A-t-on besoin des mythes ?

Portrait de Jean

Les religions de toutes les cultures sont porteuses de mythes : le paradis perdu, le déluge, ect. Pourtant ces mythes, selon la science, sont des légendes et ne correspondent pas à une réalité objective. Carl Gustav Jung  y a accordé une importance particulière. Freud s'est même servi de la mythologie grecque pour donner corps à sa théorie psychanalytique. Est-ce qu'à votre avis, au XXIème siècle, on a encore besoin de ces histoires ?

Portrait de M.Christine

Ardue et vaste question que vous posez là, Jean ! Il faudrait avoir une grande culture des mythologies !

Je remarque que les gens sont en général très intéressés par les mythes, voire passionnés . Cela doit donc correspondre à un besoin profond ... Vous parlez de XXIème siècle mais voyez justement le nombre de films et jeux video qui se réfèrent aux mythes . Les jeunes sont en plein dedans . C'est même exagéré, je trouve .

Personnellement, ce que je trouve dans les mythes, c'est qu'ils élargissent la conscience en nous sortant du train-train quotidien . Ils peuvent permettre de donner un sens, une explication à notre vie car ils sont  symboliques . Ils nous ouvrent donc à une vision plus ample, plus générale de notre expérience unique . Et on découvre à travers eux qu'elle n'est pas si unique que ça .

Mais il y a mythes et mythes . On n'est pas obligés de tous les adopter . Il y a ceux qui nous parlent particulièrement, qui nous touchent et nous intéressent parce qu'on y trouve une étrange corrélation avec notre vécu intérieur profond .

Jésus parlait en paraboles car il savait que les images étaient plus parlantes et plus efficaces que des explications . Et les gens de l'époque comprenaient très bien ce qu'il voulait dire . Aujourd'hui, elles sont devenues des énigmes qui font l'objet de toutes sortes d'interprétations parce que le développement intellectuel est passé par là . On y a gagné d'un côté et perdu d'un autre !

Portrait de Jean

Merci, M. Christine, d'avoir pris le temps de me répondre. Je suis conscient que le sujet est vaste mais vous m'avez permis de nourrir ma réflexion. C'est vrai que les jeux vidéos sont truffés de mythes. Je pense aussi à ce best-seller sur les sorciers que toute une génération d'écolier a lu.

Portrait de Framboise

Les mythes sont pour moi aussi de la même famille que les métaphores, les paraboles, les symboles  ainsi que la religion aussi. Freud pensait je crois que la religion était destinée à étayer l’homme et l’humanité dans son évolution pour qu’ils en arrivent à accepter l’idée de la mort, de la souffrance sur terre. Telle une illusion qui n’aurait plus lieu d’être quand l’Être Humain aurait atteint un niveau de maturité suffisante  pour accepter cette réalité  telle qu’elle est sans avoir besoin de « l’embellir » avec une grande fresque religieuse (la croyance en la vie après la vie pour accepter la mort, celle du péché originel pour accepter la souffrance, etc). Un peu comme les histoires que l’on raconte aux enfants pour les rassurer avant de s’endormir, le Père Noël et la petite souris aussi dans une moindre mesure. Enfin, c’est ce que j’en ai compris.

Pour Jung, d’après ce que j’en ai compris,  il a plutôt tendance à penser que les mythes nous sont nécessaires pour  nous relier les uns aux autres en passant par notre part archaïque, l’enfant que nous restons même adulte,  afin de garder une dimension supérieure à la petitesse de notre condition humaine et pouvoir  la transcender.

 Pour ma part, je pense qu’ils sont encore utiles à l’être humain : ce sont des histoires qui évoquent souvent  des grandes questions qui l’interrogent, l’inquiètent aussi : l’origine, la mort, l’amour, la souffrance, la création, le malheur, pour essayer de les exprimer et expliquer d'une manière qui n’est certes pas rationnelle mais à laquelle les hommes peuvent adhérer car elle  leur parle. Ils font écho en nous puisqu’ils sont une création de l’imagination humaine qui traverse le temps et l’espace, donc ils ont une valeur générale, quelque chose qui est commun au plus grand nombre. Pour moi, c’est un peu  comme s’ils nous offraient de transfigurer notre réalité physique ou psychique, que nous ne comprenons pas forcément,  notre nature humaine, afin de s’y retrouver, de  l’accepter et l’aimer  car les mythes contiennent la beauté des images. Elles nous permettent de nous affranchir de nos petites limites humaines et individuelles peut-être. Un peu comme l’art, la poésie ou la musique. On peut les  aimer sans avoir à les démontrer scientifiquement. De toutes manières, dans  notre réalité prosaïque et hautement technologique actuelle, la science ne maîtrise pas tout non plus, elle est même supplantée dans nos sociétés par les théories économiques du profit. Un mythe crée par les multinationales et le monde de la finance ?

 Parfois, je me pose la question de savoir si l’inconscient n’est pas aussi une forme de mythe, destiné à nous faire accepter une partie inquiétante et difficile à appréhender en nous, alors on lui donne ce nom, cela donne une forme de réalité à tout ce que l’on arrive pas à expliquer autrement scientifiquement non plus, mais qui se manifeste quand même , et ça rassure !

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

" J'ai donc entrepris aujourd'hui, dans ma quatre-vingt troisième année, de raconter le mythe de ma vie. Mais je ne puis faire que des constatations immédiates, " raconter des histoires ". Sont-elles vraies ? Là n'est pas le problème. La question est celle-ci : est-ce mon aventure, est-ce ma vérité ? ".

Ainsi s'exprime Carl Gustav Jung dans le prologue de son ouvrage " Ma vie, souvenirs et pensées ". Il me semble qu'à travers ces lignes, le célèbre psychologue analytique dit tout à propos du mythe. Qu'il soit vrai ou faux n'a pas vraiment une grande importance dans la mesure où, du point de vue collectif, l'Humanité découvre son aventure, sa vérité. Et surtout qu'il en ressorte quelque chose d'évolutif. Plus loin (p  346), Jung écrit que les mythes sont des formes très anciennes de la science... Il les aborde à l'aide de ses propres rêves, preuve que l'inconscient a gardé en mémoire ce savoir archaïque. Savoir qu'il nomme d'ailleurs " archétype ". 

Pour rebondir sur la notion de symboles dont parle M. Christine, " Le dictionnaire des symboles " de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant " explique que " quel que soient les systèmes d'interprétation, les mythes aident à percevoir une dimension de la réalité humaine et montrent à l'oeuvre la fonction symbolisante de l'imagination. Elle ne prétend pas donner le vrai de la science, mais exprimer la vérité de certaines perceptions...

En ce qui me concerne, je pense que nous sommes, quoi qu'on en pense, connectés aux mythes et qu'ils sont partie prenante de chaque inconscient, comme un héritage auquel il convient de donner sens. 

Ps à Framboise : nos coms se sont croisés... Synchronicité dirait Jung ? Je retourne vous lire Smile

Portrait de Jean

Vos réponses Framboise et Gilbert. R., sont riche de sens pour moi. Je ne regrette pas d'avoir lancer cette discussion. C'est vrai que le mythe du Père Noël est un mensonge.... Et pourtant !

Portrait de Isabelle

Pour moi il ne fait aucun doute que l'Humain s'appuie sur les mythes, mais aussi les contes, pour permettre une transmission au fil d'un temps "réel" appartenant à la vie de tout être humain, quant à toutes ces questions existentielles que l'on pourrait simplifier par "D'où venons-nous / Où allons-nous"... L'Homme a nécessairement "besoin" de ces supports archétypaux, pour s'exprimer, être, dans cette possibilité "d'évolution" individuelle tout autant que collective... Autrement dit "accepter l'inacceptable"... C.G. Jung a beaucoup voyagé et s'est rendu volontairement au sein de certaines tribus dites "primitives", pour sans doute mieux comprendre le fonctionnement psychique (pardon si mes termes sont un peu réducteurs sans doute...). Ce que j'en ai retenu, au fil de mes lectures, c'est que C.G. Jung disait que dans ces micro-civilisations, ces êtres humains étaient connectés directement avec l'inconscient justement par le biais d'une symbolisation systématique dans leur vie quotidienne (les esprits de la forêt, tel animal symbolisant tout autant une qualité de l'humain, l'utilisation des 4 éléments...). Au début de mon commentaire, je disais également les contes de fées... (qui soit dit en passant sont loins d'être toujours féériques...), que le psychanalyste B. Bettelheim a largement expliqué dans "Psychanalyse des contes de fées" servent tout autant à transmettre à l'enfant déjà, ordre et loi universels, qui ont donc toujours valeurs de protections, y compris et avant tout sans doute, pour perpétuer l'Humanité...

Portrait de Gilbert

Au centre des mythes, on trouve toujours, ou en tous cas souvent, une figure  entre réel et légende. On pense au Bouddha, à Jésus, - entre autres -, ces guides spirituels à la fois historiques et légendaires dont l'inconscient collectif s'est emparé. Ils sont, à mon sens, comme des poteaux indicateurs.

Portrait de Viviane

Et même si l'existence du Père Noël est un mensonge que l'on raconte aux enfants... Heureusement, et je précise par rapport à un enfant... Heureusement (pour ne pas dire, Dieu Merci !) que nous faisons, nous parents, ce mensonge... Parce que n'oublions pas, qu'il permet avant tout que l'enfant intègre que ses parents ne sont pas Dieu ! Outre la "souffrance" lorsque tout enfant découvre que le Père Noël n'existe pas, cette histoire bizarrement, remet chacun à sa juste place, y compris, qu'elle laisse aussi cette possibilité également de développer une foi en une "Force supérieure" en quelque sorte, qui dépasse largement l'entendement et l'intelligence humaine... Et si cette histoire du Père Noël de notre enfance, nous préparait aussi à la possibilité de développer l'humilité... Tout dépend de comment on envisage l'histoire au fond...

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

J'aime bien ce dialogue rapporté par la psychanalyste Françoise Dolto avec son fils Jean alias Carlos. Et si le mythe, c'était aussi la force de la poésie ?

Extrait de " Lorsque l'enfant paraît " :

Jean rentrait de la maternelle et interroge sa mère:

- "Mais comment ça se fait que les Pères Noël, il y en ait tant ? Il y en a des bleus, des violets, des rouges ! ".

Alors que tous deux se promènent dans la rue où il y a partout des Pères Noël, Françoise DOLTO lui dit "tu sais, le Père Noël, celui-là, je le connais, c'est Untel (c'était un employé du magasin de jouets qui s'était déguisé) et de rajouter "tu vois, il s'est déguisé en Père Noël".

Et Jean demande "Mais alors le vrai ? "

Françoise DOLTO : "Le vrai, c'est celui qu'on a dans son coeur. C'est comme un lutin géant qu'on imagine. Quant on est petit, on est content de penser que les lutins ou les géants, ça peut exister. Tu sais bien que les lutins, ça n'existe pas. Les géants des contes non plus. Le Père Noël, il n'est pas né, il n'a pas eu de papa, de maman : il n'est pas vivant. Il est vivant seulement au moment de Noël, dans le coeur de tous ceux qui veulent faire une surprise pour fêter les petits enfants. Et souvent, les grandes personnes regrettent de ne plus être des petits enfants. C'est pour cela, qu'elles aiment bien continuer à dire aux enfants : c'est le Père Noël !!! Quand on est petit, on ne sait pas faire la différence entre les choses vraies vivantes et les choses vraies qui se trouvent seulement dans notre coeur. "

Jean écouta le récit de sa mère et questionna : " alors, le lendemain de Noël, il ne va pas s'en aller dans son char, avec ses rennes ? Il ne va pas remonter dans les nuages ? "

Françoise DOLTO : "non, puisqu'il est dans notre coeur !"

Jean : " alors, si je mets mes souliers, il ne me donnera rien ? "

Françoise DOLTO : "Qui ne te donnera rien ? "

Jean : " Il n'y aura rien dans mes souliers ? "

Françoise DOLTO : " Mais si !!! "

Jean : "Mais alors qui l'aura mis ? "

Françoise DOLTO sourit aux questions de son fils et lui dit : "C'est toi et papa qui y mettrez quelque chose. "

Jean : " alors moi, je peux être aussi le Père Noël ?"

Françoise DOLTO : "Bien sûr, tu peux être le Père Noël et nous allons tous mettre nos souliers sous le sapin. Tu pourras y mettre des choses dedans. Tu sauras que c'est toi le Père Noël pour les Autres et moi, je remercierai le Père Noël. Ce sera toi qui aura eu le merci, mais je ferai comme si je ne savais pas. Pour ton père, je ne lui dirai pas que c'est toi, ce sera une surprise aussi. "

Et Jean était ravi et enchanté et sur le retour de la promenade, il dit à sa mère : "c'est maintenant que je sais qu'il n'existe pas pour de vrai, que c'est vraiment bien, le Père Noël " .

Portrait de cricri

Merci Gilbert R. pour cet extrait du livre de Madame Dolto, sauf que... je vais jeter un pavé dans la mare !

Le chanteur Carlos, le fils donc de ladite dame, était plus âgé que moi. Or, à " notre époque ", on ne voyait ni les Père Noël dans les magasins, ni dans la rue... Quant à en voir de toutes couleurs, c'est impossible ! Rappelons que Carlos était né au début de l'année 1943 et que quand il était encore à la maternelle, la guerre venait - dans le meilleur des cas - de se terminer !!! Et Paris ayant été largement bombardée, les Père Noël étaient restés planqués dans le ciel !!! 

Si j'ai bien tout compris, Françoise Dolto, se présentant ainsi au passage en mère accomplie, voulait essayer de transmettre l'importance d'une parole vraie en réponse à la question d'un enfant. Pourquoi pas ? Mais dommage qu'elle ait menti... Il eut été si simple qu'elle invente une histoire, sans citer son fils, juste pour qu'on comprenne...

Portrait de Ludo_437

Oh la la Cricri... Gilbert R. avait juste oublié de prendre sa calculette ! Lol 

Portrait de Viviane

J'aurais bien aimé qu'on m'explique le Père Noël comme ça lorsque j'étais enfant ! Mais... Je considère malgré tout comme un vrai cadeau, que je me sois donnée les moyens plus tard, en tant qu'adulte, de faire un travail analytique. Finalement, peut-être bien qu'il existe le Père Noël... Dans mon coeur !

Portrait de Lakshmi

Faire la part du réel et de la croyance irrationelle laisse peut-être la place à cette poésie du coeur, sorte de lien, trait d'union qui est peut-être ce qu'on appelle l'  " Esprit " de Noël :-). En tous cas, moi j'y crois à mon Père Noël, même si on me traite de " demeurée ", ce n'est pas bien grave, finalement.

Portrait de yamina.174

Compte tenu de mon âge, j'aurais pu tomber à pieds joints dans l'invention de ce dialogue familial de Françoise Dolto. Mais, à une période où elle a été médiatisée, notamment radio, TV, conférences, elle forçait tellement le trait dans les exemples qu'elle prenait (tous flatteurs pour elle !), que ça sentait le mensonge à des kilomètres... À l'écoute de certaines de ces conférences canadiennes enregistrées, il m'est arrivé d'être gênée pour elle... Or la psychanalyse n'a pas besoin de ça...

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Effectivement, je ne suis pas très bon en Maths, Ludo (rires !). Et je comprends tout à fait les réactions de Cricri et de Yamina. Cette histoire de dialogue m'était revenu en mémoire après le post de Viviane et j'ai préféré le citer plutôt que de faire des erreurs en le relatant. Ceci dit, j'ai quand même été mal à l'aise lorsque j'ai lu que Dolto citait son fils. Elle aurait pu effectivement faire passer le même message autrement...

Je ne suis pas un fan inconditionnel de Dolto dans la mesure où elle a quand même généré ce qu'on appelle aujourd'hui " la doltoïte augüe ", terreau rêvé pour les détracteurs actuels de la psychanalyse. Par ailleurs, elle a oublié, dans ses communications psychanalytiques, de citer certaines sources, s'appropriant ainsi la primeurs des lauriers. Oui, Yamina, la psychanalyse n'a pas besoin de ça, effectivement. Françoise Dolto avait beaucoup de qualités. Elle a essayé de " vulgariser " sa discipline et c'est déjà pas si mal. A l'inverse, son ego un peu surdimensionné a commis quelques péchés d'orgueil. A nous de rester donc lucide et de ne pas tomber dans le panneau. Merci donc à Cricri et à Yamina pour leur mise en garde judicieuse. Comme quoi, le piège de l'idéalisation peut faire des dégâts... 

Portrait de Jean

Je ne suis pas psy mais j'ai apprécié cette mise au point au sujet de madame Dolto. Elle a apporté effectivement beaucoup grâce à ses qualités intuitives. Dommage qu'elle en ait peut-être un peu trop fait au niveau médiatique. Question de limite !

Portrait de M.Christine

Quant au père Noël, je n'ai aucun souvenir d'avoir été déçue parce que je n'ai jamais cru qu'il n'existait pas !

Portrait de Gilbert

Lorsque j'étais à la maternelle, je trouvais que le Père Noël m'était très familier... J'ai appris plus tard que c'était en fait mon père qui se déguisait en Père Noël à la demande des enseignants (il était employé municipal dans les écoles !)... Alors, c'est sûr que pour moi, il existait (rires !).

Portrait de M.Christine

Ah, ah ! En effet, vous aviez droit à votre père Noël bien vivant, Gilbert !

Moi, j'ai tellement adoré Noël dans mon enfance, que le père Noël est toujours resté quelque part en moi . On ne peut pas enlever le bonheur qu'on a vécu . C'est incrusté une fois pour toutes .

Votre histoire, Gilbert, me rappelle une anecdote vécue . Une année, à l'école, on attendait le père Noël (un employé municipal) qui devait passer dans les classes et distribuer les cadeaux qui avaient été bien emballés et étiquetés, le déguisement soigneusement posé sur une chaise dans le bureau de la directrice . L'heure passe ... Pas de père Noël ! Impossible de téléphoner à la mairie  qui n'ouvrait qu'à 15h . Voyant qu'il se faisait tard, les adultes ont commencé à se regarder les uns les autres pour savoir laquelle allait se sacrifier . Nous avions une stagiaire de 14 ans mais de bonne constitution, qui paraissant 18 . Dès qu'elle arrive, les assistantes maternelles lui sautent dessus en lui disant : "Tu vas faire le père Noël !" Ca va, elle est d'accord . On l'habille en vitesse en cachant le plus possible son visage avec une barbe qui lui mangent les 3/4 du visage, et en lui recommandant de ne pas parler pour ne pas se trahir par la voix . Et la voilà partie, la perruque de travers, pour la tournée des classes . Les enfants la regardent d'un drôle d'air ... Séance de distribution ... Mais les enfants continuent à scruter le père Noël attentivement . Les plus dégourdis déclarent :"C'est pas le vrai père Noël !" . D'autres :"Pourquoi le père Noël ne parle pas ?" C'est vrai qu'un père Noël muet, ça fait un peu bizarre ... D'autres encore demandent :"Pourquoi le père Noël il a des baskets ?" On invente une explication (un mensonge !) quelconque . C'est vrai que dans la précipitation, on avait oublié les bottes .

Tout se passe à peu près normalement quand, au milieu de la tournée, notre stagiaire commence à se sentir mal . Son pull de laine et le gros manteau rouge dans une école surchauffée ont eu raison d'elle . Elle transpire et étouffe . Vite, on la déshabille et elle va respirer l'air du dehors en maillot de corps dans la neige . Quelques temps après, elle se sent mieux et renfile le manteau, sans le pull dessous (!), pour finir la tournée des petits qui attendaient le père Noël après la sieste . 

Quand je revois les collègues, il nous arrive de parler encore de l'année où on a failli ne pas avoir de père Noël . L'employé municipal avait oublié !

Portrait de Cécile

Jolie histoire que la vôtre, M. Christine. Elle me rappelle que moi aussi, j'ai fait le Père Noël à la crèche une fois. J'aurais préféré faire la mère Noël mais les petits bouts de choux n'aurait pas compris (rires !). Bon j'y vais, je suis un peu à la " traîne " pour aller travailler. Bon après-midi... 

Portrait de Gilbert

C'est sans doute l'approche de Noël qui nous excite !!!! Moi aussi, j'ai repris la suite de mon père. Comme j'étais maître E (sans effectif défini), les collègues m'avaient demandé de faire le Père Noël exceptionellement car il n'y avait personne de disponible. Inutile de vous dire que les plus grands m'avaient reconnu mais ils ont joué le jeu pour les plus petits. Comme quoi, la magie de Noël, on en a besoin ! Une année, c'est un pompier qui a fait le père Noël et il carrément descendu du toit du gymnase de l'école. C'était aussi une respiration dans le train train de l'école. Un peu gâché par le laïcard de service, monsieur grincheux du CM2, qui trouvait que ce carnaval n'était pas laïque... Mais bon, les mythes ont la vie dure Smile Et pourquoi pas ?

Portrait de M.Christine

Les laïcs ne sont pas contents parce que Noël est une fête religieuse . Les religieux ne sont pas contents parce qu'ils trouvent que Noël est devenue une fête païenne !

Portrait de Lakshmi

Tout est donc à inventer (lol)... L'important c'est de garder nos coeurs d'enfants !!!

Portrait de Cécile

Je me souviens, dans mes études de philo en première, du mythe de la caverne de Platon. Ce scénario, comme beaucoup d'autres dans le panthéon grec aide à comprendre des problématiques existentielles. Le mythe du déluge fait penser à la perte des eaux à la naissance, par exemple. Je crois qu'Otto Rank, dans son livre " Le traumatisme de la naissance " y fait d'ailleurs allusion, mais je ne suis pas sûre, il faudrait que je le relise. Mais Jung fait aussi le lien entre inconscient individuel, collectif et mythes. Et que dire du complexe d'Oedipe ?