"s'imposer" ou "s'écraser"?

Portrait de Floriane

Aujourd'hui en cours, une des didacticiennes a, une nouvelle fois, affirmé quelque chose de faux, me reprenant sur ce que je disais, et sur le moment, je n'ai pas su comment répondre ni questionner davantage et creuser "la question", sur un sujet qui plus est qui concerne mon métier. Il était question de faire une analyse linguistique du prénom Boris. Alors que nous faisions le tri dans ce que chaque groupe avait trouvé, utilisant les phonèmes présents dans ce prénom, les didacticiennes ont fini par donner "boit" et "boire", que personne n'avait trouvé. Surprise parce qu'aucunement on entend le phonème [wa] dans le prénom  j'ai demandé comment on pouvait en arriver là puisque même si les graphèmes "o" et "i" associés produisent le son [wa], encore faut-il les "transformer" pour en arriver à cet autre phonème, l'une des didacticiennes m'a reprise sur le terme "graphème" pour le remplacer par "morphème", ce qui m'a déconcertée, étant certaine que j'utilisais le bon terme (je rappelle que je suis enseignante, en CP qui plus est et que j'enseigne la correspondance entres les "lettres" et les sons, les graphèmes et les phonèmes), et n'a pas répondu à ma question. L'autre didacticienne a répondu à ma question mais je n'ai pas bien compris sa réponse que je n'ai écoutée qu'à moitié car j'étais troublée, cherchant dans ma mémoire la différence entre graphème et morphème et me demandant si je devais insister sur ce terme ou non (les mots ayant tous leur importance, une psychanalyste ne me contredirait pas sur ce point je pense).

Je m'étais dit que je reposerais la question à la fin du cours mais j'étais pressée et n'ai pas pris le temps. Je viens de vérifier sur internet et j'avais raison. Ce n'est pas la première fois que cette didacticienne affirme quelque chose que je sais erroné mais dont je n'ose pas contredire la parole. Alors je me demande: est-ce si "grave"? Ou devrais-je oser? On est là, en tant qu'élèves analystes pour être castrés, mais lorsque la castration (en est-ce vraiment une?, là je ne sais pas) n'est pas juste, que faire?

Elle a aussi sauté sur l'occasion lorsque j'ai dit que je ne savais pas que l'on disait de Charlemagne qu'il avait la barbe fleurie, pour me dire "mais vous n'avez pas honte?"... J'ai trouvé ça un peu too much, après coup.

D'autre part, un psy pourrait-il m'éclairer sur l'analyse linguistique et cette "association" de graphèmes pour transformer les phonèmes? Les didacticiennes ont bien rappelé qu'on ne peut pas, par exemple, transformer un "e" en "é". Pour moi c'est faire la même chose en passant de "o" et "i" à "oi": "o" est un graphème, "i" est un graphème, "oi" est un autre graphème. J'avais compris qu'en analyse linguistique on devait garder tous les phonèmes et qu'on pouvait les isoler ou les "inverser": comme pour faire "bord", "hisse", "riz"... avec Boris.

Portrait de Claire M. Psychanalyste

Bonjour Flora,

vous posez plusieurs questions dans votre long développement et je vais essayer de vous apporter quelques éléments de réponse sous forme de pistes de réflexion.

D'un point de vue technique, il me semble comme vous que les deux sons simples O et I dans Boris ne peuvent pas être « assimilés » par un inconscient au son UA car il s'agit « d'images phoniques » et l'inconscient à l'âge ou il intègre les lallations de la mère n'a pas d'image écrite de ces sons, c'est à dire les graphèmes. Je pense que donc que vous étiez dans le juste.

Quand à cette « histoire » de Barbe fleurie de Charlemagne, vous avez sûrement été hystérisée par rapport à votre profession actuelle : c'est à dire que l'objectif de de cette remarque pouvait bien être de générer de la pulsion de mort pour mener à l'acceptation (vous étiez d'après ce que vous dites « légèrement » en transfert négatif si vous n'avez pas entendu l'explication de l'autre didacticienne sur le prénom Boris)

Quant à vos questions sur les « erreurs supposées  répétées» des  didacticiens , tout d'abord, je pense que même un didacticien doué de toutes les qualités possibles, reste un humain et peut se tromper, comme un enseignant d'ailleurs, ou un psychanalyste, mais si vous n'osez pas toujours donner un avis différent du leur, car dans un groupe il n'est pas toujours facile d'affronter ce genre de situation,vous pouvez commencer par vous en ouvrir au psychanalyste avec qui vous effectuez une cure individuelle sur de telles questions. Ces doutes que vous rencontrez sur votre parcours de formation ont certainement un sens dans votre histoire personnelle. 

Quant à la justesse des castrations, il est souvent difficile, voire impossible « sur le moment » de trouver une castration « juste » quant elle s'adresse à soi-même ! Le temps et l'autoanalyse apportent souvent leurs réponses.

D'autre part, entre « s'affirmer » (ce qui signifie ici s'opposer au symbolique de votre Centre de Formation) et « s'écraser »(ce qui signifier s'y soumettre), qui sont deux membres opposés d'un binôme que l'on pratique dans la relation dominant / dominé, comme on en a l'habitude dans l'Education Nationale, peut-être pouvez vous à l'aide de votre propre analyse trouver une troisième voie, la vôtre , en donnant du sens à ces événements.

D'ailleurs le prénom Boris lui-même vous parle sans doute par rapport à votre parcours, puisque c'est le prénom du mari d'une grande Psychanalyste . Peut-être pouvez-vous aussi faire des liens par rapport à l'analyse de ce prénom qui vous appelle à vous exprimer sur tout cela ici.

J'espère vous avoir apporté quelques pistes de réflexion, en espérant que d'autres professionnels puissent également vous apporter leur propre éclairage.

Du reste, en vous ouvrant ici sur ces questions "complexes" , vous "triangulez" également.....D'ailleurs personnellement, j'apprécie toujours beaucoup vos interventions ici.

Bon dimanche et bonne reflexion.

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Dans ces cas-là, l'auto-analyse reste effectvement de mise et se doit de dépasser toutes rationalisations. La transmission qui est faite dans un centre de formation pour élèves-analystes va au-delà d'un " en- " saigne "-ment " académique, raison pour laquelle il est impossible qu'elle puisse s'effectuer sur les bancs de la fac, régie par l'Education Nationale au sein de laquelle le transfert n'est pas étudié. Votre " léger " transfert négatif , comme l'implicite Claire M., est certainement lié à un affect qui a été touché. " Boit " et " boire " devraient peut-être vous parler.... Bon dimanche  "3 " mai également Smile

Portrait de Floriane

Déjà, merci de vos réponses. Claire M vous m'avez en effet apporté des pistes de réflexion, et "confirmé" ce que je savais de "l'utilisation" des phonèmes... d'où toujours mon interrogation sur "boit" et "boire" qui ne me semblent pas justes. J'avais d'ailleurs trouvé "riz" (alcool de riz) et "robe" (la robe du vin), le "bro" (pichet de vin), même "sirop" (qui peut être alcoolisé) avec mon groupe, qui nous avaient mis sur la piste d'une problématique alcoolique, et c'est pour conforter cela que les didacticiennes ont amené les autres termes avec le [wa]. Donc je ne comprends pas pourquoi cette idée de boit et boire me dérange, si ce n'est sur cet aspect "pas juste", qui reste rationnel certes.

Il est vrai que la problématique alcoolique me concerne, et avec le vin qui plus est, mais toute seule je ne "vois" pas  ce qui bloque inconsciemment. Je verrai probablement cela lors de la prochaine séance avec mon psy...

Quant à la castration souvent, voire toujours, perçue injuste sur le moment, c'est vrai, en général je me dis "zut, pourquoi?" et rapidement je me dis "de toute façon, il fallait que tu sois remise "à ta place", tais-toi". Là non, j'en garde un goût amer.

Et pour ce qui est des erreurs des didactiennes, évidemment elles sont humaines et commettent des erreurs, moi aussi, et je le reconnais et ne revendique pas la vérité absolue sur tout. J'ose dire que je ne sais pas, devant mes élèves également. Ce qui me dérange c'est qu'on affirme quelque chose de "faux" en "faisant croire" qu'on a raison. Plutôt que de rebondir sur les quelques connaissances que j'ai en linguistique, elles ont "persisté" dans leur erreur, double, concernant les morphèmes qui n'en sont pas et l'utilisation du [wa] qui n'était pas juste. Cela m'interroge. J'ai l'impression qu'on nous a appris quelque chose - l'utilisation des phonèmes - que l'on nous désapprend (d'ailleurs, personne n'avait "trouvé" boit et boire! comme par hazard...), pour mieux nous castrer la prochaine fois que l'on fera une association de graphèmes incorrecte, par exemple entre un "a" et un "u" pour faire "au" parce que ça nous arrange.

Bref, vous avez raison, je devrais leur en parler, et je regrette de ne pas l'avoir fait hier à la fin du cours finalement, et de n'avoir pas pris le temps d'éclaircir ces points avec les didacticiennes.

Portrait de Juliette

Je viens de trouver sur Signes et Sens, l'analyse linguistique du prénom " Boris " pas Chantal Calatayud. Je pense que cela peut vous aider à faire des liens. C'est pour cela que je permets de vous le transmettre :
Boris
E
spérant que cela vous aidera...

Bonne lecture, Flora.

Portrait de M.Christine

Flora,

S'écraser ou s'imposer sont des termes forts . Il y a peut-être des solutions intermédiaires ...

Portrait de Réponse Psy

Toutes les combinaisons phonatoires sont possibles. Ainsi pouvez-vous lier les consonnes et les voyelles entre elles contenues dans un même terme. Par voie de conséquence, le prénom BORIS abrite bel et bien BOIR(e) - BOIS (l'arbre aussi), et vos didacticiennes avaient donc raison, mais on peut entendre également BYRrh - BRIS - BORI(e)S - SOIR - RIO - SBIR(e) - SOBR(e) - ROIS - ROB(e) - SIR(e) et comme il s'agit d'une écoute phonétique, CIRE en fait partie...

Jacques Lacan était entre autres ce grand linguiste qui avait une capacité inouïe à faire toutes les lectures phonétiques possibles - et extrêmement rapidement - concernant un même mot. Il utilisait - paraît-il - jusqu'au plus infime morphème qui pouvait faire sens...

En fait, ces exercices linguistiques permettent à l'élève-analyste de se familiariser avec le discours, témoin et preuve de cet inconscient qui parle (le " parlêtre " selon Lacan) et l'univers magique des scansions : l'intérêt de ce travail réside essentiellement dans ces deux aspects.

Ceci dit, pour la petite histoire et pour confirmer la portée fiable de cette méthode linguistique, je vous livre le survol des grandes lignes de l'histoire d'un de mes oncles par alliance qui s'appelait Boris : il était noble, snob, est devenu diplomate, a vécu à l'étranger, aimait les bons vins en bon Russe qu'il était et a divorcé deux fois (le bois se coupe...) !

Je fais un rajout car j'avais oublié ce Sacré Charlemagne ! Cette castration à laquelle vous faites allusion n'était peut-être là que pour vous faire prendre conscience que vous lâchiez un souci de perfectionnisme et un Moi quelque peu rigide... Dans cette hypothèse, il s'agit plutôt d'un " compliment ", d'une " recon-naissance " de la part de la didacticienne (parent transférentiel du moment). Si vous étudiez la forme interro-négative, elle va dans ce sens-là, un peu à la manière de Jacques Lacan et de son célèbre " Je ne vous le fais pas dire " qui soulignait la scansion et l'expulsion de ce qui " gênait " l'analysant inconsciemment jusque-là, objectivation à la fin de chaque séance permettant l'abréaction et l'authentification...

Portrait de suzy

Je suis en vacances actuellement et moins débordée que d'habitude, je suis entrée avec délectation dans cette discussion passionnante.
Votre cours didactique a été un révélateur pour moi Réponse Psy ! J'ai suivi au Québec, il y a plusieurs années de cela, une psychanalyse lacanienne que je ne comprenais pas très bien. Le psychiatre-psychanalyste qui me suivait travaillait à ce moment là dans le même hôpital que moi. Comme c'était un confrère, il avait hésité longuement avant d'accepter que je sois aussi sa patiente. Je lui avais menti en lui certifiant que cette cure était mon souhait par rapport à la prise en charge de mes patients. Il avait fini par accepter et je suis sûre qu'il n'était pas dupe de ce mensonge qui a sûrement fait partie des consultations.
Vos explications m'ont éclairée sur beaucoup de points. Je veux dire par là qu'une distance un peu artificielle avait dû s'installer. Mon collègue ne relevait pas tout ce que je racontais et je viens de comprendre pourquoi. Comme ses jeux de mots à plusieurs sens qui m'insupportaient, et qui n'étaient donc pas des jeux de mots !
Je viens aussi de bien assimiler le rôle du transfert.
J'espère que Flora a pu dépasser sa contrariété avec toutes les explications dont vous lui avez fait part. Mais elle n'est pas revenue pour en parler. Pour moi c'est un bel éclairage que j'ai reçu et j'avais le désir de vous dire toute ma gratitude.
Suzy

Portrait de Réponse Psy

Je vous remercie pour le contenu de votre commentaire auquel je suis très sensible.

Bien que n'exerçant plus comme didacticienne ni comme psychanalyste depuis 2 ans et demi maintenant, je suis heureuse de pouvoir continuer à transmettre, dans le cadre des forums et des blogs, ce que mes didacticiens m'ont transmis...

La transmission est un bien précieux dans ce XXIème siècle exigeant, qui pousse à trouver le mode d'emploi pour tenir le coup car tout y va excessivement vite, phénomène entraînant stress, conflits, souvent pertes de repères, voies royales du burn-out, de la dépression, de la maladie somatique... Cette spirale infernale attise angoisses et interrogations parfois ultimes dans cette société qui oblige à s'adapter au rythme du plus grand nombre, ce qui n'est pas toujours évident... Le principe même des posts, avec tous les partages qu'ils génèrent, constitue une opportunité de plus quand le moral ne va plus. Les expériences de vie des uns et des autres permettent de se sentir moins seul(e), moins isolé(e), mois démuni(e) et votre témoignage est encourageant en ce sens...

Bonne soirée et à bientôt,

Chantal

Portrait de Jean

Bien que n'étant pas spécialiste, je comprends tout à fait ce que dit Réponse Psy. Lacan a dit je crois que " L'inconscient est structuré comme un langage " et il est parti des travaux de Ferdinand de Saussure en les appliquant à l'écoute psychanalytique, en lien avec sa pratique. C'est pour moi un génie. Il a théorisé sur le " Sujet-supposé-savoir " cette forme d'intellectualisation (résistance en psychanalyse) celle qui officie dans les Universités. Je crois d'ailleurs qu'il s'est autorisé de lui-même en se faisant  " viré " de certaines de ces institutions. N'empêche qu'il a apporté un sacré souffle nouveau à la Psychanalyse. Pas toujours facile à comprendre mais quel  " Maître " Zen  ! Il travaillait même sur les hiéroglyphes égyptiens. Vous me donnez envie de relire " Comprendre Jacques Lacan " de J. B Fagès et de réécouter " Sacré Charlemagne " de France Gall Music 2

Portrait de Claire M. Psychanalyste

Merci Réponse Psy pour ce petit rappel à l'ordre ( et à la loi !) dont je vais essayer de faire bon usage , je crois que j'ai été un peu vite en besogne, je vais aller reviser sérieusement mes cours de linguistique et les travaux de Lacan et merci aussi pour toutes ces explications qui me font encore et toujours avancer et me rappellent qu'on doit toujours remettre l'ouvrage sur le métier, mais quand on aime …......

Portrait de Réponse Psy

On ne dira jamais assez combien la transmission de la psychanalyse est difficile de par les mécanismes tranférentiels qui vont en profiter pour bloquer l'affect, combien même est-il transgénérationnel et hors de portée consciente. Ce processus inévitable dans le cours ou dans la cure renforce en outre le transfert négatif. Un inconscient qui ne veut pas (ne peut pas) " entendre ", c'est terrible pour le didacticien et pour l'élève-analyste qui souffrent ensemble quoi qu'on en dise, ou pour le psychanalyste et l'analysant qui se retrouvent dans ce cas de figure où - et le patient le sait très bien - le didacticien ou le psychanalyste ne devra pas céder, quelles que soient la douleur et l'ampleur de la résistance... Ces moments sont absolument incompréhensibles pour qui ne les a jamais vécus, ressentis... Il y a jusqu'à de la détresse dans cette situation. 

Personnellement, j'ai encore en mémoire - et je ne m'en plains pas - ces liens inconscients et conscients dont je ne voulais surtout pas - sans le savoir réellement - qu'ils se défassent avec mon didacticien et/ou mon psychanalyste. Les bénéfices étaient trop importants ! Alors, je me mettais en échec : je ne comprenais plus rien à rien mais, de préférence, j'optais pour la " nullité supposée " du professionnel qui ne se laissait pas impressionner et encore moins contrôler par mes résistances puériles. Ne pas guérir de mes névroses familiales, de mes névroses de guerre, me mettaient dans un état de jouissance dans lequel la victimisation finale croyait avoir gain de " cause ". J'ai toujours dit que Jacques Lacan, après l'entretien préliminaire, ne m'aurait pas gardée tant il m'était " confortable " de ne rien comprendre, de ne rien accepter en grande hystérique que j'étais, de rechercher le conflit en permanence, de dire " non " systématiquement et qui plus est à mon corps " défendant " (je somatisais tout le temps, développant en sourdine une fibromyalgie - ce que j'appris plus tard -, cette maladie qui fait souffrir et qui, à aujourd'hui, ne se soigne toujours pas !). Mes didacticiens, mes psychanalystes sont parvenus à faire plier mon caractère (comme le disait Lacan), pour mon bien, et - progressivement - j'ai saisi que dire " oui " en première intention me rendait plus humaine... C'est à partir de là que je suis devenue une élève-analyste " acceptable " et que j'ai fini par admettre qu'auparavant, ne m'acceptant pas, ne m'aimant pas, je ne pouvais ni accepter les autres, ni les aimer convenablement... Mais il faut laisser le temps aux pulsions de mûrir à leur rythme, ce qui n'est pas aisé non plus ! 

Ceci étant, Claire et comme vous le dites, on n'en a jamais terminé de nos " apprentis-sages " et plus je vieillis, plus j'apprécie cette singularité existentielle. Je résiste encore énormément dans mon autoanalyse qui est devenue essentiellement spirituelle compte tenu de mon âge, je râle encore beaucoup mais la  différence, c'est que c'est après moi maintenant. Quand j'ai un sentiment de trahison qui m'est infligée (on n'échappe pas à son destin : c'est l'histoire de ma naissance...) et une fois mon premier réflexe de colère passé, je me répète  que la personne qui trahit est, quoi qu'elle advienne, sur son chemin qui ne me regarde pas. Je peux ressasser ce type de déconvenue mais, l'avantage c'est que ces obstacles peu évidents quand on y est particulièrement sensible me mènent toujours à une sublimation possible et cela n'est jamais que le résultat de la posture inébranlable des didacticiens et autres psychanalystes qui ont su rester suffisamment fermes pour que je parvienne à ne plus me négativer et à me transformer...

Portrait de Lili

Bonsoir à toutes et tous,

Quelle émotion en lisant vos témoignages qui me touchent particulièrement. Je pense que je dois me sentir quelque peu concernée par vos histoires respectives, Flora et Chantal. Tout d'abord Flora, votre histoire me parle beaucoup, j'ai moi-même il y a quelques années vécu une expérience similaire dans un tout autre contexte certes, mais finalement assez proche et j'apprends beaucoup en vous lisant, en prenant du recul par rapport à tout cela.

Merci aussi à Jean et à M. Christine pour vos posts, que j'ai pris comme des petits « clins d'oeil » malicieux et qui m'ont fait sourire.

Quant à  votre témoignage, Réponse Psy, il m'a beaucoup apporté comme pour Suzy. La psychanalyse m'intéresse beaucoup, et la didactique psychanalytique m'est apparue sous un autre jour, comme si j'étais un peu passé de l'autre côté du miroir, mais au delà de cet apport technique, je crois que j'ai surtout été émue par la sincérité de votre témoignage, Chantal, d'autant plus que votre histoire me touche , sans doute doit elle résonner « un peu » (beaucoup?) chez moi......

Je crois que vous m'avez permis de toucher du doigt ce que peut signifier la notion « d'humanisation » que je n'avais pas réellement « ressentie » jusqu'à « présent" et ça me montre la voie une fois de plus.

Bien sûr, je sais que pour l'instant, ça n'est qu'un début mais j'espère évoluer aussi dans ce domaine, même si je sais que la route est longue et ardue, mais c'est un beau défi....

Bien amicalement.

Lili

Portrait de Réponse Psy

À moi de vous remercier Lili pour le contenu de votre commentaire.

Comme je l'ai expliqué et n'exerçant plus en tant que didacticienne et psychanalyste, et sachant surtout que beaucoup de foromers et de foromeuses sont en formation psychanalytique et en didactique individuelle, je reste en retrait afin de ne pas interférer sur tout le travail mis en œuvre par les professionnels consultés. Toutefois, la souffrance psychologique de Flora m'a tellement émue, faisant " écho " à celle que j'avais éprouvée en tant qu'élève-analyste, que je me suis permis d'intervenir... Quoi qu'il en soit et si j'ai participé modestement à la levée d'interrogations, j'en suis heureuse...

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Oui, le didactitien souffre aussi. Je l'ai bien compris tout au long de ma formation. Il faut arrêter de penser qu'il castre par plaisir... Et puis mieux vaut être castré par un didactitien que par la vie, qui se chargera toujours, quoi qu'il en soit, de remettre les pendules à l'heure, que l'on comprenne ou pas, d'où l'aspect préventif de la méthode. Je n'y échappe pas non plus en tant que psychanalyste, mais je sais au moins que la vie n'a pas tout faux et qu'elle me donne de bonnes " leçons " parfois pas évidentes, mais toujours pour mon bien, in fine. Je ne l'aurais jamais réalisé si mon analyste et ma didactitienne avaient cédé sur mes tentatives affectées - et il y en a eu beaucoup - à  prouver que j'avais raison (d'autant que j'ai aussi été enseignant). Merci, Réponse-Psy, pour cette mise au point, pleine d'humilité et surtout de sagesse.

Portrait de Partage Psy

Une question essentielle traitée largement dans cet article. Cliquer sur le lien pour lire :

http://www.signesetsens.com/psycho-art-de-la-didactique-psychanalytique....

Portrait de Floriane

Merci Chantal de votre réponse qui m'a remise à ma place, justement. Je crois pouvoir dire que je venais, entre autres, par ce sujet, chercher votre réponse, et vous lire m'a fait du bien. J'ai appelé mon psy dans la foulée, ai pu "débriefer" avec lui par telephone et pris rdv pour demain. Je gardais encore de la colère hier et aujourd'hui ca va mieux. J'ai compris que ma reaction était due a quelque chose d'inconscient, quelque chose qui ne passait pas, comme toujours, même si au conscient tout pouvait s' expliquer. Encore cette histoire de loi, de mauvaise loi, liée à mon père gendarme, alcoolique...

Vous parlez ensuite des resistances, de cette mise en échec dans laquelle on peut se mettre, pour mettre en échec le psy ou le didacticien. Je me sens, depuis quelques temps en echec dans ma formation, avec le sentiment, ou l'impression que je ne comprends rien et que je n'y arriverai jamais. Et j'ai bien tendance à remettre en question la formation. Plus facile que de me questionner. 

J'ai de quoi travailler. Et me remettre en question, plutot que les autres.

Je suis heureuse que mon questionnement ait permis ces échanges et développements que j'ai trouvés très intéressants.

Bonne soirée à tous.

Portrait de Réponse Psy

Merci surtout à vous Flora d'autant de confiance et de sincérité...

Loin de moi l'idée de me substituer à vos didacticiennes et à votre psychanalyste, vous vous en doutez, mais vous donnez une précision importante qui m'a interpellée particulièrement compte tenu de vos résistances actuelles en cours : la pathologie alcoolique de votre père. Or, et malheureusement, l'inconscient collectif et l'inconscient familial, voire filial, considèrent qu'un alcoolique ne sait pas ce qu'il dit. Souvent, les enfants - issus de ce profil psychologique - fantasment que leur propre parole est nulle, n'a pas de valeur (ce qui permet en plus une " fidélité " paternelle qui fait loi, autorité, comme vous l'avez rappelé). La psychanalyse étant un métier de paroles, votre " ça " (instance orale et velléitaire s'il en est !) peut s'appliquer, s'acharner à vous décourager pour cette raison. Toutefois, une autre " cause " peut intervenir : devenir psychanalyste, c'est être confronté(e) à recevoir des malades alcooliques, ce qui pose cette fois-ci problème au surmoi : cette instance - qui n'est jamais neutre comme vous le savez - peut chercher dès maintenant à anticiper des scénarios de séance hystérisants pour que vous renonciez à la prise en charge et à  vouloir contribuer à la guérison de ce type d'analysants par fidélité familiale là encore... Vos études psychanalytiques avançant, les résistances s'accumulent ainsi à la faveur de ces affects... Dans ce même ordre d'idée et pour exemple, on constate en tant que didacticien que des élèves-analystes tout à fait à leur place dans leur cursus - et si l'établissement garde le principe de " la passe " lacanienne - échouent à plusieurs reprises au moment de leur " passe " : très souvent l'inconscient tient refoulée(s) une ou plusieurs prostituées dans l'héritage transgénérationnel. Si la filiation est majoritairement psychorigide, les tabous font loi et verrouillent la réussite. Jacques Lacan n'avait bien sûr pas choisi ce terme ambivalent par hasard, considérant le jeu transférentiel comme une arme de séduction redoutable et ce d'autant plus de par "  l'influence correctrice du paiement ", paiement en espèces qui a lieu en début de séance... La cure et les cours permettront progressivement de " liquider " ces tabous d'un autre temps, d'autres générations, avec la levée de la dette...

En ce qui concerne vos transferts négatifs, ne cherchez surtout pas à les chasser, même s'ils peuvent parfois aller jusqu'à une forme de détestation du sujet-supposé-savoir. Ils ont des choses à vous dire. Il est certain - et je ne vous apprends rien ici... -  qu'en tant qu'enseignante, des transferts sur fond de rivalité inconsciente avec les objets-didacticiennes peuvent s'agiter à votre insu et vous faire souffrir davantage encore. À l'inverse de votre profession, il n'existe pas de Moi hiérarchique en psychanalyse (sauf faute professionnelle grave du didacticien qui aurait régressé en analité, stade où les couples d'opposés sont très actifs. Dont : plus grand/plus petit) et si vous ressentez une sorte de domination dans certains cours de la part des didacticiennes, trois raisons peuvent en être à l'origine :

. Votre inconscient retrouve un(e) enseignant(e) mal aimé(e) de votre enfance dont vous ressentiez qu'il ou elle ne vous aimait pas et était injuste avec vous.

. Votre inconscient supporte mal la distance instaurée par la règle analytique, ce qui est une réaction abandonnique, qui finira par disparaître, notamment grâce à votre didactique individuelle.

. La partie actuelle du programme qui touche des affects liés à une névrose d'échec, qui peut rejaillir jusque dans l'étude du Complexe d'Œdipe.

Indépendamment de votre didactique individuelle, le fait de travailler ces axes réflexifs en autoanalyse permet de débloquer les résistances en lien.

Enfin, pour ne pas faire grandir l'envie de tout plaquer, il faut avoir à l'esprit le rythme incontournable des transferts :

. Transferts positifs.

. Transferts négatifs.

. Neutralité : cette phase est d'ailleurs tout aussi douloureuse que le passage en transferts négatifs car un sentiment d'indifférence peut s'emparer du processus et même se manifester dans la vie ! En revanche, l'élève-analyste commence à " sentir " la posture du psychanalyste et l'univers indispensable de la " neutralité bienveillante " chère à Freud... Ceci dit, cette étape " neutre " pour l'élève-analyste est marquée par un processus de centration : il vient désormais pour lui, sans chercher à plaire ou à conflictualiser. Il sait à partir de là qu'il sera psychanalyste, et qu'il l'a toujours été...

Je suis consciente, bien entendu, que vous pouvez savoir tout cela Flora et si c'est le cas, pardonnez-moi... En revanche, mon commentaire pourra peut-être permettre à certains foromers de comprendre le combat psychologique qui précède l'installation professionnelle du psychanalyste, contrairement à des idées reçues qui sont encore sottement véhiculées, notamment par des journalistes qui ne dominent pas ce sujet, quasiment impossible à expliquer d'ailleurs en dehors de tout contexte transférentiel...

Compte tenu de l'heure tardive, je souhaite à tous une excellente nuit faite de beaux... rêves ! À analyser ?

Portrait de Floriane

Or, et malheureusement, l'inconscient collectif et l'inconscient familial, voire filial, considèrent qu'un alcoolique ne sait pas ce qu'il dit. Souvent, les enfants - issus de ce profil psychologique - fantasment que leur propre parole est nulle, n'a pas de valeur".

Je sens en effet que la clé est là. D'ailleurs lundi mon psy a évoqué cela au téléphone, avec l'idée que pour mon inconscient, "les didacticiennes (la loi) avaient bu, elles ne savaient pas ce qu'elles disaient"...

Et ce que vous développez au sujet du "devenir psychanalyste" m'interpelle beaucoup, ainsi que les résistances et leurs "origines", la passe... Vous m'apprenez des choses que je viendrai relire pour mieux les intégrer et y réfléchir, et les garder en mémoire pour la suite de ma formation. Je ne veux pas arrêter, mais il est vrai que c'est parfois vraiment douloureux et il est indispensable de pouvoir "faire le tri" et faire des liens ensuite en séances.

Encore merci. Et à Lili aussi de son commentaire touchant. Décidément, participer à ces forums est riche d'enseignements, de découvertes, de partage et d'émotions!

Portrait de Réponse Psy

Merci de votre réponse Flora.

En lisant votre commentaire, on réalise - encore une fois - l'agitation psychologique, l'amertume, la colère, la déception, etc, que peut entraîner une formation psychanalytique, non pas en raison d'une attente démesurée des didacticiens et autres didacticiennes, mais tout simplement parce que ce noyau professionnel est constitué d'êtres humains et c'est bien là où le bât blesse ! Effectivement, même si ces formateurs sont " passés " par leurs propres études psychanalytiques et par une didactique individuelle, il n'en demeure pas moins qu'ils ont leurs failles personnelles, qu'ils laissent apparaître et qui deviennent donc de fait apparentes. Mais elle se situe dans cette béance la place que chaque élève-analyste prendra. Cette béance sera ressentie différemment par chacun : certains ne supporteront pas des fautes de français, voire d'orthographe, de la part du formateur, quand d'autres saisiront que le formateur appartient à un parti politique qu'ils rejettent. Ce pourra être sa relation à l'argent, sa façon de parler de sa famille, la situation de ses parents, son apparence physique, son timbre de voix, son parfum " ordinaire " ou de marque... Mais toutes ces caractéristiques attestent de l'imperfection du didacticien, imperfection(s) qu'il s'autorise, lui !!! C'est de la sorte qu'après avoir proposé un axe de socialisation, il suggère d'emprunter l'axe d'humanisation... Être humain dans la cure et dans les cours, ce n'est pas autre chose. S'autoriser de soi-même et de quelques autres, disait Lacan dont les postures en cure et en cours affolaient les médias, mais jamais ses analysants, ni son auditoire... Alors qu'il avait un jargon plutôt hermétique dont il jouait avec art et passion, ses scansions propulsaient celles et ceux qui en bénéficiaient vers un vrai-self dès lors " des-complexés " et ainsi décomplexé ... J'ai eu la chance et le bonheur d'interviewer Pierre Rey, l'auteur de " Une saison chez Lacan ". Il me l'a confirmé... Lacan habillé n'importe comment, Lacan et ses cigares improbables, Lacan et l'argent des séances qui dépassait de ses poches, Lacan et sa famille plus décomposée que recomposée... Pour moi, il s'agit là d'une humanité exceptionnelle car il s'exposait et permettait d'être l'écran idéal de toutes les critiques, y compris des plus saugrenuess, des plus inappropriées, des plus inconsistantes... Il ne se gênait du reste pas pour dire qu' " il n'y a pas de cons en analyse " !

Si toutefois vous n'avez pas lu " Une saison chez Lacan " , je me permets de vous inviter à le faire : cet ouvrage ouvre le champ de ce qu'est fondamentalement un psychanalyste et donc un didacticien. Lacan lui-même ne disait-il pas que toute analyse est didactique : ce qui est justement intéressant dans la mesure où on peut ne pas être d'accord avec cette théorie. Ce qui est mon cas : une analyse est insuffisante pour apprendre à guider une cure, mais ce que j'aime dans les pavés qu'il lançait dans la mare, c'est que d'une part il n'était pas dupe de ce qu'il assénait et que d'autre part il savait pertinemment que tous ses propos, devenant vite polémiques, permettaient que l'on parle de la psychanalyse, jeune-fille déjà et toujours malmenée et globalement incomprise, mais que les forums, de leur côté, permettent de mieux cerner...

Je pense également, Flora, que les difficultés sociétales actuelles - qui ne sont pas une vue de l'esprit - demanderont de plus en plus l'aide de bien des psychanalystes. C'est en ce sens aussi qu'il ne faut pas baisser les bras car la psychanalyse contribue à gommer les rapports dominants-dominés, ces rapports qui divisent et génèrent sans exception le chaos...

Portrait de Partage Psy

Interview de Pierre Rey, auteur de " Une saison chez Lacan "  en cliquant sur le lien :

http://www.ifpa-france.com/interview-pierre-rey-auteur-ecrivain-livre-un...

Portrait de Laetitia

Bonsoir à tous,

je suis ravie d avoir pu lire tous vos témoignages. Merci à Flora d avoir exprimé son ressenti qui a permi d amener des précisions capitales concernant ce qui se joue lors d une cure analytique et/ou lors d un cursus didactique.

j ai été également face à des doutes (et c est pas fini). Votre apport Chantal me permet aujourd'hui de faire des liens primordiaux pour me permettre de trouver ma place en psychanalyse et lâcher cette culpabilité "de réussite".

je suis très  heureuse que mon chemin de vie m ait amené vers la psychanalyse mais il est vrai que ce n est pas toujours un long fleuve tranquille...

Laetitia 

Portrait de Ugo

Bonjour Flora,

je trouve que vous avez fait preuve de beaucoup de courage et d'humanité pour vous livrer de la sorte. bien que ne vous connaissant qu'à travers ce forum, je vous encourage à continuer votre voie psychanalytique. Car je suis  de l'avis de Chantal Calatayud, la société actuelle et à venir aura bien besoin de la psychanalyse, donc de vous!

Portrait de Floriane

Eh bien merci Ugo de votre message. Je le prends comme un joli clin d'œil sachant que le psychanalyste avec qui j'ai rencontré  la psychanalyse s'appelle Hugo. Et que je l'ai vu hier soir avant de lâcher le trop plein (d'alcool) en séance et de repartir ensuite faire le plein d'essence...