A quelques semaines de l'été, la tentation est grande de multiplier les séances de sport pour perdre du poids. Une recherche* menée par Carolina Werle, professeur à Grenoble Ecole de Management, Brian Wansink de l'université Cornell et Collin Payne, de l'université du New Mexico, démontre qu'on peut éviter de compenser l'effort fourni si on considère l'activité physique réalisée comme « fun » et ludique...
« De nombreuses recherches suggèrent que les individus compensent les efforts fournis pendant l'activité physique, en augmentant leur consommation alimentaire. Ce que nous cherchions à savoir c'est la manière dont on peut éviter ce phénomène de compensation » explique Carolina Werle, professeur en Marketing à Grenoble Ecole de Management.
Les chercheurs ont voulu savoir si la perception d'une séance d'activité physique comme plus ou moins amusante pouvait influencer la consommation alimentaire des participants, après cette activité. Trois études ont été nécessaires pour arriver à la conclusion suivante : le fait de s'amuser pendant l'activité sportive évite de compenser l'effort fourni en consommant des aliments trop gras ou trop sucrés.
L'amusement pendant l'exercice évite la compensation
L'une des expériences consistait à proposer à deux groupes de participants une marche d'un mile
(1,61 kilomètres) sur le Campus de l'Université Cornell (USA). Le premier devait réaliser une activité amusante (tester un nouveau lecteur MP3 en marchant), le second devait seulement marcher en se concentrant sur l'activité physique. Les deux groupes ont été ensuite invités à un déjeuner avec différentes options d'aliments et boissons plus ou moins sains. Alors que tous les participants avaient la sensation d'avoir rempli l'objectif de se maintenir en forme et d'avoir dépensé le même nombre de calories, le groupe qui s'est concentré sur l'activité physique s'est servi 42 % de plus de crème au chocolat et de Coca-Cola que
le premier groupe, qui s'était lui, concentré sur le côté « fun » de la marche. Le fait de s'amuser pendant l'activité physique permettrait ainsi d'éviter cette compensation.
La 2ème étude réalisée a confirmé les résultats. Les participants devaient marcher un mile (même parcours que la 1re étude) avec pour consigne soit de pratiquer de l'exercice soit de réaliser une promenade bucolique. A la fin de l'activité, les participants pouvaient se servir à volonté de M&M's comme remerciement à leur participation à l'étude. Ceux qui se sont concentrés sur l'exercice se sont servis le double de M&M's que les participants qui avaient l'impression d'avoir fait une promenade.
Enfin, les chercheurs ont voulu savoir si dans le cadre d'une course les résultats seraient les mêmes que ceux trouvés dans les expériences contrôlées. A la fin d'une compétition en relais où les participants couraient entre 5 et 10 km, 231 personnes ont accepté de répondre à un court questionnaire sur leur perception de la course. Ensuite, pour les remercier de leur participation à l'étude, les chercheurs leur ont proposé de choisir entre une barre de céréales et une barre chocolatée. Ceux qui se sont les plus amusés pendant la course ont majoritairement choisi la barre de céréales, alors que les autres se sont laissés tenter par la barre chocolatée.
« Nos résultats montrent que l'amusement pendant l'activité physique favoriserait des choix alimentaires plus sains » conclut Carolina Werle.
A retenir :
- Rendre le sport plus « fun » permet d'éviter de se récompenser avec un encas trop nutritif,
- Ne pas se faire plaisir pendant une séance sportive risque au contraire d'amener à compenser l'effort fourni avec des aliments « plaisir » comme une barre chocolatée,
- Choisir une activité physique et des conditions qui permettent de maximiser le plaisir retiré de sa pratique semble être l'idéal.
A propos de Carolina Werle
Carolina Werle est professeur de marketing à Grenoble Ecole de Management. Titulaire d'un doctorat en marketing de l'Université de Grenoble, elle a été visiting scholar au Cornell Food & Brand Lab (Cornell University) et à l'université de Californie (Irvine). Ses travaux portent sur le marketing social, les stratégies de prévention de l'obésité, et l'influence du marketing sur le comportement alimentaire et l'activité physique. Ils ont été publiés dans les revues académiques Archives of Pediatric & Adolescent Medicine, Marketing Letters, Obesity, Appetite, Food Quality & Preference et Recherche et Applications en Marketing.
* Référence article : Werle, Carolina O.C., Brian Wansink et Collin R. Payne (2014)