Je viens poser cette question car elle me paraît essentielle. Sur un groupe de réseau social conçernant la philosophie de tous les jours, un internaute a publié ceci :
" Les gens t'oublient vite une fois qu'ils n'ont plus besoin de toi ! "
Cette phrase m'interroge déjà quant à moi. Est-ce que je n'oublie pas trop facilement toutes les personnes qui ont été sur mon chemin et m'ont tendu la main ? Ensuite, je réfléchissais avec une amie qui a passé du temps à aider une personne dans le cadre de sa profession et qui se rend compte (avec une énorme déception) que cette même personne a coupé les ponts, pensant avoir pris ce qu'elle avait à prendre... Comment comprendre ce type de relation ? Encore une fois, je ne me sens pas exempt de tout " péché " en la matière. Mais, en tous cas, j'essaie de pouvoir me regarder dans la glace le matin en ayant le sentiment d'avoir fait au mieux pour justement ne pas oublier et donc essayer de trahir le moins possible...
Qu'en pensez-vous ? Qu'est-ce donc qu'une relation authentique pour vous ?
Frédérique Tirt...
Besoin de foi en soi...
Une relation authentique, c’est avant tout une relation qui ne doit pas être but. Il est très facile de confondre.
Dans une relation but, l’inconscient et même le conscient (si l’on est honnête avec soi) vont tendre à aider les autres avec pour but d’en tirer profit. On peut retrouver ce genre de situation un peu partout, que ce soit en famille, au travail ou avec des amis, et même dans le couple.
Il y a des années ce ça, j’avais une amie. Je lui rendais tout le temps des services sans qu’elle ne m’en rende. Un jour, je lui ai dit qu’elle aurait pu me remercier pour un nieme service ; elle m’a répondu « je ne t’ai rien demandé ». Le message m’a transpercé mais elle avait raison, je me suis alors recentrée sur moi-même et quelques mois après, j’ai commencé une psychanalyse pour comprendre : que mon but était de me rendre indispensable, que j’étais plus douée et surtout que je recherchais une reconnaissance des autres afin d’exister au travers d'eux. Le résultat n’a pas été celui escompté et je choisis ces mots qui renvoient à une connotation de bénéfice, donc d’intérêt.
Une relation authentique doit avoir du sens, il ne doit y avoir aucun intérêt caché, c’est de l’ordre d’une transmission, d’un don qui n’attend rien en échange et surtout pas de jugement, c’est certainement ce qui parait difficile mais, qui en soi, est simple, lorsque l’on n’investit aucune attente en retour… Le retour se fera simplement lorsque l’on ne s’y attendra pas…
Il faut avoir foi en soi pour ne plus avoir besoin des autres pour exister et c'est là que le don est sincère.
Merci Gilbert pour votre sujet.
Avec toute mon amitié.
Cécile
Pas si simple !
J'ai bien compris votre témoignage, Frédérique, mais il me semble que la question de Gilbert n'est pas si simple que cela... Certes, la personne que vous aviez aidée ne vous avez rien demandé. Quant à moi, j'ai une autre expérience... Un ami me téléphonait régulièrement sous des prétextes fallacieux, sauf qu'il était mal dans sa peau suite à une rupture sentimentale et j'ai passé des heures, y compris le dimanche, à lui remonter le moral, au détriment de certaines de mes activités musicales... Je ne crois pas l'avoir fait pour en attendre quelque chose... Il y a longtemps que je n'attends plus la reconnaissance de quiconque pour exister. Je l'ai fait, j'allais dire, par éducation ! On m'a toujours appris à ne pas renvoyer quelqu'un qui me demande de l'aide. Je sais bien qu'aucun inconscient n'est véritablement philanthrope, j'ai lu ça dans un article psy. Toujours est-il que j'ai appris que cet ami s'est marié sans que j'en sois avertie (ses coups de fils se sont arrêtés peu après sa nouvelle rencontre). Je n'attendais pas une invitation, mais un faire-part aurait été la moindre des choses : question, encore une fois, d'éducation aux vues des heures passées à le remettre à l'endroit ! Comment comprendre ? écrit Gilbert. Il me semble que dans certaines situations c'est quasiment incompréhensible car je ne m'attendais pas à ce comportement de la part de ce soit-disant ami... En tous cas, cela me dépasse ! Sachant que je ne pense pas, avec cet état d'esprit, que son mariage dure bien longtemps... Mais là, c'est son histoire...
Frédérique Tirt...
Vous avez raison, Cécile
Vous avez raison, Cécile, et cela m’a permis de regarder les choses différemment. Il y a des moments où on est aidé et il ne faut pas l’oublier…
Ugo
Ne pas oublier d'où l'on vient
Vos exemples, Cécile, Frédérique et Gilbert, sont très parlant de ce type de relation. Je m'interroge à mon tour car je ne suis pas non plus exempt de tout " péché "... Il me semble qu'une relation authentique n'existe qu'à partir du moment ou un continuum est maintenu entre soi et les autres, dans la mesure où on ne s'est pas engendré tout seul. Une notion d'humilité et de prise en compte de l'altérité, je pense. Sinon c'est de l'utilisation. Mais ce ne devait pas " être" une évidence pour les gens cités dans les exemples... Je vais essayer, en ce qui me concerne, d'oublier le moins possible d'où je viens et les gens qui m'ont aidé sur mon chemin, un peu comme l'on peut rendre grâce à Dieu en ne jamais s'en détournant...
Merci, Gilbert, pour ce sujet réflexif et essentiel qui remet les choses à leur place.