes en connaissent un bout) et faux dans la mesure où les réponses viennent de l'analysant. Jacques Lacan affirmant encore que là où on pose une question c'est que l'on a déjà la réponse. C'est le sens de l'interrogation sur soi. De par la méthode et la méthodologie psychanalytique le spécialiste ne va donc pas donner de conseils mais faire en sorte que l'analysant découvre lui-même ce qui bloque dans sa vie.

Par extension le " Sujet-supposé-savoir " représente toute personne (professeur médecin, etc) à qui l'on accorde un savoir que l'on ignore. Ce savoir peut être considéré comme une sorte de pouvoir que possède ce tiers sur nous.

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Comme le dit mon homonyme Gilbert, le fantasme du " sujet-supposé-savoir " est le fondement de la demande d'une cure analytique. Jacques Lacan évoque ce concept dans son séminaire " L'acte psychanalytique " (1967-68). La place que donne l'analysant au psychanalyste installe le transfert, moteur de la cure.

Ce " leurre " est donc incontournable pour qu'au fil des séances, par la méthodologie du contre-transfert linguistique, l'analysant découvre que lui seul à les clés, jusqu'au dénouement de son analyse, ce moment où, analysé, il n'aura plus besoin de l'étayage du professionnel.

Portrait de Michèle

Merci pour vos explications. J'y vois un peu plus clair !

Portrait de Charles

Dans un article de Signes & sens  intitulé " Adopter la sagesse pour rencontrer le bonheur ", Jean Vernet écrit au sujet de la méthode socratique  : " Dans son « Petit traité de vie intérieure », Frédéric Lenoir explique que La reconnaissance de notre propre ignorance est au fondement même de la quête de la Sagesse. « Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien », répétait Socrate à satiété, déstabilisant ainsi ses interlocuteurs et les obligeant à remettre eux aussi en doute leurs propres certitudes… Rien à voir avec un savoir dogmatique, la méthode socratique s’appuyant sur une interrogation permanente. En ce sens, elle pose les bases d’une introspection authentique et libératrice. Les préjugés aliènent et empêchent une réelle rencontre avec soi. Socrate, à l’image de sa mère qui était sage-femme, se définissait d’ailleurs comme un accoucheur d’âmes…

Je trouve que les explications données vont dans le sens de cette sagesse socratique.