Quels risques à accoucher à domicile ?

Portrait de luna_95

Une des cousines de mon mari, enceinte de quatre mois, s'est mis dans la tête d'accoucher chez elle sous la houlette d'une sage-femme. Son mari n'est pas d'accord mais, visiblement, sa femme ne veut pas en démordre, se justifiant en utilisant des arguments psychologiques. Personnellement, ça me ferait peur, mais il est vrai que je reste très sensibilisée par le décès de mon bébé, lié à une mort subite du nourrisson. Si cette cousine persiste dans son choix, existe-t-il véritablement des risques sur un plan médical, pour elle et pour l'enfant ?

Portrait de Gilbert

Je fais partie de ces enfants des campagnes qui naissaient à domicile dans les années 50/55. Mais je suppose que le médecin de famille pouvait venir à la rescousse au cas où. Il est vrai qu'il y a aujourd'hui  une tendance à vouloir démédicaliser l'accouchement qui n'est pas une maladie, les maternités étant souvent associées à l'hôpital. Pourtant, il me semble qu' il y a un côté sécurisant. Je ne suis pas une femme mais j'avoue que j'aurais quelques inquiétudes aussi. Peut-être allons nous avoir des témoignages plus ciconstanciés ?

Portrait de zab

J'ai trois enfants et je peux vous assurer que j'ai été bien contente d'accoucher à chaque fois dans une maternité hospitalière! Les équipes médicales ont toujours su me rassurer et même si certaines sages femmes étaient plus ou moins aimables , l'essentiel c'était qu'elles fassent leur boulot.

Portrait de cricri

Accoucher à domicile présente, selon la maman que je suis, mère de trois enfants, non seulement le risque de mettre en danger la mère mais c'est son choix à elle, mais aussi la vie du bébé et là ce n'est pas normal... C'est le cas de le dire ! Pour moi, quand on décide d'être mère, on doit penser en priorité à l'enfant. Sans compter le pataquès que ça doit être d'accoucher chez soi ! Je préfère ne,pas y penser... Quant aux risques que prennent les sages-femmes qui accouchent à domicile, je ne sais pas comment elles font pour dépasser leurs peurs pour des accouchements difficiles ? Je sais d'ailleurs qu'elles ne sont pas très bien vues par les docteurs gynécos à cause de ça...

Portrait de yamina.174

Tant pis si j'en mets à l'envers quelques-unes mais, à mon sens, il faut être complètement maso de vouloir accoucher à domicile ! En plus, c'est quand même une manière de se priver de l'avancée des progrès scientifiques et médicaux... Parfois, certains profils psychologiques sont difficiles à comprendre et à suivre... On n'est quand même plus au temps des diligences...

Portrait de Amélie

Je bien d'accord avec vous quand vous dites que c'est faire courir un risque potentiellement au bébé... Ilest quand même normal au 21ème siècle d'accoucher dans les meilleurs conditions possibles, et ce peut être qu'en présence d'une équipe médicale... Les idées d'un retour à un accouchement à la maison sont véhiculées par un certain mouvement new age en particulier, mais qui à mon humble avis ne vont pas vers un progrès à ce sujet. J'ai eu des accouchements sans complications mais si ça n'avait pas été le cas, j'aurais plus que largement apprécié que toute une équipe médicale soit là pour mon bébé et moi ! Accoucher à la maison c'est un retour en arrière tout à fait incohérent dans nos pays industrialisés. Qu'il y ait une surmédicalisation peut-être, mais de là à revenir en arrière, pour moi c'est quand même un peu du n'importe quoi !

Portrait de Orlan

Quand ma femme a été enceinte, je ne sais pas quelle lubie lui a traversé la tête mais elle s'était mise dans l'idée d'accoucher à la maison pour que le bébé soit tout de suite accueilli par la famille, qu'il se sente chez lui, qu'il reconnaisse les odeurs et d'autres sornettes débiles de ce type ! Elle avait commencé à voir une sage-femme qui pratiquait ce genre d'accouchements à domicile et qui l'avait bien entortillée ! Jusqu'au moment où la professionnelle a désiré me voir pour me dire que ma présence serait obligatoire pendant l'accouchement et la naissance !!! J'ai cru que j'allais m'étouffer ! Je n'allais tout de même pas cautionner un acte qui me paraissait aussi dangereux pour la mère que pour l'enfant et devenir coupable si problèmes graves il y avait... Je me suis opposé fermement à ce délire et ma femme a vu qu'il ne fallait pas qu'elle insiste car, comme le dit Cricri, il y a aussi la vie de l'enfant qui est concernée et en l'occurrence, il s'agissait de " mon " enfant...
Je ne sais pas quelle étoile m'a protégé en envoyant l'énergie de refuser cette aberration mais, j'insiste, j'ai été plus qu'inspiré : l'accouchement de ma femme s'est très, très mal passé et heureusement que le gynéco et son équipe de sages-femmes était plus qu'à la hauteur, sinon la maman et le bébé ne seraient plus là... La naissance s'est tellement mal passée que ma femme n'a plus voulu que nous ayons d'enfants ! Elle m'a d'ailleurs remercié pendant longtemps d'avoir pris la bonne décision et d'être resté ferme...

Portrait de suzy

Ce problème revêt une complexité réelle dans la mesure où la médecine d'aujourd'hui s'entoure d'un maximum de protections vitales pour la mère et l'enfant, ce qui constitue un progrès qui a fait chuter considérablement la mortalité dans les maternités. Ce constat positif abrite cependant un inconvénient : beaucoup de futures mamans se disent trop médicalisées actuellement, ce qui non seulement - d'après elles - les angoisse mais gâche ce mouvement naturel de la vie. Aussi, pour certaines, leur choix se porte (et paradoxalement de plus en plus depuis une dizaine d'années) vers l'accouchement à domicile. Pour autant, et c'est ce que vous soulevez à juste titre, si un plateau technique médical peut apparaître un peu effrayant dans un contexte de naissance qui se veut synonyme de joie, la décision de mettre au monde son enfant chez soi ne peut pas faire l'économie de renseignements solides auprès de la sage-femme désignée pour accompagner cet acte maternel. Il est bien évident que si la présence d'un médecin n'est pas obligatoire, il est impératif que la grossesse ne doit pas être diagnostiquée comme une grossesse dite à risques. Mais, bien qu'une future maman puisse aller très bien au regard des examens prénataux obligatoires, il s'avère absolument impossible d'éliminer et de prévoir la survenue d'une hémorragie (cause première de mortalité maternelle au 21ème siècle...), nécessitant une intervention médicale immédiate, une dilatation du col trop longue, une descente du bébé et son engagement de mauvaise qualité... Or, ces aléas peuvent aller jusqu'à rendre obligatoire une césarienne d'urgence, ce qui implique le transport par les pompiers mais, dans certains cas, le domicile de la parturiente est très éloigné de l'hôpital le plus proche. Le facteur temps est d'ailleurs primordial dans la survie de la maman et du bébé quand un accouchement se passe mal. Est concerné également l'état cérébral de l'enfant si l'accouchement devient trop long, pouvant laisser des déficiences à vie, y compris des séquelles motrices...

Les pays notent des disparités en matière d'accouchements à domicile : en France, où ce type d'accouchement est autorisé, seulement 1% des futures mamans fait ce choix, alors que les futures mamans hollandaises accouchent chez elles dans 35 % des cas... Il faut savoir que le corps médical est souvent accusé, à tort, de s'opposer trop systématiquement à l'accouchement à domicile pour des raisons financières... Or, comme on vient de le voir, des risques dramatiques et lourds de conséquence peuvent intervenir alors que rien ne pouvait les laisser présager. Cette décision, aussi charmante soit-elle dans ses perpectives, ne doit de toutes les façons pas être prise à la légère... Les gynécologues-obstétriciens sont très conscients de cet enjeu de santé publique et humanisent maintenant beaucoup la prise en charge de la future maman pour qu'elle oublie l'atmosphère anxiogène de l'hôpital. Ce qui amène à insister sur le fait qu'il faut que le courant passe bien avec le gynéco choisi pour suivre la grossesse et accompagner l'accouchement, et il ne s'agit pas là non plus d'un point de détail... Une maman accouchera d'autant mieux et plus facilement si elle se sent en sécurité et le grand bénéficiaire sera son bébé...

Portrait de Ludo_437

Je ne suis pas encore papa et je suis venu lire ces posts car le sujet m'intéressait surtout en tant que futur avocat.

Vos commentaires m'ont vraiment ouvert les yeux, et celui de Suzy précisément, puisque je n'aurais jamais imaginé à quel point l'accouchement à domicile était risqué...

En ce qui me concerne, si ma future épouse (que je n'ai toujours pas rencontrée : c'est un SOS !) veut accoucher à domicile, ce sera un " non " tonitruant...

Portrait de rosaliehlene

Après deux accouchements cauchemardesques à la clinique (je vous épargne les détails!) j'appréhendais beaucoup la naissance de mon troisième enfant. J'étais tout près du terme quand nous avons emménagé dans un village dont le docteur avait accouché toutes les femmes du pays. Je me suis précipitée chez lui. Il m'a questionnée pour savoir si    mes accouchements précédents avaient été normaux et faciles, si j'avais quelqu'un à la maison pour me seconder, puis a accepté de m'accoucher en me prévenant que s'il y avait un problème il m'embarquerait aussi sec à l'hopital.
Mon troisième bébé est arrivé en douceur la nuit du 4 Août. Le lendemain matin les deux aînés sont venus faire sa connaissance et se sont assis en rond sur mon lit pendant que j'épluchais mes légumes. Le rapport avec mon bébé s'est établi sans difficulté- ce qui n'avait pas été le cas les autres fois en raison des conditions de vie à la clinique.... et l'intégration dans la famille s'est faite tout naturellement. Du coup j'ai eu mon numéro 4 à la maison aussi , l'expérience a été aussi riche et paisible. 
Il me semble que nous avons l'habitude de tout médicaliser ce qui n'est pas forcément une bonne chose et ce qui n'assure pas forcément une sécurité  à 100%: une jeune femme de mon village est morte d'hémorragie à la clinique après la naissance de son bébé et personne ne s' est aperçu de rien. Je n'accuse pas la clinique, je constate simplement que le risque zéro n'existe pas.

Les deux solutions sont leurs avantages, il me semble que l'accouchement à la maison assure une qualité de chaleur humaine et un sentiment de continuité qu'une clinique ne peut pas procurer- du simple fait de cadre- et pour moi cette chaleur a été si importante qu'elle a transformé mon rapport à la maternité et à mes enfants. 

Ma fille aînée qui vit en Angleterre a pu bénéficier de l'existence de groupes de sage femmes qui assistent les femmes dans les accouchements à domicile. Pour l'aîné il n'y a pas eu de problèmes. Pour le second, l'enfant se présentait par le siège. Les sage femmes ont donc préféré l'emmener à la clinique et l'ont ramené à la maison dés le bébé né.... Elle était enchantée et sa sécurité ainsi que celle du bébé ont été parfaitement respectées. 

Portrait de Frederica

Ma propre expérience m’a permis de faire la part des choses.

J’ai eu cinq enfants, pour le premier, je ne me posais pas de question , à part la visite obligatoire pour déclarer ma grossesse, c’est après six mois de grossesse que je me suis penchée sur la question du le lieu de mon accouchement. Je me suis fait « jetée » par le gynécologue qui n’avait jamais vu ça. Dans la journée j’avais eu tous les examens possibles, échographie avec sans ménagement le sexe de mon bébé…Mais, là où il avait raison, c’est que ce bébé était très gros. Il a été décidé de me faire accoucher deux semaines avant la date. L’accouchement à été déclenché et mon fils de 4.430 est né avec bien des difficultés.

J’ai eu beaucoup de mal à approcher mon fils les premiers jours, car, j’avais pas du tout imaginé son arrivée avec autant de brutalité mais à l’inverse je n’aurais jamais pu accoucher normalement à la maison (ni lui, ni moi n’aurions supporté …)

Je ne voulais plus avoir d’enfant, et puis une deuxième a décidé d’outre passer ma décision, elle en a garder quelque chose… Tout était parfait mais la péridurale m’a été imposée de même que la déclenchement à des heures convenables.

Pour le troisième le déclenchement à été décider avec une avance de trois semaines…il faisait 5kg130,  je n’ai pas pu vivre mon accouchement à la vitesse voulue.

Pour la quatrième, je me décidais à aller chez un autre gynécologue mais cela n’a rien changé, deux mois avant sa naissance, je savais qu’il naîtrait le 15 avril à 37 semaines car il y avait une souffrance fetale et le cordon autour du cou…

La cinquième est venue sans crier gare, elle restera mon feu d’artifice car elle est née le 14 juillet. Un jour, elle ne bougeait plus depuis 24h, je donc suis allée à la clinique pour voir si tout allait bien ( je vous passe l’épisode de ma  peur). Comme elle était la cinquième et que je devais m’occuper des quatre autres, la sage femme n’a pas voulut me laisser repartir seule en voiture. La naissance était prévue 15 jours plus tard. Ils m’a donc été proposé de déclencher l’accouchement ou d’attendre en hospitalisation la naissance de ma petite dernière. Cinq heures après elle été dans mes bras…

La conclusion de tout ça c’est que je n’ai eu que des bébés de plus de 4 kg et que d’accoucher à la maison était un risque inimaginable avec du recul. Je n’ai jamais accouché naturellement sans déclenchement, ni péridurale, qui m’était imposée à chaque fois car je risquais une césarienne.

Peut-être que je suis frustrée de ce moment qui m’a été prit, mais j’ai aujourd’hui mes cinq enfants, tous en excellente santé, et même que mon fils aîné va être papa en mai.

La naissance des mes enfants n’était pas la mienne et c’est déjà là que l’on commence à couper le cordon avec son bébé…

Ils ont décider de leur naissance et je n’ai pas à y intervenir tout comme dans leur vie d’adulte…

Portrait de luna_95

Vos commentaires appellent globalement à la prudence et j'ai beaucoup aimé que certains d'entre vous rappellent que la vie de l'enfant, et son équilibre psycho-moteur, sont en jeu en cas de pépin. Être maman, et bien entendu papa, c'est ne jamais oublier qu'un enfant n'a rien demandé et qu'il s'inscrit de fait dans un lien libidinal parental responsable... C'est en ce sens que je me bats pour dépasser ma culpabilité par rapport à la mort de mon bébé, en me demandant sempiternellement et avec obsession si j'ai été une mère suffisamment attentive et aimante...

Portrait de rosaliehlene

La prudence est indispensable, on ne joue pas avec la vie et l'équilibre d'un enfant et c'est pourquoi je suis résolument opposée aux PMA et autres mères porteuses complètement médicalisées certes mais qui mettent peut être davantage l'enfant en danger qu'un accouchement à la maison. Et je ne conseillerais pas l'accouchement à domicile à des femmes "à risque". Par contre refuser à une femme qui a des naissances faciles le réconfort que cela représente de rester chez elle  simplement parce qu'on a peur ou qu'il pourrait peut être se passer quelque chose ne me semble pas juste. Et si elle renonce à son désir simplement à cause de la pression de son entourage ça ne me semble pas juste non plus. Car ce qu'on a oublié de dire dans cette discussion c'est que lors d'un accouchement il y a deux vies en jeu: celle de l'enfant et aussi celle de la mère! Et lorsque quelqu'un met en jeu sa propre vie on se doit de prendre en considération son désir.

Je ne crois pas qu'il y ait une définition d'une mère "attentive et aimante". Il n'y a pas non plus de juste récompense du soin maternel: il y a des mères complètement indifférentes  dont les enfants poussent comme des champignons.  Il y a des mères protectrices dont l'enfant tombe malade ou meurt d'un accident. 

Je crois   qu'une fois qu'on a fait son possible, le reste est entre les mains de Dieu ( l'univers, Allah ou comme il vous plaît de l'appeler) . Dans une certaine mesure nous ne sommes qu'un canal pour la vie et si cette vie a décidé que ton bébé ne pouvait pas rester avec toi il y avait peut être une raison que tu ne connaitras que plus tard, lorsque tu l'auras rejoint. Ca n'empêche pas la douleur. Perdre un enfant est une chose terrible. Mais hélas nous ne pouvons pas les protéger de tout. Et si pouvions le faire ça  ne les aiderait peut être pas puisqu'une partie du travail maternel consiste à apprendre à son enfant à survivre- ce que nous avons bien oublié dans nos sociétés protégées. 

Moyennant quoi le plus important est probablement que la future mère soit en harmonie avec son choix et se sente soutenue dans ce choix.