Une amie m'a dit que je n'étais responsable que de ce que je pouvais changer

Portrait de Mireille-cogolin

J'ai raconté à une amie fiable que le caractère pénible de ma sœur ne s'était pas arrangé pendant les Fêtes...

Ma sœur a absolument voulu m'inviter pour la galette des Rois... Je peux vous assurer qu'avec ses réflexions aigres douces, je n'ai pas passé un bon moment... J'ai pris sur moi, comme d'habitude, et je me suis fait toute petite pour que ça ne dégénère pas mais depuis, je ne me sens pas très bien... Bref, c'est toujours le même scénario quand je la vois...

Je disais à mon amie que si ma sœur est désagréable avec moi, au fond je suis peut-être responsable... Elle m'a assuré que non. Elle m'a dit cette chose surprenante que je n'étais pas responsable de ce que je ne pouvais pas changer... Et comme ma sœur je ne peux pas la changer...

Est-ce que vous êtes d'accord avec l'idée de mon amie ou est-ce que ce n'est pas un trop facile de penser comme ça ?

Portrait de Gilbert

Bonsoir Mireille,

Je suis 200% d'accord avec votre amie. Je crois que nul en ce monde ne possède ce pouvoir qui consisterait à changer autrui. Tout au plus pouvons nous nous adapter, voire accepter ce qui nous dérange chez l'autre. Il est possible de choisir, si la relation n'est que conflit, d'espacer les rencontres . Il est vrai que dans le cadre familial, ce n'est pas toujours évident. Quant à développer ce que les psy nomment le " complexe du sauveur ", il me semble qu'il est très prudent de s'en préserver. Il y aurait alors comme une forme de prosélytisme qui relèverait plus de l'orgueil que de l'amour. En tous cas tel est mon point de vue. L'acceptation sans culpabiliser me semble la meilleure voie. Je n'en suis pas encore vraiment là mais lorsque je déraille, je me récite la prière de la sérénité que vous devez peut-être connaître. Son origine n'est pas clairement établie mais certains exégètes pensent qu'elle est inspirée de François d'Assise. Je vous la transmets car je la trouve synthètique et formidablement juste.

Mon Dieu, donnez-moi la sérénité

D'accepter les choses que je ne puis changer

Le courage de changer les choses que je peux

Et la sagesse d'en connaître la différence

Portrait de Isabelle

Comme vous le dites Mireille, par la sagesse de ses paroles, votre amie est une amie fiable, car au fond il est toujours question de miroir pour soi.

C'est une question de bon sens, que d'accepter qu'on ne peut changer personne, si ce n'est soi-même. Mais, moi la première, je manque bien souvent d'humilité, ne serait-ce qu'en m'insurgeant sur ce qui me semble injuste, dans les positionnements que je vois chez d'autres... Mais parce que j'oublie très facilement encore, que je n'ai pas le pouvoir de modifier voire combler les manquements qui ne sont pas les miens... La sagesse et donc aussi ma propre humilité, est et doit être avant tout d'accepter en miroir, ce que "l'autre" me renvoie, car alors il s'agit bien déjà, pour une part en tout cas, de mes failles personnelles aussi... En définitive, ce qui nous dérange fondamentalement chez "'l'autre", est quand même déjà, ce que nous ne parvenons pas réellement à modifier chez nous-même... Et quand bien même, quelquefois, je me sens un peu contente de moi-même, en règle générale, les signes extérieurs me rappellent très vite à l'ordre... Outre mon orgueil, quel manque de foi ! C'est d'ailleurs ce que j'ai lu ce matin, toujours dans "Affirmez la Sagesse Divine", Page 110 et 111 intitulé "Mon salut" - Psaume 42 : 41

"Pourquoi t'abats-tu mon âme et gémis-tu au-dedans de moi ?

Espère en Dieu, je Le louerai encore Il est mon salut et mon Dieu.

La conclusion d'Emmet Fox est on ne peut plus parlante en soi : "Il existe un autre point fort important, c'est que nous devons toujours louer Dieu pour l'amour de Son nom. - Il est mon Dieu, sans arrière-pensée de profit ou de récompense. C'est en celà que consiste la vraie contemplation".

Il est bien toujours question d'un miroir, mais Celui-là, nous renvoie tout autant, que Lui n'attend rien en échange... Il nous faut juste ne jamais oublier, que Lui est Présent, sans aucune absence ni concession...

Il y a encore et toujours dans ma façon d'être, ce miroir démoniaque de la Reine dans l'histoire de Blanche-Neige : "Miroir, mon beau miroir, qui est la plus belle ?". Car si je m'attache, à vouloir changer l'autre, c'est qu'au fond, je m'arrange pour du coup, me voir bien meilleure que je ne suis aussi... Mais en dehors, d'un masochisme tout aussi illusoire en soi d'ailleurs, tant que je reste dans cette idée erronée d'un "changer l'autre", c'est que je le perçois aussi comme agresseur... Hors nous savons, que le couple bourreau-victime, est lui aussi un funeste miroir... Et c'est bien pour celà que mon âme gémit. Ce qui peut être changé, ne regarde que moi-même... Il y a donc ce mouvement, "ce que fait l'autre qui me dérange", ne m'appartiens pas (ce qui n'induit pas que je cautionne pour autant...), mais ce qu'il me renvoie pour moi-même, il m'est possible de le modifier ou l'améliorer encore chez moi... Là c'est bien de ma responsabilité dont il s'agit... Car c'est la seule possibilité de lâcher autant que possible et au fil du temps, les injonctions qui nous maintiennent aussi dans ce qui n'est pas nous... C'est d'ailleurs ce que nous montrent les évènements actuels... Cependant, il y a en parallèle, bien des aspects qu'il ne nous est pas donné de comprendre, et c'est aussi là-dessus, que nous devons nous en remettre à Lui... Notre foi peut aussi être mise à rude épreuve, ne serait-ce que pour nous rappeler, que justement nous sommes humain, et que par le fait même, nous n'avons pas cette faculté d'être à la place de quelqu'un d'autre... Le sens d'une incarnation étant déjà de faire avec ce que je suis en tant qu'individu responsable autant qu'il m'est possible...

Portrait de Amélie

Au risque de "heurter", mais là n'est pas du tout mon propos... Je voudrais parler de ma petite personne et de ma petite expérience. Comme j'y ai déjà fait allusion dans d'autre "com", mon fils aîné a été conçu lors d'une soirée, à laquelle j'ai participé sans intention consciente de vivre ce qui s'est passé, et sans que j'en ai même eu envie. Bien sûr, je n'avais que 17 ans à ce moment-là, et je fêtais uniquement l'obtention de mon bac... Lorsque quelques semaines plus tard, j'ai réalisé que j'étais enceinte... Il y a eu beaucoup de questionnements et de larmes aussi, en tout cas dans un premier temps ! Je l'ai déjà souligné, ça aussi... j'ai eu la chance d'avoir des parents ouverts d'esprit, qui ont eu la sagesse de me laisser le choix d'une décision qui m'appartenait, même si je n'étais pas majeure... Ne serait-ce que parce que c'était mon corps, mon histoire et quand même aussi la question d'une autre vie que la mienne... Aussi difficile que ça est pû être à assumer, je n'ai jamais regretter mon choix de garder cet enfant... Celà fait 40 ans maintenant, pourtant, ce qui s'est passé continue encore aujourd'hui de me mettre en questionnement pour moi-même... Car, je crois que j'ai toujours cherché depuis, à me regarder en face, ne serait-ce que pour n'envisager ma vie qu'en terme de ce qui est ma responsabilité, et qu'est-ce qui m'appartient de faire en fonction de mes choix. J'aurai pu, il y a déjà un bout de temps maintenant, me dire que je n'étais pour rien dans cette situation, ce qui d'un certain point de vue, était tout à fait juste... Je ne pouvais pas changer ce qui était, et ce qui avait été fait... Mais j'ai eu une "sorte de conviction personnelle" que je pouvais pourtant changer quelque chose de négatif en positif, et c'est la vie de mon fils aîné qui finalement pour moi, est la plus belle des réponses !

Portrait de Mireille-cogolin

Comme vous êtes tous du même avis, ça signifie que je ne suis pas responsable du caractère de ma sœur et ça me fait du bien de le savoir. Après, il va falloir que je l'intègre... Cette amie m'a rappelée aujourd'hui et m'a dit que les bouddhistes disent qu'il n y a de toute façon rien à changer sur terre...