Un prof peut-il abîmer un élève?

Excusez-moi, Marie-Lou mais les maths ont bon dos. Certes il est possible que l'ancien prof de maths ait un peu manqué de pédagogie mais de là à dire qu'il ne l'aimait pas... D'ailleurs, un prof, même s'il a un bon relationnel avec ses élèves, n'est pas payé pour aimer mais pour enseigner. Visiblement, votre fils est secret, donc a du mal à se livrer. Peut-être que le problème est ailleurs et que les maths et le prof ne sont que des boucs émissaires. D'autant que vous n'êtiez pas avec lui dans la classe pour vérifier les brimades. Mais c'est vrai que je ne suis pas psy. En tant qu'ex-enseignant, comme le dit le deuxième prof de maths, votre fils est surtout démotivé au niveau travail. La période de l'adolescence n'est jamais facile. Je pense plutôt à un souci de ce côté là. En attendant, laissez-le assumer sa scolarité sans vous inquiéter de trop.

Je suis sûr que les psys viendront apporter leur éclairage.

G.

En tant que psychanalyste je ne suis pas d'accord avec le commentaire de Gilbert qui est donc enseignant! Il est normal me direz-vous qu'il prêche pour sa profession! En revanche, il est connu du monde de la psychologie que les mauvais transferts existent mais, ce que semble oublier Gilbert, c'est que tout enseignant n'a pas à projeter ses affects personnels sur ses élèves. Or, qui peut dire qu'il n'a jamais eu affaire à un enseignant qui était en projection? Personne car tout un chacun y a eu droit au moins une fois au cours de sa scolarité. Un enseignant est par définition un adulte qui doit arriver à maîtriser ses pulsions négatives transférentielles. C'est à lui à s'adapter à l'élève et encore + à l'élève en difficulté. 

Marie Lou demande un peu d'aide. Il est nécessaire qu'elle fasse allusion à son fils du prof de maths de l'année dernière mais de façon déguisée. Elle peut choisir un moment privilégié où son ado est en forme pour évoquer habilement une difficulté qu'elle a rencontrée avec un de ses profs et qui lui avait fait détester une matière, par exemple. 

Oui Gilbert les profs qui abîment des élèves existent. Ce sont des enseignants qui ne sont pas à leur place et qui s'engouffrent dans les faiblesses psychologiques de certains élèves. Personnellement, je pense qu'il y a abus de pouvoir. C'est ce qui m'est arrivé en classe de 5ème avec un prof d'anglais et je peux vous certifier que cette langue n'a jamais été mon fort!

Ayant essayé de faire de mon mieux dans ma profession, j'ai du mal à imaginer que l'on puisse s'acharner par projection interposée sur un élève. Mais peut-être effectivement ai-je abîmé le psychisme d'un élève sans le vouloir au conscient ? Et c'est vrai que je me souviens d'un prof d'économie en seconde qui a été à l'origine de mon redoublement en section littéraire. C'est vrai qu'il ne m'appréciait pas vraiment et qu'il y avait, dirait-on, incompatibilité d'humeur. Merci d'avoir rectifié le tir E.psy84. Vous m'avez donné l'occasion de m'interroger et de ne pas rester sur mes acquis d'enseignant un peu trop corporatif, je l'avoue. Et je m'excuse aussi auprès de Marie Lou pour mon commentaire  subjectif, j'en conviens.

Cette discussion me concerne...

Je suis né en 1967. J'ai été adopté par un couple de grande qualité. Milieu très privilégié au plan intellectuel et matériel. Une chance pour moi qui avais si mal démarré dans la vie...

Jusqu'en 6ème et grâce à l'attention de mes parents adoptifs, j'ai été un excellent élève, en particulier en maths. J'avais donc comme étiquette que j'étais matheux et que je ferais une carrière scientifique. Jsque-là c'était plutôt bien. Mais j'ai eu comme prof de maths Monsieur F. Je ne sais pas ce qui me retient de ne pas écrire son nom en entier en capitales d'imprimerie. Le fait certainement que je n'ai pas l'esprit vengeur ou ma trop? bonne éducation? J'ai tout de suite ressenti qu'il avait compris que j'étais homosexuel et c'est ça qu'il ne supportait pas chez moi. Il était homophobe mais j'ai fini par comprendre que c'était un homo refoulé. Il était marié et père de deux enfants, dont un caractériel! C'est curieux mais il s'appelait Dominique, prénom mixte... Toujours est-il qu'il m'a persécuté toute l'année scolaire et que je suis devenu un petit délinquant. J'en ai fait voir de toutes sortes à mes parents. Ils faisaient ce qu'ils pouvaient mais il a été un temps où je les ai détestés. Je les rejetais. Pourtant Heureusement qu'ils étaient là. Ils ont limité la casse. Mais je porte encore en moi les stigmates de cette période. Sans vous dire toutes les conneries que j'ai pu faire partant de là, allant jusqu'à faire honte à mes parents qui ne recevaient + à la maison. Je sais que les psys vont penser que j'ai un handicap de naissance ayant été abandonné mais ça n'explique pas tout. Ce Monsieur Dominique F. a FRACTURÉ mon adolescence et il porte une grosse part de responsabilité dans sa conscience, s'il en a une. Je ne sais pas ce qu'il est devenu parce que mes parents m'ont changé d'établissement scolaire à cause de lui (ils avaient compris ). Du privé je suis passé au public. Trop tard. Impossible de m'adapter: fugues, alcool, drogue... La descente aux enfers. Un homme + âgé que moi rencontré dans une boîte, qui est devenu mon amant, m'a aidé. Mes parents le recevaient comprenant que c'était une chance qu'il ait été mis sur ma route. Il est mort brutalement à cause d'une rupture de l'aorte. Nouveau traumtisme... Des liaisons débiles... Du grand n'importe quoi... Toujours mes parents qui me récupéraient sans jamais baisser les bras ... Ils réglaient mes dettes... Nombreuses...

Aujourd'hui je suis marié. Je suis "heureux" mais j'ai tj peur de divorcer. Ça c'est sûrement à cause de mon histoire.

Oui Mesdames et Messieurs les profs TORTIONNAIRES ça existe et tout le monde n'a pas la chance d'avoir les parents que j'ai.

Marie Lou, donnez TOUJOURS raison à votre fils. C'est comme ça que vous l'aiderez au mieux. L'amour redresse. Sous toutes ses formes. 

Votre témoignage est impressionnant, Clovis. J'ai eu moi aussi le sentiment d'avoir été victime d'une maîtresse de CM2 qui m'avait un peu pris en grippe, mais les conséquences ont été infimes par rapport à ce que vous exposez. Ce prof est un véritable malade à en juger par ce qu'il a généré.

Ce que vous dites Clovis va m'être bien utile par rapport à mon fils et je vous remercie de votre témoignage ! Il se trouve qu'en classe de 5ème, son professeur de math initial est partie en congé maternité durant les vacances de Toussaint. Il a eu alors un remplaçant homme Mr S. et ça ne passait pas du tout... Il n'est pas spécialement "matheux" mais se débrouille tout à fait honnêtement, du moment qu'on reste dans le cadre arithmétique, algèbre et qu'il bosse un peu. Mais c'est vrai que ses résultats n'étaient pas bons du tout dès lors qu'il y a eu ce remplaçant... Cette année en 3ème, de nouveau son prof de math (qu'il avait déjà l'an dernier) part à son tour en congé maternité durant ces mêmes congés scolaires d'ailleurs. Et... Il va se retrouver avec le même remplaçant qu'en 5ème, Mr S. Mon fils y a déjà fait allusion à 2 ou 3 reprises, en me disant "ça va être chaud"... Je vais donc être d'autant plus attentive parce qu'en plus cette année, mon fils semble bien plus enclin au travail... Merci pour ce que vous dites Clovis !

Votre témoignage m'a touché, Clovis. Il s'agit effectivement d'un abus de pouvoir dramatique et condamnable à tous niveaux, de véritable harcèlement. Ayant essentiellement travaillé dans l'enseignement spécialisé avec des élèves en difficulté, j'ai certainement zappé cette problématique dans l'enseignement dit-normal. Mon travail étant axé sur des activités de remédiation et d'une restauration d'estime de soi chez les élèves que j'avais en charge, je ne voyais effectivement pas la problématique du fils de Marie Lou avec une objectivité suffisante.

Ce type de harcèlement est peut-être rare mais il existe. En terminale, j'ai connu un prof d'histoire mysogine (un malade qui devait subir sa femme) qui s'acharnait sur une élève (un peu enrobée et timide). Elle avait en plus un nom pas très réjouissant et dur à porter. J'ai toujours ce souvenir.

Il est bien évident qu'un prof peut contribuer à abîmer un élève fragile. Mais pour être plus positive et pour avoir une fille trisomique, je voudrais confirmer ce que dit Clovis en ce qui concerne le rôle prépondérant de l'amour comme fonction compensatoire face à un enfant en souffrance. Redoublez d'attention pour votre fils Marie Lou. Cette attitude maternante atténuera pour beaucoup les blessures qui lui ont été infligées par ce prof. Se sentir solidement soutenu par vous sera une thérapie efficace. Il n'y a pas d'exception qui confirme la règle.

Je n'ai pas particulièrement été brimé dans ma scolarité. Par contre j'ai un horrible souvenir d'un apprentissage CAP vente dans un hypermarché. Le patron du magasin, alors qu'il était censé m'apprendre le travail m'a humilié en me disant que j'étais nul en plein rayon devant les clients, etc... J'aimais pourtant au début aller travailler. Comme j'étais aussi secret, je n'ai rien dit. Sauf que mon père s'est rendu compte que quelque chose n'allait pas et il m'a gentiment " cuisiné ". J'ai craqué lui disant que j'avais envie de vomir chaque fois que j'allais au magasin et je lui ai raconté. Il m'a cru et m'a emmené directement chez un médecin, ayant prévenu le magasin... Rendez-vous avec le patron et mon père durant lequel j'ai décidé de rompre le contrat (le patron n'attendant que cela car il a eu peur d'une plainte pour harcèlement). Le jour même mon père m'a inscrit dans un lycée professionnel pour faire un BTS vente.  Je ne suis pas allé au bout (crises de tétanies)  mais j'ai commencé petit à petit à aller mieux. J'ai abandonné la section vente et j'ai fait des intérims. J'ai pu me payer une formation de coach sportif. Mes parents sont divorcés mais je vais dans le sens de Domino. Leur amour respectif m'a été essentiel à ces moments difficiles. Ils m'ont toujours soutenu.

Je n'ai jamais oublié l'expérience de ma première classe de 6ème (j'ai redoublé comme on disait quand on était môme)... en particulier parce que j'avais un prof de math qui ne faisait que rajouter à mes peurs. D'une petite école de village asses familiale, je me retrouvais dans un lycée, très grand, et avec des élèves de terminales qui conduisaient pour certains, fumaient etc. Ce prof de math avait une stature imposante aussi haute que large, une voie forte et une démarche très affirmée. Lorsqu'il entrait dans la salle de cours, la première chose qu'il faisait était de relever ses manches. Pas matheuse du tout (ma scolarité en primaire était tout à fait satisfaisante, j'étais même une très bonne élève). Je me suis sentie totalement "larguée" dès les premiers cours, je n'y comprenais rien. En plus de ma taille "minuscule de petit oiseau à peine tombé du nid" j'ai un patronyme un peu particulier... Dès que ce prof prononçait mon nom (j'y sentais beaucoup d'ironie, à tort ou à raison), j'avais un sentiment de honte... Ca peut paraître tout à fait projectif ce que je raconte là. Mais pourtant, je n'ai eu ces "ressentis" qu'avec ce professeur. Et je pense qu'il a largement contribué à mon hermétisme résistant à cette matière. D'ailleurs, parmi tous les professeurs que j'ai eu durant ma scolarité, c'est un des rares dont je n'ai pas oublié le nom, en dehors de quelques-uns qui m'ont aussi laissée de bons souvenirs...

L'expression " oiseau tombé du nid " donnée par Isabelle rappelle la responsabilité qu'ont certains profs qui normalement sont là pour justement donner des ailes. Les maths reviennent souvent. Est-ce dû à l'abstraction, je ne sais pas. Toujours est-il que j'ai été moyenne en maths jusqu'en 3 ème. Pas spécialement douée mais je crois que j'avais une prof rigoureuse mais très pédagogue et qui travaillait beaucoup pour faire " passer " sa discipline. Lorsque je me suis retrouvée en seconde, je n'ai plus rien compris. Pas spécialement méchante mais aucune pédagogie. Elle se contentait d'écrire au tableau et " débrouillez-vous ". Il est évident que dans le cas du fil de Marie Lou, ce prof n'était visiblement pas à sa place comme l'indique quelqu'un. C'est là que les parents devraient faire le mieux possible pour ne pas en rajouter. J'ai eu aussi la chance d'avoir des parents qui m'encourageaient. D'autant qu'il n'avaient pas fait de grandes études eux-mêmes.