Un enfant doit-il demander pardon ?

Portrait de Igor.P

Bonjour, ma question vient à la suite d'une discussion que j'ai eu hier soir avec ma compagne au sujet de l'éducation de notre fils de deux ans. Lorsqu'il fait une bêtise du style mordre sa mère ou lui mettre des coup de pieds lorsqu'elle le change, après l'avoir gronder, elle exige qu'il lui demande pardon. seulement il ne le fait pas et souvent la situation dégénère. Alors elle me demande d'intervenir pour qu'il le fasse. Sauf que là il ne veut toujours pas et se met dans des états pas possible. Mis à part le punir, je ne sait pas quoi faire d'autre.

j'en viens alors à me demander si nous devons l'obliger à demander pardon coûte que coûte. Qu'en pensez-vous? je vous remercie par avance pour vos réponses.

Portrait de Michèle

Je n'engage que moi, mais pour avoir élévé deux enfants, il m'est arrivé d'exiger réparation (objet cassé dont on fait ramasser les débris, feutre sur le mur que l'on fait effacer, en tenant compte de l'âge, il s'agit d'un geste symbolique). Il est évident qu'une morsure ou des coup de pied doivent être grondés. Quant à  pardonner et à faire des excuses, cela nécessite une réflexion que ne possède pas fatalement un enfant de deux ans. En régle je pense que la demande de pardon ne peut venir que de soi et ne doit pas être exigé pour soi.

Portrait de Gilbert

Je pense que votre petit garçon n'a pas la maturité psychique pour intégrer ce qu'est véritablement demander pardon. Son langage n'est à mon sens pas suffisamment élaboré pour saisir la signification d'un tel positionnement. Mieux vaut rester sur la punition et ne pas en " remettre une couche " à mon sens. Il faut lui faire comprendre qu'il a mal agi, sachant qu'à cet âge, justement, il n'a pas  " les mots pour le dire " pour paraphraser un livre de psy. L'avis d'une ou d'un pédopsychanalyste serait certainement plus pertinent que le mien car il me semble qu'il serait intéressant de comprendre aussi les tenants et les aboutissants d'une telle agressivité dirigée contre sa mère.

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

A deux ans, l'amour et la haine se côtoient dans l'inconscient d'un enfant qui considère encore son parent comme un objet qui lui donne du plaisir ou du déplaisir. Il n'a donc pas encore intégrer l'autre en tant que sujet différent de lui-même.

Dans ce cas précis, Igor P, il me semble que  l'obligation de demander pardon  a pu renforcer le processus de " haine " chez votre enfant. S'il est très important de poser des limites aux pulsions destructrices (normales à cet âge) de votre fils, en lui verbalisant fermement qu'il les a dépassées  (limites qu'il recherchequoi qu'il en soit  pour être rassuré), il faut savoir qu'il a, à cette période de son développement, beaucoup de mal (par rapport à l'adulte) à retenir ses émotions. Une verbalisation suffit sans en attendre un retour en terme de pardon. D'autant que demander pardon peut-être le sésame pour s'autoriser à répéter ses gestes défendus. On voit parfois des enfants frapper et aussitôt demander pardon, comme pour effacer à bon compte un acte illicite.

Portrait de ouri.sérénité

Bonjour Igor votre post m'interpelle.  Votre position n’est pas confortable. Si vous me le permettez, je vais vous dire ce que j'en pense.

Votre compagne a le souci de vouloir bien faire, mais l’enfant à 2 ans et n’a pas encore la maturité psycho-affective de formuler un pardon avec toute sa signification.

L’enfant réagit sous le modèle action /réaction primaire et il observe la réaction des parents par permis/interdit.

La sanction maternelle est juste mais le pardon est prématuré.

Votre rôle - à mon sens -  consiste à rassurer  la maman et à en discuter avec elle en absence de l’enfant.

Vous pouvez inciter votre enfant à exprimer avec ses mots l’émotion vécue ainsi que le geste associé en confirmant de votre côté  la sanction déjà donnée par la maman.

Après un temps de réflexion que vous allez laisser  à l’enfant,  demandez-lui de vous raconter  avec ses mots la scène du conflit maman/enfant.

Vous pourrez, alors,  par la même occasion, vérifier si l’enfant à compris et à intégré l’interdit.

Avec toute mon amitié.  

OURIDA (maman, infirmière et sophrologue, praticienne en relation d aide, et sophro-analyste)

Portrait de Igor.P

Je vous remercie pour vos témoignages qui me permettent d'y voir plus clair. C'est en quelque sorte du bon sens si l'on observe bien les choses. Je vais essayer d'en reparler avec ma compagne dès que l'occasion se présentera. Ce que j'apprécie sur ces forums , c'est que les réponses tiennent la route et sont toujours bienveillantes ! 

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

L'expression   "L’enfant réagit sous le modèle action /réaction primaire et il observe la réaction des parents par permis/interdit." est tout à fait adaptée à la situation... En fait l'enfant - comme il a été dit - teste les limites mais il est effectivement trop tôt pour exiger un pardon. Par contre la proposotion d'un échange avec votre femme est intéressante, en dehors de l'enfant comme le souligne Ourida, qui apparemment a été mère d'un enfant de deux ans et a du rencontrer ce type de problème....